Interview de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national pour l'unité française, à France Inter, le 21 mai 1999 et à RTL le 27, sur l'appel fait par M. Mégret du jugement qui a reconnu le droit à l’appellation "Front national" au parti de M. Le Pen, bloquant ainsi son droit aux subventions électorales, sur la préparation des élections européennes, sur l'exode des kosovars et sa vision de la politique européenne.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission L'Invité de RTL - France Inter - RTL

Texte intégral

France Inter - vendredi 21 mai 1999

Q - Les élections européennes qui, à trois semaines du vote n'ont toujours pas su créer de débat au niveau des enjeux pourraient-elles être annulées ? J.-M. Le Pen a l'intention d'en faire la demande après que le ministère de l'Intérieur et le ministère des Finances ont demandé l'avis du Conseil d'État pour le versement au Front national de l'aide publique de 41 millions de francs. Le jugement du 11 mai dernier le reconnaissant le droit à l'appellation « Front national » le mouvement attendait le versement de la subvention. Mais M. Mégret a fait appel du jugement et c'est cette situation qui a conduit le Gouvernement à prendre l'avis du Conseil d'État. De là découle une nouvelle série d'accusations entre Front national et Mouvement national : M. Le Pen accusant M. Mégret de connivence avec le Gouvernement ; Marie-Caroline Le Pen, la fille de M. Le Pen, qui a pris le parti de Bruno Mégret, estimant, au contraire que la décision du 11 mai est une aubaine pour son père. Au moment où il était en difficulté, dit-elle, la justice lui a donné « un coup de main ».

Vous allez demander l'annulation des européennes ?

- « Ce devrait être une des conséquences puisque le ministre des Finances et le ministre de l'Intérieur ont usé d'une façon dilatoire, d'une voie de fait et ont refusé de se plier à la décision du tribunal revêtu pourtant de la formule exécutoire et de l'exécution provisoire. Les ministres demandent le droit au Conseil d'État. Nul n'est censé ignorer la loi, je pense, et surtout pas les ministres. »

Q - L'appel de M. Mégret n'est pas suspensif ?

- « Non pas du tout, au contraire. Il y a exécution provisoire et cet appel ne porte aucun effet avant l'année prochaine, je pense. Or, le Front national a été reconnu la formation légale et légitime. Il devait recevoir cette subvention. Cette subvention, bien évidemment, devait l'aider à faire sa campagne électorale : toute une série de commandes de journaux, d'expéditions, etc. Et nous approchons, nous sommes à trois semaines de l'élection, et retarder de huit jours les moyens financiers dont nous avons besoin, c'est un coup porté par le ministre, par le Gouvernement, à une liste d'opposition. Et je dis qu'il y a, là, une violation fondamentale des principes de séparation des pouvoirs et une ingérence inadmissible du Gouvernement dans le judiciaire. »

Q - Pourquoi sommes-nous tout le temps, avec vous, dans l'espace de la théorie du complot ? Je parle de vous mais je parle aussi de C. de Gaulle qui dit que c'est un coup de la fille Chirac que d'avoir…

- « Parce que cela existe, parce que le Front national est l'objet d'une persécution vigilante et continuelle. Elle peut se traduire par le silence média. Vous savez très bien comme moi que dans les colonnes, des journaux, sur les écrans, ou devant les micros, nous sommes beaucoup moins invités à nous exprimer que quiconque. Je crois que nous aurons droit à deux minutes pendant la campagne officielle alors que nous comptons des millions d'électeurs. Et qu'aux trois dernières élections, nous avons fait 15 % des voix. »

Q - Donc théorie du complot tout le temps et, en même temps, est-ce que vous n'êtes pas aussi aujourd'hui confronté à la situation difficile de l'explosion de votre mouvement en deux parties ?

- « Non, le mouvement n'a pas explosé. Il a été poignardé dans le dos. C'est toute la différence. »

Q - Vous voyez que cela continue.

- « Mais bien sûr ! C'est évident. Tout le monde le sait. Et si vous lisez un peu les livres que consacrent vos collègues, qui ne sont pas particulièrement des amis du Front national, ils vous démontrent bien que l'offensive, lancée de l'intérieur contre le Front national en pleine campagne électorale, était préméditée dans le secret et exécutée dans le but de jeter en quelque sorte la direction légitime du mouvement. Parce que M. Mégret n'a jamais osé m'affronter dans un congrès ordinaire. Il eut été écrasé, puisqu'il ne représente qu'une infime minorité de nos adhérents et, bien sûr, de nos électeurs comme va le démontrer l'élection du 15 juin. »

Q - Il faut donc faire avec le complot et avec la trahison ?

- « Ce sont des choses qui existent. C'est comme les bombardements en Serbie : on a beau le regretter, mais cela existe. »

Q - Mais Brutus, sauf que Brutus, là, c'est votre fille. Tu quoque fili. Votre fille, dans Match dit : « mon père va dans le mur. Le Front national va dans le mur. »

- « Ce n'est pas Brutus. J'ai dit que je ne serai pas César car César s'est laissé tuer par Brutus. Moi, je ne me serais pas laissé tuer par Brutus. Et d'ailleurs, Brutus n'a pas eu de chance, vous le savez : il a été obligé de se suicider très peu de temps après. »

Q - Mais que répondez-vous à cela : quand M.C. Le Pen dit dans un entretien à Paris Match, au fond qu'aujourd'hui l'avenir du mouvement n'est plus chez vous mais du côté de Mégret parce que les jeunes, les cadres, les militants sont partis avec Mégret et qu'en fait le Front national est désormais une coquille vide ?

- « Le moins que je dirais, c'est que Marie-Caroline n'est pas un expert en politique. »

Q - C'est tout ce que vous avez à répondre ?

- « Je trouve que le fait qu'elle soit une de mes filles ne lui confère aucune perspicacité politique particulière. »

Q - S'il fallait faire le bilan de ce qu'il s'est passé entre vous et Bruno Mégret ce qu'on considérait pendant longtemps - et d'ailleurs vous le revendiquez - d'être une sorte de parti modèle, qu'est-ce qu'il en reste ? Sur la gestion, sur l'argent : il y a eu un déballage terrible quand même !

- « Vous savez qu'en période électorale c'est la période de la diffamation. On lance comme cela des bruits que reprennent d'ailleurs généralement complaisamment les médias qui sont trop contents de pouvoir combattre leurs adversaires avec les armes de leurs anciens amis. »

Q - Encore le complot.

- « Oui, c'est le combat dont nous sommes victimes. Vous savez bien que vous m'invitez une fois par an ici alors qu'il y a 365 jours dans l'année. Par conséquent, vous avez, à mon égard, une attitude discriminatoire. Appelons cela complot, appelons cela injustice, appelons cela non-démocratie, appelez-le comme vous voudrez, moi, je m'en fous comme disait Maurice Chevalier. Mais c'est quand même bien un fait. Moi, je raisonne sur des faits. Il y a des moyens légaux, démocratiques de s'affronter, d'affronter des idées. Si l'un ou l'autre avait voulu se mesurer à moi à l'intérieur du mouvement, il eut été loisible de se présenter aux élections lors du congrès. Ils ne l'ont pas fait. J'ai été élu à l'unanimité pour trois ans. Voilà ! C'est un fait. »

Q - Comment voyez-vous l'avenir de votre mouvement aujourd'hui ? Tenez ! On parle des européennes : il y a un enjeu très important dont d'ailleurs la classe politique parle assez peu. Mais l'avenir du Front national, comment vous le sentez ?

- « Si on parlait aussi souvent des meetings que je fais que de ceux de M. Sarkozy ou de M. Bayrou, qui représentent pourtant actuellement, je pense, pas plus de voix que moi, eh bien, je pense que la situation serait meilleure. Je crois qu'il faut que le pays sache quel est l'enjeu. Or, je suis le seul mouvement - ma liste avec celle de C. de Gaulle - à lutter carrément, franchement contre les traités de Maastricht et d'Amsterdam. Les uns ou les autres ont des positions ambiguës même parmi les eurosceptiques comme Pasqua ou Villiers. Pasqua a voté Maastricht. Aujourd'hui, il se déclare contre. Le Front national a toujours été contre cette Europe à vocation mondialiste. Il donne sa préférence à l'Europe des nations - c'est un point sur lequel j'étais d'accord, malgré d'autres désaccords, avec le général de Gaulle sur la politique européenne, l'Europe des nations, maintien de la nation française, maintien de notre aptitude à nous diriger nous-mêmes. Il faut que charbonnier soit maître chez lui. Et je ne suis pas, pour ma part, prêt à remettre le destin de la France et des Français aux européistes de Bruxelles ou d'ailleurs. »

Q - Comment vous différenciez-vous - si vous avez envie de le faire d'ailleurs - de Bruno Mégret à qui je posais l'autre jour la question des enjeux et des risques du nationalisme ? Évidemment, je pense à l'affaire du Kosovo.

- « Je ne me réfère pas à M. Mégret en règle générale quand il s'agit de donner une opinion politique. Je préfère vous dire ce que je pense du Kosovo. Eh bien, je vais vous dire que cette guerre me révulse. Elle me donne envie de vomir. Le spectacle de parangons de la paix et de la vertu internationales écrasant depuis deux mois sous les bombes tous les objectifs civils d'un petit pays de 12 millions d'habitants qui n'est pas capable de leur résister, ni de leur faire quelque mal que ce soit, cela a quelque chose d'écoeurant et d'insupportable. »

Q - Mais êtes-vous révulsé et écoeuré de la même façon des images qu'on voit malheureusement tous les soirs : les hommes, les femmes, les enfants dont on dit qu'ils sont déportés, qu'ils sont expulsés, qu'ils sont épurés ?

- « Oui, les exodes sont toujours tristes. Il y en a eu beaucoup dans l'histoire du monde et de notre pays. Je constate en tous les cas une chose, c'est que les mauvais traitements dont on a dit que les Kosovars étaient les victimes, ne se voient pas en tout cas. Car, depuis deux mois, je regarde les images, je n'ai pas encore vu un pansement sur une tête, pas encore vu un bras dans le plâtre, je n'ai pas encore vu de civière transportant des blessés. Alors, certes, être obligé de partir de chez soi, c'est assez… »

Q - Êtes-vous bien sûr de bien regarder les images ?

- « Oui, je les regarde bien. Nous avons 35 minutes quotidiennes sur TF1. C'est le trémolo-business. Pendant que les Français regardent cela, ils ne pensent pas, eux, à l'immigration, au chômage et à l'insécurité. C'est-à-dire à tous les maux qui les frappent. Et je voudrais leur dire qu'il faut avoir de la compassion pour les gens du Kosovo, mais il faut aussi que les Français en gardent un peu pour eux parce que des Kosovo en France, il y en a tout plein qui sont en train de se préparer. »

Q - On reviendra là-dessus parce que j'imagine qu'il y aura beaucoup de questions d'auditeurs de France Inter. Juste un dernier mot : Brassens ! Vous êtes sûr d'avoir fait le bon choix en invoquant Brassens, l'autre jour ?

- « Je suis allé à Sète dans un lieu symbolique, hautement symbolique pour plusieurs raisons, aussi pour Paul Valéry et aussi pour Brassens. Oui, Brassens est un anticonformiste un peu comme moi. Je suis anticonformiste. »

Q - Vous imaginez une seconde que vous auriez pu être à une table avec Brassens ? Et parler avec lui ?

- « Bien sûr que oui. »

Q - Qu'est-ce qu'il vous aurait dit à votre avis, Brassens ?

- « Moi, je connais toutes ses chansons, ce qui n'est peut-être pas votre cas. »

Q - En effet.

- « Et je sais que ce chanteur libertaire était un adversaire de l'établissement et qu'il avait forcément une sympathie naturelle, comme moi d'ailleurs, pour les persécutés. »

Q - Il aurait peut-être fait une chanson sur ce qu'il voyait à la télévision le soir, en ce moment. On ne va pas faire un débat sémantique mais…

- « Il n'était pas dupe des manipulations de l'opinion. Il n'était pas dupe du charity-business. Il n'était pas dupe de toute une série d'opérations de ce type qui visent à former notre opinion malgré nous. C'était un homme libre et c'est en ce sens qu'étant Sétois, nous avons mis un petit bouquet de fleurs des champs, pas une grande manifestation mais un petit signe, un petit clin d'oeil de sympathie. »


RTL - jeudi 27 mai 1999

Q - Le Tribunal pénal international va inculper S. Milosevic de crime de guerre, c'est une bonne chose ?

- « Je pense que cela ne va pas faciliter les négociations, si négociations il doit y avoir. Parce qu'on se posera le problème de savoir quelle est la personnalité représentative du gouvernement serbe. Je crois que cela ne fait que compliquer les choses ... »

Q - Mais croyez-vous que Milosevic soit responsable des déportations, viols et meurtres ?

- « Je ne sais pas s'il y a eu déportations, viols et meurtres. Ce que je sais c'est qu'il y a depuis deux mois des bombardements systématiques de la part des pays les plus riches et les plus puissants du monde sur un petit pays de 12 millions d'habitants. Cela me parait autrement scandaleux. »

Q - Plus scandaleux que les déportations ?

- « Plus scandaleux parce qu'on sait bien que le diable, lui, ne peut faire que des diableries tandis que les saints démocrates, eux, quand ils commettent des crimes, ces crimes sont beaucoup plus graves, selon moi. »

Q - S. Milosevic est un diable ?

- « Il me semble que c'est comme cela que l'opinion publique internationale l'a décrit. Et entre diables on se reconnaît quelques affinités. »

Q - Quand D. Chaboche qui est un membre du Front national se rend à Belgrade pour rencontrer un nationaliste partisan du nettoyage ethnique, il lui recommande de se calmer ?

- « Il est surtout élu vice-Président de la République, et le chef d'un grand parti nationaliste. »

Q - Il est aussi théoricien du nettoyage ethnique.

- « Oui, si on veut. Qu'est-ce que le nettoyage ethnique, où commence t-il ? Où finit-il ? Qui peut donner des leçons dans ce domaine ? Certainement pas les Américains en tout cas. »

Q - C'est pour lui dire de se calmer ?

- « On ne donne pas de conseil. Il va se renseigner, s'informer pour savoir quelles sont les conséquences de cette sale guerre sur la population, sur le peuple serbe avec lequel nous nous sentons des affinités de peuples européens. »

Q - Alors justement le Kosovo est en Europe, on va avoir des élections européennes. Quelles conséquences cette guerre a-t-elle pour vous sur l'Europe, sur l'avenir de l'Europe ?

- « Elle démontre une chose c'est que l'Europe qui n'a tenu aucune de ses promesses dans le domaine social puisque tous les problèmes dont on attendait les solutions par l'Europe - que ce soit le chômage, l"immigration, l'insécurité, le fiscalisme - ont tous été aggravés par l'augmentation d'Europe. Mais on attendait de l'Europe la paix, et l'Europe nous a apporté la guerre. Dans ces conditions nous disons que le bilan de cette Europe ou de cette Europe euro-mondialiste est négatif et qu'il faut changer d'Europe. »

Q - La Corse : hier, le Président de la République a émis des critiques ; le Premier ministre s'est rebiffé. Qui a raison ?

- « Je n'étais pas au Conseil des ministres, je le regrette. Mais je ne sais pas ce qui a été dit exactement Je crois que le Gouvernement se défausse de sa responsabilité dans l'affaire Bonnet avec un certain cynisme, me semble t-il, puisqu'il avait donné au préfet Bonnet carte blanche. Quand on donne carte blanche on se trouve donc directement engagé. Mais on sait qu'en France les ministres se sentent quelquefois responsables mais rarement coupables. »

Q - Tout de même, la justice agit ! M. Bonnet est en prison, les assassins du préfet Erignac sont identifiés ?

- « Ils ne sont pas encore arrêtés, il sont identifiés. Je note d'ailleurs qu'il s'agit d'éléments gauchistes, ce dont personne ne parle. Et j'imagine ce qu'auraient été ... »

Q - Un berger corse nationaliste est gauchiste maintenant ?

- « Oui, ils sont gauchistes, ils font partie de la gauche de la Cuncolta qui est une organisation de gauche elle-même. Et j'imagine ce qu'auraient été les titres si cela avait été le fils de J.-M. Le Pen qui avait tué le Préfet Erignac. Mais c'est un fils de député socialiste... »

Q - Vous imaginez que votre fils...

- « Non, je n'ai pas de fils. »

Q - Vous imaginez dire: « j'ai un fils, il va tuer le préfet Erignac. »

- « Non, mais je note que le fait qu'il s'agisse d'un député socialiste, ma foi, est passé sous silence. On n'en fait pas une affaire. Si cela avait été le fils d'un membre du Front national alors là ! On verrait des manchettes fantastiques. »

Q - A propos du Front national, il y a eu la scission avec B. Mégret. C'est un peu la débandade à Toulon qui était une mairie d'une ville importante tenue par le Front national, vous faites la quête chez les militants, « parce que vous n'avez plus d'argent », dites-vous. Est-ce que vous vous sentez le capitaine d'un bateau qui est prêt de couler ?

- « Pas du tout. Je me sens capitaine d'un bateau qui vient de subir un coup de torchon, de le subir victorieusement qui... »

Q - On le verra le 13 juin.

- « Oui ! ... qui fait les réparations nécessaires et qui va de l'avant, vers son objectif dont il n'a pas été détourné par l'agression dont il a été l'objet, l'agression interne. »

Q - L'objectif en début de campagne était de 20 %. Vous en êtes loin ?
 
- « Oui, il reste encore quinze jours. Et puis, qui peut dire ce que seront les résultats. En tous les cas, moi, je me suis fixé cela comme objectif politique et les forces du mouvement sont tendues pour y arriver. »

Q - Est-ce que le soir du 13 juin, il faudra additionner les voix que vous aurez recueillies et celles qu'aura recueillies B. Mégret pour savoir ce que représente le Front national en France ?

- « Si on peut additionner les torchons et les serviettes, oui. Sinon cela n'a pas d'intérêt. »

Q - Qui est le torchon ?

- « On voit bien, ce sont les gens qui utilisent les basses méthodes. »

Q - Ce n'est pas vous donc ?

- « Non, bien sûr que non ! Moi, je suis dans la légitimité la plus stricte, comme d'ailleurs l'a constaté le tribunal. »

Q - B. Mégret dit : « J.-M. Le Pen à part protester ne sait rien faire. Il n'a jamais eu quelque chose de positif, de concret à proposer » ?

- « Oui, il a mis 14 ans à s'en apercevoir. »

Q - Alors dites-nous une proposition ce matin. Quelque chose qui ne soit pas une critique des autres mais qui soit…

- « Oui mais, je vous signale que la critique cela fait partie du rôle de l'opposition. C'est même son rôle essentiel. »

Q - Oui, mais après ! Imaginons que vous soyez, là, élu et que vous ayez le pouvoir. Qu'est-ce que vous faites ?

- « Pour l'instant nous n'en sommes pas là. C'est une élection européenne. Nous allons être élus au Parlement européen. Et au Parlement européen, je continuerai de combattre l'Europe mondialiste qui est en train de se faire et dont le choix comporte la disparition de la France, de sa souveraineté et partant des libertés et de la sécurité de ces citoyens. Je tiens, en effet, que la nation est aujourd'hui encore une notion moderne et que la nation est la forme politique la plus accomplie pour défendre les libertés, pour défendre la sécurité, la prospérité d'un peuple. Je suis donc en faveur d'une Europe des nations et donc pour changer d'Europe, pour ne pas continuer dans une voie totalement négative selon moi, et pour essayer de trouver une solution plus positive en rappelant à nos concitoyens que « charbonnier doit être maître chez lui » .Et ce n'est pas en additionnant des faiblesses qu'on fait une force. »

Q - Avec C. de Gaulle vous vous dites : « j'ai fait un beau coup électoral » ?

- « C. de Gaulle devait venir avec nous, à notre groupe, déjà depuis longtemps. C'est par une certaine discrétion à l'égard du mouvement sous l'égide duquel il avait été élu, qu'il a attendu. Oui, je crois que C. de Gaulle représente, en effet, un phénomène politique fort ; à savoir l'identité de notre démarche aujourd'hui avec celle du général de Gaulle sur l'Europe. »

Q - Dites donc ! quand on se souvient de la manière dont vous parliez du grand-père ?

- « Attention, sur quels sujets ? »

Q - Plusieurs! Vous avez été un opposant notoire ?

- « Un opposant notoire, notamment à la politique algérienne du général de Gaulle. Mais Je n'en ai pas fait mystère, et je n'en fais pas mystère devant C. de Gaulle ; et lui non plus. Mais en revanche, nous étions d'accord sur une Europe européenne bâtie à partir de l'axe franco-allemand. Disons : plutôt l'Europe de Strasbourg que l'Europe de Bruxelles. »