Interview de M. François Bayrou, président du groupe parlementaire UDF à l'Assemblée nationale et président de Force démocrate et président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, dans "Sud-Ouest" le 19 novembre 1997, sur la remise en cause du projet d'autoroute Bordeaux - Pau.

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Média : Sud Ouest

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Sud-Ouest : Pourquoi cette initiative ? Le projet va-t-il être abandonné ?

François Bayrou : Nous avons recueilli auprès de nombreuses sources des informations qui me rendent très inquiet. Pour le Béarn, mais aussi pour Bordeaux. Désormais Toulouse est beaucoup plus près de Pau que ne l’est Bordeaux. Celle-ci se trouve ainsi déshabillée d’une part important de son activité économique et de son influence. Sans compter qu’une liaison rapide avec l’Espagne centrale est une nécessité pour Bordeaux.

C’est un projet pour lequel nous nous battons depuis très longtemps et que nous avons réussi à faire retenir par le ministère de l’équipement. Nous en sommes désormais à la délimitation du faisceau de 300 mètres, et cette réalisation devait être consacrée par le vote d’un nouveau schéma autoroutier. Revenir en arrière, abandonner la liaison autoroutière, ce serait un drame pour notre région.

Sud-Ouest : Pourquoi cette mobilisation soudaine alors que l’autoroute Toulouse-Pau-Bayonne est déjà terminée ? Était-elle davantage prioritaire ?

François Bayrou : Ce qui avait été retenu en premier, c’était la grande autoroute transversale Est-Ouest. Mais elle devait être complétée par une liaison Nord-Sud, qui donne seule son sens au projet.

La mobilisation vient de ce que le projet est remis en cause. Depuis deux ans, nous n’avons pas perdu de temps. Édouard Balladur, à ma demande, avait accepté le principe d’une liaison rapide Bordeaux-Pau, et avec Alain Juppé nous avons réussi à faire admettre l’idée que ce serait une autoroute d’un bout à l’autre. Tout avançait très jusqu’aux informations de ces dernières semaines qui laissent craindre le pire, et c’est pourquoi nous nous mobilisons.

Sud-Ouest : La formulation de l’invitation est nettement en faveur de l’autoroute concédée. Une autre solution, notamment à 2 x 2 voies gratuites, n’est-elle pas possible ?

François Bayrou : Non. Cela veut dire que ce serait de l’argent de l’État. Il n’aura pas suffisamment de crédits pour remplir les engagements qu’il a déjà pris. Si l’on abandonnait l’idée d’une autoroute concédée, on abandonnerait en réalité l’idée vitale d’une liaison rapide Bordeaux-Pau.