Texte intégral
Les Français sont paradoxaux.
À entendre les protestations et polémiques que suscite la moindre annonce de changement, on pourrait les croire frileux et même conservateurs.
Et pourtant, depuis trente ans, ils ne cessent, en maugréant certes, de faire mieux que s’adapter aux bouleversements que nous impose la dynamique du système économique et social planétaire. Je ne prendrai qu’un seul exemple : le monde agricole. À entendre la rumeur, on croirait nos paysans perdus, désespérés.
Rien n’est plus faux. Ils ont réussi la plus belle des mutations, faisant de l’agroalimentaire français l’un des principaux atouts de notre économie, la deuxième de nos forces à l’exportation.
Une nouvelle génération d’agriculteurs, déterminée, au fait de toutes les nouveautés technologiques, est désormais aux commandes. Elle fait la fierté de Jacques Chirac et la nôtre. Et ce que je dis du secteur agricole est vrai des PME comme de la grande industrie dont les performances s’inscrivent en faux contre la morosité ambiante.
Fort de la certitude de cette efficacité réelle et quotidienne de beaucoup de nos compatriotes, le Gouvernement a pu mettre en place un programme de profondes réformes structurelles qui a touché tout à la fois la protection sociale, la défense nationale, l’éducation et l’université, les services publics et l’État lui-même. Le changement est sans précédent depuis la fin de la dernière guerre.
Cela dit, nous devons faire mieux encore car tout change autour de nous, de plus en plus fort et de plus en plus vite. C’est particulièrement vrai pour l’adaptation de nos services publics à la concurrence européenne et mondiale. En ce domaine, la recherche du point d’équilibre est délicate : entre notre volonté de maintenir le concept de service public à la française, avec ce qu’il implique d’égalité, de continuité, de qualité, et la nécessité de vivre dans un grand marché de liberté et de compétition, il nous faut trouver la juste mesure. Ce que nous avons fait dans cet esprit à France Télécom est, sans aucun doute, exemplaire.
Mais, on ne réforme pas pour le plaisir de réformer ou pour déstabiliser telle ou telle catégorie de nos concitoyens. On réforme pour éviter que des systèmes conçus il y a cinquante ans comme l’assurance maladie n’implosent, faute d’avoir été adaptés à un contexte qui a changé. Le gaspillage est devenu insupportable. Il l’est pour chaque foyer. Pourquoi ne le serait-il pas à l’échelle de l’État lui-même ?
Bref, les changements sont nécessaires et c’est notre devoir de les expliquer et de les faire admettre. C’est aussi notre fierté de conduire le pays à un moment clé de son histoire, au moment précisément où il a le plus besoin de conviction et de courage.