Texte intégral
France 2 : jeudi 24 avril 1997
G. Leclerc : Le FMI, dans ses dernières prévisions, annonce que la France comme l’Allemagne ne réaliseront pas durablement les limites du déficit budgétaire à 3 % sans mesures supplémentaires. Vous envoyez à partir d’aujourd’hui les lettres de cadrage aux ministres. Est-ce que ce sont effectivement de nouvelles économies, une nouvelle rigueur, de nouvelles coupes claires, un tour de vis ?
A. Lamassoure : Non. Je vous réponds catégoriquement non. Ce n’est pas une annonce du FMI : c’est une prévision dont certaines hypothèses ne sont pas les nôtres. Je rappelle que nous avons voté le budget dans l’hypothèse d’un déficit de 3 % du revenu national ; que la commission des comptes de la nation française, qui s’est réunie il y a quelques semaines, a confirmé ces prévisions – y sont représentés des instituts de prévision tout à fait indépendants ; qu’hier, la Commission européenne a reconnu que la France était tout à fait en mesure de tenir cet objectif. Le chiffre du Fonds monétaire international auquel vous faites allusion est basé sur l’hypothèse dans laquelle les dépenses de l’État, cette année et l’année prochaine, déraperaient en augmentant au-delà de l’inflation de 2 %. Or, depuis deux ans, nous sommes parvenus à réduire l’augmentation de dépenses de l’État au-dessous de l’inflation. J’ai eu, il y a deux jours, les chiffres de l’exécution des trois premiers mois de cette année, l’exécution du budget sur le premier trimestre 1997 : nous avons, en trois mois, réduit notre déficit budgétaire de 18 milliards de francs. Donc, il suffit de continuer selon la tendance actuelle.
G. Leclerc : Oui, mais on dit que l’activité n’est pas très bonne. Une note de la direction du budget vous inquiéterait en disant que les impôts rentreraient mal, d’où l’idée de nouvelles mesures de resserrement des dépenses de l’État.
A. Lamassoure : Je suis heureux d’être aux Quatre Vérités pour vous annoncer une nouvelle qui est une bonne nouvelle : nous avons, ce matin, le chiffre de la production industrielle du mois de mars qui a augmenté de plus de 3,5 %. Il faut être prudent dans l’interprétation de ces chiffres mensuels mais sur les trois premiers mois de l’année, là aussi, il y a un trimestre tout à fait significatif : on se rend compte que la production industrielle française est maintenant sur un rythme d’augmentation de plus de 3,5 % en moyenne annuelle. La croissance est repartie. Qui dit croissance dit supplément de richesse pour les Français, des rentrées fiscales qui augmente spontanément, ce qui nous permettra d’ailleurs de baisser le taux de l’impôt.
G. Leclerc : Donc, pas d’économie supplémentaires, pas de rigueur supplémentaire ?
A. Lamassoure : Poursuivre la politique engagée et votée par le Parlement.
G. Leclerc : La majorité, comme l’UDF dans son programme, a réaffirmé la nécessité de baisser les prélèvements. Concrètement, cela veut-il dire qu’on ira plus loin dans les baisses d’impôts ou dans celles touchant les charges sociales ? Comment financerez-vous tout cela ?
A. Lamassoure : D’abord, il faut bien que les Français sachent – et chacun peut le vérifier son tiers provisionnel – que les impôts baissent cette année, l’impôt sur le revenu. Ce n’est pas une promesse électorale : c’est une réalité dès 1997.
G. Leclerc : Ils avaient beaucoup augmenté avant, pas l’impôt sur le revenu, mais d’autres impôts.
A. Lamassoure : Il a fallu une augmentation de TVA il y a deux ans, pour combler les déficits que nous avaient laissés les socialistes. Maintenant, nous sommes engagés dans une baisse d’impôt, non pas pour la seule année 1997 mais pour cinq ans. Le Parlement l’a votée. J’attends avec intérêt, et je dirais avec gourmandise, ce que va être la position du Parti socialiste sur cette baisse de l’impôt sur le revenu. Pour l’instant, il donne l’impression de vouloir la remettre en cause. Les Français jugeront. Nous passons avec les Français un contrat de croissance. La croissance a donc clairement redémarré : nous pouvons le confirmer ce matin. Si elle dépasse, comme le prévoit la Commission européenne, comme le prévoit le Fonds monétaire international, nos propres prévisions, à ce moment-là, nous aurons des marges de manœuvre supplémentaires qui nous permettront d’aller au-delà de ce qui a déjà été voté dans la baisse des impôts.
G. Leclerc : La priorité portera encore sur l’impôt sur le revenu ?
A. Lamassoure : Non. Il y aura un débat au sein de la majorité, le sentiment de l’UDF, à laquelle j’appartiens et au nom de laquelle je parle sur ce point, est que la priorité devrait porter sur la baisse des cotisations sociales, de manière à encourager l’embauche de main-d’œuvre peu qualifiée par les entreprises pour aider l’emploi.
G. Leclerc : On s’interroge sur la politique qui sera mise en œuvre par la majorité si elle emporte les élections. D’un côté, Alain Madelin dit qu’il faut une inflexion libérale ; René Monory a parlé hier d’un libéralisme plus avoué. D’un autre côté, il y a Alain Juppé qui dit qu’on ne changera pas de cap dans la politique économique. Où est la vérité ?
A. Lamassoure : Libéralisme, socialisme : le problème ne se pose plus en ces termes. Nous ne sommes pas les dogmatiques : nous sommes des réalistes. Nous observons que les politiques qui réussissent, qui ont réussi, sont dans des pays à politique très libérale comme les États-Unis ou la Grande-Bretagne ; dans des pays socio-démocrates comme les Pays-Bas, il y a des politiques qui échouent. Toutes les propositions faites aujourd’hui par les socialistes correspondent à des politiques qui échouent et qui d’ailleurs ne sont plus pratiquées nulle part. Ce que nous voulons faire, c’est donner plus d’initiative aux entreprises – en cela on est plus libéral – de manière à mieux distribuer aux défavorisés, de manière à être plus social. Être plus libéral pour être plus social. Il faut quand même se souvenir que le problème numéro un, c’est le chômage. Qui créé des emplois ? Les entreprises. Pourquoi n’en créent-elles pas suffisamment ? Parce que, pour payer 5 000 francs de salaire, il faut qu’elles sortent 10 0000 francs de ressources pour payer les impôts et les cotisations sociales. C’est pour cela que nous allégeons les impôts et que nous voulons alléger les cotisations sociales, pour que les entreprises créent de l’emploi. Être plus libéral pour être plus social.
G. Leclerc : La majorité s’efforce de donner une image ressoudée : on a vu Édouard Balladur reçu hier par le Président Jacques Chirac. Est-ce la réalité ? On a vu que certains sont discrets ou absents, comme Alain Madelin, Simone Veil, Charles Pasqua, Philippe Séguin.
A. Lamassoure : Non. Ils étaient tous présents. La majorité était profondément unie derrière le président de la République et derrière Alain Juppé. Sur cette orientation générale, une politique plus libérale pour être plus social, et sur l’engagement européen qui est vital pour l’avenir de la France, il y a maintenant une très grande unité entre l’UDF et le RPR. En tant qu’UDF, je me réjouis particulièrement du fait que, dans son discours-programme, Alain Juppé ait repris tous les thèmes que nous jugeons prioritaires.
G. Leclerc : Alain Juppé, qui conduit la bataille, sera-t-il automatiquement Premier ministre après l’élection ? D’autres possibilités ne sont-elles pas imaginables, comme l’a dit hier le président Monory ?
A. Lamassoure : C’est au président de la République seul de décider. Ce qui est important et clair, c’est qu’en tant que Premier ministre, il est chef de la majorité. Nous sommes tous unis derrière lui, et fiers de l’être. En fonction du résultat de l’élection, en fonction des équilibres politiques au sein de la majorité entre RPR et UDF, e fonction de la politique qu’il entend conduire, le Président décidera.
G. Leclerc : Donc, pas d’automaticité ?
A. Lamassoure : C’est au président de la République de décider. Pour l’instant, Alain Juppé est le chef de la majorité. Nous sommes fiers d’être derrière lui.
G. Leclerc : Dernier point soulevé hier par Philippe de Villiers : les affaires. Il parle de « marée montante » qui devrait vous rattraper.
A. Lamassoure : Dans ce domaine, la justice a montré qu’elle était maintenant tout à fait indépendante, qu’elle a toutes les possibilités d’investigation et que, lorsqu’il y a des gens qui sont sortis des clous de la loi, qu’ils soient de gauche ou de droite, ils sont punis. La situation est maintenant assainie. Je souhaite que la campagne porte sur les grands enjeux du XXIe siècle pour faire entrer la France dans le XXIe siècle, et non sur des à-côtés plus ou moins sordides.
France Inter : mercredi 30 avril 1997
J.-L. Hees : Le dernier sondage CSA-France Inter montre que l’écart se resserre entre la gauche et la droite dans les intentions de vote mais surtout que la campagne manque d’élan et que les Français sont décontenancés. On a l’impression que le parti numéro un, en ce moment, c’est le parti des déçus de la gauche et de la droite réunis. Quel est votre avis sur cette perception de la campagne ?
A. Lamassoure : Je crois que c’est vrai. Ce n’est pas très surprenant parce que nous sommes encore au tout début de la campagne. Cette dissolution a été une surprise pour tout le monde. C’est une première, dans l’histoire de la Ve République, que le président de la République dissolve à froid. Les Français commencent à réaliser qu’ils vont avoir à voter et ils s’intéressent en écoutant les uns et les autres pour savoir ce que les uns et les autres ont à proposer. Donc nous sommes dans une phase d’attente. La campagne a véritablement démarré au début de cette semaine.
J.-L. Hees : Peut-on parler de l’état d’esprit qui règne au sein de la majorité ? On sent bien un axe qui fonctionne, en ce qui concerne la plate-forme, entre le RPR et l’UDF, mais on entend des critiques qui sont très vives comme celle de Philippe Séguin qui a dénoncé hier soir ce faux débat droite-gauche. Que se passe-t-il de ce côté-là ?
A. Lamassoure : Le faux débat droite-gauche ? Oui, je crois qu’il est temps, et c’est ce que nous défendons au RPR et à l’UDF, de laisser tomber les idéologies. Le libéralisme dogmatique, le socialisme dogmatique, les Français en ont assez ! Il faut faire le partage entre les solutions qui marchent, notamment pour relancer l’économie et lutter contre le chômage – et l’on constate que ces solutions marchent dans beaucoup de pays du monde, que ces pays soient de gauche ou de droite –, et les solutions qui ont échoué. Nous, nous sommes en faveur des solutions qui marchent et c’est ce que nous allons plaider dans la campagne. D’autre part, il y a quand même eu un élément très important, hier. Les Français se sont rendu compte qu’il y avait d’un côté le RPR et l’UDF qui gouvernent ensemble la France et il n’y a pas eu, en quatre ans que nous sommes revenus au pouvoir, l’ombre d’une différence de fond sur des grands sujets entre le RPR et l’UDF. Et nous présentons une plate-forme commune pour la suite. De l’autre côté, il y a une alliance, une coalition entre le PS et le PC. Comme vous le disiez, les sondages donnent à penser qu’il y a une incertitude pour savoir laquelle de ces deux alliances va l’emporter. Mais ce qui est clair, c’est que le Parti socialiste ne peut pas l’emporter seul, qu’il n’a pas, sur beaucoup de sujets importants, les mêmes idées que le Parti communiste. Robert Hue l’a dit tout à l’heure. Et donc, si par malheur, cette coalition de gauche venait à l’emporter cela veut dire plusieurs semaines d’incertitude parce qu’ils auront à négocier un vrai contrat de gouvernement qu’ils n’ont pas à l’heure actuelle. Et, naturellement, la France perdrait du temps pour achever de redresser son économie et serait affaiblie dans les grandes négociations internationales qui nous attendent et notamment sur l’Europe.
P. Le Marc : Un sondage de BVA, hier, disait que 79 % des Français estimaient la situation économique comme mauvaise ; 95 % estimaient la situation de l’emploi mauvaise et 83 % le climat social mauvais. Alors compte tenu du fait que la majorité préserve plutôt un programme de continuité, est-ce que vous pensez que cela soit susceptible de créer ce fameux « nouvel élan » que souhaite le Président ?
A. Lamassoure : Je voudrais faire deux ou trois commentaires. D’abord, il y a eu un sondage, ce matin, assez différent, montrant que le pessimisme des Français avait beaucoup diminué depuis trois, quatre mois.
P. Le Marc : Mais il reste très fort.
A. Lamassoure : Il reste fort mais il a diminué de moitié. Et deuxièmement, et c’est très important, il faut voir que grâce à tous les efforts entrepris par l’ensemble des Français, nous connaissons depuis maintenant plusieurs mois une relance économique qui n’est pas contestable. L’économie tourne aujourd’hui à un rythme compris entre 2 et 3 % par an. C’est vrai pour la production industrielle, c’est vrai pour la consommation. Les exportations se développent beaucoup plus et nous allons connaître dans quelques minutes le chiffre du chômage du mois précédent qui va montrer qu’il y a eu une stabilisation du chômage. Cette politique est en train de réussir. Simplement, elle a exigé des réformes profondes que nous avons commencé d’engager et qui, comme toujours dans notre pays quand on fait de vraies réformes, ont suscité des réactions, voire des oppositions de ceux qui se sentent directement concernés en attendant que l’ensemble des Français puisse en bénéficier. Et nous avons besoin de temps. Il faut à la fois accélérer la politique menée parce que les Français ont besoin de créer des emplois le plus vite possible et puis suffisamment de temps et de continuité pour que cette politique obtienne ses effets positifs jusqu’au bout. Avez-vous remarqué, Pierre Le Marc, que dans l’histoire de la Ve République, la majorité actuellement représentée par le RPR et l’UDF, c’est-à-dire le centre et le centre droit, n’a jamais eu une période de cinq ans pendant laquelle elle avait le pouvoir à la fois à l’Élysée et au Parlement pour pouvoir conduire sa politique. Cela ne s’est jamais produit ! La gauche a eu deux de ces occasions au début des septennats de François Mitterrand et qu’elle a, malheureusement pour la France, assez largement gâchées. Le centre et la droite ne l’ont jamais eue. Grâce à cette dissolution, nous allons pouvoir avoir une période de cinq ans pour faire bénéficier la France d’une politique efficace.
A. Ardisson : Vous auriez pu l’avoir, normalement, cette période de cinq ans.
A. Lamassoure : Non, puisque lorsque le président de la République a été élu en 1995, l’Assemblée n’avait que trois ans devant elle.
A. Ardisson : Je veux dire par là que vous donnez un peu l’impression d’avoir été floué en tant qu’UDF pour cette dissolution. Vous avez dit vous-même en commençant que vous avez été un peu surpris, que tout le monde a été surpris.
A. Lamassoure : Pas du tout. Tout le monde a été surpris parce que c’est une décision souveraine du président de la République. C’est prévu par la Constitution et au contraire, à titre personnel, je crois d’ailleurs que nous avions eu l’occasion d’en parler sur cette antenne, j’étais l’un de ceux qui étaient favorables à la dissolution. J’y vois personnellement deux avantages. D’abord, la France gagne un an parce que sinon, nous aurions été pendant un an qu’en campagne électorale, tout est paralysé, que ce soit les décisions politiques mais également les décisions d’investissements des chefs d’entreprise. Et le dernier moteur de la croissance qui fait défaut aujourd’hui, c’est les investissements des petites et moyennes entreprises. D’autre part, nous allons connaître, dans les moments qui viennent, de très importantes négociations européennes. La mise en place de l’union monétaire mais aussi, et on n’en parle pas assez, la rénovation des institutions européennes, la modernisation du traité de Maastricht et le début des négociations d’élargissement de l’Union européenne aux pays d’Europe centrale et orientale. Face à ces très grandes négociations, il faut que la France soit en position de force, avec un gouvernement et une majorité relégitimées par le suffrage universel. Il vaut mieux que ces négociations ne soient pas engagés par un gouvernement et par une majorité parlementaire en fin de mandat.
J.-L. Hees : Jacques Chirac va-t-il intervenir dans la campagne ? De quelle façon ? À quel moment ?
A. Lamassoure : Jacques Chirac a provoqué la campagne puisque c’est lui qui a provoqué la dissolution et il est intervenu pour expliquer aux Français les raisons de sa décision et l’enjeu de ce débat.
J.-L. Hees : Vu que l’écart se resserre un peu dans les sondages…
A. Lamassoure : Il aura à juger de la manière et du moment d’intervenir si cela lui paraît nécessaire.
P. Le Marc : Barre dit, ce matin, dans la presse, que le Président serait dans l’impossibilité de poursuivre son mandat si la gauche gagnait l’élection. Est-ce que vous partagez ce point de vue ?
A. Lamassoure : Je ne partage pas du tout ce point de vue. Raymond Barre a le grand mérite de la continuité de la pensée, dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres puisque que c’est ce qu’il avait dit, déjà, en 1986, au moment où la droite l’avait emporté contre François Mitterrand. Et déjà, à l’époque, je n’étais pas de cet avis, je constate d’ailleurs que dans d’autres sondages, il y a près de 80 % des Français qui sont d’accord pour considérer qu’il ne faut pas mélanger les genres et que l’élection législative est destinée à dégager une majorité parlementaire. Le président de la République a été élu et dispose d’une autre légitimité.
J.-L. Hees : Un mot sur l’avenir d’Alain Juppé. Est-ce que cela dépend seulement de la victoire de la majorité ou plutôt de l’ampleur de la victoire de la majorité ?
A. Lamassoure : Cela, c’est véritablement au président de la République de juger sur le choix du Premier ministre et ensuite sur la composition du gouvernement. Ce qui est important, c’est que le président de la République donne aux Français non pas simplement, comme le disent trop souvent les commentateurs, la parole, mais la décision. Et donc, le vote qui va intervenir est à la fois un vote de confiance sur les réformes qui ont été engagées jusqu’à présent et leur accélération. C’est l’action de la majorité depuis 1993, et naturellement, en particulier, du gouvernement actuel. Et aussi sur le programme, l’avenir que souhaitent les Français pour entrer dans le XXIe siècle, et nous, nous souhaitons que la France entre dans le XXIe siècle, forte, dans une Europe forte, et soit capable de jouer en première division.
P. Le Marc : Est-ce qu’on peut organiser le nouvel élan avec un Premier ministre très impopulaire ?
A. Lamassoure : Ce Premier ministre a eu le mérite d’engager des réformes que les gouvernements précédents avaient différées depuis trop longtemps. La réforme de notre système de retraite, la réforme de notre système de Sécurité sociale, la réforme de notre système de défense – alors que la guerre froide est terminée depuis 6 ans –, la réforme de l’impôt sur le revenu, la réforme de l’éducation et de l’université sont des réformes qui ont été faites chez nos principaux partenaires et concurrents, il y a une dizaine d’années, et que la France n’avait pas faites. Alain Juppé a eu le très grand mérite et le très grand courage d’engager ces réformes et je suis persuadé que les Français lui en seront gré.
J.-L. Hees : Un mot sur la réduction du temps de travail parce que j’ai entendu le Premier ministre en parler et évoquer ce sujet à 7 sur 7, sur TF1, dimanche. Et puis j’ai vu ça sur la plate-forme PS-PC et je n’ai pas vu ce problème du temps de travail dans la plate-forme majoritaire.
A. Lamassoure : Bien sûr que non parce que nous ne croyons pas, sur ce point, aux mesures de caractère obligatoire et général. Nous pensons qu’il peut y avoir des aménagements entreprise par entreprise. C’est ce que nous faisons avec la loi Robien, qui marche bien, qui est en application depuis un an et qui a permis de sauver plusieurs dizaines de milliers d’emplois. En revanche, je suis un peu abasourdi de voir que, dans la déclaration commune du Parti socialiste et du Parti communiste, on revient à des propositions qui datent de 1981 et qui ont échoué en 1981, de l’aveu même des dirigeants socialistes de l’époque. Alors les taxer d’archaïsme n’est plus injurieux à leur égard. En 1981, Le Parti socialiste a voulu s’engager dans les 39 heures de travail hebdomadaire payées 40 : cela a désorganisé l’économie française suffisamment pour que deux ans après, on renonce à aller plus loin. Or, aujourd’hui, la même coalition revient avec les 35 heures payées 39 en attendant les 32 heures payées 39. Donc nous nous trouvons, là, devant un contresens absolu. Il est clair que nous avons besoin d’une économie dans laquelle chaque entreprise puisse réagir de façon dynamique à la concurrence internationale. Bien entendu, il faut améliorer le dialogue social. Mais, par pitié, pas de mesures de caractère autoritaire général s’appliquant à l’ensemble des entreprises du secteur artisanal, aux petites comme aux grandes.