Article de M. Lucien Rebuffel, président de la CGPME, dans "PMI" de septembre 1997, sur le projet de loi relatif à la réduction du temps de travail, intitulé "Pourquoi nous disons non".

Prononcé le 1er septembre 1997

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Média : PMI France

Texte intégral

Depuis un quart de siècle, la durée du travail diminue partout dans le monde. Allons-nous ramener la nôtre de 39 à 35 heures par semaine ? Sans diminution des salaires, cela reviendrait à les relever de 11 % d’un coup. En un temps où 60 000 entreprises déposent leur bilan chaque année, ce surcroît de charges équivaudrait, pour beaucoup, à un arrêt de mort. Un précédent existe lors du Front populaire, en 1936, la durée hebdomadaire du travail a été ramenée de 48 à 40 heures. Résultat : le nombre des chômeurs a doublé en un an.

Une loi-cadre ne va-t-elle pas fixer à 35 heures la durée légale du travail, sur le papier, tout en accordant un délai de grâce aux entreprises pour qu’elles se mettent en règle ? Ce ne serait pas reculer pour ne pas mieux sauter ; et qui sait si, juridiquement, les 35 heures ne serviront pas de seuil pour le calcul des heures supplémentaires ?

Une entreprise vit. Qu’elle travaille plus ou moins longtemps dépend de ses commandes. Leur interdire de constamment s’adapter à ces fluctuations retirerait aux entreprises ce qui constitue leur atout majeur. Si une grosse entreprise a toujours le recours, en jouant sur ses équipes, ses machines, de n’être pas abusivement gênée, il n’en va pas de même des petites, dont le personnel, du fait de la spécificité de son métier, n’est pas interchangeable. Les petites entreprises ne pourraient-elles être, pour le moins, exemptées de tomber sous le coup de la loi ? Le travail ne se décrète pas. Il n’a que faire de l’autorité.

Ne serait-il pas suicidaire que nous adoptions une loi qui aurait pour effet de faire payer par nos entreprises l’équivalent à leurs employés, de cinq semaines supplémentaires de congés payés ? Seront-elles les seules au monde à devoir accorder à leur personnel dix semaines de congés payés par an ? Quand des lois sont néfastes au point d’obliger des chefs d’entreprise à jeter l’éponge, ce sont leurs ouvriers qui se retrouvent à la rue. Sait-on que, quinze ans après l’introduction de la semaine de 39 heures, un quart seulement de nos salariés en bénéfice. Nous disons non. Franchement non.