Extraits d'une déclaration de M. Robert Hue, secrétaire nationale du PCF, à Gisors le 8 février, publiés dans "L'Humanité" du 10 février 1997, sur l'action du PCF notamment en faveur de "l'intervention citoyenne" et pour l'organisation d'un référendum sur la monnaie unique.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Banquet organisé par les communistes de Gisors (Eure) le 8 février 1997

Média : L'Humanité

Texte intégral

Robert Hue : l’intervention citoyenne peut faire bouger les choses à gauche

Les communistes de Gisors organisaient samedi un grand banquet. Le secrétaire national du PCF y participait. À cette occasion, il a prononcé une allocution de portée nationale. Il a successivement évoqué les déclarations de Jacques Chirac et d’Alain Juppé sur la prétendue sortie du tunnel de l'économie française, la nécessité de l'intervention citoyenne dont les assises pour le changement en 1998 pourraient être un moment fort et la mutation du PCF.

Au cours d'un banquet organisé par les communistes de Gisors (Eure) samedi, le secrétaire national, Robert Hue, a notamment déclaré, faisant allusion aux déclarations de Jacques Chirac et d'Alain Juppé à propos d'une embellie qui annoncerait des jours meilleurs :

… Si vraiment la situation s'améliorait, si vraiment le ciel se dégageait, je serai l'un des premiers à me réjouir. Car soulager les souffrances si fortes qui existent dans les familles populaires est à mes yeux une priorité. Force m’est pourtant de constater que ce n'est ni ce qui se passe ni ce qui s'annonce. Car si le chiffre officiel du chômage a diminué ces derniers mois, la tendance sur un an est, malheureusement, à la hausse. Les licenciements continuent. La précarité explose. Et les inégalités se creusent. Ainsi, tandis que votre pouvoir d'achat stagne au régresse, les profits, les opérations financières, la spéculation en bourse flambent. Autrement dit, Alain Juppé veux tenter pour la énième fois de refaire à notre peuple le coup de l'embellie, du bout du tunnel. Car cela fait bientôt 20 ans que l'on vous invite à vous serrer la ceinture, à faire des sacrifices en vous promettant que demain cela ira mieux. Et ce que vous constatez pour le vivre quotidiennement, c'est que loin de s'améliorer, la situation qui vous est faite s'aggrave. C'est intolérable. (…) Les communistes sont aux côtés de celles et ceux qui n'en peuvent plus de toujours subir, qui agissent, qui luttent. Et c'est vrai ici dans votre ville - comme on le voit avec l'action contre le plan de suppression d'emplois envisagé par la société Atohaas -, dans votre département comme dans l'ensemble du pays. Oui, contre les mises en cause de droits acquis, pour arracher tout ce qui peut l’être à ce pouvoir, pour se rassembler dans le débat et l'action, vous pouvez compter sur les communistes. Si le pouvoir vous impose ainsi une brutale politique de super austérité, s'il taille à la hache dans les budgets publics et sociaux, s'il s'en prend avec acharnement au service public, c'est - vous le savez bien - parce qu'il veut plier notre pays à la loi des marchés financiers qu’expriment le traité de Maastricht et la marche à la monnaie unique au sein de l'Europe actuelle. Car, au-delà de l'aspect monétaire de la question, c'est un véritable séisme qu'on veut provoquer dans la société française, en la pliant à toute force à un modèle ultralibéral étranger à ses traditions et à son histoire. » (…)

Après avoir appelé ses auditeurs à signer la pétition pour un référendum sur le passage ou non à la monnaie unique que leur propose les communistes, Robert Hue a souligné l'importance de l'initiative prise par le PCF d'organiser dans tout le pays des assises pour le changement en 1998 :

« C'est ce que nous appelons une intervention citoyenne que nous voulons contribuer à développer avec cette initiative des assises. Elle est indispensable, me semble-t-il, pour au moins deux raisons. La première c'est que vous ne voulez pas voir la gauche recommencer ce qui a échoué hier. Il faut donc sortir des manières de faire anciennes. Il faut en finir avec les promesses électorales faites avant l'élection, et dont l'expérience montre qu'elles peuvent être abandonnées ensuite. Vous voulez que le changement réponde bien à vos aspirations. Il faut donc que vous les fassiez connaître. La seconde raison, qui rend ces assises pour le changement en 1998 indispensables à mes yeux, c'est qu'aujourd'hui des obstacles importants existent à gauche, entre les forces de progrès. Nous voulons travailler à les surmonter. Nous voulons une union nouvelle. Mais comment pourrions-nous y parvenir si vous restez spectateurs passifs des désaccords existants ? Il faut au contraire, avec l'intervention des citoyens - avec votre intervention - que vous contribuiez à faire bouger les choses au sein de la gauche. Afin que d’ici au scrutin de 1998 puisse se dégager une base d'engagements communs pris par les formations de gauche devant notre peuple et qui soit conforme aux exigences qu'il aura exprimées. »

En conclusion, le secrétaire national du PCF c'est adressé directement à chacun et chacune des participants :

« Vous le voyez, leur a-t-il dit, le Parti communiste Français est résolument à l'offensive. Pour contribuer aux luttes nécessaires face à la politique de la droite. Pour travailler à construire une perspective de vrai changement. Afin d'y parvenir nous avons décidé lors de notre congrès de faire effort sur nous-mêmes pour être toujours plus et toujours mieux utiles à notre peuple. Pour faire vivre notre identité de communistes d'aujourd'hui dans l'ouverture la plus large à la société, au dialogue et à l’apport des autres. C'est ce que nous appelons notre mutation. Et, nous le constatons, des hommes et des femmes disent leur intérêt pour ses efforts, jettent un regard nouveau sur notre parti. Je m'en réjouis. Et je les appelle à poursuivre librement cette réflexion. Par exemple, en poursuivant les dialogues engagés lors des rencontres publiques qu’organisent les communistes en ce début d'année. Par exemple encore, en débattant en toute franchise de ce que pourrait apporter à leurs propres aspirations, aux idées de changement et à la gauche dans son ensemble une audience plus forte de sa composante communiste. Du neuf que pourrait apporter à la vie politique française un parti communiste plus présent et plus actif sur le terrain, auprès des citoyens, parce qu'ils auraient choisi d'y apporter leur concours, leur imagination, leur expérience. C’est un appel, une invitation, en ce sens que je vais formuler pour conclure mon propos. En étant persuadé qu’il sera entendu. Et que du positif en sortira. Pour notre peuple. Et pour la France. »