Texte intégral
La France et l'Europe se trouvent de plus en plus brutalement confrontées aux effets de la « mondialisation ». Celle-ci s'étend désormais à la plupart des domaines qui étaient jusqu'ici du ressort des nations et des États, sans que ceux-ci en aient mesuré toutes les conséquences.
Ainsi, pour ne prendre que des exemples récents, a-t-on vu notre pays s'en remettre intégralement à la loi des marchés dans l'affaire BNP-Société générale, laisser Péchiney tomber dans l'orbite nord-américaine, accepter sans réagir d'être accusé de « torture » par la justice européenne, voir ses meilleurs produits alimentaires faire les frais de la volonté des États-Unis d'imposer la loi du commerce de préférence à celle de la santé publique.
Parce qu'elle est sans doute, et de tout temps, à la fois le symbole et le principal artisan du refus de toutes les hégémonies, la France se trouve ainsi au coeur du choix qui va de plus en plus être posé aux peuples : faut-il ou non conserver sa souveraineté, c'est-à-dire le droit de disposer de soi-même.
Notre réponse est oui.
Oui, la Nation est la seule échelle qui soit à la fois à la taille de l'homme et à la dimension du monde…
Oui, la République est et restera l'indépassable horizon d'une réelle démocratie, la seule qui puisse unir tout un peuple dans sa diversité.
Oui, la France doit remettre sur le métier « le pacte multiséculaire qui existe entre elle et la liberté du monde ».
C'est pourquoi le Rassemblement pour la France se forme autour d'un objectif et d'un seul : défendre la souveraineté du peuple français et la personnalité de la France.
Il est ouvert à tous ceux pour qui ce combat transcende maintenant les clivages au nom desquels s'affrontaient jusqu'ici les partis. Il veut empêcher la disparition de la France en tant que nation souveraine. Il entend refonder une Europe indépendante sur le socle des démocraties nationales.
Le Rassemblement pour la France s'inscrit ainsi dans le droit-fil de cette pensée française qui a confié à la France ce rôle singulier parmi les nations, qu'illustre cette phrase de Victor Hugo, « la France est un besoin des hommes ». C'est pour cette raison qu'elle ne saurait se fondre dans un ensemble qui n'a comme ambitions que la finance, le commerce et la consommation.
Le Rassemblement pour la France se réfère aux principes fondateurs de notre communauté nationale, dont la Constitution de la Ve République réalise la synthèse contemporaine autour d'un État exigeant, fier d'assumer sans faiblesse ses fonctions régaliennes, la sécurité, la justice, comme d'assurer continûment le progrès général de la nation, de toute sa population, de tout son territoire, de tous ses concitoyens, sans distinction d'origine, de croyance, ni de condition…
Le Rassemblement pour la France décide donc de rénover le projet républicain et national, pour l'adapter au monde qui vient et permettre à la France d'opposer à l'organisation commerciale du monde, au 20e siècle, l'espoir d'un avenir respectueux de la dignité des hommes.
C'est à ce nouveau rassemblement que nous appellerons les Français lors du congrès fondateur des 20 et 21 novembre 1999 à Paris, porte de Versailles.
Pour préparer ce congrès, dix personnalités, membres ou numéro 1 du RPF, ont accepté de conduire une mission de réflexion et de propositions.
Souveraineté, économie et mondialisation :
Jean-Jacques Rosa, économiste.
Souveraineté et construction européenne :
Gabriel Robin, ambassadeur de France
Souveraineté et défense :
général Christian Clarke de Dromantin, général de corps d'armée (2e section)
Souveraineté, unité et solidarités nationales :
Henri Guaino, ancien commissaire au plan
Souveraineté, francophonie et coopération :
Bernard Debré, ancien ministre, professeur agrégé de médecine
Souveraineté, culture et technologie de l'information :
Nicolas Baverez, expert indépendant, historien et économiste
Souveraineté, institutions, pouvoirs publics et organisation du territoire :
Frédéric Rouvillois, professeur agrégé de droit public
Souveraineté, sécurité, immigration et libertés publiques :
Paul Masson, sénateur du Loiret
Souveraineté, famille et politique démographique :
Bernard Seillier, sénateur de l'Aveyron
Souveraineté, agriculture et sécurité alimentaire :
Philippe Arnaud, agriculteur