Article de Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports, dans "La Croix" le 2 juillet 1999, sur les actions en faveur des centres de vacances et de loisirs.

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L'exigence d'une sécurité sans faille

Chaque année, à l'initiative des associations, des collectivités locales, des comités d'entreprise, mais aussi dans une moindre mesure d'organismes à but lucratif, les centres de vacances et de loisirs accueillent plus de 5 millions d'enfants et d'adolescents. La réussite des milliers de ces séjours éducatifs repose très directement sur l'engagement des 500 000 animateurs et directeurs qui les encadrent.

La France, c'est une situation unique en Europe, s'est dotée, dans ce domaine, d'une organisation originale, elle a fait émerger une véritable « culture » du centre de vacances et de loisirs, partagée par un nombre considérable de nos concitoyennes et de nos concitoyens. Mais cette culture a aussi besoin d'un bon dépoussiérage, tant les représentations les plus répandues de la « colo » ou du « centre aéré » sont éloignées des réalités d'aujourd'hui. La législation, elle-même, retouchée à de nombreuses reprises, a besoin d'être revisitée.

Les centres de vacances et de loisirs jouent un rôle social irremplaçable, en favorisant la mixité et le brassage des publics qu'ils accueillent. A ce titre, et en coopération avec les associations nationales fédérant les organisations de centres de vacances et de loisirs (la JPA, l'UFCV), le ministère de la jeunesse et des sports tient à valoriser hi variété et la richesse des projets éducatifs de ces centres. De plus, et ce n'est pas à négliger, les centres de vacances et de loisirs ont un réel impact économique, ils représentent à eux seuls l'équivalent de 50 000 emplois à temps plein, et génèrent de l'activité économique, y compris dans les zones rurales.

Ces éléments sont les bases de la rénovation des centres de vacances et de loisirs que nous développons avec les collectivités locales, les associations, les comités d'entreprise et les Caisses d'allocations familiales. Par ailleurs, un budget de 17,5 millions de francs pour la rénovation des locaux des centres de vacances et de loisirs, et des centres de loisirs sans hébergement, a été débloqué.

Deux axes me semblent fondamentaux. D'abord, le coût des séjours représente une vraie difficulté pour un nombre croissant de familles. Nous sommes confrontés à un effet de seuil qui écarte du bénéfice des aides des Caisses. Allocations familiales, collectivités locales, les familles aux revenus « moyens » qui ne peuvent supporter le coût actuel des séjours, au delà du premier enfant.

Ensuite, une relation de confiance doit s'installer entre la famille, l'organisateur, l'équipe d'encadrement du centre et les enfants ou les adolescents. Il est évident que cette confiance trouvera son point d'appui dans le soin qui sera apporte à la sécurité morale et physique des enfants et des adolescents pendant le temps où ils seront placés en dehors de la responsabilité parentale.

En effet, l'exigence d'une sécurité sans faille devient pressante, et la médiatisation d'accidents dramatiques, ou de comportements abusifs (violences, actes à caractère pédophile) renforce inévitablement cette aspiration parfaitement compréhensible.

Face à l'inquiétude des familles, le compte rendu statistique des accidents graves, même s'il démontre que les centres de vacances et de loisirs sont un milieu extrêmement sûr, pèse de peu de poids. C'est pourquoi il est indispensable que la responsabilité du ministère de la jeunesse et des sports, en matière de protection des mineurs, la sécurité physique et morale des enfants et des adolescents accueillis dans toutes les formes de séjours éducatifs s'exercent avec une vigilance renforcé durant les périodes de vacances scolaires.

Ce devoir permanent de sécurité doit toutefois s'inscrire dans la découverte et la pratique d'activités de plus en plus diversifiées, qui vont favoriser l'apprentissage de l'autonomie et l'accès aux responsabilités au sein d'une collectivité animée par un véritable projet d'éducation populaire.

En complément de l'examen des dossiers administratifs de déclaration de séjours, instruits par les directions départementales de la jeunesse et des sports, je souhaite que les inspections et les contrôles, sur place, soient démultipliés.