Article de M. Jean-François Mancel, secrétaire général du RPR, dans "Le Figaro" du 18 février 1997, sur la polémique autour du projet de loi Debré sur l'immigration clandestine, intitulé "L'émotion et la raison".

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En quelques jours, la France vient de vivre une brusque poussée de fièvre intellectuelle et politique, dont elle est si friande.

Curieux moment, en effet, que celui où des dizaines de cinéastes et écrivains se mobilisent médiatiquement contre un projet de loi qui n'a pour objet que de renforcer la capacité de l'État à faire respecter la loi de la République.

Est-il si révoltant de demander à toute personne qui héberge un étranger, bénéficiant d'un certificat d'hébergement d'une durée déterminée délivré par le maire, de déclarer à ce dernier la date du départ de son hôte ?

Qui peut sérieusement affirmer que cette mesure de simple bon sens est attentatoire aux droits de l'homme ?

Le projet de loi Debré les respecte, et l'émotion compréhensible des artistes ne peut en aucun cas guider le vote des parlementaires, qui obéit à la raison et vise justement à bien intégrer les étrangers.

Comment, en effet, ne pas comprendre que l'immigration clandestine – dont aujourd'hui la source principale est le détournement de la procédure des certificats d'hébergement mise en place d'ailleurs par Robert Badinter en 1982 – est l'obstacle majeur à l'intégration réussie des étrangers en situation régulière.

La règle de droit

En laissant entrer dans notre pays et en régularisant souvent la situation d'un grand nombre d'étrangers clandestins, les gouvernements socialistes ont une écrasante responsabilité dans le malaise des banlieues et la montée du Front national.

L'histoire tragique de l'entre-deux-guerres démontre que racisme et fascisme se propagent quand l'État n'est pas respecté, quand la règle de droit n'est plus appliquée, quand les plus faibles ne sont plus entendus.

En confondant l'immigré clandestin, nouvel esclave des temps modernes, et l'étranger en règle, nos artistes – dont la sincérité est évidente – doivent prendre conscience qu'ils servent par ricochet le Front national qui, justement, ne distingue pas les deux catégories, pour mieux rejeter tous les étrangers.

Le projet de loi du gouvernement d'Alain Juppé vise une fois de plus à redonner à l'État républicain sa crédibilité, afin d'atteindre l'objectif salutaire pour la France d'une immigration illégale zéro.

C'est la seule voie possible pour éviter à notre pays d'entrer dans le cercle vicieux de l'anathème et de la haine. Après avoir connu ces jours-ci la passion, mobilisons-nous pour que l'emporte à nouveau la raison.