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Le Parisien : Le XVIIIe connaît de graves problèmes d’insécurité depuis la fin des années quatre-vingt, souvent liés à la drogue, et dont il semble ne pas pouvoir se défaire. Que comptez-vous faire concrètement pour faire reculer ce phénomène, maintenant que vous êtes membre du gouvernement ?
Daniel Vaillant : Il y a un vrai mal-vivre dans le XVIIIe. Le mélange d’incivilité, de bruit, de violence, de délinquance, de vols, de chiens, de toxicomanie et de trafic de drogues est devenu insupportable pour un certain nombre d’habitants. Dans le secteur Chapelle, les gens déménagent. Dans le quartier ou j’habite, à la Goutte-d’Or, il y a péril également. Je pense qu’il faut donner un signe à la population qui souffre de ces problèmes, lui montrer qu’elle est écoutée.
La police est sans doute une solution, et le projet de réforme de la police parisienne du ministre de l’intérieur, qui distingue police d’ordre public et proximité au service des habitants, va dans le sens de la sécurité des Parisiens.
Mais il faut encore se rapprocher du terrain. Nous allons mettre en place très rapidement les contrats locaux de sécurité prévus par Chevènement. Le travail est déjà engagé, nous voulons être prêts le plus tôt possible dans le XVIIIe. Il s’agira d’un contrat par arrondissement, avec des acteurs qui acceptent de s’investir, et des objectifs en matière de police, de santé publique, d’éducation, de prévention, etc. Il faut, par exemple, des locaux supplémentaires pour la police, des postes d’adjoints de sécurité dans le cadre des emplois-jeunes, un meilleur accueil dans les commissariats, une autorité unique de police dans l’arrondissement, des lits à l’hôpital Bichat pour les toxicomanes, etc. Je souhaite que tous les acteurs, dans ces différents domaines, s’y mettent vraiment, et que ce contrat soit agréé par le préfet de police.
Le Parisien : L’urbanisme peut aussi contribuer à faire reculer l’insécurité. Quels sont vos projets dans ce domaine-là ?
Daniel Vaillant : J’ai rencontré Louis Gallois, le patron de la SNCF, et Jean-Claude Gayssot, le ministre des transports ; la SNCF est prête à céder un terrain place Hébert, où l’on pourrait construire un collège et une école de douze classes. Si la ville tient à faire la ZAC Pajol, à laquelle je ne suis pas favorable, parce qu’elle rajoutera deux mille habitants dans un quartier qui souffre déjà de son enclavement, ce quartier doit aussi bénéficier d’un collège et d’une école, ainsi que d’un espace vert paysager. On pourrait ainsi aboutir à un projet cohérent pour le quartier Chapelle.
Quand Françoise de Panafieu, adjoint au maire chargé des espaces verts, dit que le nord-est de Paris a besoin d’un espace vert d’ampleur, je dis oui, sur la cour du Maroc, rue d’Aubervilliers, pas à Cardinet, dans le XVIIe ! On a un déficit énorme dans ce quartier en matière d’écoles et de jardins. La mairie s’est souvent retranchée derrière l’argument : La SNCF ne veut pas vendre ses terrains. Maintenant, cet argument n’existe plus !
Le Parisien : Si, malgré tout, vous n’obtenez pas l’adhésion de la ville ?
Daniel Vaillant : Si elle n’est pas d’accord, on la mettre dans le vent. Concernant le collège, ville et rectorat admettent qu’il est nécessaire à la Chapelle. Le maire, Jean Tibéri, s’est en outre engagé par lettre à faire une école primaire à Torcy. Enfin, pour le jardin, j’en ai déjà parlé à Dominique Voynet, le ministre de l’environnement. Et on peut aussi avoir recours au conseil régional. De toute façon, on mettra la pression sur la ville, et je veux qu’elle soit partenaire. Mais je suis relativement optimiste.
Le Parisien : l’état de ses finances n’est pas mirobolant.
Daniel Vaillant : De l’argent, elle en a pour Mourousi et ses festivités de l’an 2000. Il faut savoir ce qu’on veut !
Le Parisien : Comment comptez-vous, dans votre mairie, participer à la création des emplois de la loi Aubry ?
Daniel Vaillant : Nous avons déjà reçu des demandes, et nous devons être capables d’y répondre. Nous avons lancé une campagne de concertation dans le XVIIIe pour identifier les besoins. Les associations, notamment, sont demanderesses d’emplois-jeunes. Nous organisons un CICA (NDLR : Comité d’initiative et de consultation des arrondissements) vers la mi-octobre avec des représentants du ministère du travail et de la ville. Et nous allons créer en mairie une cellule de suivi et d’appui, pour offrir l’information, l’aide et la logistique nécessaire.
La mairie ne va pas embaucher, mais elle peut faire bouger les choses. Je pense qu’on peut atteindre les mille emplois-jeunes dans le XVIIIe, dans les domaines de l’encadrement scolaire, du soutien aux personnes âgées, de la sécurité, etc. Là encore, il faut que tout le monde s’y mette… y compris la Ville de Paris.