Interviews de M. Philippe Douste-Blazy, ministre de la culture, dans "Le Figaro" du 20 novembre 1996 et à RMC le 10 décembre 1996, sur la politique du gouvernement et ses relations avec la majorité, sur le combat contre le Front national et le clivage droite gauche, et sur les objectifs de la politique culturelle notamment dans les banlieues.

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Le Figaro - 20 novembre 1996

Le Figaro : Vous êtes le premier ministre de la Culture du septennat. Après Malraux et Jack Lang, qui l’un et l’autre entretenaient des relations privilégiées avec le président de la République, cela ne doit pas être facile…

Philippe Douste-Blazy : Il n’est pas indispensable d’être l’ami intime, ou le compagnon de route du président de la République pour exister. J’ai très souvent l’occasion de parler au président de la République de mes projets concrets. Bien sûr, il existe un rapport très étroit entre le président de la République et son ministre de la Culture, puisqu’il s’agit d’un poste éminemment politique.

Le Figaro : Comment considérez-vous votre rôle ? Comme celui d’un interprète, d’un aiguillon ?

Philippe Douste-Blazy : Être ministre de la Culture, c’est se battre contre les fausses évidences de notre société moderne. C’est à lui de dépasser les aspects trop techniques ou trop matérialistes de la politique gouvernementale.

Le Figaro : Le fait qu’un centriste soit chargé de mettre en œuvre la politique culturelle d’un président gaulliste, cela ne présente pas de difficultés ?

Philippe Douste-Blazy : Il y a des précédents. Jacques Duhamel a été le ministre centriste d’un président gaulliste, je ne pense pas que cela ait mal marché. Aujourd’hui, il n’y a pas l’ombre d’une différence entre les choix présidentiels et les miens. Une grande complicité nous unit.

Le Figaro : Comment cette complicité se traduit-elle politiquement ?

Philippe Douste-Blazy : Elle se répercute dans la politique culturelle que nous menons. Pour la première fois, le budget de la Culture sera consacré pour les deux tiers à la province et pour un tiers à Paris.

Le Figaro : Avez-vous le sentiment que l’idée d’une refondation de la politique culturelle est passée dans l’opinion publique ?

Philippe Douste-Blazy : Si vous aviez posé la question aux Français un an après le ministère d’André Malraux ou celui de Jack Lang, j’ignore s’ils auraient perçu une inflexion de la politique culturelle ! La durée, dans un ministère comme celui-là, est absolument déterminante.

Le Figaro : Dans le jeu politique actuel, pourquoi les attaques les plus virulentes contre le pouvoir viennent-elles de la majorité ?

Philippe Douste-Blazy : Je vous avoue que je ne comprends pas. Qu’il n’y ait pas d’unanimisme dans les familles, ce n’est pas un problème. Mais que, lorsqu’on a quelque chose à dire, on le fasse en public, me paraît tout à fait anormal. Si on souhaite s’exprimer, ne peut-on s’entretenir directement avec le président de la République ou avec le premier ministre ? Je pense qu’on ne fait qu’accroître le désarroi des Français en prenant publiquement la parole, à coup de phrases beaucoup plus destructives que constructives. Il y a des règles de vie en société comme en famille, et en famille comme dans sa famille politique.

Le Figaro : Pensez-vous que la méthode choisie par le gouvernement pour expliquer sa politique aux Français soit la plus pertinente ?

Philippe Douste-Blazy : Au cours des dernières années, personne n’a osé engager de réformes de structures dans ce pays, par peur des élections. Si chaque fois qu’un premier ministre arrive, il a peur des élections, la France ne s’en sortira pas. Cette fois, nous avons un premier ministre qui a décidé d’aller de l’avant. Peut-être le gouvernement pourrait-il mieux faire sur le plan de la communication, c’est vrai. Mais le problème est difficile à régler parce que la société elle-même est si fragmentée, si coupée en mille morceaux qu’un discours « global » a du mal à passer, quel qu’il soit.

Le Figaro : Avez-vous le sentiment que la société veut tout et son contraire ?

Philippe Douste-Blazy : Je m’aperçois que les habitants de ma commune me disent parfois qu’il faut beaucoup plus d’enseignants et beaucoup plus de policiers. Dans le même temps, on m’écrit pour me demander moins de fonctionnaires. Comment concilier les deux demandes ? Sortons de ce carcan abominable, ayons une ambition nationale ! Ce n’est pas au seul Front National d’avoir une ambition nationale, c’est à nous ! Mais, pour cela, il faut avoir des ambitions communes et passer ensemble le cap difficile.

Le Figaro : Dans les critiques qui viennent de la majorité, est-ce plutôt l’homme premier ministre qui est visé ou sa politique ?

Philippe Douste-Blazy : Je ne vois aujourd’hui aucun responsable de parti politique proposer une politique différente de celle menée par Alain Juppé. Si l’on regarde ce qui se passe un peu partout en Europe, on s’aperçoit que tous les pays veulent réduire leur déficit public, introduire plus de flexibilité dans le travail, limiter les dépenses relatives à la protection sociale… Il n’y a pas trois manières de faire de la politique aujourd’hui. Personne ne peut donc aller contre cette politique.

Le Figaro : Donc, si ce n’est pas sa politique, c’est l’homme qu’on attaque…

Philippe Douste-Blazy : Oui, encore que dès l’instant où les résultats arriveront, vous aurez un effet boomerang…

Le Figaro : Que pensez-vous du projet économique présenté par le Parti socialiste ?

Philippe Douste-Blazy : D’une certaine manière, ce remake de 1981 est une bonne chose. À nouveau, il y a une droite et une gauche. Nous avons d’un côté des hommes qui veulent remettre la France debout par des réformes de structures, et d’autres qui veulent continuer à faire croire qu’on peut créer 700 000 emplois, complètement fictifs ! En fait, derrière le débat droite-gauche, il y a le vieux débat entre conservateurs et progressistes. 35 heures payées 39, on voit très bien où se situe le conservatisme ! Le conservatisme est du côté de la gauche. Pour la première fois depuis très longtemps, la droite est novatrice. La gauche, elle, campe sur ses positions.

Le Figaro : Et si la France était plus conservatrice que rénovatrice ?

Philippe Douste-Blazy : C’est toute la difficulté. Peut-être le peuple est-il conservateur, mais en même temps je ne connais pas de peuple qui n’ait pas envie de grandir. Or la seule manière de faire grandir un peuple, c’est de le faire avancer dans la civilisation actuelle. C’est se battre pour l’Europe, avoir de vrais projets politiques, se battre pour réduire le nombre des personnes au chômage, essayer de diminuer les abus. Dans ma ville, j’en vois qui additionnent subventions ou allocations et qui finissent par gagner plus que ceux qui travaillent, et je vois aussi à quoi ce genre d’abus aboutit : à l’extrémisme. L’extrémisme s’est nourri de l’absence de vrai débat entre la droite et la gauche, comme il s’est nourri d’un certain laxisme. Maintenant que nous savons ce que veut le Parti socialiste, un vrai débat peut se réinstaurer. Tant mieux.

Le Figaro : Vous parlez de l’extrémisme et de la nouvelle ligne de fracture droite-gauche. Où se situe la ligne jaune pour la majorité ?

Philippe Douste-Blazy : Dans les villes gagnées par le Front national c’est évidemment le domaine culturel qui est immédiatement pris en ligne de mire : je me bats à Toulon contre ce même Front national qui veut purement et simplement faire disparaître Châteauvallon, qui s’oppose aux libraires de sa ville rendant hommage à Marek Halter. Je serai d’ailleurs aux côtés de ces libraires et de ces éditeurs le vendredi 22 novembre à Toulon même. De notre part, il convient de définir où se situe la ligne jaune. C’est essentiel afin de pouvoir bien expliquer que, même si nous rencontrons des difficultés aujourd’hui, même si nous faisons des réformes de structure impopulaires, nous n’avons pas en face de nous un parti mais bien une idéologie. Étape après étape, à partir de petites phrases, de soudaines prises de position, de provocations, l’idéologie FN se met en place. Or les gens ne se rendent pas toujours compte qu’il s’agit d’une idéologie, avec les dangers que cela implique.

Le Figaro : Concrètement, quel langage peu tenir la majorité ?

Philippe Douste-Blazy : Il faut expliquer sans relâche que, si le gouvernement prend des décisions forcément impopulaires, c’est pour le pays qu’il le fait. C’est justement parce que nous sommes patriotes, et parce que nous n’avons pas de leçons de patriotisme à recevoir de qui que ce soit, que nous remettons la France sur pied. Ce n’est certainement pas en disant que le Front national pose de bonnes questions que nous le combattrons efficacement… Nous ne devons pas hésiter à dire que nous sommes aussi intéressés que le Front national par la question de l’immigration clandestine. Je le dis et pourtant je suis centriste ! De même, comme le Front national, je suis attentif aux problèmes d’insécurité, je revendique bien haut le drapeau bleu, blanc, rouge, et je suis patriote. Même chose pour la défense du patrimoine national, comme en témoigne le projet qui vise à protéger le patrimoine local que je défends après Jacques Toubon. L’histoire de ce pays, celui des droits de l’homme, c’est un combat qui est le mien, je me bats pour mon pays. Ce n’est pas parce que je suis européen que je lâche la France. Le FN n’a pas le monopole de la France.

 

RMC - mardi 10 décembre 1996

P. Lapousterle : Vous être membre du gouvernement, « soutenu » par une majorité divisée en plusieurs courants, éparpillée, et qui passe son temps en même temps à dire qu’il faudrait s’unir pour gagner. Est-ce que cela peut durer ?

P. Douste-Blazy : Une majorité unie gagne ; une majorité désunie, donc fragilisée, peut en effet prendre des risques pour les élections législatives. Je trouve que les Français souhaitent que le petit jeu politicien s’arrête. Je comprends qu’une majorité aussi importante que celle-là puisse être diverse. Elle n’a pas à être caporalisée, elle n’a pas à dire oui ou non de manière globale. Mais si nous sommes désunis, comme en 1981, nous perdrons. Je crois qu’il faut que cela s’arrête, il faut siffler la fin de la récréation.

P. Lapousterle : De ce point de vue-là, le président de la République a décidé de parler après-demain. Est-ce que vous pensez que son intervention était urgente ?

P. Douste-Blazy : D’abord, il faut dire que le président de la République, durant la Ve République, parle régulièrement. Donc, il ne faut pas solenniser spécialement cette prise de parole. Je dirais qu’il y a deux intérêts…

P. Lapousterle : Enfin, il n’avait pas parlé depuis le 14 juillet quand même.

P. Douste-Blazy : Oui, depuis le 14 juillet, donc le moment était venu. Il y a deux intérêts : un intérêt pédagogique et un intérêt politique. L’intérêt pédagogique, c’est qu’il y a manifestement en France les anciens et les modernes, ceux qui veulent réformer et ceux qui veulent que rien ne bouge. Or, ce gouvernement réforme, cette majorité même, depuis qu’elle a été élue à l’Assemblée nationale, réforme. On a même ouvert beaucoup de chantiers.

P. Lapousterle : Trop, peut-être ?

P. Douste-Blazy : Non, je crois qu’on n’ouvre jamais trop de chantiers parce qu’il s’agit de préparer la France aux grands enjeux de demain : l’armée, l’enseignement supérieur, l’assurance maladie, la réforme fiscale et d’autres réformes. Or, chaque fois que l’on réforme, bien évidemment on est impopulaire mais on est impopulaire de façon transitoire parce que les résultats commencent à arriver. Regardez le dernier mois en termes de chômage. Et en même temps, vous avez en face de vous des conservatismes, des corporatismes. Le Parti socialiste ressort des propositions de 1981 : travailler 35 heures payées 39. Donc il faut expliquer, il faut faire de la pédagogie, c’est ce que fera le président de la République. Il y a en même temps un intérêt politique, c’est le président de la République qui doit donner un sens à la politique menée par le gouvernement. En gros, ce qui est fait doit être expliqué et ce qui est expliqué doit être fait.

P. Lapousterle : Vous pensez que la désaffection actuelle des gens qui ont voté pour la majorité il y a un an et demi est provisoire ?

P. Douste-Blazy : Elle est obligatoirement provisoire car le gouvernement est exactement au milieu du gué. Il a réformé – il y a très longtemps que l’on attendait des réformes comme celles-là, les résultats ne sont pas encore là car, entre le début d’une réforme, le moment où elle se met en route et le moment où vous avez les résultats, vous avez au moins deux ans, parfois deux ans et demi.

P. Lapousterle : On ne leur avait pas dit cela. Ils pensaient que cela allait venir plus vite.

P. Douste-Blazy : Oui, mais en politique, il faut quand même savoir qu’il y a toujours un temps de latence entre l’action et le résultat. Les résultats vont arriver. Dès l’instant où les résultats arrivent, vous verrez qu’il y aura un rebond dans la vie politique française, avec une majorité qui sera évidemment crédible.

P. Lapousterle : Un mot sur les interlocuteurs qui seront ceux du président de la République jeudi soir. Il n’y a pas de journaliste spécialisé dans les questions politiques, pas de journaliste du service public et pas de presse écrite. C’est un choix que vous appréciez, que vous trouvez intéressant ?

P. Douste-Blazy : Je n’ai pas, d’abord, à juger ce choix. Ce que je dirais, c’est qu’aujourd’hui, on se rend bien compte, dans la société, que la transformation même de cette société est tellement importante pour nos concitoyens que, uniquement parler des problèmes politiques, politiciens, que des problèmes de partis politiques, cela finit par donner l’impression à nos concitoyens que les hommes politiques font un petit peu leur cuisine entre eux, entre les journalistes politiques et les hommes politiques. Il faut ouvrir le débat, il faut être près de la vie quotidienne des personnes. Et là, lorsque je vois ceux qui ont été choisis, je crois qu’ils connaissent la vie quotidienne des personnes, en particulier des jeunes. Ce sera important, et je crois qu’on en parlera beaucoup jeudi.

P. Lapousterle : Les rues de Paris seront peuplées de manifestations des 40 000 intermittents du spectacle qui sont opposés au patronat à propos de la protection contre le chômage. Vous allez voir M. Gandois, je crois, aujourd’hui ?

P. Douste-Blazy : Oui, tout à l’heure.

P. Lapousterle : Qu’est-ce que vous allez lui dire ? Est-ce que le gouvernement et vous-même pensez que les artistes doivent être soumis au régime commun ou bien qu’il faut qu’ils conservent les spécificités qui sont les leurs ?

P. Douste-Blazy : D’abord, je vais dire avec grande force que nous sommes tous très attachés aux artistes. Ensuite, vous savez que le gouvernement, le ministère de la Culture n’a pas de pouvoir réglementaire vis-à-vis de cette situation. Il s’agit d’une discussion entre le CNPF, le patronat, et d’autre part les intermittents du spectacle. Cependant, je voudrais dire que les intermittents du spectacle, les artistes sont quand même évidemment spécifiques dans notre société. Pourquoi ? Parce qu’ils alternent des périodes de travail et des périodes de chômage. Les périodes de travail, il faut savoir qu’elles sont très courtes : elles peuvent aller d’un jour à trois ou quatre mois. On ne peut pas considérer les artistes comme les autres. Donc je souhaite qu’il y ait des négociations qui puissent commencer très rapidement et qu’en effet on reconnaisse des spécificités aux intermittents du spectacle.

P. Lapousterle : Et si le patronat demande, comme dans d’autres conflits, que le gouvernement mette à la poche pour aider au maintien de la spécificité : est-ce que le gouvernement a un peu d’argent pour financer quoi que ce soit ?

P. Douste-Blazy : Je souhaite d’abord que les négociations commencent, comme je viens de vous le dire et d’ailleurs je rencontre M. Gandois non pas pour négocier, comme je vous l’ai dit, mais pour lui dire combien je souhaite que nous défendions aussi les artistes.

P. Lapousterle : Vous n’avez pas beaucoup d’argent en ce moment. Votre budget a été sérieusement rogné ?

P. Douste-Blazy : Quand vous êtes dans un pays où il y a 300 milliards de déficit, que vous êtes dans un gouvernement qui éponge année après année, avec beaucoup de courage, les déficits, vous n’avez pas envie d’être celui qui va dépenser plus que les autres dans la troupe gouvernementale. Donc, j’aimerais avoir plus d’argent, bien sûr, comme tous les ministres, mais je pense aussi qu’aujourd’hui, être à la tête d’un pays comme celui-là, c’est diminuer les déficits budgétaires.

P. Lapousterle : Un mot sur le déficit budgétaire du service public. Au sénat, le sénateur Cluzel vous a un peu reproché d’avoir autorisé le service public à avoir des recettes publicitaires supplémentaires au détriment finalement de la presse écrite et de la presse audiovisuelle ?

P. Douste-Blazy : Je ne peux pas vous laisser dire cela. Le gouvernement a fait trois grandes priorités dans ce budget de la communication : d’abord continuer les aides pour la presse écrite – je viens d’abonder de 30 millions de francs les aides à la presse écrite. C’est important parce que la presse écrite est fragilisée aujourd’hui, et elle peut être rachetée par beaucoup de groupes étrangers. Donc, il faut l’aider. Deuxièmement, faire un grand pôle du service public basé sur la culture, l’éducation, le savoir : c’est le groupe Cinq-Arte, la fusion de La Cinq et de Arte. Et enfin, faire une grande chaîne de télévision extérieure. Enfin, je dirais que nous avons demandé des économies, c’est vrai, au service public, en particulier à France Télévision. Mais c’est peut-être aussi le moment de montrer que, dans un pays comme celui-là, on ne peut pas toujours dépenser plus mais qu’on peut dépenser mieux.

P. Lapousterle : Un mot sur la culture des jeunes dont vous parliez tout à l’heure et dont vous avez dit que ce serait un des grands sujets de l’émission de télévision avec le président de la République jeudi soir. Est-ce que la culture est disponible dans les banlieues, c’est-à-dire les endroits laissés en jachère par les services publics, par les partis politiques et par les entreprises privées ? Est-ce que la culture pénètre dans ces endroits où il y a 30 à 35 % de chômeurs ?

P. Douste-Blazy : La culture est un outil de lien social. Or, nous sommes aujourd’hui en retard dans ce pays, en ce qui concerne la diffusion de la culture. Retard en équipements : il y a beaucoup plus d’équipements à Paris qu’en province, beaucoup plus dans les centres villes que dans les banlieues, beaucoup plus dans les villes que dans les campagnes.

P. Lapousterle : Est-ce que cela va changer ?

P. Douste-Blazy : Depuis un an et demi, je fais tout pour que cela change. Deux tiers des investissements du ministère de la Culture sont faits dans la ruralité plus que dans les grandes villes, dans les villes de moins de 50 000 habitants que dans les villes de plus de 50 000 habitants, dans les banlieues plus que dans les centres villes. Or nous faisons aujourd’hui…

P. Lapousterle : Les résultats ?

P. Douste-Blazy : Nous avons investi une quarantaine des quartiers les plus difficiles de ce pays avec des femmes et des hommes de culture et nous nous sommes aperçus que les résultats au bout d’un an et demi sont formidables : que ce soit Paul Vecchiali à Mulhouse qui a écrit, réalisé et fait jouer un film par les jeunes de sa banlieue et cela a fini par un film que l’on a montré à Venise, que ce soit Christiane Véricel, chorégraphe qui a fait danser 200 à 300 adolescentes dans la banlieue de Lyon, je pourrais continuer comme cela. Il y a des résultats magnifiques, des spectacles qui vont se faire. Nous allons faire remonter tous ces spectacles les 10 et 11 février à La Villette où ce sera, je crois, la fête de ces jeunes.

P. Lapousterle : Vivement demain, alors ?

P. Douste-Blazy : Nous travaillons aujourd’hui et je crois au travail lorsqu’on est persuadé que la culture est au cœur d’une société comme celle d’aujourd’hui.