Texte intégral
La question de la lutte pour l’emploi et contre le chômage est naturellement au cœur de la campagne pour les élections législatives. C’est sur cette question que les électeurs fonderont en partie leur choix.
Il y a bien deux politiques proposées : la nôtre et celle que le Parti socialiste nous ressert. Auraient-ils oublié qu’entre 1981 et 1993, le nombre de demandeurs d’emploi a presque doublé pour atteindre près de 3 millions en mars 1993 ?
Ce que nous proposent les socialistes n’est qu’un nouvel avatar du partage du travail. De 1981 à 1993, ils ont exclu du marché du travail les jeunes et les salariés en fin de carrière. Cette fois, c’est le partage par la réduction de la durée du travail. C’est chaque fois la même richesse que l’on divise. Pourtant, on nous affirme avec assurance que ceux qui n’ont pas de salaire en auraient un et que ceux qui ont déjà un emploi verraient leur rémunération augmenter. Comment peut-on encore faire croire aux Français que l’on peut améliorer le pouvoir d’achat sans produire plus ?
Un seul chiffre. Durant la gestion socialiste, les entreprises françaises ont supprimé 500 000 emplois. La France est le seul des grands pays développés à avoir connu une telle hémorragie.
Il fallait donc changer de politique. C’est ce que la majorité présidentielle a commencé à faire dès 1993. Notre objectif est simple : il faut concilier la compétitivité et la solidarité.
Il faut d’abord donner aux entreprises les moyens de se développer afin qu’elles redeviennent créatrices d’emplois.
Or, nous le savons bien, les entreprises sont asphyxiées par les charges : charges sociales, charges administratives que représentent les formulaires, charges financières liées à la difficulté d’accès au crédit. Nous avons commencé à réduire ces charges : la baisse des charges sociales a été engagée en commençant par les salaires proches du Smic pour favoriser l’emploi et préserver le pouvoir d’achat ; la simplification des formalités administratives a permis de supprimer plusieurs dizaines de millions de formulaires ; la baisse des taux d’intérêt et la banque de développement des PME ont facilité l’accès au crédit.
Cette politique est-elle efficace ? Elle n’a pas encore été menée à son terme, mais, encore insuffisants, les premiers résultats sont là :
– la hausse du chômage est enrayée : 530 000 demandeurs d’emploi de plus de 1988 à 1993, 160 000 de 1993 à 1996, stabilisé depuis six mois. Nous sommes donc sur la bonne voie ;
– le chèque emploi-service, mesure exemplaire de simplification, a permis la création de 200 000 emplois et le développement d’un nouveau secteur d’activité de service.
En même temps, nous devons veiller à ce que les mutations que connaît notre société ne laissent personne sur le bord du chemin. Je voudrais simplement donner deux exemples.
Certains voudraient nous faire le procès de promouvoir un libéralisme sauvage dans lequel les entreprises pourraient se débarrasser sans contrainte de la main-d’œuvre. C’est évidemment un mauvais procès et les chiffres sont là pour le prouver : depuis 1993, les licenciements économiques ont baissé de près de 20 %. Ce n’est pas le fruit du hasard. C’est bien parce que nous regardons la réalité en face que nous avons sur mettre à la disposition des entreprises les instruments nécessaires, je pense notamment à la loi Robien qui permet de réduire la durée du travail plutôt que de supprimer des emplois.
Nous devons également savoir tisser localement des chaînes de solidarité à l’égard de ceux qui sont privés d’emplois, afin que chacun assume ses responsabilités. Nous avons ainsi mis un terme à une gestion centralisée de notre action pour faire confiance à ceux qui agissent sur le terrain. L’emploi des jeunes suppose ainsi une mobilisation locale intense, et nous avons su la susciter. C’est grâce à cette démarche que nous avons pu stopper la progression du chômage des jeune et le faire refluer de 30 000 au cours des six derniers mois.
Nous devons avoir vis-à-vis des Français un langage de vérité et regarder l’avenir avec réalisme et confiance. Le repli sur nous-mêmes n’est pas une alternative. Il conduirait notre pays sur la voie du déclin et il lui ferait perdre la place qui lui revient dans le concert des nations. Je veux au contraire une France forte et ambitieuse, une France solidaire et fidèle à ses valeurs, une France qui compte dans l’Europe pour compter dans le monde.