Interview de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement des transports et du logement, dans "Le Parisien" du 26 mars 1998, sur la sécurité routière et ferroviaire, notamment la suppression des passages à niveau les plus dangereux.

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Circonstance : Accident ferroviaire de Port-Sainte-Foy (Dordogne) le 8 septembre 1997

Média : Le Parisien

Texte intégral

Le Parisien : L’accident de Port-Sainte-Foy a une nouvelle fois mis en évidence la dangerosité des passages à niveau. Pourtant les choses ne semblent guère avoir changé depuis…

Jean-Claude Gayssot (ministre des transports) : J’ai souhaité, après le drame de Port-Saint-Foy, que des mesures soient prises immédiatement. Nous avons ainsi mis en place, à cet endroit, une signalisation nouvelle dont l’efficacité est d’ailleurs analysée grâce à la vidéo. J’étudie également avec les élus la construction d’un pont de franchissement de la ligne ferroviaire. J’espère d’ailleurs que les travaux pourront être engagés très bientôt afin que le point noir de Port-Sainte-Foy soit définitivement supprimé.

Le Parisien : Plus généralement, quelles mesures entendez-vous prendre pour éviter que de tels accidents ne se reproduisent ?

Jean-Claude Gayssot : Je viens de mettre en place une instance de coordination présidée par Claude Charmeil, ingénieur général des Ponts et Chaussées, dont l’objet sera de s’attaquer de manière efficace au problème des passages à niveau, en décidant des moyens à mettre en œuvre pour améliorer leur sécurité, voire les supprimer. Nous allons par ailleurs créer une banque de données rassemblant tous les éléments d’analyse routière et ferroviaire permettant de comprendre les conditions et les circonstances des incidents ou accidents survenus aux passages à niveau. À chaque fois, le rail et la route ont leur part de responsabilité.

Le Parisien : Que pensez-vous de la proposition de la commission d’enquête sur l’accident de Port-Sainte-Foy qui souhaite voir débloquer 230 millions de francs par an afin de supprimer les passages à niveau ?

Jean-Claude Gayssot : Ce chiffre me semble raisonnable et responsable. Il y a environ 17 000 passages à niveau en France et la question de leur suppression doit être travaillée en priorité. C’est d’ailleurs pour cela que nous sommes en train de mettre au point une indication de dangerosité des différents passages.
En ce qui concerne les moyens financiers, je vais débloquer, dès cette année, 100 millions de francs qui seront consacrés spécifiquement à cette question. Dans la mesure où de très nombreux partenaires sont concernés – l’État, le budget des routes et les différentes collectivités locales –, il sera possible de mobiliser les crédits nécessaires à la suppression des passages les plus dangereux.

Le Parisien : Concrètement combien de passages à niveau envisagez-vous de supprimez à court terme ?

Jean-Claude Gayssot : On peut considérer qu’il y a en France un peu plus d’une trentaine de passages à niveau particulièrement dangereux et qu’il faut investir environ 15 millions de francs pour en supprimer un. Dans ces conditions, on peut dire que dans un délai de cinq ans les passages à niveau les plus dangereux n’existeront plus.

Le Parisien : Au-delà de ce problème se pose également celui de la sécurité dans les transports publics avec la multiplication des agressions dans les trains ou les bus. Comment entendez-vous réagir ?

Jean-Claude Gayssot : Je fais de la sécurité une question majeure de mon ministère. C’est un droit absolu que de voyager en toute sécurité dans les transports publics ou sur les routes. Comme je suis déterminé à améliorer la sécurité aux passages à niveau et à rendre les routes moins dangereuses, j’ai élaboré douze mesures pour la prévention et la sécurité dans les transports. Parmi celles-ci, et outre des mesures préventives, je souhaite que les sanctions soient aggravées lorsque des agents des transports publics sont agressés, comme c’est le cas, par exemple, pour des policiers. Ces efforts sont faits actuellement pour améliorer la sécurité, mais il faut les développer, c’est une question de liberté.