Déclaration de M. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, dans "Le Peuple" du 10 novembre 1999, sur le statut de l'encadrement et l'emploi dans le cadre de la loi sur la réduction du temps de travail et la place de la CGT dans le paysage syndical.

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Média : Le Peuple

Texte intégral

Nous avions décidé d'un programme de travail relativement ambitieux, nous y sommes parvenus. Il s'agissait surtout de s'engager sur un programme de travail, de nous engager collectivement pour les mois à venir sur un certain nombre de pistes qui concernent à la fois notre démarche revendicative et des aspects importants de notre vie syndicale interne. J'y reviens rapidement.

Nous avons décidé de travailler à une nouvelle étape de mobilisation coordonnée pour la fin du mois de novembre. Nous nous sommes lancés un défi important à nous-mêmes, dans la mesure où la fin du mois de novembre, c'est trois semaines de mobilisation effective.

Dès la semaine prochaine nous devrions avoir une idée plus précise de la réaction que provoque notre proposition dans les autres confédérations, mais c'est sans attendre qu'il nous faut, à tous les niveaux, enfoncer le clou de la nécessité du syndicalisme rassemblé.

Il faut s'attendre à ce que beaucoup d'éléments d'actualité puissent évoluer, dans les prochains jours, dans les prochaines semaines. Cela nécessite une nouvelle fois que des contacts étroits soient entretenus entre chaque organisation et la confédération dans la période à venir, aussi entre la confédération et les organisations : on a encore besoin d'améliorer notre dispositif général pour le permettre.

Le Medef laisse planer le doute pour l'instant sur son attitude future quant à sa présence dans les organismes paritaires : ce n'est pas le moindre des éléments qui peut modifier la donne à très court terme. Il est évident qu'il cherche l'opportunité politique pour bouleverser le paysage des relations sociales, la conception et le contenu des garanties sociales dans notre pays. Ceux qui font reposer leurs stratégies syndicales sur un partenariat avec les interlocuteurs patronaux risquent donc d'avoir de grosses déconvenues dans la période à venir.

La nécessité est de porter avec plus de force, de manière mieux coordonnée, encore plus unitaire, l'exigence de négociations, d'avancées sociales sous la pression du rapport de forces : c'est la bonne démarche qui doit être au coeur des mobilisations professionnelles.

Il nous faut parvenir à concrétiser une initiative unitaire relative aux revendications des cadres sur les dispositions spécifiques de réduction du temps de travail, qui se traduirait par une manifestation nationale le 20 novembre.

Nous avons tous intérêt à participer à la réussite de cette initiative qui modifierait sensiblement le paysage dans la prochaine période.

Les débats qui s'ouvrent dès aujourd'hui, tant sur l'avenir de l'Hebdo que sur la préparation collective du congrès de l'Ugict, vont nécessiter aussi des dispositions particulières pour que nous les poursuivions avec l'ensemble des syndiqués, des organisations de la CGT.

A propos de l'Hebdo tout est « ouvert », sauf le délai : il s'agit, dans les six mois à venir, de dégager une vision partagée de ce que devra être le journal de la CGT pour mieux correspondre aux exigences de la période, aux besoins de l'organisation, de ses militants, des adhérents de la CGT.

Nos échanges sur la préparation du congrès de l'Ugict nous confirment dans un état d'esprit partagé par la direction confédérale et celle de l'Ugict. Nous aurons tous beaucoup à gagner à ce que l'ensemble des forces de la CGT s'engage dans cette réflexion éminemment stratégique qui est au coeur de la préparation de ce congrès.

Dans le rapport d'étape de la commission sur le nouveau système de cotisations qui vous a été distribué, il apparaît avec de plus en plus d'évidence que nous avons besoin d'articuler notre réflexion sur ce sujet avec une première discussion sur la nature, l'ampleur des évolutions souhaitables des structures de la CGT. Nous devrons donc inscrire cela assez rapidement à l'ordre du jour du Ccn, peut être même à notre prochain rendez-vous.

Pour conclure, quelques mots sur notre état de santé et plus globalement sur la place qu'occupe la CGT dans le paysage. Les éléments de l'enquête annuelle que vient de nous présenter Stéphane Rozès, nous devons les populariser pour donner confiance à notre corps militant. Ils permettent de mesurer le degré d'adéquation de la démarche de la CGT à l'attente des salariés. De ce point de vue, incontestablement, nous allons dans la bonne direction : l'heure est venue de dépasser les doutes, les craintes, les réserves, quant au bien-fondé de notre démarche, et d'intégrer sans attendre ces enseignements dans nos réflexions sur le travail à engager par l'ensemble de nos organisations, pour l'implantation et le renforcement de la CGT.

Le dernier bilan d'organisation confirme les progrès réalisés en matière d'implantation et d'adhésions à la CGT. Il confirme aussi que nous pouvons réellement viser d'être 700 000 syndiqués à la CGT, ce qui dans le panorama général serait une autre donnée très importante.

La commission exécutive confédérale de novembre sera consacrée au renforcement de la CGT, mais je veux pour l'instant insister sur un seul aspect.

Nous créons des bases nouvelles à un rythme inégalé depuis longtemps, mais nous constatons aussi que « si nous ne sommes pas à la hauteur », leur pérennisation n'est pas acquise. Nous n'avons pas encore suffisamment de syndicats, de militants qui intègrent naturellement dans leurs tâches cette nécessité de répondre aux attentes que nous expriment ces bases nouvelles.

Sans attendre la réflexion de la prochaine commission exécutive confédérale, nous devons porter ce débat, pour conjurer le risque de décevoir les espoirs que nous avons suscités et qui ont décidé certains à « franchir le pas » : sinon nous mettrions très longtemps avant de remonter le courant.

Il y a là une espèce de « course de vitesse » que nous devons gagner dans la confédération pour « asseoir » ce renforcement bien réel des forces de la CGT.