Interview de M. Claude Goasguen, vice-président et porte-parole de Démocratie libérale, dans "La Croix" du 16 décembre 1999, sur les négociations entre Démocratie libérale et le RPR et le vote du budget 2000 de Paris.

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Catherine Rebuffel : Après avoir menacé de na pas voter le budget de Jean Tiberi, vous l’avez finalement soutenu. Pourquoi ?

Claude Goasguen : Nous ne voulions pas confier la gestion de Paris au préfet. Les négociations avec le maire nous ont de surcroît permis d’obtenir une baisse fiscale supplémentaire de 1 %. Et j’aurais du mal à expliquer à mes électeurs pourquoi j’aurais refusé un budget qui propose 3 % de baisse des impôts alors que nous en demandions 5 %. Par ailleurs, nous avons obtenu une plus grande transparence des subventions aux associations, ainsi que l’embryon d’une police municipale. Autant de revendications formulées dans nos amendements.

Catherine Rebuffel : Seriez-vous réellement allés jusqu’à l’abstention en cas d’échec des négociations sur le budget de Paris ?

Claude Goasguen : Oui. Car il y aurait eu une deuxième lecture du budget au mois de mars, quoi qu’en dise Jean Tiberi. Par ailleurs, nous ne pouvions pas accepter, sans réagir, que la concertation, propre à toute majorité municipale, ne se soit pas déroulée à Paris. Pour la préparation de ce budget, nous avons simplement été informés sans qu’aucune discussion soit possible. C’est une pratique désormais bien ancrée à la mairie de Paris. Nous avons voulu donner un coup d’arrêt à cet autoritarisme. Si nous n’avions pas bougé, le budget voté n’aurait pas été le nôtre.

Catherine Rebuffel : Est-ce qu’aller jusqu’au bout ne signifie pas démissionner ?

Claude Goasguen : Pas du tout. Nous avons été élus par les Parisiens au même titre que Jean Tiberi. Nous sommes aussi représentatifs que lui. Pourquoi devrions-nous démissionner et pourquoi pas lui ?

Catherine Rebuffel : Qu’avez-vous à gagner à l’étalement de vos divisions à droite ?

Claude Goasguen : Nous ne sommes pas responsables de ce spectacle. Il est dû à l’attitude du maire de Paris. La droite parisienne est plurielle. Démocratie libérale n’a pas la même conception que le RPR sur un certain nombre de sujets. Si, par ailleurs, la situation politique parisienne est instable à droite, nous n’y sommes pour rien. Les ennuis que connaît le maire de Paris lui sont directement imputables.

Catherine Rebuffel : Jean Tiberi sort d’autant plus renforcé de cette joute que son épouse n’a pas été condamnée mardi. Le maire de Paris a-t-il retrouvé des chances d’être candidat en 2001 ?

Claude Goasguen : Il appartient au RPR de désigner ou non son candidat. Pour ce qui nous concerne, nous ne nous rangerons pas sous la bannière du RPR s’il devait choisir Jean Tiberi pour candidat. Nous n’accepterons pas un droit de suite, ni un droit permanent du RPR à avoir la tête de liste sur Paris. La gestion municipale est une chose. L’avenir politique parisien en est une autre.

Catherine Rebuffel : Une division à droite ne risque-t-elle pas de faire basculer la mairie à gauche ?

Claude Goasguen : Je n’y crois pas. Après les affaires de la Mnef, la démission de Dominique Strauss-Kahn et les embarras de la Fédération socialiste parisienne, nous avons de bonnes raisons d’être optimistes. À nous maintenant de faire preuve d’intelligence pour nous présenter unis vers un seul candidat, accepté par tous. Si nous avons malgré tout deux candidats, il faudra trouver un accord pour le deuxième tour.

Catherine Rebuffel : Avez-vous un favori ?

Claude Goasguen : Nous ferons des listes avec des Parisiens connaissant bien les dossiers de la ville. Nous avons suffisamment d’hommes politiques parisiens de valeur, intègres, pour ne pas être obligés de faire appel à des vedettes parachutées. Il faut surtout arrêter de considérer que l’Hôtel de Ville est le lieu de règlements de comptes politiques. Sans surestimer non plus son importance dans la vie politique nationale.