Texte intégral
Le Parisien : Les Algériens viennent d’accepter la venue à Alger d’une « troïka » européenne, mais après avoir obtenu qu’elle soit composée de ministres, et non de simples hauts fonctionnaires…
Hervé de Charrette (UDF) : Le pouvoir algérien a toujours été très sensible sur le terrain de la respectabilité et de la souveraineté : on peut parfaitement le comprendre. Sans doute y a-t-il eu quelques maladresses du côté européen. L’important est que, des deux côtés de la Méditerranée, se renoue puis se développe le dialogue. Car chacun y a intérêt.
Le Parisien : Quel doit être le contenu de ce dialogue ?
Hervé de Charette : Il est normal que les Algériens veuillent d’abord parler de la lutte contre le terrorisme. D’ailleurs, nous, Français, avons toujours considéré comme une priorité la lutte, dans toute l’Europe, contre les réseaux terroristes. Il y va de notre propre sécurité. Or, comme chacun le sait, il y a dans certains pays européens des « faiblesses » à l’égard des mouvements islamistes algériens. Quand j’étais en charge du quai d’Orsay, il m’est arrivé de m’en plaindre, par exemple auprès de Londres. Aujourd’hui, nous devons avoir, pour notre part, deux idées en tête : 1. L’Algérie est un peuple jaloux de son indépendance ; 2. Notre priorité, c’est la sécurité des Français et de ceux qui sont sur notre sol.
Le Parisien : Dans le dialogue, ne doit-il y avoir à l’ordre du jour que le terrorisme ?
Hervé de Charette : Certainement pas !… Nous sommes fondés à demander des informations et des éclaircissements sur ce qui se passe en Algérie : pourquoi, parfois aussi près d’Alger, tant de massacres abominables ? Les autorités algériennes nous doivent des explications.
Le Parisien : Beaucoup, à Paris, souhaitent que la France intervienne…
Hervé de Charette : Ceux-là même qui, naguère, portaient les valises du FLN sont effectivement les premiers à nous expliquer chaque matin que nous n’en faisons pas assez pour l’Algérie. Or la guerre d’Algérie est terminée. Cessons donc de traîner une sorte de culpabilité collective. Nous n’avons pas à prendre parti dans les débats internes de l’Algérie, même si notre solidarité envers les victimes est, cela va de soi, totale. Les relations franco-algériennes doivent être fondées sur le respect mutuel de nos souverainetés, et l’éventuelle convergence de nos intérêts. Voilà notre boussole.