Article - profession de foi de Mme Michèle Alliot-Marie, membre du bureau politique du RPR, député maire et candidate à la présidence du RPR, dans "La Lettre de la Nation" des 22 octobre et 5 novembre 1999, sur les grandes lignes de son programme pour la présidence du RPR notamment la modernisation de la vie politique et le renouvellement du langage politique.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Michèle Alliot-Marie - Membre du bureau politique du RPR, député maire et candidate à la présidence du RPR

Circonstance : Elections à la présidence du RPR les 20 novembre et 4 décembre 1999

Média : La Lettre de la Nation Magazine

Texte intégral

« Moderniser pour gagner »

Lors des dernières élections, 65 % des Français se sont abstenus ou ont voté blanc, corporatiste, folklorique ou extrémiste. Les députés représentent le choix de 35 % des citoyens au premier tour. Les lois sur la nationalité, l’immigration ou la famille sont votées par les représentants de 18 % des électeurs. Ce n’est pas supportable en démocratie, et moins encore en France où la loi intervient de plus en plus dans la vie personnelle et professionnelle. Notre mouvement peut et doit réconcilier les Français et la politique. C’est une exigence démocratique dans la logique des valeurs gaullistes. Nous réussirons en modernisant la vie politique à partir de trois principes :

1. La participation des citoyens :

Le général de Gaulle a inscrit le référendum dans la Constitution pour que le citoyen participe directement à la décision. Aujourd’hui, il n’est utilisé qu’exceptionnellement et autour de questions internationales et complexes. Il faut revenir à une pratique plus régulière, et étendue au niveau local, avec des questions simples touchant directement les Français.

Les citoyens doivent pouvoir exiger que leurs élus débattent de tous les problèmes qu’ils jugent importants. Le RPR doit proposer une ou deux fois par an l’inscription d’un sujet à l’ordre du jour des assemblées, lorsqu’il est demandé par pétition par plusieurs milliers de signataires.

La participation des électeurs, c’est leur possibilité de choisir, d’interroger et de critiquer leur représentant. Seul le scrutin uninominal répond à ces exigences. La constitution de 1958 l’a établi pour les députés. Le RPR au pouvoir devra l’étendre à toutes les élections autres que municipales.

Par ailleurs, il faut que les Français puissent participer à la vie des instances politiques en se faisant élire. Pour encourager les bonnes volontés, nous devons élaborer un statut permettant à l’élu qui s’est consacré loyalement et honnêtement au service de ses concitoyens de retrouver une fonction. Pourquoi des syndicalistes ou responsables d’associations pourraient-ils intégrer la fonction publique, et pas des élus confirmés ?

Face au découragement des 40 % de maires qui ne veulent plus se présenter et à l’indifférence des Français, il faut que nous donnions l’exemple de l’intérêt pour le service de la République en présentant à toutes les élections des candidats nouveaux, convaincus et dynamiques. C’est pourquoi je préparerai 5 000 jeunes et 5 000 femmes à se lancer dans la compétition.

Enfin, les municipalités RPR doivent généraliser la participation à la vie de la Cité par la voie des conseils communaux regroupant les 15-25 ans, ou associant les « sages ».

2. La clarification de la vie politique :

Les français se détournent de la politique parce qu’ils ne savent plus qui prend les décisions.

Il faut simplifier les échelons administratifs et politiques. Ceux qui reçoivent des compétences doivent les exercer. Nous devons dénoncer l’utilisation de commissions et d’experts faite par les ministres socialistes pour éviter de se prononcer sur des questions essentielles mais impopulaires comme les retraites.

Il nous faut aussi déposer des recours systématiques devant les tribunaux lorsque des fonctionnaires empêchent l’exécution de la loi votée au nom du peuple.

Enfin, les citoyens ont droit à une information exacte, complète et neutre sur les débats politiques et l’action de leurs élus. Le RPR doit donc appuyer la création d’une chaîne de télévision spéciale permettant aux Français de recevoir une information directe.

Cela n’empêchera pas le rôle essentiel du réseau des militants pour expliquer nos propositions. Cela leur donnera au contraire des arguments de fond.

3. Le renouvellement du langage politique :

Les Français se ré intéresseront à la politique le jour où elle traitera de leurs vrais problèmes, avec leurs mots et en donnant le sentiment de comprendre leurs difficultés.

Notre mouvement a la chance extraordinaire de rassembler des Français de toutes origines, de toutes professions, de toutes régions. En sachant les écouter grâce à nos instances locales et à la cellule de réponse téléphoniques que je veux rattacher directement au Président, nous pourrons les remotiver et les amener à nous rejoindre dans leurs votes.

« Changer pour gagner »

Si nous voulons motiver à nouveau les militants, retrouver ceux qui nous ont quittés, attirer de nouveaux électeurs, partir à la reconquête des sièges perdus, aider Jacques Chirac à gagner aux présidentielles, il nous faut tirer les conséquences de nos erreurs passées, non pour pleurer sur le lait renversé ou critiquer les personnes, mais pour changer profondément nos habitudes de pensées et d’actions.

Les Français ne voient plus de différences entre nous et les socialo-communistes ? Réfutons fermement la pensée unique, le conformisme du politiquement correct.

Le RPR a perdu de son efficacité et de son militantisme ? Changeons nos manières d’être et d’agir en nous appuyant sur des méthodes et des technologies nouvelles.

Réfuter la pensée unique, c’est d’abord dénoncer sans concession et sans relâche une politique socialo-communiste néfaste pour les Français et détestable pour la France.

Le gouvernement Jospin reste le dernier gouvernement en Europe avec des communistes. Il soutient les idées politiques les plus passéistes. Il reste dans une logique de lutte des classes, il oppose les Français les uns aux autres. Ce sont les salariés que Martine Aubry oppose aux chefs d’entreprise, les actifs que Lionel Jospin oppose aux retraités, les ruraux que Dominique Voynet veut écarter par rapport aux citadins.

Dans cette logique socialiste, ce sont les classes moyennes qui paient les pots cassés : artisans, commerçants, agriculteurs, cadres et ouvriers qualifiés, professions libérales, retraités, patrons de PME, subissent de plein fouet les prélèvements fiscaux et les contraintes administratives.

Est-ce au moins pour que les plus démunis améliorent leur situation ? Il n’en est rien. Le gouvernement socialiste les entretient dans une situation d’assistance minimum sans les aider à en sortir, à tel point que bien souvent un chômeur indemnisé a moins d’avantages à accepter un emploi qu’à rester dans sa situation.

À l’opposé de cette société d’assistance et de laxisme, affirmons avec force, sans complexe, la modernité de nos convictions gaullistes et notre projet de société.

Le gaullisme repose sur la volonté de faire de l’Homme, de sa liberté, de son épanouissement, notre principale motivation politique. - Il n’est de combat qui vaille que de l’Homme. – À nous d’y puiser les fondements de notre action. Rendons au citoyen la maîtrise de son destin en lui permettant de choisir par référendum la société qu’il souhaite. Ne serait-il pas normal que ce soit lui qui dise à qui donner la nationalité française ou les règles à fixer pour la famille ?

Redonnons aux salariés la fierté de leur fonction dans l’entreprise grâce à la participation. Puisons dans cette dernière notre modèle de relations sociales faisant des Français des partenaires et non des adversaires.
Réapprenons à tous et d’abord à l’administration le sens de ses responsabilités. Rendons à chacun le goût de l’initiative et de l’effort en récompensant le mérite, en limitant l’impôt et en donnant toujours un peu plus à celui qui fait un effort.

Ainsi les Français comprendront que voter pour nous ou voter pour la gauche socialo-communiste, ce n’est pas la même chose. Pour porter ces idées jusqu’à la victoire, il faut « remettre le RPR dans la rue », il faut aussi le rénover, le moderniser, utiliser à son service les techniques les plus modernes de communications, mettre en œuvre une façon nouvelle de faire de la politique.

La communication interne au service de nos convictions, de l’esprit de compagnonnage, de l’efficacité, doit en être la première application.

Les militants doivent pouvoir faire connaître en direct au président les informations qu’ils perçoivent des Français dans leur vie quotidienne. En les écoutant grâce au téléphone, Internet ou au fax, ils seront de bien meilleurs informateurs, et en temps réels, que les instituts de sondage.

Par ces moyens, ils doivent aussi pouvoir être consultés sur le contenu et la présentation de nos campagnes de promotion de nos idées, plus et mieux que de coûteux cabinets de conseils. Oui, nos militants savent mieux que quiconque ce qui peut toucher ou intéresser les électeurs.

Pour retrouver l’esprit du militantisme et en même temps celui du compagnonnage, renforçons la communication entre les fédérations et nos militants. Qu’un élu du mouvement puisse faire connaître une expérience réussie initiée chez lui à tous les autres élus RPR, c’est aider chacun d’eux à être plus efficace. C’est aussi donner au Rassemblement une image plus proche des besoins et des aspirations légitimes de nos concitoyens.

Nos militants doivent se sentir soutenus et aidés dans leur recherche d’emploi, ou d’un logement par exemple, par d’autres compagnons qui ont les moyens d’organiser cette solidarité.

Ce ne sont là que quelques exemples de changement que je veux conduire avec vous pour rendre notre Mouvement plus moderne et plus efficace.

Ensemble, conduisons le changement !