Texte intégral
Mesdames,
Messieurs,
Le chiffre du commerce extérieur pour le mois de septembre est, une fois encore, excellent. Nos exportations se sont élevées à 124,5 milliards de francs et nos importations à 114,4 milliards, de sorte que notre excédent s’est élevé à 10,1 milliards.
Ce résultat porte notre excédent sur les 9 premiers mois de l’année à 86,8 milliards, contre 72,3 pour la même période de 1995.
Nous devons nous arrêter, une fois encore, sur cette situation. Car, en écoutant certains commentateurs et en lisant certains articles de presse, il me semble que plus notre commerce extérieur s’améliore, et plus nous devrions être inquiets.
Je ne partage pas, pour ma part, ce goût du paradoxe.
Au contraire, je suis convaincu que le commerce extérieur est le meilleur révélateur de la justesse du cap que le Gouvernement s’est fixé, qu’il tient et qu’il entend tenir. J’en citerai ici trois éléments essentiels :
- la réduction des déficits ;
- l’amélioration de la compétitivité de nos entreprises ;
- et l’esprit de conquête sur les marchés étrangers, qui donne à notre économie des possibilités de croissance supplémentaire.
Ce cap, c’est une politique volontariste, et le chef de l’État donne lui-même l’exemple, pour redonner à tous cet esprit de conquête. Il vient de le faire au Japon, après l’avoir fait, rien que pour l’année 1996, aux États-Unis, à Singapour et à Bangkok, dans le Golfe, en Pologne et au Proche-Orient.
Je vais vous expliquer la signification profonde, économique, structurelle, de ce résultat.
I. - Il montre tout d’abord l’excellente tenue de nos exportations, tous secteurs confondus. Le solde de l’industrie civile atteint un excédent de 50,3 milliards de francs, contre 38,4 milliards pour les 9 premiers mois de 1995
Je mentionnerai plus spécialement les biens d’équipement professionnel, dont les exportations hors Airbus ont progressé de presque 8 % par rapport à l’an dernier. Pour les biens de consommation courante, nos exportations ont progressé de 4 % par rapport aux 9 premiers mois de 1995, de sorte que leur solde est passé d’un fort déficit (- 4,5 milliards) à un quasi-équilibre (- 450 millions). Enfin, notre solde agro-alimentaire s’améliore, consolidant ainsi son caractère structurel.
Notre excédent commercial progresse fortement sur l’Union européenne tandis que nos exportations s’accroissent vers les États-Unis. Notre commerce avec les pays de l’Est de l’Europe se développe à un rythme très soutenu, tant à l’export (+ 32 % sur les 9 premiers mois de 1996) qu’à l’import (+ 4 % sur la même période).
Enfin, sur l’Amérique latine, j’ai engagé une action résolue et une mobilisation massive sur les principaux marchés émergents que sont le Brésil et l’Argentine, notamment lors du déplacement que j’ai effectué fin septembre pour inaugurer l’exposition Francia 2 000 à Sao Paulo. Les effets de cette action ne se font pas encore sentir dans les chiffres, puisque nous constatons que nos échanges sont encore trop modestes avec ce continent. Mais je suis convaincu que nous allons voir un net retournement dès 1997, et vous pouvez compter sur moi pour continuer à mobiliser nos entreprises sur ces marchés.
Ces résultats sont donc, vous le constatez, particulièrement encourageants. Ils sont même excellents.
Je souligne d’ailleurs qu’ils interviennent alors qu’un certain nombre de facteurs ont joué dans un sens défavorable. Je souligne deux de ces facteurs :
- l’élévation du prix du pétrole alourdit notre facture énergétique de presque 8 milliards par rapport aux 9 premiers mois de 1995 ;
- et le nombre d’Airbus livrés sur la période est inférieur de 11 milliards de francs par rapport à l’année dernière.
II. - Ces résultats sont obtenus parce que nous regagnons maintenant des parts de marché
Sur moyenne et longue période, on constate que l’apparition de nouvelles puissances économiques telles que les quatre dragons d’Asie ou telles que la Chine ont constitué un défi qu’ont relevé plus ou moins bien les puissances traditionnelles de l’OCDE.
Depuis le début de la décennie 1970, on constate ainsi que l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Canada ont perdu des parts de marché. Alors qu’ils représentaient à eux trois 23,5 % des exportations mondiales en 1970, ils ne représentaient plus que 19,3 % en 1995.
La France, en revanche, comme les États-Unis et les Pays-Bas, est au nombre des pays qui ont tendanciellement conservé leur part de marché. Nous représentions 5,7 % des exportations mondiales en 1970. Nous représentions 5,9 % de ces exportations mondiales en 1995, soit une légère progression. Il est vrai que nous avions perdu des parts de marché sur la période allant de 1992 à 1995 (- 0,5 %). II n’en demeure pas moins que nous avons, de 1970 à 1995, progressé de 0,2 %.
J’insiste sur la signification de cette légère progression. Pendant les 25 années qui se sont écoulées, les pays d’Asie en développement rapide ont vu leur PIB passer de 140 milliards de dollars en 1970 à 1 800 milliards de dollars en 1994, c’est-à-dire de 4,5 % à 7,5 % du PIB mondial. Cela vous donne une mesure de la progression qui a été accomplie par les entreprises françaises pour continuer à occuper 6 % du commerce mondial. D’autant plus que les pays d’Asie dont il est question sont géographiquement éloignés de l’Union européenne, et donc plus portés à développer le commerce entre eux qu’avec nous.
Dans ce redressement, jouent l’amélioration de notre compétitivité fondamentale, notamment parce que nous maîtrisons bien nos coûts, et aussi un peu les phénomènes monétaires : la réappréciation de la lire atteint ainsi 22 % depuis le mois d’août 1995.
Sur le court terme, l’élément marquant, c’est la baisse des parts de marché de l’Allemagne, qui paye aujourd’hui avec un effet retard l’importance de la dérive de ses coûts salariaux depuis 3 ans.
Ces résultats traduisent donc la bonne santé de notre économie et la compétitivité de nos entreprises. Notre pays est en effet, je le rappelle, le quatrième exportateur mondial de marchandises, le deuxième exportateur mondial de produits agricoles et le deuxième exportateur mondial de services.
III. - Ces résultats ne constituent pas un excédent de récession
Ces résultats traduisent, j’en suis convaincu, un excédent structurel de notre économie et non pas, comme je le lis ici ou là, un excédent conjoncturel, lié à un décalage macroéconomique par rapport à d’autres pays ou à d’autres zones.
Tout d’abord parce que nous ne sommes pas en décalage de conjoncture avec nos principaux partenaires de l’Union européenne, dont les performances sont voisines des nôtres en termes de croissance économique, en moyenne au cours de ces dernières années.
Ensuite parce que nous constatons un bon niveau d’importation de biens d’équipements professionnels. Je souligne tout particulièrement ce point : les importations de biens d’équipement professionnels progressent sur les 9 premiers mois de 1996 de plus de 6 % par rapport à la même période de 1995.
Enfin parce que les enquêtes dans l’industrie montrent, depuis déjà quelques mois, que les chefs d’entreprise constatent un redressement de leurs carnets de commande et une diminution de leurs stocks faisant entrevoir un rebond de l’investissement et de la production.
Voilà pourquoi je m’inscris totalement en faux à l’encontre de ceux qui perçoivent la déprime sous les excédents. Et, que je sache, au début des années 80, lorsque l’on parlait de la contrainte extérieure, avec des déficits commerciaux de plusieurs dizaines de milliards de francs, il n’y avait pas matière à trouver l’optimisme sous les déficits.
IV. - Un résultat positif pour notre diplomatie économique et commerciale
Je profite de ce bilan sur notre commerce extérieur pour vous faire le point sur les grands contrats.
Le montant des signatures de grands contrats enregistrés sur les 9 premiers mois de l’année 1996 atteint près de 100 milliards, soit un montant sensiblement supérieur à celui enregistré sur la période correspondante des années 1995 (85 milliards) et 1994 (78 milliards). Ces contrats se traduiront en exportations supplémentaires dans les deux années qui viennent et viendront donc contribuer à l’amélioration de notre solde.
Ces résultats sont principalement dus au secteur aéronautique, qui représente à lui seul près de 50 milliards.
Ces résultats sont également dus au secteur de l’énergie, que ce soit dans les hydrocarbures, le gaz ou l’électricité. À ce titre, le succès remporté récemment par GEC-Alsthom et EDF en Chine, avec la centrale de Laibin, est exemplaire de ce que peuvent réussir nos entreprises. C’est en effet le premier contrat BOT conclu en Chine. Et ce sont deux entreprises françaises qui l’ont remporté. Voilà une illustration concrète de ce que le commerce extérieur apporte quotidiennement au service de la croissance et de l’emploi.
Ces résultats sont appelés à se maintenir dans un avenir proche, et je pense en particulier à la commande récente de la Compagnie américaine US Air au Consortium Airbus, qui n’est pas intégrée dans les chiffres que je viens de vous donner. Cette commande porte, je vous le rappelle, sur 120 appareils plus 280 options, pour un montant de l’ordre de 20 milliards de dollars. Elle constitue une réussite remarquable pour le constructeur, que je souhaite saluer tout spécialement.
Les résultats enregistrés sur les grands contrats illustrent l’efficacité de notre diplomatie économique et financière, par laquelle on remporte aujourd’hui un contrat aussi par le volontarisme des pouvoirs publics. Je m’engage, dans chacun de mes déplacements à l’étranger, pour nos entreprises et pour le succès de leurs projets. Chaque contrat remporté représente en effet un succès sur la route de la croissance économique et de l’emploi.
Cette action sur les grands contrats est, vous le savez, un élément de mon activité qui complète l’action pour les PMI-PME et, plus généralement, l’action de réforme que je mène dans ce Ministère et que je rappelle brièvement :
- création d’une sous-direction d’appui aux PME à la DREE, opérationnelle dans les prochains jours ;
- désignation dans les postes d’expansion économique d’un correspondant PME, au niveau de l’adjoint au chef de poste, dont je tiens la liste à votre disposition ;
- réforme en cours du CODEX, dont le seuil d’intervention va être abaissé au profit des PMI ;
- lancement d’une concertation autour du meilleur dispositif possible d’appui au commerce extérieur sur le territoire autour de deux idées-forces : guichet unique au plan départemental et coordination-rationalisation au plan régional ;
- développement pleinement opérationnel de Partenariat-France, avec plusieurs projets concrets qui seront récompensés par la remise d’un prix à la mi-décembre ;
- mise en œuvre de la fusion des organismes d’appui au commerce extérieur. Dans les deux prochaines semaines, la fusion du CFME et de l’ACTIM sera réalisée, avec la création de l’association CFME-ACTIM au sein de laquelle travailleront les personnels sous statut ACTIM et ceux précédemment mis à disposition du CFME par le CFCE. La création du GIP figure parmi les dispositions du texte portant diverses mesures d’ordre financier, actuellement en phase de mise au point et qui sera discuté au Parlement au début de l’année prochaine ;
- lancement d’une deuxième phase, pour l’année 1997, du redéploiement des postes d’expansion économique, et accélération du rapprochement des PEE et des consulats.
Les PME représentent aujourd’hui environ 40 % des exportations françaises. Ce chiffre s’est légèrement accru, principalement pour les PMI. En effet, en cinq ans, alors que la part des PMI dans l’industrie s’est accrue d’environ 2 points tant pour les effectifs que pour le chiffre d’affaires, cette progression est de 5 points pour les exportations.
Le gisement est là, pour le développement tant de la croissance et de l’exportation que des effectifs. Aider les 100 000 exportateurs qui ne participent qu’à hauteur de 1 % au commerce extérieur est donc l’enjeu de demain.