Déclaration de M. Hervé Gaymard, secrétaire d'Etat à la santé et à la Sécurité sociale, sur le programme de prévention et de traitement de l'ostéoporose, Paris le 6 février 1997.

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Intervenant(s) : 
  • Hervé Gaymard - Secrétaire d'Etat à la santé et à la Sécurité sociale

Circonstance : Présentation du rapport d'expertise collective de l'INSERM sur l'ostéoporose, Paris le 6 février 1997.

Texte intégral

1° J’ai le plaisir aujourd’hui de vous présenter, en présence de Monsieur Claude Griscelli, directeur général de l’Inserm, le rapport d’expertise collective sur l’ostéoporose. Je laisserai dans quelques instants le soin à Monsieur Claude Griscelli de préciser le contenu de ce rapport dont le thème constitue un vrai problème de santé publique. Je veux profiter de la présence du directeur générale de l’Inserm pour le féliciter du travail accompli par le groupe d’experts qui a réalisé une excellente synthèse de l’ensemble des données actuelles existant sur cette maladie qui, je le rappelle, la maladie osseuse la plus répandue dans le monde.

2° Je tiens d’emblée à indiquer que le groupe pluridisciplinaire d’experts qui a réalisé l’étude a été réuni par l’Inserm à la demande du ministère chargé de la Santé.

Cette demande a été la conséquence d’un constat fait par les autorités sanitaires : celui de l’importance du problème de l’ostéoporose qui est une affection fréquente, qui s’accompagne d’une diminution de la qualité de la vie pour les personnes atteintes et qui peut être à l’origine de lourd handicap susceptible de déboucher sur une situation de dépendance.

Sur la base des données épidémiologiques actuelles, il est en effet estimé que l’ostéoporose touche environ 30 à 40 % des femmes ménopausées et qu’après 75 ans, plus de la moitié de la population féminine en est atteinte. Bien que restant pour l’essentiel une affection à dominante féminine, l’ostéoporose touche également les hommes au-delà de 75 ans. L’ampleur de cette pathologie devrait de plus croître dans les prochaines années du fait notamment de l’augmentation de l’espérance de vie.

Si la complication majeure de l’ostéoporose reste la fracture du col du fémur, d’autres types de fractures peuvent également être consécutives de cette fragilité osseuse liée à l’ostéoporose, notamment les fractures vertébrales qui peuvent être très invalidantes. À partir des projections démographiques, on peut estimer que le nombre de personnes victimes d’une fracture du col fémur devrait doubler d’ici 50 ans.

Par ailleurs, même si l’estimation du coût médical de l’ostéoporose est difficile, le coût hospitalier des fractures ostéoporotiques est évalué à environ 4 milliards de francs.

3° Après analyse critique de la littérature scientifique existant sur l’ostéoporose, le groupe d’experts a proposé une attitude différenciée pour chacune des périodes de la vie se traduisant par diverses recommandations en matière de prévention, de dépistage, de traitement et de recherche. Le directeur général de l’Inserm et les experts ici présents s’exprimeront largement sur ce sujet.

4° Ces recommandations nécessitent bien évidemment de procéder à un travail complémentaire afin de pourvoir les rendre réellement et pleinement opérationnelles. C’est pourquoi, dès mars 1997, un comité scientifique sera nommé afin d’étudier la faisabilité et de définir les modalités de mise en œuvre des recommandations émises par l’expertise collective. Je souhaite aboutir, au terme d’un délai de 6 mois nécessaire à la remise des conclusions de ce comité, au lancement d’un programme global de lutte contre l’ostéoporose.

D’ores et déjà je peux vous annoncer que le programme devrait s’articuler autour des principales recommandations de l’Inserm, à savoir :
    - évaluer les stratégies de dépistage chez les femmes de 60 ans ;
    - évaluer et comparer les stratégies de prévention (traitement hormonal substitutif, supplémentation en calcium et vitamine D) et de traitement (médicaments à visée spécifiquement osseuse comme les biphosphonates et les anti-œstrogènes) en termes d’efficacité, d’utilité et de coût ;
    - concevoir des programmes de formations et d’information en direction du grand public, du corps médical et des professionnels du secteur médico-social ;
    - promouvoir la recherche ;
    - mettre en place des outils d’évaluation du programme lui-même.

L’objectif premier de ce programme sera d’obtenir une réduction signification dans les prochaines années de la fréquence des fractures ostéoporotiques chez les personnes âgées.

5° Sans attendre les résultats des travaux de ce comité scientifique, il est possible d’avancer dans le domaine de l’information et de la formation des professionnels et du grand public.

Peuvent être mises en œuvre dès 1997 :
 des mesures destinées au grand public comme la diffusion de la brochure « avancez en âge en tout équilibre » auprès des personnes âgées ou encore l’élaboration d’un guide pratique sur l’hormonothérapie à l’intention des femmes abordant la période de la ménopause ;
 des mesures en direction du corps médical telles que la diffusion du guide pratique « prescrire et dispenser un médicament à une personne âgée » aux médecins généralistes et aux pharmaciens d’officine ou encore la diffusion au corps médical des établissement d’hébergement pour personnes âgées d’une note d’information relative aux effets préventifs sur l’ostéoporose sénile de l’association calcium-vitamine D ;
 des mesures en direction des professionnels du secteur médico-social telle que la diffusion d’une circulaire sur le thème « Prévention des conséquences de l’ostéoporose » aux responsables d’établissements d’hébergement pour personnes âgées.

6° Je vais à présent donner la parole à Monsieur Claude Griscelli afin qu’il vous informe beaucoup plus précisément que j’ai pu le faire sur l’ensemble des données contenues dans ce rapport qui représente incontestablement une référence dans le domaine de l’ostéoporose.