Texte intégral
Déclaration de M. François BAYROU - 20 novembre 1996
1. Il est créé en Guyane un rectorat et une académie de plein exercice.
2. La situation de la scolarisation, notamment des jeunes enfants, impose la définition d'un plan de rattrapage. Ce plan devra permettre la scolarisation, sur deux rentrées, de tous les élèves de Guyane.
Cette mise à niveau impose, dans l'enseignement primaire, la construction, pendant la même période de plusieurs dizaines de classes élémentaires et préélémentaires (entre soixante et cent classes, selon les besoins à évaluer précisément). La situation financière des communes de Guyane oblige à mobiliser des moyens exceptionnels pour répondre à une situation exceptionnelle. L'État proposera la mise en place d'une structure spéciale, en concertation avec les collectivités locales, pour mener à bien ce plan de rattrapage exceptionnel. Le ministère de l'Éducation nationale mettra en place, au fur et à mesure de la construction des classes, les postes d'enseignement nécessaires.
Pour l'enseignement secondaire, des crédits exceptionnels, notamment en matière de sécurité, devront permettre la prise en charge des besoins les plus urgents des collèges et des lycées. Le recteur aura mission de définir ces besoins en concertation avec le département et la région de Guyane.
3. La première mission du nouveau recteur sera de définir avec l'ensemble des acteurs locaux, dans le cadre d'une politique globale de développement, une « Nouvelle politique d'éducation pour la Guyane ».
Cette nouvelle politique devra notamment prendre en compte :
L'évaluation des besoins en personnels pour la prise en compte des spécificités guyanaises. Un plan de mise à niveau sur quatre ans prendra en compte ces spécificités, notamment en ce qui concerne les personnels ATOS et les MISE. Une attention particulière devra être réservée dès la prochaine rentrée aux postes d'infirmières manquants.
Une politique adaptée de nomination et de titularisation sur les postes les plus difficiles, ou les plus isolés, en particulier les postes des fleuves, sera définie et mise en œuvre (elle permettra en particulier de traiter le problème des instituteurs suppléants). Cette politique devra s'accompagner de la définition des besoins en logements pour ces enseignants en situation exceptionnelle.
De nouvelles voies de formation et de nouvelles filières seront créées, aussi bien dans l'enseignement secondaire général et professionnel, que dans l'enseignement supérieur qui devront être en prise directe avec la réalité économique guyanaise, dans tous les secteurs d'activité où cette économie a besoin d'emplois formés.
La proposition d'options nouvelles, en cohérence avec les programmes nationaux, sera examinée pour que l'égalité des chances soit effective dans la préparation aux diplômes et aux poursuites d'études.
L'IUFM et la MAFPEN devront prendre en compte les besoins particuliers des enseignants et des étudiants guyanais.
Une réponse particulière devra être mise en place pour les élèves non francophones.
Une politique particulière de coopération et d'échanges avec les pays de la région et d'ouverture aux cultures latino-américaine sera définie.
4. Une évaluation annuelle, sous la responsabilité du recteur, permettra de vérifier la réalisation du plan de rattrapage et de la nouvelle politique d'éducation.
Communiqué FEN Guyane 21/11/96
L'Académie des Antilles et de la Guyane aura vécue ; l'Académie de la Guyane sera créée, avec un rectorat de plein exercice.
C'est une grande victoire, elle est celle des Guyanais.
La FEN Guyane rappelle que depuis plusieurs années elle porte constamment haut et fort la revendication d'un Rectorat de la Guyane. Elle a aussi exigé que plan de rattrapage et Rectorat de la Guyane soient liés. C'est une immense satisfaction aujourd'hui.
Le temps des responsabilités commence. Ce sera celui des efforts, celui de l'espoir aussi.
Le gouvernement devra tenir ses engagements. Il ne devra pas être à l'origine d'une grande désillusion ; il en porterait seul toute la responsabilité.
La cohésion et la solidarité de tous les acteurs Guyanais sera indispensable.
La première mission du Recteur de la Guyane sera la négociation du plan de rattrapage pour l'Éducation en Guyane. Le ministre en a indiqué les grandes directions, il appartiendra aux Guyanais d'en fixer les finalités et les objectifs pour en définir les axes fondamentaux. Il nous faudra le faire avec ambition et responsabilité. Si le quantitatif en sera un aspect incontournable, le qualitatif devra en être la ligne directrice majeure.
La FEN Guyane y prendra toute sa place, il en va de sa responsabilité. D'ores et déjà, l'idée que la politique de nomination sur les postes les plus difficiles permettra de traiter le problème des instituteurs suppléants, est inacceptable.
Si ce plan doit être celui de l'équité, il devra l'être pour tous.