Texte intégral
Mes chers amis,
J'ai souvent eu ces dernières années l'occasion de venir dans votre magnifique département. J'y compte de nombreux amis. J'y ai toujours constaté une forte présence militante, et, surtout une formidable envie de combattre pour nos idées et pour nos candidats. C'est justement les qualités dont il va falloir faire preuve dans les semaines et les mois qui viennent. Ce n'est pas le travail qui manque dans ce département où tant de circonscriptions, tant de mairies, à commencer par celle de Nîmes, sont à conquérir, et, souvent simplement à reconquérir.
Trop fréquemment certains combats ont été perdus sans même que nous nous donnions la peine de les mener. Le tapis vert des négociations électorales ne vous a pas toujours été favorable. La division dans ce département, plus qu'ailleurs, a fait des ravages. Et puis surtout, comme nombre de nos compagnons en France, vous avez été victimes d'un contexte politique national qui nous a vu accumuler les difficultés et parfois les désillusions. La liste est longue et parfaitement connue. Il est inutile de s'y appesantir. Mais il est indispensable de les avoir présentes à l'esprit pour que les mêmes causes ne produisent plus jamais les mêmes effets. Je pense notamment aux engagements pré électoraux qui ne sont qu'imparfaitement tenus ou aux discours qui, à force d'être prudents, en finissent par devenir inaudibles.
Sur le fond de notre programme je suis convaincu qu'il nous faudra tout à la fois, être beaucoup plus explicites, courageux, concrets, sur un certain nombre de questions qui sont au coeur des préoccupations des Français. La sécurité, sur laquelle il ne convient pas seulement de dire, il conviendra surtout de faire une fois revenu aux responsabilités du Gouvernement. Retrouver l'écoute des plus démunis, des plus humbles, des plus populaires, c'est d'abord leur garantir la tranquillité pour eux-mêmes et pour leur famille dans le HLM ou, dans le quartier de banlieue où ils résident. Retrouver l'écoute des classes moyennes, c'est les assurer qu'ils n'ont plus à avoir peur pour eux-mêmes ou pour leurs enfants lorsqu'ils utilisent les transports en commun. Retrouver l'écoute de tous les Français, c'est leur faire comprendre que nous ne sommes pas décidés à accepter qu'une infime minorité rende la vie impossible à tous ceux qui ne demandent rien d'autre que de vivre paisiblement, dans un établissement scolaire, dans un immeuble ou sur n'importe quelle parcelle de notre territoire.
Il nous faudra proposer des mesures simples, justes, compréhensibles. Comme il en existe dans d'autres démocraties qui, confrontées aux mêmes problèmes, ont trouvé les bonnes solutions. De même qu'il ne peut y avoir d'allocations sociales sans contre partie personnelle sous forme de travail ou, de formation individuelle, il ne peut y avoir d'allocations familiales pour des familles qui sciemment, consciemment, auraient renoncé à assurer la responsabilité d'adolescents engagés sur le chemin de la pré-délinquance ou même de la délinquance. Ce ne peut être automatique car il est des cas où la misère, notamment de femmes seules, est si grande que la suppression fut-elle provisoire des allocations familiales conduirait à l'inverse du but recherché. Mais la question se doit d'être posée dans certains cas qui en deviennent provocants à force de ne susciter aucune réaction.
Le droit à la sécurité, à la tranquillité, à la paix, à la protection de ses biens, au respect pour les personnes âgées, à l'écoute et à l'attention pour nos enfants est une préoccupation qui doit être première pour qui veut incarner l'alternance au socialisme. Notre premier objectif social doit être d'assurer une égale sécurité pour tous les Français. Quel contribuable peut il comprendre et encore moins accepter que la France soit le pays où les impôts sont les plus lourds et en même temps celui où existent des zones de non droit où la police ne peut pénétrer !
Après avoir augmenté, depuis qu'ils sont arrivés au pouvoir, de près de 130 milliards de Francs les impôts, les socialistes voudraient nous faire croire dans un bruyant débat interne qu'ils ont soudainement décidé de baisser les impôts. On nous annonce ainsi une baisse ciblée et bienvenue de la TVA sur les travaux de bâtiment. Je voudrais mettre en perspective cette modeste baisse avec ce que sont en train de faire nos voisins. En Allemagne le mouvement a commencé, il s'agira de 67 milliards sur 3 ans. En Grande-Bretagne, il s'agira de 40 milliards pour le seul budget 1999-2000. En Italie, l'impôt sur le revenu dans son taux le plus élevé a diminué de 4 %. Au Canada, les impôts vont diminuer de 40 milliards de Francs dès l'an 2000. Je vous rappelle qu'ils ont augmenté en France de 49,9 milliards pour la seule année 1999 ! Quand sera venu pour nous le moment, il nous faudra prendre des engagements précis, ambitieux, symboliques. Et surtout, il faudra les respecter scrupuleusement le moment venu. Dire ce que l'on va faire. Faire ce que l'on a dit. Telle doit désormais être notre règle. Notre premier et plus fort engagement politique : Tenir scrupuleusement nos engagements pré électoraux ! C'est une question de crédibilité politique. C'est un véritable contrat de confiance qu'il nous faudra proposer aux Français.
J'ai observé avec intérêt l'émotion qu'ont suscité mes propos sur la nécessité pour le RPR de s'adresser à tous les Français quels qu'ils soient, de s'ouvrir à toutes les préoccupations des Français quelles qu'elles soient. Telle est bien pourtant ma conviction : être un gaulliste, être un homme de droite moderne c'est savoir à la fois parler de l'autorité de l'état sans laquelle aucune société ne peut vivre, et de l'ouverture aux problèmes du monde d'aujourd'hui. C'est être en faveur de la liberté économique sans laquelle il n'y aura pas de créations de richesses, et, en même temps souhaiter que chacun de nos compatriotes puisse bénéficier du progrès économique. Il faudra s'y résoudre nous ne sommes pas, et, ne seront jamais réductibles à une catégorie sociale, à une idéologie, à un raisonnement simplement binaire. Même si cela gêne ceux qui ne nous ont jamais aimés et qui aimeraient tellement croire en' la caricature qu'ils font communément de nous. Je continuerai à défendre les vertus de la liberté, de l'initiative, du travail, du mérite sans jamais accepter que l'on m'interdise de parler de la générosité, de la solidarité, de l'humanité ou tout simplement de l'attention à ceux qui ne vont pas à la même vitesse que l'ensemble de la société.
Je veux défendre, incarner, revendiquer l'ordre, l'autorité de l'Etat, le respect de la règle, et, en même temps, évoquer l'ouverture, la souplesse, la modernité. Cela fait bien longtemps que j'ai d'ailleurs constaté que l'assistanat généralisé conduit à la paupérisation de ceux qui sont déjà les plus pauvres. Que la pagaille pénalise les plus humbles qui eux sont obligés de prendre les transports en commun. Que les impôts trop lourds pesaient d'abord sur les, classes moyennes qui elles n'ont aucun moyen de s'exonérer de la tutelle de l'état. Ne nous, laissons pas enfermer dans le discours réducteur de fa liberté contre la solidarité. De l'autorité contre la modernité. Une société équilibrée a besoin de l'un et de l'autre. On peut de la même façon être contre le PACS tout en restant à l'écoute de ceux qui souhaitent vivre leur, engagement familial hors du mariage, Un mouvement politique a besoin de s'adresser a tous les Français. C'est ce qu'il va nous falloir faire en priorité. Qu'y a-t-il d'étonnant à ce que je souhaite analyser les causes de notre défaite et, en tirer les conséquences en termes d'inflexion de notre discours et de notre projet politique. Nous n'avons pas été assez à l'écoute des Français. Il n'est que temps de le faire aujourd'hui. Oui il faut tirer les conséquences de ses échecs. C'est comme cela que nous préparerons les succès pour demain.
Et justement pour s'adresser à tous les Français, il, faut qu'avec nos différences nous nous y mettions tous sans aucune exception. Une bonne fois pour toutes, tous unis comme un seul homme ou une seule femme. Il n'y a pas d'autre avenir pour le RPR que celui du rassemblement le plus large. Le seul projet qui vaille, c'est celui qui nous verra tirer tous ensemble dans la même direction. Chaque fois que notre famille politique l'a oublié elle l'a payé cher en termes électoraux. Nous sommes riches de nos différences. Respectons-les. Additionnons-les. Soyons divers comme le peuple Français l'est. Mais restons unis. Car c'est le seul moyen d'être fort.
La tâche est loin d'être insurmontable. J'en ai la conviction. D'abord parce que nous n'avons pas à nous embarrasser de rechercher un candidat pour la prochaine élection présidentielle. Nous avons un candidat naturel, il s'appelle Jacques Chirac. Il est Président de la République. Nous souhaitons pour la France qu'il le reste.
Cette clarté doit nous permettre de régler définitivement une question qui me semble beaucoup plus limpide qu'elle n'y paraît. C'est celle de la place du RPR en tant que grande formation politique. Le RPR doit être autonome dans l'expression de ses choix politiques. Il n'y a aucune contradiction entre le soutien que nous apportons à Jacques Chirac et la liberté dont nous devons disposer en tant que grande formation politique. Jacques CHIRAC doit rassembler le plus largement possible les Français. Nous, nous devons rassembler toute la droite et toute l'opposition. Le Président a des impératifs constitutionnels, la cohabitation en est un. Nous n'avons pas les mêmes. Notre première fonction c'est celle de constituer la première force d'opposition au socialisme. J'ai la conviction que nous devons nous opposer plus fortement, plus quotidiennement, plus fermement. Il n'y a pas de démocratie si l'opposition rechigne à affirmer, à poser, à incarner son projet pour l'alternance et à combattre des orientations socialistes qui ne sont pas les nôtres.
A l'inverse, il nous faut être moins frileux sur des thèmes que nous avons perdu l'habitude d'aborder : les questions de société, l'environnement, la culture, le sport et sa place dans notre société. Passionnons-nous pour ce qui intéresse les Français sans crainte d'innover, d'imaginer, d'oser de nouvelles propositions. Car le RPR doit aussi proposer sa propre vision de notre société de façon libre, franche, courageuse, audacieuse, sans faux semblant destiné à protéger tel, ou tel. Sortons des sentiers battus, de nos recettes habituelles ou de notre thématique traditionnelle.
La meilleure façon pour le RPR d'aider le Président de la République c'est de remplir notre mission d'opposant sans relâche. C'est de promouvoir nos idées de la façon la plus moderne et la plus authentique. C'est de préparer, parce que c'est notre mission, les prochaines municipales et les prochaines législatives. Soyons un véritable mouvement politique. Libre parce que nous savons qui nous avons à soutenir. Fort parce que nous savons ce que nous avons à dire pour la France.
Le soutien du RPR à Jacques Chirac et l'autonomie du RPR, nous devons les décliner tous ensemble sans aucune exception. Je suis frappé de voir notre incapacité à utiliser tous les talents et toutes les bonnes volontés. Quelles que soient les générations, chacun doit trouver sa place dans des instances appropriées. Nous ne pouvons nous passer de personne et spécialement pas de ceux d'entre nous qui ont accumulé l'expérience de la vie politique comme de la France.
Dans la vie politique en effet il n'y a pas que le quotidien, il y a également la réflexion ; l'orientation. Ceux qui ont exercé des responsabilités à la tête de notre mouvement doivent pouvoir continuer à le servir dans d'autres conditions, dans un autre cadre mais de façon, bien réelle. Et que dire de tous ceux qui, appartenant à une même génération, ont bien mieux à faire que de s'affronter en autant d'incompréhensions qui deviennent des, malentendus pour finir en haine inexpugnable.
Dans notre mouvement, chacun doit pouvoir s'exprimer à sa juste place, s'additionner aux autres, s'enrichir des autres. Le verbe rassembler doit être conjugué dans sa réalité. Le RPR n'est pas l'affaire d'un homme, il sera celui d'une équipe, d'une équipe de France, d'une équipe pour la France, ou il prendra le chemin définitif de la disparition.
J'ai la conviction que le futur Président du RPR devra avoir la sagesse de faire exister notre mouvement au travers de tous les talents connus ou inconnus qui ne demandent qu'à s'exprimer et à prendre leur part des combats futurs.
C'est à ce prix que nous referons du mouvement gaulliste un lieu de débat. Or c'est bien le, débat argumente, riche, franc, créatif qui nous a fait défaut ces dernières années au moment de choisir de grandes orientations politiques. Je pense notamment à notre politique à l'endroit des professions de santé, de nos choix fiscaux ou de certaines décisions qui, n'avaient pas été comprises des familles. Le débat libre est paradoxalement la meilleure, garantie de l'unité. C'est donc une équipe et pas simplement un homme qu'il vous faudra choisir pour conduire le RPR durant les 3 années qui vont venir.
Je participerai à ce débat comme je l'ai fait à chaque fois que notre famille politique était confrontée à un choix majeur. Quelle que soit la forme que prendra cette participation, je le ferai avec le souci exclusif de l'intérêt de notre mouvement, de la victoire de nos idées, et, la volonté de respecter le choix de nos militants.
Que chacun d'entre nous fasse désormais ce qui est bon pour le RPR plutôt que ce qui est nécessaire pour lui. Alors je vous le dis, le RPR ne tardera pas à retrouver la confiance des Français.