Texte intégral
Q - Quel est votre sentiment face à l'appel au boycott des produits français outre-Manche ?
Luc Guyau. Le déchaînement médiatique de la presse populaire anglaise mais aussi de quelques leaders politiques est réellement inacceptable. La position française sur le maintien de l'embargo repose sur l'avis de scientifiques et dans le seul but de garantir la santé des consommateurs. Si l'on peut comprendre l'inquiétude et les difficultés que rencontrent, aujourd'hui, les producteurs de viande outre-Manche, il est dans l'intérêt de tout le monde, et je l'ai dit à mon homologue britannique, de calmer le jeu pour éviter des situations irréversibles. C'est une prise d'otages inadmissible. C'est pourquoi mes collègues de la FDSEA du Pas-de-Calais ont bloqué symboliquement, mardi, les accès du tunnel sous la Manche.
Q - Quelles sont les répercussions pour les agriculteurs français ?
Il est difficile d'estimer et de dire quels sont les volumes de marchandises qui sont pénalisés. Mais, potentiellement tous les produits sont touchés. A commencer par les légumes comme les choux-fleurs ou les salades mais aussi les pommes, la viande de porc ... Il est probable que les acheteurs anglais sous la pression préfèrent différer leurs commandes ou ne pas prendre de risque avec des produits périssables. Les répercussions pour les agriculteurs dans des régions comme la Bretagne risquent d'être très graves financièrement avec la perte de certains marchés. Or, après il est très difficile de les reconquérir.
Q - Qu'envisage de faire la FNSEA si cette situation s'amplifie ?
Si demain l'Angleterre poussait jusqu'à l'extrême et faisait un boycott sur tous les produits agricoles français, il est évident qu'une île est plus facile à bloquer qu'un continent... Encore une fois, c'est une hypothèse que je n'ose pas imaginer. En revanche, j'espère que cette crise, comme nous l'avons demandé, pourra favoriser la mise en place d'une agence européenne de sécurité des aliments et accélérera le dossier sur la traçabilité des produits. C'est le seul moyen pour éviter de telles crises.