Texte intégral
Entretien avec le journal roumain « Adevarul » (Bucarest, 21 janvier 1997)
Q. : Le président Chirac vient de déclarer au correspondant du journal « Adevarul » que la France soutiendrait la Roumanie pour qu'elle soit admise, dès le début, dans l'OTAN et l'Union européenne. Qu'est-ce que Paris a en vue à ce sujet ?
R. : Votre question est double : elle porte à la fois sur l'Union européenne et sur l'OTAN.
En ce qui concerne l'Union européenne, le calendrier de son élargissement a été précisé au Conseil européen de Madrid en décembre 1995.
Mais je veux redire que le préalable incontournable à l'ouverture des négociations d'adhésion réside dans la réussite de la Conférence intergouvernementale (CIG) chargée de réformer les institutions de l'Union. Il est en effet vital que ces institutions puissent continuer à fonctionner avec plus de vingt membres, alors qu'elles ont été conçues à l'origine pour une Communauté européenne constituée de six États seulement. Nous devons donc procéder à une adaptation en profondeur du traité. C'est exactement ce qu'a indiqué en septembre dernier à Varsovie le président de la République, Jacques Chirac, comme il y a quelques jours à Budapest : l'Europe doit s'élargir, mais auparavant elle doit s'approfondir. Si tel n'était pas le cas, ce serait un marché de dupe : les nouveaux pays qui y adhéreraient rentreraient dans une Europe aux mécanismes grippés, qui ne fonctionne plus. Ce n'est pas votre intérêt, ni le nôtre.
La France fera tout pour que l'échéance fixée pour la réussite de la CIG (je dis bien la réussite et non seulement la conclusion), c'est-à-dire en juin 1997, soit respectée afin de ne pas retarder l'élargissement. La phase de négociation pourra ensuite s'ouvrir sur la base des avis de la Commission. La France plaide, au sein de l'Union, pour que les onze pays candidats aient les mêmes chances sur une même ligne de départ, et qu'ils s'intègrent dans un même processus d'élargissement qui sera lancé à la fin de 1997 ou au tout début de 1998.
La négociation proprement dite aura ensuite une durée variable selon les pays candidats, en fonction de leur état de préparation interne et de leur capacité à respecter les très nombreuses règles et disciplines de l'Union. Il est important que la Roumanie maintienne son effort de mobilisation pour être prête à négocier dans de bonnes conditions. La France veut l'y aider en mettant à sa disposition des experts français et en accueillant en formation des fonctionnaires roumains.
Cette assistance est d'autant plus légitime qu'il existe en Roumanie un réel attachement à la langue française. C'est un atout dans la perspective de l'adhésion : la langue française occupe en effet, dans l'Union, une place privilégiée que nous souhaitons bien évidemment préserver.
En ce qui concerne l'OTAN, le président de la République a souhaité, le 29 août dernier, qu'un sommet réunisse en 1997 l'Alliance et ses partenaires, afin d'inviter un certain nombre d'entre eux à négocier leur adhésion, d'établir avec les autres pays candidats ou désireux de renforcer les liens avec l'Alliance un partenariat spécifique et, enfin, de fixer, sous la forme d'actes solennels, les modalités d'une coopération renforcée avec la Russie et l'Ukraine.
Q. : Devrions-nous comprendre que la France ne concevra pas l'élargissement de l'OTAN sans que la Roumanie soit incluse dans la première vague ?
R. : La France estime que l'élargissement de l'Alliance est une question essentielle qui doit s'inscrire dans une approche globale de la nouvelle architecture européenne de sécurité, libérée des divisions issues de Yalta. Dans notre vision globale de l'architecture européenne de sécurité, quatre axes doivent, pour la France, parallèlement faire l'objet de progrès : la réforme des structures de l'OTAN afin d'y créer un véritable pilier européen de défense, l'élargissement de l'Alliance atlantique à l'Est, un partenariat spécifique avec la Russie et l'Ukraine, et enfin le renforcement de l'OSCE.
De ce point de vue, nous estimons que l'élargissement de l'OTAN ne doit en aucun cas créer de nouvelles lignes de fractures en Europe. Il faut en effet tenir compte des préoccupations de sécurité de tous les pays. Plus de sécurité pour les uns ne saurait se traduire par moins de sécurité pour les autres.
La France souhaite qu'à l'occasion du sommet de l'année 1997, la Roumanie figure parmi les pays invités à négocier leur adhésion. Au-delà des liens traditionnels qui lient nos deux pays, nous considérons que la Roumanie est un pays essentiel en termes stratégiques. Son adhésion rééquilibrerait un élargissement principalement orienté vers l'Est. Les efforts fournis par la Roumanie pour la démocratie, pour le respect des droits de l'homme et pour le règlement des contentieux avec ses voisins devront être pris en compte.
Q. : Qu'est-ce que la Roumanie devrait faire pour être invitée le 8 juillet au sommet de Madrid ?
R. : Comme je viens de vous le dire, la France soutient la Roumanie pour qu'elle figure parmi les pays invités à négocier leur adhésion. La Roumanie vient de faire preuve d'une grande maturité en matière de démocratie.
La Roumanie doit continuer à trouver des solutions aux contentieux avec ses voisins immédiats, afin d'être perçue comme un pays « source de stabilité » et non pas l'inverse.
Q. : Le 22 février le Président Chirac arrivera en Roumanie. Quels sont les principaux objectifs de cette visite ?
R. : Notre visite, avec mon collègue Xavier Emmanuelli, secrétaire d'État à l'Action humanitaire d'urgence, souligne les liens d'amitié et de coopération entre nos deux pays. Notre mission est en effet de préparer la venue très prochaine du Président Chirac. La visite du président de la République française en Roumanie sera la marque de nos relations bilatérales privilégiées, fondées en particulier sur la francophonie.
Cette visite sera l'occasion de faire le point entre nos deux pays de nos conceptions sur l'élargissement de l'Union européenne, sur la sécurité en Europe et notamment sur la réforme et l'élargissement de l'OTAN, sur nos relations économiques bilatérales et aussi sur la politique régionale. Nous savons que cette visite de Jacques Chirac quelques semaines après l'élection du président Constantinescu permettra de faire avancer les nombreux chantiers ouverts sur ces sujets.
Q. : Qu'est-ce qu'il y a à faire pour stimuler les relations économiques entre la Roumanie et la France ?
R. : La France est aujourd'hui le 4e partenaire commercial de la Roumanie, aussi bien pour les échanges de biens que de services. La France y est aussi le 4e investisseur.
Plusieurs grandes entreprises françaises y ont connu des succès, notamment dans le domaine des télécommunications. Je citerai Alcatel-CIT, présente en Roumanie depuis 1991 au travers de sa filiale Alcatel Network System Romania et dans le domaine de la téléphonie mobile. Mais aussi le consortium entre France Telecom Mobile International et Alcatel Roumanie. Cependant, si ce partenariat économique est réel, les contrats sont encore peu importants.
Le rythme des privatisations n'a en outre pas permis à un certain nombre de dossiers de se concrétiser malgré l'existence d'un cadre juridique libéral, renforcé par l'entrée en vigueur de la convention bilatérale de protection des investissements.
Voilà pourquoi, afin de dynamiser nos relations économiques, tant en matière commerciale que d'investissements, je lancerai mardi 21 janvier avec le ministre du Commerce et de l'Industrie roumain, M. Popescu-Taricieanu, à la demande de nos deux présidents, un groupe pour le partenariat économique. Ce groupe permettra d'essayer d'apporter des solutions aux questions économiques bilatérales en suspens, mais aussi de faire avancer un certain nombre de dossiers d'entreprises.
Conférence de presse (Bucarest, 21 janvier 1997)
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie beaucoup de votre présence et de votre attention, et je suis heureux de vous rencontrer presque à la fin de cette longue et intense journée de travail ici à Bucarest, entouré et accompagné par les deux ministres, le ministre d'État des Affaires étrangères, M. Séverin, et M. Herlea, ministre des Affaires européennes, que je connaissais déjà l'un et l'autre d'ailleurs. M. Séverin parce que je l'avais rencontré lorsqu'il a vu le président de la République française à Dublin, il y a quelques semaines, M. Herlea parce qu'il est venu me voir il y a quelques semaines à Paris.
Je suis ici, Mesdames et Messieurs, à la demande personnelle du président de la République française, M. Jacques Chirac, qui m'a demandé de préparer la visite officielle qu'il fera le mois prochain en Roumanie. Je suis aussi ici dans le cadre de la préparation de cette visite pour rencontrer les nouveaux dirigeants de la Roumanie et, naturellement, d'abord le président Constantinescu qui vient de me recevoir.
La Roumanie est à un moment très stratégique, très important de son histoire. Elle vient de donner à tous les pays européens la preuve, la démonstration, d'une formidable maturité politique en réalisant une alternance démocratique parfaitement claire.
La Roumanie prépare actuellement un certain nombre de rendez-vous et je suis venu à nouveau ici, à Bucarest, avant le Président Jacques Chirac pour dire au gouvernement roumain qu'il peut compter sur la France pour préparer sérieusement ce rendez-vous qui est naturellement le rendez-vous de l'adhésion à l'OTAN.
La France a répété qu'elle souhaitait que la Roumanie fasse partie de la toute première vague d'adhésion dans le cadre de l'élargissement de l'OTAN tel qu'il sera décidé, et dans les modalités qui seront précisées à Madrid au mois de juillet prochain.
Je suis venu aussi dire, pour un autre rendez-vous, la solidarité de la France, non seulement du gouvernement français, mais aussi du Parlement français, représenté par M. Christian Kert qui est président du groupe d'amitié à l'Assemblée nationale entre la Roumanie et la France.
J'étais accompagné aujourd'hui par des représentants du ministère des Finances français, du ministère de l'Industrie et également, vous le savez, avait lieu aujourd'hui la visite, en même temps que la mienne, du secrétaire d'État à l'Action humanitaire, M. Emmanuelli, à Bucarest.
Vous le voyez bien, affaires étrangères, finances et commerce, dimension sociale, vous avez là quelques-unes des dimensions de la future adhésion de la Roumanie à l'Union européenne. J'ai été très impressionné par la détermination du nouveau gouvernement de Bucarest sur le chemin de cette adhésion à l'Union européenne et nous allons aider très fortement, sur tous les plans que je viens d'évoquer et encore d'autres comme celui de la coopération policière, douanière, judiciaire, la Roumanie sur ce chemin. J'ai été très frappé, en même temps que cette détermination vers l'adhésion européenne, par l'esprit de grande responsabilité du gouvernement roumain, son souci de bien se préparer et d'adhérer à l'Union européenne selon les modalités qui ont été fixées par les Quinze, lorsque la Roumanie sera prête, sera bien préparée. En attendant, la France a souhaité avec ses partenaires que les onze pays candidats à l'adhésion soient bien sur la même ligne de départ, sur la même photographie, que nous commencions, ensemble et avec eux, tout le processus d'élargissement six mois après la réussite de la Conférence intergouvernementale. Cette conférence est actuellement en route, c'est une conférence difficile parce que l'objectif est ambitieux : il consiste à réformer en profondeur les institutions de l'Union européenne avant l'élargissement, de telle façon que les nouveaux adhérents, dont la Roumanie, n'adhèrent pas seulement à une zone de libre-échange mais aussi à une puissance politique, à une union politique. Nous avons donc le souci d'une vraie réforme pour réussir l'élargissement.
Donc, six mois après la réussite de cette conférence, nous engageons le processus d'élargissement avec les onze pays en même temps. Après quoi le rythme des négociations dépendra naturellement de l'état de préparation objective de chaque pays. Aucun de ces pays n'a d'ailleurs intérêt à précipiter, bousculer les étapes quand on sait l'exigence que signifie l'adhésion à l'Union européenne.
Dans le même temps, nous allons inviter ces pays à faire partie d'une conférence européenne politique, une sorte de conférence permanente qui nous permettra, en même temps que se déroulera la négociation d'adhésion, d'avoir avec eux un dialogue politique, notamment pour harmoniser ou pour corroborer nos politiques étrangères. C'est ce que j'appelle la question politique de l'élargissement. C'est une proposition qu'a faite le ministre français des Affaires étrangères et à laquelle nous tenons beaucoup.
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je voulais dire sur ces deux grands rendez-vous de l'adhésion à l'OTAN et de l'adhésion à l'Union européenne. Nous avons notamment beaucoup parlé aujourd'hui de coopération bilatérale et du souci qu'à la France, par la présence de ses entreprises, par des investissements, d'aider à la modernisation et au progrès économique et social de la Roumanie.
Voilà, je suis à votre disposition, comme les deux ministres qui sont à mes côtés, pour répondre à vos questions.
J'ai oublié de vous dire que j'avais également ce matin installé le groupe économique de travail avec le ministre du Commerce et de l'Industrie, M. Popescu-Tariceanu, comme tout à l'heure nous allons installer le groupe de travail bilatéral sur le plan social avec le ministre d'État, M. Anastasiu, et M. Emmanuelli.
Q. : (Sur l'entrée dans l'OTAN.)
R. : Mais la question n'est pas de favoriser des privilèges, la question est de voir si un pays est prêt. Nous pensons que la Roumanie présente toutes les conditions aujourd'hui pour adhérer à l'OTAN sur le plan de sa politique et de son État de droit. Je crois que tous les pays qui agissent au sein de l'OTAN doivent bien considérer la position stratégique de la Roumanie dans cet endroit de l'Europe et comme je viens de l'évoquer avec le président Constantinescu, comme il l'a dit lui-même à Varsovie, la zone de stabilité que tous les Européens ont intérêt à consolider, autour de la Roumanie et avec la Roumanie.
C'est la raison pour laquelle nous allons soutenir la demande de la Roumanie et nous souhaitons qu'elle fasse partie de la toute première vague d'adhésions au moment où sera enclenché l'élargissement de l'OTAN. Voilà ce que je peux dire sur ce sujet.
Q. : (Sur l'OTAN.)
R. : La France fait partie de l'OTAN, comme vous le savez madame, autant que d'autres. La France a bien sûr une amitié ancienne avec la Roumanie, mais la position de la Roumanie, sa position stratégique, son rôle et sa place dans cette zone où, on le voit bien, l'instabilité existe encore non loin d'ici, cette place et ce rôle intéressent tous les pays de l'OTAN, pas seulement la France. Donc nous avons une démarche, bien sûr, inspirée ou issue à l'origine de notre amitié ancienne avec la Roumanie, l'appartenance à la famille francophone, mais ce n'est pas le plus important pour nous. C'est une demande objective de la France, donc sur la base d'une démarche objective de la France. Je pense que tous les autres pays de l'OTAN devraient être attentifs.
Q. : (Sur la date de l'adhésion de la Roumanie à l'OTAN.)
R. : Écoutez, je ne sais pas où vous avez vu ces prédictions, ni qui les a faites. Je sais simplement que c'est à Madrid, au mois de juillet prochain, que seront mis sur la table l'ensemble des éléments de la rénovation de l'OTAN et les grands changements que la France souhaite, pour tenir compte de la nouvelle donne géopolitique en Europe, depuis la chute du Rideau de fer.
La question de l'élargissement n'est qu'un des éléments de cette rénovation de l'OTAN. Il y a la réforme propre à l'organisation de l'OTAN, vous le savez, la répartition des commandements, il y a l'émergence, et c'est une question liée à la première, d'une vraie identité européenne de défense. Nous poursuivons d'ailleurs ce souci de réforme à l'intérieur même des institutions européennes dans le cadre de la Conférence intergouvernementale puisque les choses sont liées.
Dans le traité lui-même de l'Union européenne, il faut que l'on exprime le rôle du Conseil européen et que l'on exprime aussi ce souci que nous avons de voir se rapprocher l'UEO de l'Union européenne. Donc, ces deux exercices sont parallèles et liés entre eux, s'agissant d'identité européenne de défense.
Il y a aussi le souci qu'a exprimé Jacques Chirac, à plusieurs reprises, que cette rénovation et cette réforme de l'OTAN ne se fassent pas dans un climat d'agressivité à l'égard de la Russie. Nous ne voulons pas voir se recréer une zone de fracture sur le continent européen, même si elle était déplacée. Donc, nous sommes soucieux qu'en même temps que cette rénovation se réalise, soit élaboré un partenariat particulier, d'une part avec la Russie, d'autre part avec l'Ukraine dont la Roumanie est très proche. Et c'est aussi pourquoi nous pensons que dans cette vaste réforme, avec tous ces éléments, la Roumanie a une place stratégique que lui donnent la géographie et la volonté de son gouvernement. Donc nous pensons objectivement que la Roumanie devrait faire partie de la toute première vague d'élargissement au moment des nouvelles adhésions à l'OTAN.
Q. : (Sur l'élargissement de l'Union européenne ?)
R. : Je me suis exprimé sur ce sujet tout à l'heure en exprimant notre souci que les onze pays candidats à l'adhésion à l'Union européenne soient placés sur la même ligne de départ au début du processus d'élargissement.
Donc nous tenons beaucoup à cette unité, à cette photographie où tout le monde sera avec nous dans le processus d'élargissement et la Roumanie avec tous les autres et avec nous.
Après quoi, le traité prévoit, et le Conseil européen l'a confirmé, que les négociations d'adhésion se dérouleront à un rythme différent selon les pays, en fonction de leur préparation objective.
Personne, parmi les onze pays candidats, n'a intérêt à prendre de raccourci ou à brûler les étapes, à bousculer les étapes, parce que l'adhésion à l'Union européenne, pour la Roumanie et pour les autres, c'est quelque chose de très exigeant et de très important, mais qui exige, en effet, des réformes à l'intérieur comme celles que vous menez. Il faut que l'opinion publique les comprenne bien, les accepte. Donc, cela demande du temps et certains pays, objectivement, ont eu moins de difficultés dans le passé peut-être, comme ceux que vous avez cités, et peut-être peuvent-ils voir leur adhésion dans un délai proche. Ce qui est important c'est que chaque pays adhère selon la même règle du jeu et lorsqu'il est bien préparé.
Q. : Inaudible.
R. : Si j'ai bien compris ce que disait le ministre d'État, ce qu'il a dit correspond exactement à l'expression de cette attitude déterminée et responsable que j'évoquais tout à l'heure, de la part du gouvernement roumain, déterminée et responsable : déterminée à rejoindre l'OTAN, à rejoindre l'Union et responsable sur la manière d'y parvenir.
Q. : Inaudible
R. : Je vous ai dit le souci qui était le nôtre en France, mais pas seulement le nôtre, que l'élargissement de l'OTAN, qui est légitime compte tenu de la nouvelle donne géopolitique en Europe, ne se réalise pas en créant une nouvelle ligne de fracture au sein du continent, ne se réalise pas non plus un climat d'agressivité à l'égard de la Russie. Je n'ai pas eu du tout le sentiment, au contraire, que le président Constantinescu et son gouvernement avaient une autre attitude. J'ai le sentiment que leur volonté de rejoindre l'OTAN, pour la sécurité de la Roumanie et pour la stabilité de cette région de l'Europe, ne s'accompagnait d'aucune sorte d'agressivité à l'égard de la Russie.
Voilà ce que je peux dire quant aux conditions d'adhésion à l'OTAN. C'est au Conseil atlantique, aux réunions, qui se dérouleront à partir du mois de juillet, de les préciser. Vous les connaîtrez à ce moment-là. Je vous ai dit, d'une part, que la position stratégique de la Roumanie dans cet endroit de l'Europe, qui est encore un endroit très instable, où il y a des risques d'instabilité, et la démonstration claire et vraie de maturité qu'a donné ce pays avec une alternance totalement démocratique, constituent deux atouts : un atout politique et un atout géostratégique si je puis dire, qui doivent être pris en compte de notre point de vue. Au moment où sera déterminée la liste des pays qui, les premiers, rejoindront l'OTAN avec l'élargissement.
Nous considérons que, sur la base objective de ces deux atouts dont dispose la Roumanie, ce pays, dans l'intérêt de la Roumanie mais aussi dans l'intérêt de l'OTAN, doit faire partie de cet élargissement.
Q. : Inaudible.
R. : Il y a exactement trois moyens pour aider la Roumanie : il y a les chemins de l'aide bilatérale, il y a les crédits européens et puis les crédits internationaux.
L'aide bilatérale, j'en ai beaucoup parlé aujourd'hui, nous allons la développer. Nous allons aider, sur le plan juridique, sur le plan de l'expertise, sur le plan technique, la Roumanie sur le chemin de préparation de l'adhésion à l’Union, nous avons des crédits de coopération sur le plan financier que gère notre ambassade. Nous avons des garanties apportées aux investisseurs français ici pour permettre aux entreprises de venir investir et travailler en Roumanie. Et ces formes d'action bilatérale seront développées à la fois sur la partie technique, l'expertise, l'accueil des stagiaires et puis la partie financière.
Il y a ensuite les crédits européens. J'ai observé que la Roumanie avait bénéficié normalement des crédits du programme Phare, c'est le programme de l'Union européenne destiné aux PECO, mais je crois que nous pouvons faire un effort pour mieux utiliser les crédits du programme Phare au profit de la Roumanie.
Donc nous allons aider la Roumanie à préparer correctement ces dossiers pour obtenir une pleine efficacité de ces crédits et puis nous soutiendrons également la Roumanie dans ses démarches de restructuration budgétaire et économique telles qu'elle les a engagées avec la Banque mondiale et avec le FMI.
Et la France, qui a un rôle et des places dans ces organismes financiers internationaux, aidera la Roumanie là où elle se trouve.
Je vous remercie beaucoup.