Article de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, dans "Le Figaro" du 1er décembre 1997, sur l'immigration clandestine, intitulé : "Une politique indigne".

Prononcé le 1er décembre 1997

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Média : Emission Forum RMC Le Figaro - Le Figaro

Texte intégral

Les socialistes prétendent changer la vie, mais eux ne changeront jamais ! Leur propension à chausser les lunettes roses de l’idéologie les empêche de voir la vie comme elle est. Elle les empêche de voir, par exemple, qu’en ces temps de chômage, l’immigration constitue un facteur aggravant de délinquance et d’insécurité. Non que les immigrés deviennent fatalement des délinquants par le seul fait d’être étrangers, mais parce que la France n’a pas les moyens de leur procurer en si grand nombre des conditions de vie décentes. Dès lors, le cadre dans lequel ils évoluent conduit bon nombre d’entre eux à la marginalisation et à la violence.

Il suffit d’ouvrir son journal, son téléviseur ou son autoradio pour s’en convaincre un jour, c’est une surveillante de collège qui se fait rouer de coups ; la veille ou le lendemain, un chauffeur de bus qui est lapidé, une passante agressée en faisant ses courses, un écolier racketté en sortant de l’école… La situation est telle que le préfet du Loiret a prévu de doter les usagers des transports en commun d’Orléans… d’une escorte de motards de la police ! Pourquoi pas un gilet pare-balles pour les passagers ?

Que fait alors le gouvernement ? Il légifère sur la régularisation de l’immigration clandestine ! Il facilite le regroupement familial en supprimant les conditions de ressources et de logement, ce qui est le meilleur moyen de multiplier l’attribution des droits sociaux et d’augmenter la précarité. Il institue une véritable prime à la fraude en s’apprêtant à dépénaliser le séjour irrégulier et l’aide à l’entrée des clandestins en France. En refusant de dire ce qu’il compte faire des clandestins répertoriés qui ne seront pas régularisés mais ne seront pas expulsés. Il crée une catégorie inédite : les « clandestins officiels ».

En étendant le droit d’asile à tous les « combattants de la liberté », le ministre de l’Intérieur prévoit-il d’accueillir sur notre sol tous les ressortissants des pays en guerre ? Cela promet une belle distribution de cartes de séjour lorsque l’on sait que les deux tiers du continent africain connaissent des conflits ethniques, religieux ou politiques ! Quant au garde des Sceaux, il attribue la nationalité automatiquement à tout étranger né en France, qu’il la veuille ou non.

Une telle politique est-elle digne de la France ? Un pays comme le nôtre ne peut dégrader ses traditions d’hospitalité en se résignant à laisser s’entasser des hommes, des femmes et des enfants dans d’inhumaines cités-dortoirs, vastes bouillons de culture de délinquance, de trafics de drogue, de misère, d’illettrisme, de rancœur et de désespoir.

Un État digne de ce nom ne peut mettre en place, lui-même, les éléments de sa propre subversion, en renonçant à ce qui fait sa légitimité, à ses droits régaliens de police et de justice par la tacite reconnaissance de zones de non-droit, en laissant ses citoyens sous la permanente menace de l’insécurité. Le gouvernement prend une grave responsabilité en accréditant l’idée que la France est un distributeur automatique ouvrant droit à des avantages sociaux illimités, que la nationalité française est un dû et non un honneur qui mérite qu’on fasse une démarche volontaire et solennelle pour l’obtenir, que l’autorité de l’État n’est qu’un mot, que toute démonstration médiatique au nom de l’antiracisme ou du tiers-mondisme est payante, que les Français sont coupables dès lors qu’ils souhaitent que leurs traditions et leur modèle de civilisation ne soient ni rejetés, ni bafoués…

Lionel Jospin flotte aujourd’hui sur un petit nuage. Il sera bientôt forcé de redescendre sur terre. Alors, les Français lui demanderont des comptes à propos de cette mauvaise action contre notre pays.