Texte intégral
Monsieur le président,
Mesdames,
Messieurs,
C'est un honneur pour moi de participer au lancement de la troisième et dernière campagne de prévention de la mort subite du nourrisson.
La première de ces campagnes, lancée en octobre 1994, par mon prédécesseur, Philippe DOUSTE-BLAZY avait pour objectif de réduire la mortalité par mort subite du nourrisson d'au moins 30 % en un an en préconisant des recommandations permettant de limiter certains facteurs de risque incriminés dans la survenue de ces drames.
La position de couchage des nourrissons sur le ventre est un de ces facteurs, par le biais de l'hyperthermie, du confinement et de l'asphyxie qu'elle peut entraîner.
Des conseils sur la position de couchage du nourrisson, recommandant de le coucher sur le côté ou sur le dos, associés à des conseils de puériculture et de bon sens concernant le rythme de vie du nourrisson, son environnement, son alimentation, sa sécurité et sa santé, ont été consignés dans la plaquette intitulée « Conseils aux parents », à la rédaction de laquelle des membres de votre fédération ont activement participé. Pour permettre à tous les parents de disposer de ces recommandations susceptibles de diminuer la survenue de morts subites du nourrisson, cette plaquette a été diffusée dans les maternités et commentée aux parents lors du premier examen de l'enfant. Depuis, elle a été intégrée au dernier modèle du carnet de santé de l'enfant, sorti en mars 1995.
Simultanément, une lettre de sensibilisation a été adressée aux médecins libéraux, généralistes, pédiatres et gynécologues, aux chefs de services de pédiatrie, de réanimation infantile et de maternité, aux sages-femmes libérales, aux directeurs d'écoles de sages-femmes, d'infirmiers et de puéricultrices et aux médecins exerçant en protection maternelle et infantile. L'objectif était d'informer le plus rapidement possible l'ensemble des professionnels concernés sur la possibilité de réduire très nettement la mortalité par la diffusion de conseils simple aux parents.
Parallèlement, naître et vivre a lancé une campagne d'information grand public, avec notamment le tirage d'une affiche reprenant les conseils de puériculture, diffusée dans tous les lieux de passage de la petite enfance. Elle a, d'autre part, avec l'aide de l'association des assureurs pour la prévention en matière de santé, mis en place la distribution d'une plaquette sur la mort subite du nourrisson destiné aux parents, mise à disposition dans les pharmacies.
Cette première campagne a été largement reprise par la presse.
Le forum de Naître et Vivre, qui s'est tenu à la fin du mois de septembre 1995, a été l'occasion du lancement de la deuxième campagne de prévention et surtout d'un grand espoir. Le nombre de morts subites du nourrisson avait en effet diminué. Les professionnels, en particulier les responsables des centres régionaux de référence pour la mort subite du nourrisson, ainsi que les médecins des hôpitaux accueillant les enfants décédés, et les chiffres du service médical des causes de décès de I'INSERM en ont alors témoigné. En 1994, alors que la campagne n'avait débuté qu'à l'automne, 880 décès par mort subite du nourrisson était enregistrés alors que ce nombre s'élevait à 1133 en 1993.
Maintenant que nous disposons des chiffres de décès pour l'année 1995, nous savons que notre espoir était fondé. L'objectif fixe en octobre 1994 est atteint, et même largement dépassé. 537 décès par mort subite du nourrisson ont été enregistrés en 1995 par l'INSERM, dans les statistiques provisoires, soit une baisse d’un peu plus de 50 % par rapport à 1993.
C'est donc avec la force des résultats obtenus que doit être lancée, pour la troisième année consécutive, cette campagne de prévention de la mort subite du nourrisson. Cette campagne apparaît – je tiens à le souligner – en tous points exemplaire :
– par sa durée ;
– par ces cibles : les parents comme les professionnels ont été destinataires des messages ;
– par ses acteurs : professionnels médicaux et paramédicaux en contact avec les petits enfants, pharmaciens, parents des associations, tous ont contribué à la diffusion des messages ;
– par ses partenaires : les organismes publics et privés ont travaillé en étroite collaboration.
Je ne saurais conclure sans élargir quelque peu mon propos initial à ce qui constitue, pour la conférence nationale de santé et pour moi-même, une véritable priorité de santé publique. Je veux parler de l'éducation à la santé. L'éducation à la santé constitue l’un des leviers essentiels de la prévention et de la promotion de la santé. Lors de mon discours sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale devant l'Assemblée nationale, j'ai largement insisté sur le rôle considérable que doit jouer l'éducation à la santé dans la politique que je compte mener. Certes, comme je l'ai alors indiqué devant les parlementaires, nous savons que l'éducation à. la santé est une action dont l'évaluation est bien souvent difficile, dont les résultats s'inscrivent dans le moyen ou long terme et dont la réussite repose sur l'effort coordonné de multiples acteurs. Mais nous disposons d'exemples qui en démontrent le succès indéniable. Les succès de la campagne de prévention de la mort subite du nourrisson en sont une belle illustration.
C'est pourquoi je tiens à remercier Maître Vincent CANU, en sa qualité de président de Naître et Vivre. Merci, Monsieur le président, pour l'énergie dont a fait preuve votre fédération. Ce combat visant à faire reculer la mort subite du nourrisson est une véritable entreprise d'éducation à la santé et de prévention.
Notre espoir doit être à la mesure de noire volonté commune. Je ne doute pas que l'approfondissement de nos connaissances sur cette affection nous permettra de terrasser définitivement ce mal.