Interview de Mme Margie Sudre, secrétaire d'État chargé de la francophonie dans Le Méridional du 10 janvier 1997, sur la réforme de la Francophonie, la création d'un poste de secrétaire général et l'utilisation du français sur Internet.

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Média : LE MERIDIONAL - Presse régionale

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Le Méridional : Marseille est le premier de vos déplacements en province. Pourquoi cette priorité donnée à la cité phocéenne ?

Margie Sudre : J’ai choisi Marseille car la cité phocéenne est, avec la diversité de sa population, la coexistence de si nombreuses cultures, sans doute la ville la plus francophone de France.

Et puis Marseille comme premier déplacement de l’année, c’est également pour moi sentimental. C’est à Marseille que je suis arrivée en France du Vietnam, à l’âge de 8 ans, et que j’ai grandi. Songez qu’en arrivant en Provence, je ne parlais pratiquement pas le français ! J’ai besoin de revenir ici régulièrement pour retrouver cette richesse, cette chaleur unique qui ont bercé mon enfance et mon adolescence.

Le Méridional : Les institutions de la francophonie viennent d’être réformées. Votre ministère prend une tournure plus politique. Pouvez-vous nous expliquer votre rôle au sein de ce nouveau dispositif international ?

Margie Sudre : Cette réforme donnera aux États francophones un vrai poids politique sur la scène internationale. La communauté francophone, à ce jour, ce sont 49 pays, plus du quart des membres de l’ONU et près de 400 millions d’habitants.

À Marrakech, il y a quelques jours, ces 49 pays ont approuvé la création d’un poste de secrétaire général de la francophonie et le sommet d’Hanoï, qui se tiendra au mois de novembre prochain, élira le premier secrétaire général.

Le Méridional : La défense de la francophonie ne passerait-elle pas, par exemple, par une véritable présence du français dans les nouvelles technologies (logiciels, Internet…) ?

Margie Sudre : Les évolutions actuelles montrent bien que nous n’avons pas à craindre le développement d’Internet dont l’utilisation s’est accrue de façon spectaculaire en France en 1996. C’est une chance à saisir pour mieux diffuser la langue et la culture françaises. Notre littérature, nos musées, notre goût pour le débat d’idées constituent des atouts considérables dont nous commençons à tirer parti sur les nouveaux réseaux de communication.

Le Méridional : Ce début d’année 1997 s’annonce difficile pour le Premier ministre et son gouvernement. Comment expliquez-vous le scepticisme des Français vis-à-vis de la politique menée par Jacques Chirac ?

Margie Sudre : Lorsqu’on demande à une population déçue par 14 ans de mauvaise gestion, de chômage et de déficits et qui ne croit plus en l’avenir de faire évoluer sa vie quotidienne, on ne peut pas faire l’unanimité. La peur du lendemain n’est pas l’amie de la réforme. C’est ce qui explique sans doute les mécontentements.

Le Méridional : Alain Juppé a réuni tous ses ministre mercredi soir pour fixer le cap des mois à venir. Quel fut son message essentiel ?

Margie Sudre : Le Premier ministre nous a demandé de poursuivre l’effort engagé il y a 18 mois. Des progrès essentiels ont été enregistrés. Mais il ne faut pas s’arrêter au milieu du gué.

Quand j’entends l’opposition, je me souviens dans quel état était le pays en 1983, après 18 mois seulement de gouvernement socialo-communiste.

Le Méridional : Vous êtes contesté depuis le mois dernier au sein du conseil régional de La Réunion dont vous êtes la présidente. Cette situation difficile ne remet-elle pas en cause votre légitimité ?

Margie Sudre : Ma légitimité à la tête du conseil régional de La Réunion, je la tiens du suffrage universel.

Quand à ma légitimité ministérielle, je la tiens de la confiance que m’accordent le Président de la République et le Premier ministre.