Texte intégral
Date : jeudi 28 novembre 1996
Source : TF1
B. Pons : En ce qui concerne les rémunérations, j’ai constaté dans le courant de la journée et en écoutant la conférence de presse des fédérations patronales que les fédérations ne sont pas fermées à l’examen de modalités un peu différentes. Alors, je crois que la porte n’est pas fermée. J’ajoute que demain matin ; à 9h30, les protocoles vont être signés, un grand nombre de protocoles ont déjà fait l’objet d’un accord général et donc les deux derniers ; en ce qui concerne les temps de travail, je pense qu’il sera signé, celui sur les rémunérations, j’espère qu’il en sera de même. Et donc, dans ces conditions, je pense que la discussion pourra se poursuivre. Je demanderai par écrit, au médiateur, de présider un comité, un comité particulier, qui devra à ma demande, suivre attentivement l’application des décisions qui seront prises. Autrement dit, le dialogue social continuera, ce que je souhaite, c’est qu’il continue dans d’autres conditions, c’est-à-dire sans barrages.
TF1 : Vous dites en quelque sorte qu’il faut savoir terminer une grève. Quels moyens vous vous donnez ? Est-ce que la persuasion suffira ou faudra-t-il aller jusqu’à une intervention des forces de l’ordre ?
B. Pons : J’exclue toute intervention des forces de l’ordre et je n’y ai même pas pensé ? Je suis tout à fait convaincu que les chauffeurs routiers qui sont dans cette situation difficile ont envie que les choses s’arrêtent. Ils veulent avoir des garanties fortes et sûres, je les comprends parfaitement, mais ces garanties nous les leur donnons.
Date : jeudi 28 novembre 1996
Source : France 3
France 3 : Que pensez-vous de la réaction de J. Fillols ?
P. Pons : Je dois dire que j’ai écouté celte intervention avec beaucoup d’intérêt et le point important qui vient d’être signalé, c’est le paiement en totalité des heures de travail. Sur ce point, il y a satisfaction. Je constate, depuis le milieu de la nuit, que les organisations syndicales et le fédérations patronales mesure l’ampleur des résultats qui ont été obtenu en particulier sur deux ponts très importants : la retraite à 55 ans et le paiement, l’intégralité des heures de travail payées à 100 %.
France 3 : Mais les chauffeurs routiers ne sont pas satisfaits sur les salaires. Pouvez-vous demander à ce que les négociations reprennent avec le patronat parce que les barrages continuent ?
P. Pons : Attendez. Sur ces deux points, les retraites et le paiement à 100 % des heures travaillées, c’était des revendications très anciennes. Il y a satisfaction. Un décret est prêt, il sera signé immédiatement sur les temps de travail. Reste le problème, et il a été très bien évoqué par M. Fillols, très très bien, de la ventilation entre les heures de conduite, les heures d’attente, les heures de chargement, les heures de déchargement et les heures de repos. Là-dessus, il y a eu un accord entre les organisations syndicales et les fédérations patronales pour qu’il y ait un groupe de travail qui se mette en place sous l’autorité du médiateur. S’il n’obtient pas un résultat, je prendrai là aussi un décret Sur le troisième point, les rémunérations, vous avez entendu un représentant d’une fédération patronale qui s’exprimait au nom des fédérations. Il a dit que les fédérations, dans le contexte économique difficile, avait fait un effort et que dans cet effort, il était prêt à envisager une ventilation différente de cet effort. Donc, là, même sur les rémunérations, la porte n’est pas fermée.
France 3 : Ça veut dire qu’à la fois par ces décrets, vous pouvez engager obligatoirement, forcer pratiquement le patronat et les syndicats à se mettre autour de la table. Ça peut se passer dans les heures à venir ?
P. Pons : Tout à fait. C’est ce qui est décidé sur le premier point, les temps de travail, et le paiement des heures de travail, le décret est pris et il sera signé. Reste ensuite la ventilation de ce qu’on appelle les heures de travail.
France 3 : Le décret sera signé dans les heures à venir ?
P. Pons : Je le signerai dès que le protocole aura été ratifié demain matin."
France 3 : Tous les chauffeurs routiers vous demandent de ne pas utiliser la force pour dégager les barrages. Message reçu ?
P. Pons : Je n’ai jamais envisagé d’utiliser la force publique. Et aujourd’hui, j’ai rendu hommage à plusieurs reprises aux propos extrêmement mesurés et raisonnables de toutes les organisations. C’est un conflit. Les chauffeurs routiers travaillent dans des conditions très très dures, très difficiles et je comprends parfaitement J’ai dit, dès le premier jour, qu’il y avait dans leurs revendications, un grand nombre de revendications qui étaient légitimes. Le Gouvernement a tout fait pour porter satisfaction à ces revendications quand elles relevaient de la responsabilité du Gouvernement Sur les rémunérations, c’est un problème entre les fédérations patronales et les organisations syndicales. J’ai entendu tout à l’heure que tout n’était pas fermé et je pense qu’il y aura des avancées encore dans les heures qui viennent.
Date : jeudi 28 novembre 1996
Source : RTL
RTL : Que va faire le gouvernement ?
A.-M. Idrac : Le gouvernement se félicite de ce que demain matin seront signés un certain nombre de protocoles ; le protocole sur la retraite à 55 ans, le protocole sur le temps de travail, le paiement des heures travaillées et la suppression des équivalences. Sur ce deuxième protocole, je confirme bien entendu que le décret correspondant est prêt à être signé, et enfin il y a les droits syndicaux ? Il y a également des accords qui vont être signés demain matin sur les jours de carences-maladie et les frais maladies. Et le gouvernement prendra le texte concernant les mesures de restriction de circulation le dimanche pour les camions de toutes nationalités.
Il reste effectivement, en ce qui concerne le gouvernement, la question d’aller tout à fait au cœur des choses, au fond des choses que la clarification de la question des temps de travail. Je crois qu’il est vraiment temps, cette fois-ci, de régler une bonne fois pour toutes cette affaire qui empoisonne la vie des entreprises, des salariés bien entendu, mais aussi des chefs d’entreprise pour que l’on soit enfin au clair sur ces questions. J’ai proposé à B. Pons et au Premier ministre, qui l’ont accepté, B. Pons l’a dit ce matin, que ceci se passe sous la forme d’un décret comme nous avons la possibilité de le faire après bien entendu que les partenaires sociaux nous aient fait des propositions.
RTL : Justement. Un responsable de la CFDT disait que 15 jours, c’est un délai un peu long.
A.-M. Idrac : Dans le protocole qui a été préparé et qui est prêt à la signature, les partenaires sociaux s’étaient mis d’accord sur un groupe de travail. Nous avons dit, c’est ce que B. Pons, sur leur proposition, a dit ce matin : 15 jours et décret tout de suite à la sortie ? Je crois que de toute façon une concertation est nécessaire pour se mettre d’accord sur le projet de décret. En tout cas, il y aura un projet de décret et un décret, pas simplement un projet, clair, net et définitif sur la définition exacte de ces temps d’une part et d’autre part, il y aura certainement aussi quelque chose sur les durées maximums dont on ne peut accepter qu’elles ne soient pas rémunérées.
RTL : Il y aura donc concertation pour mettre au point le texte ?
A.-M. Idrac : Il y aura concertation, c’est prévu et il faudra le faire ?
RTL : Mais si on dit : 15 jours pour négocier, ça veut dire risque de 15 jours de barrage ?
A.-M. Idrac : Nous avons sur cette histoire de groupe de travail cette proposition des partenaires sociaux, donc nous avons dit 15 jours et décret pour faire avancer les choses et mettre un peu l’épée dans les reins. Parce que comme ça fait des années qu’on en parle, cette fois-ci, il faut en sortir. J’ai entendu effectivement que certains s’interrogeaient sur ce délai de 15 jours. Je ne demande qu’à aller vite, et clair et au fond des choses.
RTL : Comment assurer la liberté de circulation avec le maintien de ces barrages et le fait que le gouvernement ne veut pas utiliser la force ?
A.-M. Idrac : Le gouvernement, c’est clair, n’a jamais eu l’intention, B. Pons l’a dit tout à fait sereinement, d’utiliser la force. J’ai eu la satisfaction d’entendre qu’un certain nombre de barrages commençaient à être un peu levés puisque, comme l’a dit le ministre dès la nuit dernière, les acquis d’aujourd’hui, même s’il en reste encore notamment sur la clarification des temps et sur les salaires à obtenir, les acquis sont tels qu’on a l’impression qu’on est vraiment plus loin d’un accord définitif.
RTL : La question des salaires, visiblement les patrons ne veulent pas aller au-delà des 2 % + 1 % + la prime exceptionnelle de 1 500 francs. Certains syndicats veulent plus ?
A.-M. Idrac : Écoutez, effectivement j’ai entendu les nouvelles propositions patronales, je crois comprendre qu’il pourrait y avoir une présentation beaucoup plus claire de ce qui est envisagé. Par ailleurs, je suis persuadé que les discussions doivent continuer et peuvent continuer, de telle sorte que cette question puisse être réglée en même temps que les autres, c’est-à-dire au moment de la signature des protocoles.
RTL : Ce soir, vous êtes modérément optimiste ?
A.-M. Idrac : Je suis modérément optimiste. Je fais confiance à l’esprit de responsabilité qui s’est manifesté depuis le début et qui doit se manifester totalement. J’ai totalement confiance pour que ceci aboutisse maintenant Bien sûr, chacun a conscience que pour les particuliers et peut-être plus encore pour un certain nombre d’entreprises, dans les secteurs des denrées périssable ou dans pas mal de secteurs, cette affaire commence à poser un vrai problème humain et économique à tout le monde. Le sens des responsabilités des partenaires des transport routiers est tel qu’ils en ont, je sais, conscience.
RTL : Vous pouvez déjà nous donner les grandes lignes de décret sur le temps travaillé ?
A.-M. Idrac : Je propose que l’on fixe un cahier des charges très clair pour rédiger ce projet de décret. Premièrement il faut que l’on ait de manière précise, concrète, les temps de travail ? C’est pour ça qu’il faut que ce soit malgré ce que souhaitent les partenaires sociaux. Ça ne peut être défini de manière purement technocratique parce que ce sont des problèmes très pratiques et très concrets. Et la deuxième chose, c’est qu’il faudra avoir, je crois, une sorte de clause de sauvegarde comme le disent certains organismes syndicaux : c’est-à-dire une durée ou un délai maximum de temps qui pourrait ne pas être rémunéré, par exemple : les temps des repas, ce genre de chose.
Date : vendredi 29 novembre 1996
Source : Europe 1
J.-P. Elkabbach : Les routiers ne désarment pas, la paralysie s’étend, le blocus peut-il continuer, imaginez-vous qu’on puisse continuer une semaine avec le pays dans cet état ?
A.-M. Idrac : Non, je ne peux pas l’imaginer. Je ne peux pas l’imaginer parce que, comme vous le dites, les conséquences pour les particuliers et pour l’économie commencent vraiment à être tout à fait dramatiques dans certains endroits et ce blocage ne peut pas continuer, je ne peux pas l’imaginer ; et je ne peux pas l’imaginer parce que les résultats obtenus de cette négociation, longue, sont vraiment tellement bons, maintenant, qu’on ne peut l’imaginer. Où en est-on ? Je rappelle que six protocoles sont soumis à signature ce matin, dans une heure à peu près, à 9h30, entre les partenaires. Qui sont les partenaires ? Les organisations syndicales et les organisations patronales ; et ces six protocoles, c’est la retraite, c’est le temps de service, c’est l’interdiction de circuler le dimanche, c’est la carence maladie, les frais de déplacement et le droit syndical. Tout ça, ce sont des acquis, je crois qu’on est vraiment tout près du but
J.-P. Elkabbach : Les routiers ont répondu à cela. Vous leur avez dit « c’est un succès, il y a beaucoup de choses de faites ». Sans doute, il y a beaucoup de choses, mais ils maintiennent les barrages. Comment on en sort ?
A.-M. Idrac : Pendant toute la journée d’hier, et en prolongation bien sûr des jours précédents, il y a eu des tas de contacts, la négociation continue, évidemment, entre les partenaires sociaux et avec des coups de main, je dirais, du gouvernement. Alors j’ai compris qu’il y avait deux points de préoccupation qui restaient sur la table ? Un premier point qui est l’affaire des temps de service ? C’est-à-dire que, sur le principe, c’est acquis, il y a un protocole d’accord qui va être signé, mais comme cela fait des années et des années que cette affaire du temps de service dure, on dit « on va régler ça » et puis en réalité, dans la vie quotidienne, ça perturbe énormément la vie des gens parce que ce n’est pas clair, il faut aller plus loin. Donc, il faut aller plus loin. Cela veut dire qu’il faut préciser de manière très détaillée, très claire et irréfutable – et définitive, je dirais – ce que c’est que ces temps de service, ce qui doit être rémunéré, ce qui peut ne pas l’être, etc.
J.-P. Elkabbach : Donc il faut un décret, vous l’avez dit. Vous annoncez ce matin un décret sur le paiement des heures d’attente ?
A.-M. Idrac : Il faut un décret. Nous signons immédiatement un décret qui supprime ce qu’on appelle les équivalences et nous signerons, dans un délai de quinze jours au plus tard, le décret définitif sur l’ensemble de cette question. Pourquoi quinze jours ? Parce que ce sont des sujets suffisamment complexes pour qu’on ne les imagine pas de manière technocratique dans un bureau, mais que ce soit soumis à l’avis des partenaires sociaux.
J.-P. Elkabbach : Pendant les quinze jours on attend ?
A.-M. Idrac : Non bien sûr que non ! Bien sûr que non, on n’attend pas. Bien sûr que non ? Les barrages doivent être levés et la décision de prendre ce décret, elle est prise : il sera pris au plus tard dans quinze jours. Il faut l’avis des partenaires sociaux sur un sujet qui touche autant à leur vie quotidienne.
J.-P. Elkabbach : Est-ce que le gouvernement joue le pourrissement de la grève ?
A.-M. Idrac : Bien sûr que non ! Le gouvernement est actif, le gouvernement est présent. Certains, même, pensent que nous sommes peut-être présents un peu au-delà de la responsabilité du gouvernement, dans un conflit qui est d’ordre privé.
J.-P. Elkabbach : … Pour un État qui se voulait libéral ! L’État met la main à la poche, pouvez-vous chiffre ce matin son engagement et sa mise ?
A.-M. Idrac : L’État met la main à la poche sur quoi ? Sur les retraites à 55 ans, qui est un régime très spécifique pour les conducteurs qui ont conduit le plus longtemps, l’ordre de grandeur est peut-être d’une centaine de millions, et le régime est à peu près du même type que celui que l’on utilise pour les préretraites dans les plans sociaux. En ce qui concerne le deuxième type de mesure, l’accompagnement de la réduction du travail, nous n’avons pas chiffré exactement les choses, ce sont des systèmes qui existent dans d’autres secteurs d’activité et qui, là, sont directement liés à l’amélioration des conditions de travail.
J.-P. Elkabbach : En contrepartie, vous décidez des allégements de charge pour les patrons routiers ?
A.-M. Idrac : Oui, en accompagnement de la modernisation de la profession, puisque nous sommes en train de moderniser cette profession.
J.-P. Elkabbach : Ce matin, vous nous dites que les routiers qui sont en grève vont avoir satisfaction sur les salaires et les temps de travail ?
A.-M. Idrac : Sur le temps de travail, je peux m’y engager puisque cela se terminera par un décret ; sur les salaires, ce n’est pas le gouvernement qui paye les salaires dans les entreprises privées.
J.-P. Elkabbach : Qu’ils se débrouillent entre eux ! Mais vous pensez qu’ils y arriveront ?
A.-M. Idrac : Je dirais « qu’ils se débrouillent entre eux ». Je ne pourrais pas comprendre qu’ils n’y arrivent pas. Et les contacts que nous avons nous laissent penser qu’il peut y avoir – il y aura, je l’espère – un rapprochement des points de vue qui permettra de s’en sortir.
J.-P. Elkabbach : Sans que l’État paye la différence ?
A.-M. Idrac : Ah ! Bien entendu, l’État ne va pas payer ces salaires !
J.-P. Elkabbach : Vous avez dit « la retraite à 55 ans, c’est spécifique ». Elle ne peut pas s’étendre à d’autres secteurs dans le privé, ce n’est pas la nouvelle règle qui remettrait en cause la réforme Balladur de 93 sur la retraite à 60 ans dans le privé ?
A.-M. Idrac : Pas du tout. Il existait depuis les années 50 un régime spécial de retraite pour les conducteurs routiers pour des raisons de sécurité routière. C’est dans la prolongation de cela, c’est quelque chose de tout à fait spécifique.
J.-P. Elkabbach : Monsieur J. Major se dit « horrifié » par les conséquences de « notre » grève sur « son » économie. Il réclame une indemnisation. Cela peut-il être envisagé ?
A.-M. Idrac : Oui, j’ai vu cela, et nous sommes en contact avec les ministres des différents pays étrangers. Il y a des systèmes d’indemnisation traditionnellement, dans ce genre de situation.
J.-P. Elkabbach : Les entreprises, les PME dont parlait ici M. Rebuffel, l’autre jour : les commerçants qui sont touchés, vont bénéficier – ou pourraient bénéficier – de la mansuétude ou de la patience de Bercy ou de leurs créanciers, d’un peu de compréhension ?
A.-M. Idrac : C’est ce que j’ai déjà eu l’occasion de demander à mes collègues de Bercy et il me semble que c’est tout à fait indispensable, compte tenu de la situation dans laquelle malheureusement, un certain nombre de secteurs sont en train de se trouver.
J.-P. Elkabbach : M. Blondel disait hier qu’il fallait envisager peut-être d’imposer une sorte de rééquilibre entre le rail et la route. Il y a 70 % du transport qui se fait par la route ? Je sais que c’est un votre politique. C’est possible en France ?
A.-M. Idrac : Je souhaite effectivement qu’il y ait un bon équilibre entre les différents modes de transport, c’est même l’une des raisons pour lesquelles j’ai lancé et proposé à A. Juppé, avec B. Pons, la réforme de la SNCF aussi. Ce rééquilibrage doit se faire. L’élément le plus important sur ce secteur de la route par rapport au rail, c’est qu’il y a une concurrence destructrice, une sorte de « dumping » à l’intérieur du secteur routier, qui n’est pas bon, d’ailleurs, pour l’ensemble des transports. Et ceci pourquoi ? Parce que les transporteurs routiers n’arrivent pas à faire prendre en compte, dans les prix, l’ensemble de leur coûts, y compris les coûts sociaux qui sont l’objet des discussions d’aujourd’hui, et ceci explique une grande partie des difficultés à la fois sociales et économiques parce que, sur le plan économique, ce secteur est en difficulté.
J.-P. Elkabbach : Cela doit se faire ?
A.-M. Idrac : Cela doit se faire et c’est en cours, nous sommes dans une étape de modernisation du secteur.
J.-P. Elkabbach : Le déficit de la SNCF prévu pour 1996 est de 12 milliards, l’endettement est, je crois, autour de 200 milliards : la réforme de la SNCF se fait ou ne se fera jamais ?
A.-M. Idrac : Bien sûr, la réforme de la SNCF doit se faire, elle se fera. Nous avons prévu que le projet de loi correspondant soit examiné par le Parlement au début de l’année 97.
J.-P. Elkabbach : Vous avez vu le titre du « Parisien » : « Qui gouverne ? » ?
A.-M. Idrac : Tout à fait, je l’ai vu.
J.-P. Elkabbach : Qui gouverne ?
A.-M. Idrac : Qui gouverne ? A. Juppé avec l’ensemble de ses ministres solidaires.
J.-P. Elkabbach : C’est dur, une crise comme ça ?
A.-M. Idrac : C’est un moment effectivement difficile et il faut être bien prudent dans la manière dont le Gouvernement est amené à s’engager dans un conflit qui est, encore une fois, privé.
J.-P. Elkabbach : Personnellement, pour vous et B. Pons, qu’est-ce qu’il faut comme qualités ? Des nerfs ? De la patience ?
A.-M. Idrac : De l’écoute, des nerfs et peut être un peu d’esprit de persuasion. Il semble que nous n’en manquons pas, ni l’un, ni l’autre.
J.-P. Elkabbach : Et vous touchez beaucoup du bois.
A.-M. Idrac : Et toucher beaucoup du bois.
J.-P. Elkabbach : Vous avez l’engagement que, tout à l’heure, ils vont signer ?
A.-M. Idrac : C’est à eux de signer. Je ne pourrais pas imaginer qu’ils ne signent pas.