Texte intégral
Date : 1er novembre 1997
Source : Point de presse
Nous avons passé un moment extrêmement intéressant, M. Primakov et moi-même. Nous avons notamment parlé de la situation au Proche et au Moyen-Orient. Nous avons consulté, une fois de plus, une grande convergence de vues. En ce qui concerne la situation en Irak, nous avons élaboré une déclaration commune dont nous allons vous donner connaissance, et en ce qui concerne le Proche-Orient, j'ai écouté avec beaucoup d'intérêt les analyses, les informations et les conclusions que M. Primakov rapporte de son voyage dans cette région où je me rendrai moi-même dans trois semaines. Nous avons convenu de rester en relation étroite à ce point de vue, pour donner à nos démarches respectives le maximum d'efficacité.
Encore un mot sur le processus de paix avant de vous lire le texte sur l'Irak. Naturellement, nous pensons que la situation au Proche Orient justifie un engagement continu de la part des États-Unis, mais également, et avec la même intensité, de la part de l'Europe et de la part de la Russie.
Date : 1er novembre 1997
Source : Europe 1
J’ai rencontré ce matin M. Primakov, mon homologue russe, qui rentre d’un voyage au Proche-Orient. Nous avons parlé de la situation au Proche-Orient et de la façon dont la France et la Russie peuvent coordonner leurs efforts avec les États-Unis dont l’engagement demande indispensable pour aider à relancer le processus de paix dans cette région. Nous avons décidé de rester très étroitement en liaison. Je dois moi-même me rendre dans cette région dans quelques semaines. C’était le premier point important de nos entretiens. Le second point c’était naturellement la situation en Iraq. Et à cet égard, la France et la Russie ont mis au point une déclaration commune extrêmement précise qui appelle notamment les autorités irakiennes à renoncer à la décision qu’elles viennent de prendre d’interrompre leur coopération avec une partie de la Commission spéciale présidée par M. Butler. Nous rappelons fermement et clairement aux autorités irakienne qu’elle doivent accepter les résolutions du Conseil de sécurité, l’autorité du Conseil de sécurité, et que c’est la seule façon pour elles, un jour, de réussir à atteindre la réintégration dans la communauté internationale.
Europe 1 : Il n’est pas prévu de mesures particulières vis-à-vis de l’Irak aujourd’hui ?
Hubert Védrine : Le point d’actualité aujourd’hui, c’est d’exprimer à l’égard des autorités irakiennes un message clair, net, sans ambiguïté et qui souligne en plus la volonté d’unité au sein du Conseil de sécurité.
Europe 1 : Ce voyage à Moscou était le premier grand voyage officiel de Lionel Jospin. Quel est le bilan à vos yeux de cette première sortie officielle ?
Hubert Védrine : Le Premier ministre est venu ici pour coprésider avec son homologue russe, M. Tchernomyrdine, la grande Commission franco-russe de coopération économique. C’est un voyage d’abord extrêmement sympathique. Le Premier ministre a été particulièrement bien accueillis, de façon chaleureuse.
D’autre part, ce voyage a été très concret. Le Premier ministre était accompagné par une quarantaine d’industriels de tout premier plan. De nombreux accords ont été signés et la relation entre les deux chefs de gouvernement a permis de relancer encore, après la visite du président de la République, qui a eu lieu il y a environ un mois, toutes les perspectives de coopérations franco-russe. Les relations politiques entre les deux pays sont très substantielles, très bonne. Il y a beaucoup de point d’accord de nombreux sujets internationaux et il y a d’autre part des conversations très intéressantes sur l’organisation générale de l’Europe, la sécurité en Europe, les relations avec l’Union européenne. Il y a également un volet bilatéral qui était, je crois particulièrement bien rempli au cours de cette visite.
Europe 1 : On a l’impression que le gouvernement français, le Premier ministre, est fascine par l’ampleur des changements intervenus en Russie.
Hubert Védrine : Le gouvernement français, comme je crois tous les gouvernements occidentaux, prennent la juste mesure des transformations, considérable qui ont été entamées en Russie depuis maintenant une douzaine d’années mais qui se sont accélérées au cours des cinq ou six dernières années. C’est très encourageant de voir ce pays, cette population, prendre à bras le corps de très nombreux chantiers car tout est à faire ou à refaire sur le plan économique, sur le plan du fonctionnement de la société, sur le plan des bases juridiques, sur plan industriel, agricole. Tout est neuf, on ne parle que de projets. C’est un pays qui appelle les coopérations qui est donc extrêmement accueillant et très désireux, qui est demandeur même, d’apports très concret, très précis, avec ses partenaires occidentaux. Tout cela donne l’impression d’un souffle de vie puissant mais naturellement, la Russie est engagée dans une tâche historique qui l’amènera, nous n’en doutons pas, à retrouver toute la place qui doit être la sienne dans monde et sur le continent européen. Nous sommes là pour aider parce c’est aussi notre intérêt.
Europe 1 : Jacques Chirac était là il y a un mois. Lionel Jospin, donc, est venu à son tour. Est-ce que les autorités russes ont bien ressenti justement que le pouvoir en France comporte en cohabitation des équilibres qu’il convient de prendre en compte ?
Hubert Védrine : Je ne veux pas parler pour les autorités russes, mais il me semble qu’elle ne se posent pas la question puisqu’elles ont vu la France parler d’une seule voix et combiner, organiser, synthétiser ses différentes interventions et action, que ce soit au niveau politique, diplomatique ou économique. C’est tout à fait naturel de leur point de vue d’accueillir le président de la République puis le Premier ministre qui vient coprésider, comme c’est d’ailleurs traditionnel, cette grande Commission.
Europe 1 : Mais c’est quand même l’occasion pour Lionel Jospin de faire entendre sa voix au plan international ?
Hubert Védrine : Certainement, en jouant le rôle qui est le sien, à partir des compétences qui sont les siennes et qui normalement reconnues au Premier ministre.