Texte intégral
C’est un grand plaisir pour moi d’ouvrir aux côtés de Madame Christine Chauvet, ce séminaire sur les financements en Afrique Subsaharienne.
Le choix de ce thème m’apparaît tout à fait judicieux au regard des efforts et des progrès accomplis sur le continent africain pour y attirer des capitaux privés et des investissements directs, facteurs essentiels d’une amélioration de la compétitivité des économies.
Je suis par ailleurs tout à fait sensible au choix de la date retenue pour la tenue de ce séminaire, un an jour pour jour après la réunion que j’avais présidée le 30 octobre 1995, pour présenter à des chefs d’entreprises et à des représentants du secteur privé la stratégie et le plan d’ensemble d la coopération française pour relancer l’investissement et le secteur privé en Afrique.
Ce séminaire me donne l’occasion de dresser un premier bilan et d’évoquer avec vous les efforts accomplis dans la mise en œuvre d’une politique ambitieuse et d’un dispositif de soutien au secteur privé au sein duquel le CFCE en collaboration avec le ministère de la coopération joue un rôle de premier plan.
1. – Que s’est-il passé depuis un an ?
1.1. La situation économique de l’Afrique Subsaharienne se présente sous une conjoncture favorable. Le continent a renoué globalement avec des taux de croissance positifs, près de 5 % en 1995 pour l’Afrique Subsaharienne et proches de 6 % pour les pays africains de la zone franc. Les perspectives de croissance économique du continent restent largement favorables et tablent sur le maintien d’une croissance de l’ordre de 6 % pour 1996 et 1997. L’inflation y est maintenant maîtrisée.
Pour les pays de la zone franc, après une hausse des prix de 40 % en 1994, effet du réajustement monétaire de janvier 1994, la hausse des prix a été ramenée en dessous de 15 % en 1995 et devrait se stabiliser autour de 5 % en 1996, ce qui préserve les gains de compétitivité engrangés après la dévaluation.
On a assisté également à une reprise des exportations, résultat d’une amélioration notable de la compétitivité des filières d’exportation et de la bonne tenue des cours des matières premières.
Par ailleurs, des efforts importants ont été réalisés par les États pour assainir les finances publiques, résorber les déficits et les arriérés et renouer avec les institutions multilatérales notamment le FMI et la Banque mondiale dont les aides financières à l’ajustement ont repris pour une majorité de pays.
Les États et les principaux bailleurs de fonds montrent un intérêt réel et croissant au développement du secteur privé. Les politiques économiques des États placent le développement du secteur privé au centre de leurs préoccupations et font une large place à l’établissement d’un cadre institutionnel et législatif favorable à l’investissement étranger direct. Les aides multilatérales (Union européenne, Banque mondiale, Nations unies) et bilatérales mènent dans la plupart des pays des projets d’appui direct au développement des entreprises.
Elles mettent en place également des lignes de crédit et des dispositifs financiers en faveur du financement de l’investissement qui couvrent largement la palette des besoins.
L’ensemble de ces facteurs créent des conditions propices pour que le secteur privé et les entreprises deviennent maintenant le principal moteur de la croissance économique.
1.2. Le plan de relance des investissements et du secteur privé en Afrique de la coopération française.
Comme je l’avais annoncé il y a un an dans ses grandes lignes, la coopération française a mis en place un programme spécifique axé sur la relance des investissements et du secteur privé en Afrique, mené selon une double approche qui consiste à :
- soutenir les politiques économiques des États, tout particulièrement dans l’objectif d’améliorer l’environnement des entreprises ;
- renforcer les dispositifs d’appui direct aux entreprises par l’amélioration des instruments existants notamment les instruments financiers du groupe de la CFD, et la mise en œuvre de nouveaux outils d’accompagnement des entreprises et des investisseurs, en particulier ceux des partenariats entre entreprises du Nord et du Sud et des co-investissements.
1.2.1. En matière d’amélioration de l’environnement des entreprises les actions du ministère de la coopération ont porté tout spécialement sur l’appui aux États dans la mise en œuvre des réformes structurelles (assainissement des finances publiques, amélioration du fonctionnement des services publics et de la gestion des infrastructures, libéralisation des économies et programmes de privatisation).
Elles ont porté aussi sur la mise en place d’un cadre juridique, institutionnel et économique incitatif et cohérent (harmonisation du droit des affaires, réformes fiscales et douanières, renforcement de la justice et de l’état de droit).
Dans chacune de ces actions, les préoccupations de la recherche d’une meilleure intégration régionale sont constantes afin de favoriser la cohérence d’ensemble et de stimuler les échanges au sein d’espaces économiques ouverts.
1.2.2. Le dispositif d’appui direct aux entreprises s’est également renforcé.
Avec la CFD
En premier lieu, c’est au travers du groupe de la CFD que ce dispositif d’appui est renforcé. En effet, de nouveaux instruments financiers ont été développés afin de mieux répondre aux besoins de financement du secteur privé :
- opérations de prêts à moyen et long terme aux entreprises, à côté des participations en fonds propres ;
- garantie accordée à des emprunts en franc CFA émis par les banques locales et les grandes entreprises ;
- accès via Proparco à différents fonds d’appuis ou de garantie (ARIA, GARI, F3P).
Les engagements financiers du groupe de la CFD en faveur du secteur privé sont en croissance constante. Ils ont atteint cette année pour la première fois la moitié de l’aide projet de groupe.
Outre le développement de nouveaux produits financiers mis en œuvre par la CFD et Proparco, l’action du ministère de la coopération s’est attachée à renforcer le système d’information des investisseurs sur les opportunités d’investissement en Afrique et à favoriser le rapprochement Nord-Sud d’entreprises de taille PME-PMI pour des montages de partenariats directs.
Avec le CFCE
L’action menée en collaboration entre le ministère de la coopération et le CFCE entre tout à fait dans ce cadre. Elle s’attache à mettre à disposition des investisseurs et des entreprises françaises un système d’information économique sur l’Afrique qui faisait jusque-là défaut : cadre législatif, réglementaire, fiscalité directe et douanière propres à chaque pays, connaissance des programmes et projets des différents organismes d’aide intéressant directement ou indirectement la vie des entreprises.
Ce système d’information, qui devra s’appuyer sur une exploitation système des différents sources d’information et leur mise en forme en temps réel par le CFCE, doit maintenant faire l’objet d’une diffusion bien ciblée et recourir aux moyens modernes de communication les plus accessibles (serveurs télématiques, accès à internet).
Avec Promex-PMA
Vis-à-vis des pays les moins avancés, le ministère de la coopération apporte son appui à l’agence Promex-PMA qui offre un service d’appui aux exportateurs de ces pays pour la recherche de débouchés, la connaissance des marchés ou des procédures d’exportations.
Avec les réseaux d’opérateurs spécialisés
Avec l’ADEPTA (association pour le développement des échanges technologiques et partenariat en agro-alimentaire), le département a établi une convention confiant à cet organisme, bien représentatif des différentes professions de l’agro-alimentaire, le soin d’accueillir, orienter et appuyer les promoteurs porteurs de projets dans ces secteurs. ADEPTA est également chargée d’accompagner des entreprises françaises du secteur désireuses de prospecter les marchés africains en vue d’investissements sur place.
En ce qui concerne les demandes émanant d’entreprises africaines de taille modeste, le réseau technologie et partenariat en agro-alimentaire – TPA (financé par le ministère) a vu ses missions réorientées vers la recherche de technologies adaptées (transformation des produits), peu coûteuses et facilement transposables dans les contextes africains. Le réseau TPA assure notamment une fonction de mise en relation directe des promoteurs avec les principaux centres techniques en France ou en Afrique.
Le ministère apporte également sa contribution aux côtés d’autres partenaires aux organismes régionaux de coopération décentralisée, qui se chargent d’accompagner des PME des régions françaises dans une démarche de compagnonnage industriel, avec des entreprises africaines de taille similaire.
Avec les organismes professionnels et consulaires
Le ministère appuie également les actions de coopération entre chambres de commerce et d’industrie à travers la CPCCAF (conférence permanente des compagnies consulaires africaines et françaises) qui les fédèrent ; ces actions permettent notamment aux CCI françaises d’apporter leur savoir-faire pour la réorganisation de leurs homologues africaines afin qu’elles deviennent de véritables structures représentatives du secteur privé local et s’organisent pour offrir des services essentiels aux entreprises.
Enfin, le ministère de la coopération apporte son soutien au réseau de l’entreprise en Afrique de l’Ouest, mis en place à l’initiative du club du Sahel et les institutions régionales pour favoriser le développement des échanges régionaux.
L’ensemble de ce dispositif est coordonné directement par le ministère de la coopération qui en assure la cohérence et associé directement au pilotage de ces actions les divers partenaires de l’aide française (DREE, commerce extérieur, CFD).
À travers le comité de concertation secteur privé, j’ai créé un cadre de rencontre qui associe des représentants des pouvoirs publics et du secteur privé dans une réflexion sur les modalités de notre coopération avec l’Afrique, et la place du secteur privé dans ce dispositif.
Ce comité de concertation avec le secteur privé, que je préside, s’est déjà réuni au mois de juin ; une nouvelle réunion est prévue fin novembre. Elle sera consacrée à l’examen des propositions et des conditions de mise en œuvre de certaines recommandations du rapport sur « une nouvelle politique de l’entreprise en Afrique Subsaharienne » de Monsieur le député Yves Marchand. Je suis heureux de saluer la présence aujourd’hui de M. le député Yves Marchand dans notre assemblée.
Enfin, comme vous le savez certainement, je veille à me faire accompagner par des hommes d’affaires dans certains de mes voyages aux fins de faciliter les contacts et les échanges avec nos partenaires des pays du Sud.
Quelles sont les perspectives pour l’investissement en Afrique ?
Maintenant les perspectives de croissance économique en Afrique sont de nouveau favorables, certains pays ont montré les signes d’une reprise vigoureuse et durable de l’activité économique.
Il me semble donc important que nous continuions à conjuguer nos efforts pour mieux faire connaître vis-à-vis des investisseurs le formidable potentiel que représente l’ensemble des pays africains ; un marché d’un milliard de personnes d’ici 20 ans, mais également un potentiel important de ressources humaines et de produits.
L’investissement direct est essentiel au développement d’économies modernes et compétitives, on l’a vu dans le cas des pays du Sud Est asiatique où l’afflux d’investissements étrangers a permis à ces pays d’atteindre le niveau de pays émergents.
La France, en phase avec les principaux bailleurs de fonds s’attache à tenir avec les responsables africains un langage de vérité sur ce que sont les atouts de leurs pays mais également sur les contraintes qu’il reste à lever. L’aide française tout comme celle des autres bailleurs de fonds est particulièrement présente auprès des États africains pour les aider à devenir plus efficaces et plus performants.
Je souhaite que ce séminaire sur les financements permette de mieux faire connaître toutes les possibilités qui s’offrent pour l’accompagner financier des investissements en Afrique.