Texte intégral
L’Express : Vous êtes ministre de la fonction publique. Peut-on y instaurer un salaire au mérite ?
Dominique Perben : Sans remettre en question le statut, il existe déjà un certain nombre d’éléments qui permettent d’effectuer des promotions au mérite. Je pense notamment aux différents systèmes de primes liées aux activités des agents. Mais, très souvent, les chefs de service notent tout le monde de la même manière, sans utiliser les outils qui existent. Il y a aussi un réel effort à faire pour arriver à une gestion un peu plus dynamique des personnels, en utilisant des méthodes classiques dans les grandes organisations, comme la définition des profils de poste ou la prise en compte des aspirations des salariés. Par le passé, nous n’avons pas assez valorisé cet aspect ressources humaines. C’est une erreur.
L’Express : L’opacité des primes n’est-elle pas un frein au dynamisme recherché ?
Dominique Perben : Incontestablement, les administrations cherchent à se cacher les unes aux autres leurs pratiques en matière de rémunérations annexes. C’est un combat d’un autre âge ! La transparence est l’une des conditions majeures de la modernisation de l’État. Chacun sait qu’il est moins avantageux de travailler dans des services qui ne sont ni économiques, ni financiers, ni techniques. Mais les priorités de l’action publique ne correspondent pas forcément à cette hiérarchie des rémunérations et des primes. Si nous voulons favoriser la mobilité, et je crois que c’est à la fois une nécessité pour l’État et un souhait des fonctionnaires, il ne faut pas qu’il y ait trop d’écarts salariaux entre les ministres.
L’Express : Ce qui passe par une nouvelle harmonisation salariale ?
Dominique Perben : Notre approche est très modeste. Nous voulons rapprocher certains corps de manière que des gens qui ont à peu près le même métier puisse, au cours de leur carrière, passer d’un service à l’autre, d’un ministère à l’autre.
L’Express : Comptez-vous étendre l’intéressement, déjà pratiqué par certains ministères ?
Dominique Perben : Il y a des activités que l’on peut juger sur leurs résultats, mais comment évaluer un service d’état civil ou de permis de construire ? Nous travaillons sur l’idée d’un contrat de service par objectifs qui déboucherait sur un intéressement à la fois collectif et individuel. Ce pourrait être sous la forme d’une majoration du budget propre au service en fonction des économies réalisées et d’une augmentation des primes.