Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre de la culture, à Chateauvallon le 22 novembre 1996, et interview à TF1 le 22 novembre, sur la nécessité de mener un combat politique contre le Front national et l'idéologie de l'extrême droite dans le domaine culturel, et sur la lutte contre l'exclusion sociale.

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Circonstance : Hommage à l'écrivain Marek Halter dont la venue à la Fête du livre de la ville de Toulon avait été jugée inopportune par le maire à Châteauvallon le 22 novembre 1996

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Texte intégral

Allocution à Châteauvallon, le 21 novembre 1996

Mes chers amis,

Notre présence, ici et aujourd’hui, a valeur de symbole.

Symbole du combat, que nous livrons ensemble. Symbole de ce lieu, que nous défendons ensemble.  Symbole des valeurs, qui nous rassemblent.

Au-delà de nos différences, légitime et saines comme l’est l’esprit même de la démocratie, nous sommes, aujourd’hui, comme des hommes de bonne volonté, des témoins et des acteurs conscient de ce qui se joue, aux portes même de la ville de Toulon et pour tout notre pays.

Toulon, où je me trouvais il y a quelques instants, où nous nous trouvions ensemble, avec tous les écrivains qui ont accepté de m’accompagner, pour rencontrer les libraires qui ont préféré se retirer d’une Fête du livre, plutôt que de céder aux ordres du maire Front national.

Mais aussi pour s’associer, cher Marek HALTER, à l’hommage que Châteauvallon souhaite vous rendre et que ce maire, pour de honteuses raisons que nous connaissons tous, vous a refusé.

Nous sommes ici, à Châteauvallon. Mais l’hommage que nous voulons rendre s’adresse, aussi, à ces libraires courageux, menacés, offensés, insultés avec qui nous venons de passer quelques heures ; Ceux-là que le maire de Toulon appelle, dans le quotidien Présent – je le cite : « les libraires de la honte ». Ceux-là n’a pas réussi à faire plier. Ceux-là que j’appelle, moi, « les libraires de l’honneur ».

Ne nous y trompons pas. Ce qui se passe aujourd’hui n’est pas une péripétie. Ce n’est pas de l’ordre de l’incident. Cela ne saurait être minimisé, sans que soit banalisée et acceptée, du même coup, une offensive généralisée, organisée, minutieuse, pensée, du Front national contre la culture et ses acteurs.

Ce n’est pas un hasard, Mesdames et Messieurs, si cette offensive commence par l’écrit. Elle menace tous ses acteurs. Il fut un temps, pas si éloigné, où l’on brûlait les livres par autodafé. Les méthodes ont changé. Elles se veulent plus subtiles. Elles sont insidieuses et brutales à la fois. Le Front national veut des auteurs à la botte, des éditeurs aux ordres, des bibliothécaires instrumentalisés, des libraires soumis.

Nous sommes là aujourd’hui, parce que nous sommes conscients de cette violence à l’œuvre. Parce que nous savons, justement, que le livre et l’écrit concentrent le refus de cette violence-là.

Bibliothécaires d’Orange, libraires de Toulon, écrivains de partout, le Front national et sa presse stipendiée vous traînent dans la boue ; parce que vous résistez à sa dictature de la pensée.

A Toulon, on rejette un auteur. On essaye d’imposer, aux libraires, les livres et les journaux qu’ils auraient à présenter. On transforme une Fête du livre en une manifestation de propagande.

Le maire Front national – comble de l’ironie ! – se déclare je le cite : « … attaché à la liberté d’expression et à son vecteur principal : le livre ». S’il l’était vraiment, s’il l’est vraiment, pourquoi bloquerait-il, comme il le fait, le projet de la nouvelle bibliothèque de Toulon, au mépris des efforts déjà engagés par l’État ? S’il est attaché à la culture, pourquoi vient-il de supprimer le service éducatif du musée de Toulon ?

A Orange, chacun sait quelles ont été les pratiques du maire. Chacun sait qu’il a reculé, au moins tactiquement, parce que l’État a pris ses responsabilités ; parce que la communauté de l’écrit l’a suivi ; parce que l’opinion publique l’a relayé.

Partout en France, élus et militants du Front national enquêtent dans les bibliothèques, sous la forme de véritables inquisitions. Ici, la haine se fait industrieuse. Le rejet de l’autre, la volonté de s’imposer, le pouvoir sans partage s’avancent masqués, se parent ignoblement du titre de défenseur du pluralisme !

Le pluralisme, Mesdames et Messieurs, le Front national le dévoie pour le mettre à son service. Comme il dévoie toutes les valeurs. Et, d’abord, la valeur suprême : la démocratie. Le pluralisme que défend le Front national n’a pas plus à voir avec ce que peut être un pluralisme authentique, que la démocratie selon Jean-Marie LE PEN n’a à voir avec cette démocratie que nous exerçons et défendons, ensemble, aujourd’hui.

Pour le Front national, le pluralisme consiste seulement en une répartition politique et idéologique des collections : s’il y a des livres de gauche, il faut des livres de droite : s’il y a des livres d’extrême-gauche, il faut des livres d’extrême-droite ; s’il y a des livres antiracistes, il faut des livres racistes.

Sous l’aspect strictement formel de ce raisonnement, le Front national procède, en fait à la négation de toute valeur ou plutôt, il s’emploie à faire place aux pires contre-valeurs.

Pour le Front national, le pluralisme n’est qu’une question politique et idéologique. Les bibliothèques ne sont pas des lieux de culture, de savoir, ni même de loisirs, mais des instruments idéologiques et politiques !

Nous touchons là, nous le sentons tous, aux ressorts même de l’extrémisme.

Le premier geste que nous puissions faire contre l’extrémisme, c’est de nous défier de nous-même. La vraie ligne de partage est en chacun de nous. Que fait LE PEN, lorsqu’il déclare qu’il dit tout haut ce que chacun d’entre nous penserait tout bas ? Il nous invite à baisser la garde, à cesser de nous méfier d’une part de nous-même, de la part d’ombre de chaque individu, la part de la haine, du rejet, de l’exclusion.

L’éducation, comme la culture, commence par le refus de laisser remonter, à la surface, cette part là.

Lorsque je dis cela, j’adresse en même temps un message à tous ceux qui, comme moi, placent le combat contre l’extrémisme au premier rang des nécessités politique du temps.

Ce message est simple. En même temps qu’il faut dénoncer, sans relâche, l’extrémisme qu’il s’incarne dans un mouvement, dans un parti, dans une municipalité, il faut s’adresser à tous ceux qui, proches ou éloignés de nous politiquement, peuvent connaître des attitudes quelquefois comparables à celles que nous condamnons.
Le Front national systématise, concentre, condense l’extrémisme. C’est un abcès de fixation ; mais la fièvre est partout. N’est-ce pas la société toute entière qui est souvent sinon atteinte, du moins menacée, par l’extrémisme, c’est-à-dire l’accoutumance à la violence sociale, sous quelque forme qu’elle se manifeste ?

Et qu’est-ce que la violence sociale, sinon le renoncement au droit, à la démocratie, à la dignité de la personne humaine ? Qu’est-ce que la violence sociale, si ce n’est la négation même des principes de la République, c’est-à-dire en fin de compte de la République elle-même ?

L’extrémisme, c’est la rupture du contrat social. N’est-ce pas là le fond de la pensée d’un LE PEN, lorsqu’il invite, comme il l’a fait publiquement, ceux qui ne sont pas de son bord, à faire leur valise « avant qu’il ne soit trop tard » ? LE PEN, dont le Premier ministre, Alain JUPPE, a dénoncé de la façon la plus claire, le caractère « … viscéralement raciste, antisémite et xénophobe ».

Comment lutter contre l’extrémisme ? Si la lutte est, d’abord, politique, il faut se souvenir que la majorité parlementaire actuelle, derrière le Président de la République dont nous connaissons la constance et la détermination, a assumé toutes ses responsabilités. Sans concession. Qu’elle a obtenu des résultats.

Elle en obtiendra à Dreux et partout, quand le travail de terrain s’accomplira sans relâche. Non pas en chassant sur le terres du Front national, mais pour porter, partout et à tous, les valeurs qui sont les nôtres.

Pour refuser l’extrémisme, nous devons ouvrir la voie à un nouvel anti-racisme, concret, qui pourrait se définir comme une lutte contre toutes les formes de mise à l’écart, de traitement discriminatoire, de désocialisation.

Je crois qu’il faut passer de la lutte frontale, unique, contre l’exclusion au traitement social, culturel, nécessairement divers, des multiples situations d’exclusion.

La dérive des banlieues alimente une xénophobie rampante. Mais ce racisme touche et sépare ceux-là même qui en sont les premières victimes : les jeunes issus des communautés maghrébines et les jeunes issus des communautés africaines, par exemple.

Défions-nous de l’image négative des banlieues, retournée sur le mode de l’héroïsation. Ne faisons pas des exclus, des délinquants, des toxicomanes, les porteurs d’un mode glorieux de révolte : ce qui demeure, c’est l’appel à la haine et à la violence !

L’évolution de la vie, en banlieue, s’opère dans deux sens également dangereux : lepénisation des milieux populaires d’origine européenne, islamisation des jeunes issus de l’immigration d’origine maghrébine et africaine.

A ces deux mouvements, qu’opposer, sinon l’objectif de s’intégrer dans la société française – d’abord par la maîtrise de la langue – et, ensuite, l’effort de ne pas rester prisonnier de la seule intégration nationale. L’essentiel, pour l’individu, est de viser à devenir lui-même. A se construire comme singularité. A s’intégrer, par e contrat, dans la société.

Pourquoi la famille politique à laquelle j’appartiens fait-elle reculer le Front national ? Parce qu’elle entend restaurer le contrat social entre les individus, en appliquant la loi républicaine. Sans excès, mais sans concession.

Il en est de la politique comme de la littérature : on ne fait pas de la bonne politique avec de bons sentiments. Il existe, en démocratie, un cadre de conduite, une norme de l’action, un mode de comportements qui ne viennent pas d’en haut, mais auxquels la collectivité a librement consenti.

Je n’hésite pas à dire que l’action républicaine est la manifestation du contrat que les individus passent entre eux et que, par suite, lorsqu’il est respecté, l’extrémisme fléchit, car il tire sa force du recul de la loi dans les esprits et dans les actes.

Rétablir l’ordre républicain c’est, à la fois, faire respecter les lois contre le racisme et lutter contre l’immigration clandestine. C’est, à la fois faire respecter la liberté d’opinion et punir les appels à la haine, d’où qu’ils viennent, particulièrement la haine antisémite et xénophobe. C’est, à la fois, offrir aux jeunes des banlieues une véritable égalité des chances et réprimer les troubles à l’ordre public, qui y rendent la vie intenable.

Vous l’avez compris, dans ce domaine comme dans tous ceux que nous évoquons il s’agit, une fois de plus, de placer chacun en face de ses responsabilités.

Mesdames et Messieurs, la violence d’aujourd’hui est à la fois diffuse et généralisée. Nous l’avons vue, ces jours derniers. Cette situation sert le Front national. Il le sait. Il en joue.

La violence des autres légitime sa propre violence. Chaque fois que l’on attaque le Front national sur sa violence, il puise dans cette situation la ressource de renvoyer vers d’autres fauteurs de violence. Il se pose en victime ; il inverse les rôles ; il se renforce de cette confusion qu’entretient cette violence présente partout.

C’est à nous de ne pas tomber dans le piège de la confusion.

La violence incontrôlée de nos banlieue, nous devons tenter d’en venir à bout en déployant tous les moyens que nous, responsables publics, avons en mains et que nous mettons en œuvre : c’est la politique de la ville, c’est la politique de l’éducation c’est la politique culturelle. C’est la politique du gouvernement, sous la conduite du Premier ministre, Alain JUPPE.

La violence du Front national est une violence idéologique. Elle poursuit des buts politiques. Elle veut instaurer, en mélangeant le mépris de la démocratie et l’usage des institutions démocratiques, une forme sociale étrangère à la démocratie. Il faut lutter contre elle sur le terrain politique. Comme on lutte contre le pire des adversaires politiques.

Le combat contre le Front national, c’est un combat sans merci. C’est un combat sans répit. C’est un combat sans compromis.

Certes, la baisse du chômage fera reculer le Front national. Certes, le retour de la sécurité, dans nos rues, dans nos transports, qui est une affaire d’ordre public et dans laquelle la police joue un rôle indispensable, fera reculer le Front national.

Lutter sur ce plan est nécessaire. Mais lutter sur le plan des idées, sur le plan politique ne l’est pas moins, car nous avons affaire à un parti, à une faction, à des individus, qui seraient tout aussi racistes, antisémites, xénophobes, une fois la prospérité revenue.

Mesdames et Messieurs, cette lutte sur le plan des idées, cette lutte proprement politique, elle est notre tâche, notre mission première. En étant présent, ici, aujourd’hui, partout où il le faudra, demain, nous l’assumons ensemble.

 

TF1 - vendredi 22 novembre 1996

 

TF1 : On l’a vu le Front national s’en prend à la culture à la fois à Toulon mais aussi à Orange. Vous pensez que c’est particulièrement grave ? C’est ce qui justifie votre intervention et votre déplacement ?

P. Douste-Blazy : Il existe une offensive généralisée, pensée minutieusement, préparée, du Front national contre la culture. C’est vrai à Orange – vous venez de le dire – avec le maire qui remet en cause les Chorégies, c’est vrai à Orange avec la bibliothèque qui n’est plus pluraliste avec une véritable censure sur les livres. C’est vrai à Toulon avec le maire Front national qui remet en cause de deux manières la fête du livre : d’abord en voulant en faire de la propagande, en obligeant les libraires présents sur leurs stands à présenter et à vendre des journaux ou des livres d’extrême-droite. C’est vrai surtout – comme vous l’avez dit – en empêchant M. Halter d’avoir son hommage. Je crois qu’il ne faut pas que cela s’étende.

C’est la raison pour laquelle j’ai voulu aller personnellement à Toulon aujourd’hui, pour faire deux choses : d’abord affirmer ma solidarité, ma sympathie vis-à-vis des libraires, ne pas les traiter de "libraires de la honte" comme l’a fait le maire de Toulon, mais au contraire de "libraires de l’honneur" et puis voir comment on peut faire l’année prochaine un salon du livre en dehors de toutes pressions à Toulon. Je crois que la culture aujourd’hui est un enjeu politique majeur. C’est une source de réflexion, c’est l’histoire de notre identité, c’est une valeur de référence également, la culture, et puis c’est la seule capacité pour nous de nous projeter demain. Il y a deux manières de voir la culture : cette culture courage, celle d’A. Malraux, qui est la mienne, une culture universelle, ouverte sur le monde et puis une culture repliée sur elle-même, sur la défensive, c’est celle du Front national. Je la combats. Je crois que c’est vraiment un élément politique majeur.

TF1 : Alors concrètement comment est-ce qu’on combat le Front national politiquement. Est-ce que, par exemple, il faut faire que la majorité soit plus forte et plus unie ? Les Français s’interroge aujourd’hui.

P. Douste-Blazy : D’abord il faut expliquer qu’il y a une ligne jaune entre la droite qu’on appelle républicaine et puis le Front national qui est une véritable idéologie d’extrême-droite. Et puis surtout, c’est en expliquant que la France c’est aussi nous le drapeau bleu-blanc-rouge. Je le défends autant que les gens du Front national. Je suis aussi patriote qu’eux. Et lorsque je parle de fondations du patrimoine, lorsque je fais au ministère de la culture ce projet de loi, je pense aussi au pays. Il faut aussi faire des projets de loi sur l’immigration clandestine, il faut régler les problèmes d’insécurité, bien évidemment, mais il ne faut pas passer la ligne jaune vers l’extrême-droite. On l’a vu à Gardanne : à chaque fois que nous sommes sur le terrain, chaque fois que nous avons parlé véritablement des vrais sujets, le Front national ne monte pas.

TF1 : Est-ce qu’il ne faudrait pas prendre une initiative gouvernementale, donner un signe fort pour retrouver une sorte de confiance ? Je pense évidemment à un remaniement, à un changement à la tête du Gouvernement. Vous ne sentez pas une attente de la part des Français ?

P. Douste-Blazy : Vous savez, il y a deux sortes d’hommes politiques : il y a ceux qui font des réformes de structures, des réformes de fond et puis ceux qui ne font pas de réformes. Ce pays a joué la montre pendant trop longtemps : la montre des sondages, c’est-à-dire la montre de la popularité et la montre...

TF1 : Là, on se trouve devant des sondages éloquents.

P. Douste-Blazy : Justement et la montre des élections. Pendant trop longtemps, ce pays a joué la montre. Nous savions depuis très longtemps qu’il fallait faire des réformes de structures, sur la sécurité sociale – seule garantie pour la médecine pour tous – sur l’armée, sur la réforme fiscale, sur l’enseignement supérieur – et F. Bayrou y arrive dans la sérénité. Eh bien, on a un Premier ministre qui a décidé d’ouvrir tous ces chantiers, c’est vrai en même temps. Alors il y a un avantage : on prépare le pays aux grands enjeux de demain ; il y a un coût qui est l’impopularité transitoire. Je dis bien transitoire parce que dès que les résultats tangibles arriveront, la popularité reviendra et les premiers signes positifs sont là. On voit un record du commerce extérieur, on voit une inflation...

TF1 : Qui est en augmentation...

P. Douste-Blazy : Non, non on voit aujourd’hui une inflation jugulée pour longtemps et on voit surtout une croissance qui va être le double en 1997 qu’en 1996 avec – tout le monde le dit – une croissance à 3 % en 1998.

TF1 : Et toujours du chômage bien sûr.

P. Douste-Blazy : Oui, mais vous savez que le chômage et l’emploi sont directement fonction de la croissance. Alors on ne va pas arrêter un politique au milieu du gué comme cela, ce n’est pas possible.

TF1 : Qu’est-ce qui est encore actuel dans les valeurs défendues par Malraux ?

P. Douste-Blazy : Les grandes valeurs, pour moi, défendues par Malraux, ce sont des valeurs d’actualité : c’est la tolérance, la fraternité, le courage et peut-être, surtout, l’engagement. L’engagement, pour moi, c’est la facette la plus étonnante de Malraux. C’est un homme qui aura participé à tous les combats de ce siècle : l’anticolonialisme, la guerre d’Espagne, l’antifascisme, la résistance. Il aura créé, avec le général de Gaulle, le ministère de la culture. Il avait eu cette phrase merveilleuse, dès qu’il avait été ministre de la culture ; il a dit : "l’État n’est pas là pour diriger l’art, mais pour le servir." Je trouve ça extraordinaire.