Texte intégral
Français d'abord - 2e quinzaine de décembre 1996
Jean-Marie LE PEN
Chirac ? Un Père Noël avec une hotte vide !
Voici venu le temps des fêtes. Dans le cercle de famille, on a sorti les santons pour décorer la crèche. Le sapin a été dressé dans la salle à manger. Mais la ferveur des années passées et l'enthousiasme qui d'ordinaire précède Noël ne sont pas au rendez-vous. On a beau déplier les guirlandes, l'atmosphère est morose.
Dans notre France de cette fin de vingtième siècle, on ne croit plus guère au Père Noël. Les derniers naïfs seraient d'ailleurs bien déçus de le rencontrer, car il y a fort à parier que sa grande hotte est vide. Jacques Chirac est à cet égard un moderne Père Noël. Il nous raconte des histoires, multiplie les promesses, mais débarque les mains vides. Jeudi 12 décembre, dans un entretien-fleuve, il a prouvé une nouvelle fois que s'il ne possédait qu'un art et un seul, c'était celui de parler pour ne rien dire. Chirac est apparu inconsistant, impuissant, disant avec force des choses faibles. Il a esquivé des problèmes essentiels comme la dénatalité et l'immigration. Il a menti quant aux conséquences de Maastricht sur l'emploi et la protection sociale. Il a éludé les vraies questions se rapportant au terrorisme, et a multiplié les dérobades sur les affaires scandaleuses. Visiblement, Jacques Chirac « oubliait » qu'il avait été maire de Paris pendant près de 20 ans. À l'entendre, il ignorait jusqu'au nom de Tibéri, Mancel, Dugoin, Carignon, Noir et autres petits copains du RPR plongés dans la tourmente des affaires. C'est à croire qu'il semblait ignorer aussi que le président de la République était le Chef de l'État et que le Chef de l'État… C'était lui !
Aurait-il voulu se moquer du monde qu'il n'aurait pas agi autrement !
Dans cette émission annoncée à grand renfort de tambours et trompettes, on attendait un homme d'État. On eut, dans les meilleurs moments, un bonimenteur animant une vente de charité. Sa prestation oscillait entre le pathétique et le pitoyable. Mais elle ne reflète finalement que le désarroi d'une classe politicienne dévaluée. Gaudin, ministre des ruelles obscures, était sorti de celles-ci pour annoncer une surprise du chef. Il y en eut une. Par prétérition : Chirac ne parla pas du Front National. Pourtant, quelques jours plus tôt, le ministre de la Propagande avait dit que la lutte contre lui était la tâche primordiale. Oubli ou recul ?
Ainsi va la France. À vau-l'eau ! Chirac babille, le pays s'enfonce. Le chômage, préoccupation première des Français, ne cesse d'augmenter. Le climat social demeure exécrable : 1 Français sur 5 se trouve en état d'exclusion. L'hiver arrive, l'État est impuissant et laisse aux Restos du coeur le soin de s'occuper de la misère. Quel avenir prétend-il réserver aux jeunes quand un bénéficiaire du RMI sur deux est âgé de moins de 30 ans ? Que peut-il promettre à des chômeurs, dont la moitié de ceux qui sont indemnisés perçoivent moins de 3 000 F par mois ?
Dans tous les secteurs, les clignotants sont au rouge. L'activité dans les travaux publics va diminuer de 5 à 7 % l'an prochain, en raison de la baisse des commandes publiques. Pour le seul secteur du bâtiment, où l'activité a reculé de 3,5 % en 1996, 40 000 emplois ont été perdus. Et l'on prévoit encore 30 000 pertes d'emplois en 1997. Les immatriculations de voitures neuves ont reculé de 21,7 % en novembre. Selon Jacques Calvet, le marché européen de l'automobile stagnera en 1997. Le marché français, lui, reculera de 9 à 10 %.
Que fait le gouvernement face à un tel constat ? Rien. Médiatiquement, il parle « dialogue », « communiqué », comme disent les marchands de promesses. Concrètement, c'est le néant. Rien ne change. Tout empire. Dans ces conditions, comment s'étonner que le climat ne soit pas au beau fixe ? Selon une enquête Louis Harris, deux patrons sur trois jugent négatif le bilan du gouvernement. Le Français de la rue, lui, n'y croit plus. Du tout. Le discrédit du pouvoir dans l'opinion atteint désormais un niveau record. Selon la Sofrès, quatre Français sur cinq sont inquiets de l'avenir. Sans commentaire…
Mais en toutes circonstances, il faut garder l'espoir. Demain est un autre jour… Pour qui croit en la providence, il est toujours un recours possible. Jeanne d'Arc était née dans une époque de fer et de feu. Elle a néanmoins accompli sa destinée et sauver la France. Aujourd'hui encore, elle nous montre la voie et nous enseigne que tout dans la vie est une question de foi et de persévérance. Une belle leçon à méditer à l'occasion de la fête de Noël qui est, sachons-nous en souvenir, la fête du Renouveau…
Français d'abord : 2e quinzaine de décembre 1996
Bruno Gollnisch
Dans « La France éclatée », livre paru il y a quelques jours, Christian Jelen dresse un constat inquiétant de la situation de l'immigration en France. Ou plutôt de la manière dont les immigrés s'intègrent en France. Ou, pour être plus précis encore, de la manière dont ils ne s'intègrent pas.
La qualité de fils d'immigré polonais qu'il revendique, permet à ce journaliste au « Point » (auteur de plusieurs livres sur les pays de l'Est, le socialisme, l'immigration) de dresser, sans être suspect de xénophobie, le tableau de la France de l'immigration : la législation de la polygamie, les immigrés entretenus par les seules prestations sociales, la violence, le prosélytisme islamiste, les régulations abusives… Tous ces faits sont connus, et presque tous les exemples qu'il cite ont paru dans la presse, mais méritent d'être répétés. L'auteur n'hésite pas même à souligner que la complaisance dont bénéficie l'islam sous toutes ses formes s'accompagne d'un sens laïc chatouilleux à l'égard des religions autochtones.
La France tribale
Le basculement de la politique d'immigration date de 1976, quand M. Chirac, alors Premier ministre, fit voter la loi sur le regroupement familial. Il transformait ainsi une immigration de main-d'oeuvre en immigration de peuplement. Grâce aux prestations familiales, certains immigrés purent même se passer de travailler. En ce domaine, on ne peut que souligner la continuité entre le septennat de M. Giscard d'Estaing et ceux de M. Mitterrand : promotion de l'apprentissage des langues d'origine en classe, y compris à la place d'autres cours, reconnaissance par la loi de la polygamie des étrangers (alors qu'elle est un délit pour les Français)… Il est également à souligner que le vote des lois Pasqua, prétendues si répressives, se sont accompagnées de régularisations plus massives que jamais, sans la moindre garantie d'assimilation ni même d'intégration de la part de ceux qui en bénéficiaient. Ce qui en dit long sur la volonté politique réelle d'une majorité qui a capitulé devant l'intimidation de la gauche et des « autorités morales ».
Sous prétexte de respecter toutes les cultures, une politique, qui a cessé de croire à l'assimilation des étrangers, aboutit à la coexistence en France de communautés, étrangères entre elles par les moeurs et même par les lois. Mais à quoi faudrait-il assimiler les étrangers ? Selon Christian Jelen, à la république laïque. C'est d'ailleurs presque un tic chez lui d'accoler l'adjectif « républicain » ou « laïc » à tous les mots « politiquement dangereux » qu'il emploie : valeur, morale, ordre, assimilation, instruction.
L'identité en péril
Il cherche ainsi à se dédouaner du soupçon de collusion avec le Front National, mais il évite surtout d'aborder la question de l'identité française. Celle-ci ne se résume pas à des valeurs abstraites, même qualifiées de « républicaines » et de « laïques ». La République est « une et indivisible », mais le royaume était-il pluriel et divisible ? Quelle est la différence entre l'ordre « républicain » qui régnerait en France et l'ordre « royal » du Danemark ? Les valeurs de la morale « laïques » inculquées par l'école de Ferry ne sont autres que les valeurs françaises traditionnelles, récupérées telles qu'elles. En feignant de l'ignorer, Christian Jelen évite de se poser une autre question : est-il vraiment possible d'assimiler des populations issues de cultures et de religions qui sont aux antipodes de celles de la France, à des valeurs qui leur sont étrangères, même rebaptisées « républicaines » ou « laïques » ? Pour cela, il faut que la France est foi en ses propres valeurs, en son propre destin. Elle n'a pas que des torts envers ses anciens peuples colonisés, elle a aussi apporté sa civilisation. Une civilisation dans l'histoire n'a pas commencé en 1789 avec la Déclaration des droits de l'homme, mais qui s'est longuement façonnée dans les terroirs de provinces de France.
Il y a un proverbe qui dit : « En Orient, pour être poli, on met un chapeau et on ôte ses chaussures : en Occident, on ôte son chapeau et on met ses chaussures ». Ce ne sont pas les droits de l'homme qui permettent de choisir entre les deux. C'est l'amour de son pays et de sa Patrie. Mais cela, aux yeux de beaucoup, c'est aussi du tribalisme, et les Français de souche en viennent à être considérés dans leur propre pays comme une tribu parmi d'autres. C'est ainsi qu'après un constat alarmant sur la politique menée depuis plus de vingt ans, on finit par désigner le véritable ennemi : le Front National. Alors qu'il est le seul à avoir combattu cette politique depuis le début. Mais il est coupable d'ajouter au respect de la République française, l'amour de la terre et du peuple de France.
Français d'abord : 2e quinzaine de décembre 1996
Bruno Mégret
Livrée à la fois aux pesanteurs du socialisme et à la loi d'airain du marché mondial, notre économie se trouve prisonnière des contraintes incompatibles générée par ces deux systèmes. En incarnant la troisième voie économique, le Front National rompt résolument avec cette logique suicidaire.
Contrairement à ce qu'affirment les partis de l'établissement, le déclin économique et la régression sociale ne sont donc pas inéluctables. Mais pour retrouver la prospérité, la France doit se libérer du système d'équations sans solutions dont elle est victime. Il est en effet impossible, comme le prétend pourtant le gouvernement, de procéder à l'ouverture des frontières, tout en espérant le maintien du niveau de vie et la réduction du chômage.
Les impasses de l'établissement
Il est certes possible de réduire le nombre de chômeurs tout en ouvrant toutes grandes les frontières. Mais alors, il faut sacrifier les salaires et la protection sociale : c'est la solution prônée par les ultra-libéraux. On peut aussi décréter le maintien des rémunérations et des aides sociales tout en jouant le jeu de la concurrence internationale. Mais alors, sous l'effet des faillites d'entreprises et des délocalisations, c'est le chômage qui augmentera, comme on l'observe avec la politique actuelle choisie par le pouvoir.
Pour le Front National, ces deux options sont pareillement inacceptables par les conséquences qu'elles impliquent sur la vie des Français. C'est pourquoi, à l'inverse des partis de l'établissement, le Front National refuse de se laisser enfermer dans la logique mondialiste qu'elle soit de coloration socialiste ou ultra-libérale.
Les solutions du FN
À cette fin, notre mouvement prône une politique originale qui libère notre économie des cinq contraintes incompatibles qui entravent son épanouissement : concurrence déloyale, franc fort, immigration, étatisme et sujétion à Maastricht.
Tout d'abord, le Front National dénoncera la logique du libre échangisme mondial. Il ne s'agit pas de faire obstacle aux échanges pour se replier derrière des murailles hermétiques, mais d'obtenir une régulation des échanges internationaux. À cette fin, le Front National instaurera une taxe de 10 % sur les importations. Ainsi, la question sera posée et les négociations pourront s'engager.
De même, le Front National abandonnera la politique du franc fort qui aggrave les effets néfastes de la concurrence internationale. En effet, une monnaie surévaluée favorise les importations et pénalise les exportations. L'objectif n'est pas de recourir à une sous-évaluation de la monnaie mais de l'utiliser comme une arme de combat économique au service de la prospérité nationale.
Simultanément, le retour des immigrés dans leur pays d'origine et l'instauration de la préférence nationale amélioreront considérablement la situation de l'emploi. Dès lors, les déficits sociaux seront limités et la pression fiscale sur les entreprises pourra être réduite d'autant. Ainsi, l'inversion des flux migratoires produira ses effets bien au-delà de la seule substitution des travailleurs immigrés par des Français.
Enfin, le Front National entend entretenir et accentuer les effets bénéfiques de ces réductions de charges publiques en luttant contre l'étatisme. Il faut imposer aux bureaucraties étatiques, sociales et locales une contre-contrainte qui les place dans l'obligation de réduire leur budget. À ce titre, la méthode retenue consistera à bloquer les dépenses en francs courants. Compte tenu de l'inflation résiduelle et de la croissance annuelle, cette politique permettra en sept ans de réaliser une économie sur les dépenses publiques d'environ 450 millions de francs en valeur réelle.
Rompre avec Maastricht
Cependant l'ensemble de ces mesures en implique une cinquième, subsidiaire mais essentielle : faire sauter le verrou de Maastricht. Si notre pays ne se dégage pas de la tutelle exercée par l'Europe de Maastricht, il ne pourra pas retrouver la marge de manoeuvre suffisante pour se dégager des contraintes précédentes. Sur le plan politique, le Front national dénoncera donc le traité de Schengen qui supprime les frontières et rétablira par une réforme constitutionnelle la supériorité du droit français sur le droit européen. En matière économique, il instaurera la taxe de 10 p. cent sur les importations déjà évoquée et sortira notre pays du processus mortel de la monnaie unique. La renégociation des traités européens pourra, dès lors, s'engager, et l'Europe être reconstruite sur les principes de l'Europe des patries.
Ainsi, par la suppression des contraintes incompatibles du socialisme et du libre-échangisme, notre économie sera en mesure de retrouver sa vigueur. Mais surtout, et c'est là le sens profond de la troisième voie économique et sociale, en s'émancipant du modèle mondialiste, notre économie pourra de nouveau servir les seuls intérêts de la France et des Français.