Texte intégral
« Mesdames, Messieurs, - et en me réjouissant qu’il y ait des dames, (…) le football étant également pratiqué par des femmes – et les femmes, finalement, le regardant -, je suis heureux de vous retrouver pour ce contact avec la presse. Je viens de recevoir avec Mme Marie-Georges Buffet, la ministre de la Jeunesse et des Sports, les deux co-présidents du Comité français d’organisation de la Coupe du monde, Fernand Sastres et Michel Platini, le délégué interministériel à la Coupe du monde, N. de Saint-Pulgent, et le Préfet J. Lambert, qui assume les fonctions de directeur général du Comité français d’organisation de la Coupe du monde.
Nous avons eu un entretien – on devrait dire plutôt une discussion d’ailleurs – d’une heure environ, où nous avons passé en revue un certain nombre de problèmes sur lesquels l’Etat doit naturellement se mobiliser et apporter des réponses. Le sentiment qui m’a été exprimé par mes interlocuteurs, c’était que du point de vue de l’organisation dans toutes ses dimensions, les choses se déroulaient normalement et positivement ; que peut-être ce qui était ressenti du côté des organisateurs – je l’exprime avec la simplicité de notre entretien lui-même – c’était qu’au fond, le Comité français d’organisation éprouvait le besoin de faire passer le message suivant : cette Coupe du monde, c’est la Coupe du monde de la France, ce n’est pas la Coupe du monde du Comité français d’organisation, et je leur ai assuré qu’au-delà du travail entrepris et conduit par le précédent Gouvernement, au-delà du travail que depuis six mois, sur ce dossier – à travers l’action de plusieurs ministères, sous l’impulsion naturellement du ministère de la Jeunesse et des Sports, et à travers l’implication de mon cabinet -, au-delà du travail qui a été assuré, nous étions maintenant à un moment où – j’ai pris une image qui se rapportait davantage à de l’athlétisme qu’au football – que nous étions au fond au début, ou qu’on allait aborder le dernier 400 mètres d’un 1 500. La cloche va sonner, et il est temps que cette mobilisation prenne plus de rythme encore, et il est temps que nous contribuions à sensibiliser véritablement l’ensemble des Français, et pas simplement les sportifs, à l’importance de cet évènement.
Une Coupe du monde de football qui se tient dans notre pays, c’est un grand évènement mondial, pas simplement sur le terrain sportif, mais à la mesure de l’audience formidable de cet évènement, c’est l’occasion pour notre pays non seulement de montrer comment il maîtrise l’organisation d’un grand évènement sportif dans toutes ses dimensions – dans ses dimensions d’infrastructures, dans ses dimensions d’organisation – mais je dirais aussi dans sa dimension humaine et festive, parce qu’il s’agit quand même d’une fête. Et c’est aussi l’occasion pour notre pays, en accueillant des centaines de milliers de personnes, qui vont bouger, tourner selon les matchs, de montrer ses ressources dans toute une série de domaine, non seulement l’hospitalité de son peuple, mais aussi l’efficacité de ses technologies, de ses formes d’organisation.
Donc, c’est tout à fait un grand évènement, et j’ai assuré mes interlocuteurs que le Gouvernement avait bien l’intention – au-delà de ce qui a été fait, que je rappellerais brièvement -, de contribuer à la réussite de cet évènement exceptionnel. Exceptionnel, parce que en cumulé, il peut y avoir près de deux millions et demi de spectateurs dans cet évènement, dont 500 000 étrangers, et en cumulé, plus de 37 milliards de téléspectateurs, c’est quand même quelque chose de tout à fait considérable.
L’Etat s’est fortement impliqué jusqu’à maintenant, dans la continuité de ses Gouvernements, par un effort d’investissement pour que les infrastructures du pays permettent d’être à la hauteur de l’évènement, en participant au financement du Stade de France et à l’aménagement du site de Saint-Denis à hauteur d’1 milliard 867 millions ; en contribuant à la rénovation des stades de province accueillant des rencontres à la hauteur de 366 millions ; en aménageant des dessertes du Stade de France, routières et autoroutières, de transports en commun à travers le métro et le RER à la hauteur de 754 millions de francs. L’effort financier de l’Etat en matière d’investissements s’élève donc, pour la Coupe du monde 1998, à près de 3 milliards de francs. Cet effort, l’Etat n’a pas été le seul à le supporter puisque les collectivités locales ont-elles aussi contribué à la construction du Stade de France et à la rénovation des autres stades à Paris et en Province, à la hauteur d’1 milliard 619 millions ; les entreprises publiques – SNCF, RATP – pour les dessertes à la hauteur de 528 millions ; enfin le secteur privé a contribué quant à lui – aux termes d’un contrat de concession signé, vous vous en souvenez, en avril 1995 par le précédent Gouvernement avec le consortium Bouygues-Générale des eaux-Lyonnaise des eaux -, à la réalisation du Stade de France à la hauteur d’1 milliard 538 millions de francs. C’est d’ailleurs ce document contractuel qui fait du consortium le gestionnaire du Stade de France jusqu’en 2025. L’ensemble des investissements réalisés pour la Coupe du monde s’élève donc à 6 milliards 672 millions de francs.
Cet effort d’investissement entrepris, le Gouvernement aujourd’hui se doit de tout faire pour que la Coupe du monde soit une réussite en soutenant très fortement le Comité français d’organisation présidé et dirigé comme je l’ai indiqué tout à l’heure. Et la présence des deux co-présidents, du directeur général et du délégué interministériel à mes côtés, à nos côtés, aux côtés de Marie-Georges Buffet et moi-même, et la conversation que nous avons eue, témoignent de ce dialogue et de cette implication.
Alors, je veux vous dire ici, publiquement, que chaque administration française placée sous l’autorité du Gouvernement s’engagera complètement aux côtés du CFO pour que la Coupe du monde soit une réussite dont le pays tout entier puisse être fier.
Nous veillerons tout particulièrement à la sécurité du public ; à l’intérieur des sites, on le sait, le CFO en assurera la responsabilité au travers d’un dispositif de… « stadiers » vous dites ? – c’est au moins un terme français, je craignais qu’il fut franglais, il l’est peut-être -, un pour cent spectateurs. Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur est maintenant en possession d’un rapport de l’inspecteur général Quérry, lui permettant de décider à la suite d’une concertation site par site, le retrait ou le maintien des grilles dans les stades. A l’extérieur des sites, l’Etat a conçu un dispositif d’ordre public visant à filtrer les spectateurs. Plus en amont coopération internationale entre les services de police va s’efforcer de prévenir et de dissuader les initiatives qui pourraient émaner des supporters dangereux ou un peu trublions. Un dispositif particulier sera mis en place pour les matchs dits « à risques ».
Nous portons une attention spéciale au problème de transport. Le Stade de France est implanté en milieu fortement urbanisé, il dispose de places de parking relativement importantes – de parking de véhicules automobiles mais en nombre en même temps limité par rapport à l’accueil du stade. Le recours aux transports en commun sera très fortement encouragé. La RATP et la SNCF ont prévu un dispositif permettant aux spectateurs de bénéficier d’une tarification particulièrement favorable si des personnalités, et notamment des personnalités gouvernementales, devaient se rendre au stade ; ça peut arriver, il peut y avoir des sportifs parmi le Gouvernement, ils iront par les transports en commun, pour donner une indication très claire que les spectateurs qui viendront au stade devront, pour leur quasi-totalité, y aller par les transports en commun. C’est la nécessité pour que les choses soient maîtrisées. Avec les impératifs d’horaires, et le fait que les spectateurs qui paient leur place puissent avoir le match entièrement, depuis le début, soit respecté, il faut y veiller tout à fait. Une campagne d’information spécifique sera organisée pour sensibiliser le public à cette dimension.
Nous apporterons un soin particulier à l’accueil du public. La Coupe du monde sera l’occasion pour 500 000 étrangers, de venir en France, souvent pour la première fois. Le ministère du Tourisme a prévu une action spécifique, intitulée : « Bonjour 98, la France accueille le monde », notamment en direction des professionnels du tourisme français, un contrat accueil devrait être signé par 50 000 professionnels et acteurs du tourisme – du tourisme français et étranger -, en démultipliant les relais d’informations à l’étranger. Nous voulons aussi – c’est particulièrement la volonté du Comité français d’organisation, mais c’est une volonté que nous partageons, et en particulier Marie Georges Buffet, nous voulons que la Coupe du Monde soit une fête. Une fête du sport bien sûr, mais une fête autour de cet évènement. Et donc, le ministre de la Jeunesse et des Sports, la ministre de la Jeunesse et des Sports, initie et coordonne de nombreux projets d’animation autour de la Coupe du monde. Des opérations telles que : « Cité Foot », directement organisée par le ministère de la Jeunesse et des Sports, « Scola Foot » en liaison, vous vous en doutez, avec le ministère de l’Education nationale et l’UCEP. « Allons en France 98 » organisée par le ministère des Affaires étrangères, et « Coopé Coupe 98 » avec le ministère de la Coopération.
Tout cela permettra à plusieurs dizaines de milliers de jeunes de vivre la Coupe du monde. Les accords conclus avec les diffuseurs de télévision vont permettre d’organiser dans les villes sites et leur périphérie, la retransmission des rencontres sur écrans géants ; le public et particulièrement les jeunes en bénéficiant ainsi gratuitement. Même s’il est vrai, on me l’a expliqué, que pour les matchs eux-mêmes et en particulier, pour les 57 matchs – c’est ça ? -, 54 matchs, qui ne sont pas, disons les matchs terminaux en quelque sorte, les plus importants, je crois qu’un effort particulier a été fait sur le prix des places. En tout cas, d’autres pourront bénéficier gratuitement de la retransmission.
Voilà quelques-unes des initiatives prises par les différents ministres et Secrétaires d’Etats qui montrent, eux, la mobilisation générale décrétée par le Gouvernement pour réussir la Coupe du monde. Je n’ai pas plus fait allusion à la fête qui sera organisée, je crois le 9 juin, à la veille même de la Coupe du premier match, le match d’ouverture. Grande fête à Paris, sur laquelle, peut-être que les organisateurs voudront s’exprimer, mais dont j’ai déjà eu l’occasion de parler avec Marie-Georges Buffet mais aussi avec le ministre de la Culture, par exemple, C. Trautmann.
Je voudrais dire aussi que ces initiatives prises à l’occasion de cette Coupe du monde ne seront pas sans lendemain. En effet, les investissements structurants qui auront été réalisés, générateurs de création d’emplois, s’inscrivent dans un objectif plus global d’aménagement du territoire et de politique de la Ville. L’amélioration de la qualité de l’accueil des touristes devrait bénéficier à ce secteur important de notre économie. L’image de la France à l’étranger devrait s’enrichir de ces atouts technologiques, industriels, et culturels. Je souhaite que l’implication du Gouvernement, que j’affirme donc aujourd’hui, et pour laquelle je suis prêt à m’exprimer encore dans le futur, je souhaite donc que l’implication du Gouvernement, à travers l’ensemble des administrations favorise la mobilisation du plus grand nombre de Français qui auront l’occasion, à un titre ou à autre, d’aider à la réussite de l’évènement. Je remercie pour l’excellent travail qu’ils ont entrepris, MM. Sastres, Platini, et Lambert, et leurs collaborateurs du CFO. Je remercie M. De Saint-Pulgent à la Délégation interministérielle. Et c’est donc dans cet esprit de mobilisation que va débuter la campagne de communication du Gouvernement. L’affiche qui est à côté de moi, qui a été réalisée par J.-P. Chambas, constitue un des supports de cette mobilisation. Et j’apprécie d’ailleurs qu’à la limite, on puisse croire qu’il s’agit peut-être plus d’un match de basket que d’un match de foot, malgré le numéro dix qui fera plaisir bien sûr à Platini, c’est un clin d’œil. Ça me convient bien moi. Encore que j’ai commencé ma carrière sportive au foot, il faudrait que vous le sachiez, comme goal. »
Journaliste : Et vous avez mal fini ?
« Non, enfin oui, ça peut se discuter. En tout cas, cette campagne de communication et ces affiches vont être visibles à partir d’aujourd’hui dans toute une série de lieux publics. Je voudrais terminer avant que les uns et les autres puissent répondre à vos questions, en vous disant que je veux que cette Coupe du monde, comme vous tous, soit une fête du sport. C’est une occasion de compétition mais ça doit être aussi une occasion de fraternité entre les délégations, les invités étrangers, d’un certain nombre de pays, et de tous les continents. Et je souhaite naturellement pour finir, la réussite de l’équipe de France dans cette compétition. Vous ne pensiez tout de même pas que je l’avais oubliée. Voilà, nous sommes à votre disposition maintenant pour répondre à vos questions. »
Journaliste : Monsieur le Premier ministre, la mascotte qui va servir à représenter la France lors de cette compétition est très critiquée. Elle s’appelle Jules, je crois, cette espèce de volatile qui a fait l’objet de très nombreuses critiques. Je voudrais savoir ce que vous en pensez ? Si selon vous, elle représentait correctement l’image du pays ?
Lionel Jospin : « Je pense que Jules, ça me fait penser à Jules Rimay bien sûr, mais je pense que c’est au Comité d’organisation de répondre d’un choix… »
Intervenant : « Non, la mascotte Jules est la mascotte de l’équipe de France de football, elle n’a rien à voir avec le Comité d’organisation. C’est vraiment… nous l’avons-nous aussi appris par la presse, donc le lendemain. Ça n’a rien à voir avec le Comité d’organisation. »
Journaliste : M. Platini vous avez semblé émettre des doutes il y a quelque temps sur la mobilisation du Gouvernement pour l’organisation de cette Coupe du Monde. Etes-vous rassuré aujourd’hui ?
M. Platini : « La plus belle réponse, le Premier ministre l’a dite, il a dit que tous les services de l’Etat étaient à la disposition du Comité d’organisation pour que la Coupe du Monde se passe dans de très bonnes conditions. Je l’en remercie. Et c’est vrai qu’on est à six mois de la Coupe du Monde, c’est vrai qu’aussi il est peut-être… Plus tôt c’était peut-être difficile pour les Services de l’Etat de s’engager. Aujourd’hui, je crois que la discussion que nous avons eue avec le Premier ministre est très intéressante. En ce qui concerne le Comité, le Premier ministre l’a dit, il n’y a pas de soucis d’organisation. On a des petits soucis par rapport à d’autres problèmes qui sont des problèmes liés à des services. Je vais prendre un exemple type : la signalisation sur les autoroutes, la signalisation sur les routes nationales, pour permettre aux supporters étrangers de venir. Ça, ça ne dépend pas du Comité d’organisation de la Coupe du monde, ça dépend directement des Services de l’Etat. Et là-dessus, eh bien il faut qu’ils acceptent que pendant l’espace d’un mois, eh bien il y a des panneaux différents que d’habitude et ce n’est pas prévu normalement. Mais comme l’a dit le Premier ministre, à évènement exceptionnel on peut avoir des conditions exceptionnelles. »
Lionel Jospin : « Oui, parmi les problèmes que nous avons examinés, il y a ce problème de la signalisation. Il y a le problème de l’acheminement, le problème des transports, où il y aura des décisions certainement importantes à prendre. Il y a des problèmes des grilles, de la sécurité. Bon. Ça a été une vraie réunion de travail que nous avons tenue, qui avait été précédée par des réunions de travail et des discussions au niveau des ministres, et notamment au niveau de Marie-Georges Buffet. J’avais moi-même préparé cette rencontre d’aujourd’hui par une réunion de travail approfondie avec mon cabinet. Et donc, on a travaillé, Ce n’est pas par plaisir de revoir M. Sastres que j’ai connu quand il était président de la Fédération ou M. Platini à différentes étapes de sa carrière, la dernière fois, quand il était entraîneur de l’équipe de France. Non. Ça a été une vraie réunion de travail avec le ministre, sur une série de ces sujets. Il y en a peut-être d’autres. So vos questions nous amènent à y faire allusion nous vous répondrons. »
Journaliste : (inaudible)… Et si oui, à quelle date sera prise la décision ?
Lionel Jospin : « Marie-Georges Buffet, d’abord. »
Marie-Georges Buffet : « Je peux vous répondre positivement. La tendance est en effet à la suppression des grilles. Le point actuel – bon, j’écarte Marseille, Bordeaux, Saint-Denis où les choses étaient déjà réglées – nous sommes sur Lyon, Montpellier et Lens à l’étude d’un dispositif horizontal qui donc ne perturbe pas la vue des spectateurs tout en permettant un minimum de sécurité. A Saint-Etienne, il y a un problème de financement, il n’y a pas opposition à l’enlèvement des grilles, il y a un problème de financement, nous allons voir si nous pouvons le régler. La ville de Nantes reste sur l’idée pour l’instant du maintien des grilles. Donc nous sommes en progression pour l’instant pour l’enlèvement des grilles. J’insiste sur le fait que nous avions décidé avec Monsieur le ministre de l’Intérieur de ne pas prendre une position globale, mais d’étudier cas par cas avec les partenaires intéressés sur chaque ville site. Et de bien prendre des décisions qui ne sont pas valables que pour la Coupe du monde, donc qui vont demander qu’il y ait un développement de la prévention, de l’éducation, une nouvelle approche de la gestion des foules dans les stades, et également qu’il y ait des mesures de sécurité. C’est les places assises, c’est la vidéo-surveillance, c’est les postes centraux de surveillance, c’est les stadiers – les stadiers, ça n’est pas que la Coupe du monde, on va voir comment on peut poursuivre comme on l’a dit – et puis c’est aussi avoir une politique répressive par rapport à ceux qui sont responsables de violences fortes dans les stades et hors des stades.
Donc nous sommes en train, avec le ministre de l’Intérieur, de travailler à partir de la loi du 8 décembre 1993 pour qu’il puisse y avoir sanction dans le stade mais aussi à proximité des stades par rapport à des supporters qui voudraient faire acte de violence. Donc c’est vraiment à travers cette Coupe du Monde, je crois, qu’on peut aborder de nouvelle façon cette question de la sécurité dans les stades pour l’avenir. »
Journaliste : Monsieur le Premier ministre, vous aviez visité le Stade de France à l’état de chantier, est-ce que vous comptez vous y rendre prochainement ou en tout cas avant la Coupe du monde pour assister à un match ?
Lionel Jospin : « C’est possible, oui. Je l’ai vu pousser ce stade, parce que quand on revient, ce qui était pour moi la circonstance la plus régulière de l’aéroport de Roissy, on passe devant, donc j’ai assisté à sa naissance et à son développement. A un certain stade – si j’ose dire – j’ai été le visiter avec plusieurs des responsables et avec le maire de Saint-Denis. Je le vois maintenant de l’extérieur dans son épanouissement. C’est une très belle œuvre architecturale, je trouve. Et il est possible que j’ai l’occasion de m’y rendre avant la Coupe du Monde. Mais bon, je n’informe généralement pas sur les compétitions sportives auxquelles je me rends. C’est ma vie privée, ça. Je ne dirais pas, c’est mon jardin, parce que vous commenceriez à me parler de pelouse. »
Journaliste : Monsieur le Premier ministre, il y a presque un paradoxe dans la mesure où les billets qui ont été vendus auraient pu être vendus plusieurs fois. Les entreprises se sont mobilisées, et on parle toujours de mobilisation des français. Quel déclic pourrait faire qu’il y ait vraiment une âme Coupe du Monde en France ?
Lionel Jospin : « Nous sommes à 6 mois de la Coupe du Monde. Ce qui est important, c’est que – et les co-présidents du Comité d’organisation auront peut-être envie de répondre – c’est que les choses soient maîtrisées du point de vue des infrastructures, du point de vue de l’organisation, que l’ensemble des problèmes que pose un tel évènement, un tel rassemblement humain, soient traités puis résolus. Ensuite les Français vont commencer à se préoccuper de cet évènement, vont se sentir davantage concernés, surtout si naturellement on les rend plus conscients de la force de cet évènement, progressivement. Donc, je pense que le moment où nous faisons cette rencontre et où nous venons vers vous qui êtes des médiateurs est bien choisi ; à 6 mois de l’évènement. Et tout cela va monter progressivement en puissance, et les Français vont s’en préoccuper progressivement. Donc je ne crois pas qu’il y ait lieu d’être particulièrement préoccupé de la prise en charge de cet évènement par les Français. Maintenant, d’un autre côté aussi, soyons suffisamment relativiste : serons plus préoccupés par cet évènement ceux qui sont plus proches du foot ou du sport aussi. Un certain nombre de gens ne vont pas forcément considérer que cela bouleverse leur vie. Cela ne va pas bouleverser ma vie, je ne pourrais pas passer ma vie dans les stades, je le crains, mais enfin pour moi, cela va être important.
Journaliste : Monsieur le Premier ministre, est-ce que vous croyez que d’ici 6 mois, la France sera capable de remporter le match et être au rendez-vous de la préparation malgré toutes les difficultés ?
Lionel Jospin : « J’ai entendu la question, néanmoins il y a quelques experts ici plus compétents que moi. Moi, je crois que c’est une équipe composée d’une série, d’une pléiade – on peut employer le terme convenu – de joueurs de talent, d’ailleurs dont la qualité a été reconnue non seulement en France, mais à l’étranger désormais. Et qu’il faut ensuite que tout cela compose une équipe performante. Mais là aussi je crois qu’on ne peut pas juger cette équipe – d’abord qui n’a pas connue la défaite récemment, malgré tout – uniquement sur les prestations faites lors des matchs préparatoires. »
Journaliste : Je parle de l’infrastructure, Monsieur le Premier ministre.
Lionel Jospin : « Ah, l’infrastructure ! J’ai pas du tout compris que vous me parliez de cela, j’ai compris que vous me parliez de l’équipe. »
Journaliste : Non, je parlais : est-ce que vous seriez au rendez-vous en terminant les travaux ?
Plusieurs intervenants : « Oui. »
Lionel Jospin : « Oui, ça alors là, absolument. »
Intervenant : « Le Stade de France va être livré fin novembre. Il y a certains stades qui sont terminés. Au plus tard, à Bordeaux je pense, et à Toulouse, nous aurons terminé ça, et au Parc des Princes, au mois de mars 1998. Donc nous serons largement dans les temps. »
Lionel Jospin : « Pardonnez-moi, mais j’avais cru que vous parliez plutôt des hommes. »
Journaliste : J’ai deux questions. Premièrement, on m’a dit à pas mal d’occasions ces derniers jours que les hôtels à Paris sont pleins à 100 %. Est-ce qu’on a, surtout à Paris, de place en France pour tous les supporters. Deuxièmement, je pense que Monsieur Philippe Séguin aime beaucoup le foot. Est-ce que vous pensez que même lui, il devrait assister aux matchs en transports en commun.
Lionel Jospin : « Je m’en occupe, de la deuxième question. »
Marie Georges Buffet : « Sur le problème de l’accueil, et notamment de tout ce qui concerne les hôtels, le ministère du Tourisme travaille avec les partenaires économiques et les tours opérateurs. Il y a déjà eu plusieurs réunions qui se sont tenues. Et nous allons pouvoir, là aussi comme pour les infrastructures sportives, répondre aux demandes faites pour que l’ensemble des supporters arrivant des pays partie prenante de cette compétition puissent être hébergés dans de bonnes conditions. Alors tout le monde ne sera pas à quelques centaines de mètres du Stade de France ou du Parc des Princes ou du Stade de Lyon etc… mais l’hébergement va être assuré et dans de très bonnes conditions. »
Lionel Jospin : « Quant à la deuxième question, la réponse que je peux lui faire, c’est que mes suggestions ne s’adressent qu’aux membres de mon Gouvernement. Mais je ne doute pas de la capacité de cette personnalité à y aller notamment par ce moyen de transport s’il le souhaite. »
Journaliste : « J’ai deux questions, Monsieur le Premier ministre. Il y a certains clichés négatifs de la France à l’extérieur. Lesquels de ces clichés vous aimeriez voir disparaître avec ce mondial ? Un de ces clichés est la tendance à faire des grèves. Vous pensez que pendant la Coupe du monde, ce serait très négatif d’avoir une grève du secteur public ou d’autres secteurs ?
Lionel Jospin : « En ce qui concerne les clichés – si vous le voulez bien, et à partir du moment où vous-même considérez que ce sont des clichés, c’est-à-dire plutôt des idées convenues que l’expression réelle de ce que nous sommes – je pense que vous pouvez contribuer à la réussite de cet évènement en effaçant ces clichés. Je serais ravi que vous le fassiez. En ce qui concerne la deuxième question, disons que le Gouvernement s’est efforcé, en tout cas dans un conflit récent, de le régler vite, peut-être autrement. Pour le reste, les Français étant sportifs, ils auront envie que la Coupe du Monde se déroule sans problèmes. »
Journaliste : Vous recommandez à un ministère d’utiliser les transports en commun pour se rendre au Stade de France. Est-ce qu’il en sera de même pour les personnalités étrangères ?
Lionel Jospin : « Ecoutez, vraiment, je crois qu’on est un pays de liberté. Je peux répondre d’une façon badine à une première question de ce type mais pour le reste, pardonnez-moi ! Les personnalités étrangères se déplaceront comme elles auront envie de se déplacer. »
Journaliste : Monsieur le Premier ministre. Pardonnez-moi de sortir du sujet, Barbara nous a quitté ce matin, est-ce que vous auriez une réaction à faire. Une première réaction.
Lionel Jospin : « Je ne veux pas, honnêtement. Non, non, non. Je m’exprimerais à propos de Barbara. J’ai appris d’ailleurs pendant cette réunion, et j’en ai informé mes hôtes qui étaient comme moi touchés par cette nouvelle. La mort de Barbara, j’exprimerais comme j’ai à le faire, ce que je ressens, d’autant qu’à la fois je l’admirais et je la connaissais un peu, mais je ne veux pas mélanger ici les choses. »