Interview de M. François Hollande, premier secrétaire du PS, puis débat avec M. Eric Raoult, ancien ministre RPR de la ville, à TF1 le 15 février 1998, notamment sur les difficultés du choix des candidats PS à présidence des régions Ile-de-France et Provence Alpes Côte d'Azur, la situation en Corse, la réduction du temps de travail et la politique de la ville.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission Public - Site web TF1 - Le Monde - Télévision - TF1

Texte intégral

M. FIELD : Dans un instant, c’est François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste qui est invité de « Public ». Nous analyserons avec lui l’actualité de la semaine. Et dans la deuxième partie de l’émission, un duel l’opposera à Éric Raoult, l’ancien ministre RPR de la Ville. Manière de commencer à notre façon la campagne pour les élections régionales.

Dans un instant, en direct, François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste dans « Public ».

Publicité.

M. FIELD : Bonjour à toutes, bonsoir à tous. Merci de rejoindre « Public ».
François Hollande, bonsoir.

M. HOLLANDE : Bonsoir.

M. FIELD : premier secrétaire du Parti socialiste, vous êtes l’invité de cette émission dans laquelle nous allons décliner l’actualité de la semaine, marquée évidemment par la situation en Corse. Puis aussi par l’adoption de la loi des 35 heures qui est un texte important pour vous, j’imagine ! Et puis les propositions de Lionel Jospin sur le cumul des mandats.
Dans la deuxième partie de l’émission, un duel vous opposera ou une confrontation vous opposera à Éric Raoult qui fut ministre délégué de la Ville, puis aussi de l’intégration. Ministre RPR qui a beaucoup de choses à dire sur le plan Ville qui vient de sortir, qui d’ailleurs a été accueilli avec une certaine déception dans l’ensemble. Êtes-vous sensible à cela ?

M. HOLLANDE : Déception, c’est peut-être trop tôt pour le dire ! C’est vrai qu’un journal a parlé de déception…

M. FIELD : …les autres n’en ont pas parlé du tout ?

M. HOLLANDE : Pas de cette manière. Ce qui est important, ce n’est pas le commentaire sur un rapport - des rapports il y en a beaucoup - ce qui compte, c’est ce qui va se passer maintenant, les actes qui vont pouvoir changer la vie dans ces quartiers et sur plusieurs années.

M. FIELD : Ce n’est pas une grosse erreur de la part de Lionel Jospin d’avoir « oublié » un ministère de la Ville ?

M. HOLLANDE : Un ministère, c’est un titre, cela dépend de ce qu’on y met dedans. Je crois que ce qui est fait depuis 8 mois est plutôt bien pour la ville, pas suffisant encore ! Je ne crois pas qu’on résolve les problèmes par des titres ministériels. Mais en même temps, s’il doit y avoir un ministère, cela peut ne pas gêner s’il y a les moyens avec.

M. FIELD : Alors, évidemment, on parlera aussi des élections régionales et de la façon un peu chaotique dont le Parti socialiste se met en état de marche. Mais ce sera pour juste après la pub.

Publicité.

M. FIELD : Retour sur le plateau de « Public » avec François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste.
Il y avait, jeudi dernier, à la Cigale à Paris, une réunion du Parti socialiste pour présenter les candidats, les nouveaux candidats, notamment Jean-Paul Huchon. Et Dominique Strauss-Kahn a eu un lapsus extrêmement réjouissant et révélateur puisque, à un moment, au lieu de dire « notre adversaire Édouard Balladur », il a dit « notre candidat Balladur ». Et c’était comme un lapsus qui faisait un peu réfléchir quand on voit la valse-hésitation de Dominique Strauss-Kahn. Ira-t-il à la présidence de la Région ou restera-t-il ministre ? La sortie comme ça de Jean-Paul Huchon d’un chapeau. Les difficultés que vous avez dans les Bouches-du-Rhône avec Michel Vauzelles et une liste dissidente. On se dit finalement que les vieux démons du Parti socialiste n’auront pas tardé à resurgir.

M. HOLLANDE : Non, pour l’instant, ce sont des petits diables. D’abord, pour l’Île-de-France, on avait choisi Dominique Strauss-Kahn bien avant les élections législatives, bien avant qu’il ne soit ministre des Finances.

M. FIELD : C’est dommage que vous ayez gagné ces élections. C’est cela que vous voulez dire ?

M. HOLLANDE : Peut-être ! Il a peut-être eu ce sentiment ? Mais je crois qu’il ne l’a pas eu très longtemps puisque le plus important était qu’il soit ministre de l’Économie et des Finances. Il y réussit bien. Il a réfléchi, je crois, assez longtemps par rapport à une candidature qui avait été désignée avant les élections législatives, qui pouvait donc se prolonger. Et puis le cumul ou le non cumul qui a été la règle imposée, à juste raison, par Lionel Jospin a fait qu’il a renoncé à briguer la présidence de l’Île-de-France pour se consacrer tout entier au ministère de l’Économie et des Finances. Et parce qu’on veut respecter l’électeur, on a dit : « Ce ne sera pas Dominique Strauss-Kahn le candidat à la présidence, ce sera Jean-Paul Huchon ». Et le candidat à battre, si tant est que l’on doit utiliser des langages comme ceux-là, c’est Édouard Balladur. Donc, je réponds à votre lapsus, enfin au sien.

M. FIELD : Oui, au sien. Je ne m’en suis fait que l’écho. Il n’empêche que l’on a l’impression qu’il y a une volonté de donner un nouveau visage au Parti socialiste, un petit peu comme le Gouvernement donne un nouveau visage à la manière de gouverner ou prétend le faire. Et, là, on a quand même l’impression que, de nouveau, les querelles d’appareil, les ambitions personnelles des uns et des autres commencent à rebrouiller les cartes.

M. HOLLANDE : Non, parce que, là, il n’y a pas eu de querelles. Cela s’est fait en bonne intelligence. Il y a eu Dominique Strauss-Kahn pendant un temps…

M. FIELD : …L’épisode Rocard, vous appelez cela de la bonne intelligence ?

M. HOLLANDE : Il faut choisir des candidats. Ils ont préféré que ce soit Jean-Paul Huchon.

M. FIELD : Qui « ils » ?

M. HOLLANDE : Les têtes de listes, les dirigeants de cette campagne…

M. FIELD : …Et vous ?

M. HOLLANDE : Moi, j’ai dit : « Il faut tout de même qu’à un moment cela se décide », parce que je sentais bien qu’il y aurait peut-être des journalistes qui trouveraient que c’était un peu long et une opinion publique qui disait : « On veut savoir qui est votre candidat ? ». Plutôt que de prolonger le suspense, j’ai dit : « A un moment, il faut dire à peu près la donne ».

M. FIELD : Pourquoi avancer cette candidature Rocard pour la torpiller publiquement comme ça, en plein vol ?

M. HOLLANDE : Peut-être s’est-elle avancée un peu toute seule ? Parce que certains y ont pensé. Parce que certains pensaient que, justement, Dominique Strauss-Kahn ne pourrait pas assurer cette candidature puisqu’il était ministre de l’Économie et des Finances. Mais le principal, je crois…

M. FIELD : …je n’arriverai pas à vous faire dire que cela fait désordre.

M. HOLLANDE : Cela ne fait plus désordre puisque, de toute façon, maintenant tout est en ordre. Donc, je crois qu’on n’a pas perdu spécialement du temps. On a peut-être passé trop de temps, les uns et les autres, là-dessus. Aujourd’hui, la campagne démarre, les candidats sont connus, les listes sont déposées demain. Eh bien, écoutez, que le meilleur gagne ensuite. Et je crois que les meilleurs, ce sont ceux qui disent :  « cette région a été mal gouvernée pendant trop longtemps. Il faut renouveler ». Jean-Paul Huchon et Dominique Strauss-Kahn paraissent, à mon avis, être de bons candidats de renouvellement, ainsi que ceux qui sont têtes de liste dans la plupart des départements.

M. FIELD : Là, vous parlez de l’Île-de-France. Ce qui se passe dans les Bouches-du-Rhône, c’est aussi le mal endémique du Parti socialiste, avec sa fédération des Bouches-du-Rhône inclassable…enfin, bref !

M. HOLLANDE : Il faut continuer la rénovation.

M. FIELD : C’est langue de bois, ça !

M. HOLLANDE : Non, ce n’est pas langue de bois, c’est ce que je vis tous les jours. Je crois que, dans les Bouches-du-Rhône, ils se sont tous mis d’accord sur Michel Vauzelles. Michel Vauzelles apparaît comme, lui aussi, un candidat nouveau dans cette région. Il peut être président de la Région. Et quand je vois Lucien Weygand qui est président du Conseil général, qui pourrait prétendre lui aussi, je lui dis : « Non, je crois que c’est bien : il faut assurer le passage des générations. C’est Michel Vauzelles aujourd’hui. C’est lui qui peut gagner, qui peut empêcher le Front national de progresser dans cette région où il menace. » Eh bien, moi, je me dis qu’il faut consacrer toutes nos forces à ceux qui peuvent non seulement gagner, parce que le principal n’est pas forcément toujours de gagner, mais renouveler. Et Michel Vauzelles, Élisabeth Guigou, Jean-Louis Bianco, Christian Martin, dans tous les départements, représentent une bonne image du Parti socialiste.

M. FIELD : Cela est la question que j’adresse vraiment au premier secrétaire du Parti socialiste : est-ce que, là, il n’y a pas un problème je dirais, presque comme si la question du cumul vous sciait la branche sur laquelle vous êtes assis ? Parce qu’on a l’impression qu’il y a un vrai problème de personnel politique. Les meilleurs sont au Gouvernement, sauf le respect que je vous dois, enfin sauf quelques exceptions disons…

M. HOLLANDE : Je vous remercie de le dire.

M. FIELD : On pourrait dire : « les meilleurs sont au Gouvernement », et du coup on s’aperçoit qu’il y a un grand problème de…

M. HOLLANDE : … mais c’est bien ! Cela prouve d’ailleurs que l’on fait des règles même qui nous contraignent. On ne fait pas des règles pour nous arranger comme certains voudraient le faire croire. On ne fait pas des règles pour essayer de faire des coups politiques contre notre adversaire. Non, ces règles du non cumul nous contraignent directement. Elles empêchent aujourd’hui Dominique Strauss-Kahn, de prétendre à la fonction de président de l’Île-de-France. Et c’est bien ainsi puisqu’on ne peut pas être ministre et président d’une Région. Elles empêchent d’autres candidats de pouvoir prétendre être maire et président d’un Conseil général ou régional, et c’est bien ainsi.
Donc, oui, vous avez raison, les règles qu’on se fixe sont difficiles, y compris pour nous. Mais ceci va permettre ce renouvellement auquel les Français aspirent parce que c’est bien que ce ne soit pas toujours les mêmes qui soient candidat à tout. Parce que sinon, à l’évidence, quand on est déjà maire, on veut être député. Quand on est député, on veut peut-être être ministre et quand on est ministre, on veut être président de Région. Et quand on est président de Région, on trouve que cela ne suffit pas, on peut-être aussi président de Département. Il faut arrêter avec ce processus-là et on l’arrête. Je crois qu’on ne s’en porte pas plus mal et cela ne retarde pas la rénovation, je pense même que cela s’accélère.

M. FIELD : On reviendra sur cette question du cumul des mandats après l’Édito. Mais pour l’instant, puisque premier secrétaire du Parti socialiste vous êtes, on va voir comment vous y êtes arrivé ? C’est Laurent Maclès qui s’est penché sur votre cas avec la délicieuse voix de Murielle Fleury.

- PORTAIT -

M. FIELD : C’est un compliment ou pas ?

M. HOLLANDE : D’être gentil ? Non.

M. FIELD : Ni le soleil qui ne fait d’ombre à personne ?

M. HOLLANDE : On va voir ! Pourquoi faire de l’ombre ? Tout le monde peut avoir sa place au soleil.

M. FIELD : Vous disiez volontiers, à un moment, que vous étiez l’infirmier du Parti socialiste. Est-ce que le corps va mieux ?

M. HOLLANDE : L’infirmier, c’est quand ce n’est pas très grave. Ce n’est pas le chirurgien. Et le brancardier, c’est quand il est un peu tard. Donc, pour l’instant, l’infirmier, cela me va très bien ! Ce sont de petites plaies et des petites bosses. J’espère, demain, qu’on sera dans les succès qui nous cautériseront toutes plaies.

M. FIELD : Les tourments de la majorité plurielle qu’on a vus au moment du mouvement des chômeurs, cela tirait quand même à droite et à gauche, plutôt à gauche d’ailleurs, avec le Parti communiste et Les Verts. Comment le Parti socialiste arrive t-il à être autre chose que la caisse d’enregistrement du Gouvernement dans ces cas-là ?

M. HOLLANDE : Parce que ce qu’on est, peut-être, est davantage entendu que les agitations des uns et des autres. Nous, nous avons dit très vite : « Il faut regarder l’affaire de l’allocation spécifique de solidarité pour les chômeurs qui sont en fin de droits ». Nous avons dit très vite : « Il faut utiliser l’argent, qui est versé sous forme d’indemnisations, plutôt sous forme d’activités que l’on pourrait donner à ceux qui sont au chômage depuis trop longtemps ». Donc, on essaie de faire des propositions. Et ces propositions - j’ai le sentiment - passent plutôt auprès du Gouvernement.
C’est une méthode qui n’a pas le charivari de certains de nos amis de la gauche plurielle…

M. FIELD : …vous appelez cela « charivari » ? Cela leur fera plaisir.

M. HOLLANDE : Oui, c’est plutôt gentil !... et qui a plutôt l’efficacité d’être reprise par le Gouvernement. Mais cela suppose que le Parti socialiste travaille, qu’il ne soit pas spectateur de la scène gouvernementale, qu’il y prenne toute sa place, et je crois qu’il le fait.

M. FIELD : Jean-Marie Le Pen était l’invité de « Public » la semaine dernière. Il a réaffirmé sa volonté, finalement, de se positionner comme arbitre là où ce serait possible pour les régionales. Quel est votre point de vue ? Est-ce que la perspective du Front républicain avec la droite républicaine là où cela s’imposerait, à la fois pour les cantonales ou pour les régionales, au moment des votes pour la présidence, est une perspective que vous soutenez ?

M. HOLLANDE : D’abord, prenons les régionales. Parce que c’est un sujet qui reviendra tout au long de la campagne, alors soyons clairs dès l’entrée de cette campagne. Si nous sommes en situation d’avoir la majorité absolue, nous revendiquons la présidence et nous serons élus. Si nous ne sommes qu’en majorité relative, cela veut dire que nous avons plus de sièges que la droite, mais pas suffisamment pour avoir la majorité absolue, et le Front national ou d’autres listes empêchent tout autre configuration, nous nous disons : « Lorsque nous sommes en majorité relative, nous avons vocation à gouverner les régions dans lesquelles nous sommes dans cette situation. » Si nous sommes dans la troisième configuration, c’est-à-dire que nous n’avons pas la majorité relative, à ce moment-là, nous disons : « Nous ne prétendons à rien dans cette région et nous laissons la droite, en définitive, prendre ses responsabilités. » Donc, nous empêcherons toute alliance avec l’extrême-droite. Alors, à la droite d’être partout aussi claire par rapport à ses intentions.
Et lorsque nous sommes dans le scrutin uninominal à deux tours, exemple les élections cantonales, ou exemple les élections législatives, nous disons à chaque fois : « lorsqu’il y a un danger de Front national, nous nous retirons et nous appelons à faire barrage contre le Front national. » Notre attitude est parfaitement claire…

M. FIELD : …Faire barrage au Front national, c’est éventuellement appeler à voter pour un candidat de la droite républicaine ?

M. HOLLANDE : S’il le faut ! C’est notre position et nous n’en changerons pas. Nous l’appliquons d’ores et déjà. Nous ne faisons pas de prétentions sur l’avenir. Non, nous disons : « C’est ce que nous faisons, c’est ce que nous ferons demain ».

M. FIELD : Cela voudrait dire si, par exemple, la donne électorale en région PACA, que vous appelleriez par exemple ou que vous voteriez… vous laisseriez François Léotard, grâce à vous, accéder à la présidence contre Jean-Marie Le Pen, par hypothèse ?

M. HOLLANDE : C’est ce qui s’est passé déjà. C’est-à-dire que, lorsque Monsieur Gaudin était en situation de pouvoir prétendre être président, mais n’avait pas la majorité absolue, nous avons laissé faire Monsieur Gaudin. Cela ne nous faisait pas plaisir, nous pensons que la Région est mal gouvernée avec Monsieur Gaudin, mais nous avons dit : « Tout, sauf le Front national ». Donc, nous avons préféré nous abstenir dans cette situation.

M. FIELD : Nous allons voir l’actualité de la semaine en commençant, évidemment, par la situation en Corse. C’est l’objet du sujet étranger, un sujet de nos confrères de la RAI, italienne.

La France vue par la RAI, télévision italienne :

JOURNALISTE : On l’a appelé « île morte ». Pendant 15 minutes, la Corse s’est arrêtée. Ici, à Ajaccio, les voitures, la foule, se sont amassées devant la Préfecture. Le silence règne. On entend au loin les cloches des églises.
Ici, le silence, mais le reste de la Corse a-t-elle vraiment compris ce qui s’est passé ? Ce que l’île est en train de vivre ? Dans quelques heures vont arriver Messieurs Chirac et Jospin, la France unie, pour condamner la violence et réaffirmer l’autorité de l’État. Et quand les discours seront terminés, les émotions de ces dernières heures dissipées, le problème corse persistera dans sa complexité.
Vrai casse-tête qu’aucun gouvernement depuis 20 ans, de droite ou de gauche, n’a réussi à résoudre, que ce soit de façon répressive ou par tractations. Les aides et les subventions économiques, au contraire, semblent n’avoir fait qu’engraisser les profits du milieu toujours plus mêlé au mouvement nationaliste.
Entre-temps, la piste des deux jeunes interpellés après l’attentat a été abandonnée. L’enquête repart à zéro. Une dizaine de nationalistes ont été arrêtés à Ajaccio et dans d’autres localités pendant que les terroristes revendiquaient l’assassinat du préfet avec un communiqué arrivé au journal d’Ajaccio. Trois pages sans signature, mais certainement authentiques. On y cite le numéro de matricule du Beretta abandonné près de la victime. On peut y lire aussi : « Notre action était préméditée. C’est un acte politique, ce n’est pas le fruit d’une action de banditisme, ni une action d’une poignée d’extrémistes. Nous voulons que, dans le nouveau millénaire, la Corse soit indépendante. »

M. FIELD : Alors, soldats perdus du combat nationaliste ou crime mafieux ? L’enquête, pour l’instant, n’avance pas, d’après ce qu’on sait. Au contraire, elle piétine. Est-ce que la situation en Corse, malgré cette réaction, malgré l’unité de l’État incarnée par la présence conjointe de Jacques Chirac et de Lionel Jospin, lundi dernier, le mouvement, même, citoyen autour de ce mouvement des femmes pour la paix qui se bat depuis des années en Corse, est-ce que tout cela ne signe quand même pas la faillite de toutes les politiques et notamment, aussi, de celles qu’ont menées les socialistes en Corse ? Je pense notamment à Pierre Joxe et à ce qu’il avait tenté au moment où il était au ministère de l’Intérieur.

M. HOLLANDE : Dans cette tragédie, parce que cela en est une, c’était plutôt bien qu’il y ait ce climat d’union nationale et qu’il y ait cette mobilisation des Corses. Que s’est-il passé depuis 15 ou 20 ans ? C’est ce mélange, sans doute, des genres. Tantôt on négocie, tantôt on frappe, tantôt on ouvre, tantôt on ferme. Je crois qu’on a fait toutes les expériences. Et, aujourd’hui, on est à même de dire, les uns et les autres : qu’il faut appliquer, finalement, un seul principe, c’est la loi. La loi pour tous, la loi sur tous. Et, en définitive, je crois que c’est ce qu’a engagé Lionel Jospin dès le 1er juin d’ailleurs, on n’a pas attendu cet évènement tragique pour le faire. Donc, nous le faisons et nous le ferons. Et nous avons besoin, et des élus qui eux aussi ont peut-être beaucoup attendu de l’État, trop attendu de l’État, joué avec l’État, et des corses…

M. FIELD : …Il n’y a pas qu’eux. Puisque Lionel Jospin laissait entendre : « J’aurais besoin du Président », sous-entendu il y a beaucoup d’élus RPR. Il y a aussi des élus socialistes, radicaux de gauche, importants en Corse.

M. HOLLANDE : Il y a quand même plus d’élus RPR, mais cela peut changer ! Les Corses vont voter. Enfin, j’espère qu’ils vont voter puisque, à un moment, Philippe Seguin a demandé à ce qu’on reporte les élections. Cela eut été stupide ! Mais c’est sans doute dans un mouvement de colère dont il est quelquefois coutumier.
Les Corses vont voter. J’espère qu’ils voteront plutôt pour les candidats de gauche que les candidats de droite. Mais qu’importe ! Ils ont le droit de voter, ils vont voter comme ils l’entendent. Moi, je pense que tous les élus doivent se responsabiliser. Ils ont aussi, les uns et les autres sans doute, parce que c’était la règle, essayé d’obtenir le maximum, d’avoir toujours un peu plus de crédits, sans que l’État puisse contrôler l’utilisation de ces crédits ? C’est pour cela qu’on a mis en place une commission d’enquête parlementaire pour qu’on puisse voir où vont les crédits…

M. FIELD : …il serait temps ! Franchement…

M. HOLLANDE : Il est temps. L’heure n’est plus à se dire : « Qu’est-ce qu’il aurait fallu faire ? ». L’heure est à se dire : « Qu’est-ce qu’il faut faire ? Qu’est-ce que nous devons faire ? ». Eh bien, nous devons d’abord appliquer la loi, et c’est ce qui se passe.

M. FIELD : En même temps on a eu le sentiment, presque symbolique, qu’il y avait une mobilisation des Corses, que justement, pour une fois, le silence ne prévaudrait pas. Et puis les choses retombent. Finalement, les premiers suspects sont relâchés. Rien n’avance dans l’enquête.

M. HOLLANDE : Il y a une enquête policière, elle prendra le temps qui convient. Il faut essayer qu’elle puisse déboucher. Je crois qu’elle va déboucher et j’espère qu’elle va déboucher. Mais ce n’est pas pour autant que les Corses se satisfont, que, nous, nous sommes heureux d’une situation qui aurait changé sous prétexte que des discours auraient été prononcés. Non, il faut que la loi s’applique. Et la loi doit s’appliquer, dans le domaine de la répression, lorsque des attentats sont commis. Mais elle doit s’appliquer aussi dans le domaine fiscal, dans le domaine financier, dans le domaine douanier, dans le domaine agricole, parce qu’on sait très bien que la loi, on s’en arrange. Eh bien, la loi, on ne doit pas s’en arranger, pas plus en Corse que partout dans le territoire français.

M. FIELD : Vous serez vigilant à l’application, finalement, de ces bonnes paroles ?

M. HOLLANDE : Oui, parce que personne n’a intérêt à faire perdurer cette situation. Elle gangrène finalement. On le voit bien ! Et puis ce qui se passe en Corse peut se passer - on le sent bien - sur certains points de notre territoire. Il y a une dérive depuis plusieurs années, une dérive mélangée de corruption, de banditisme et quelquefois de certains élus qui s’y laissent manger, absorber. Je crois qu’il faut casser ce processus.
Ce qui se passe en Corse n’est pas simplement important pour la Corse, c’est important pour tout le pays. Il faut marquer le coup d’arrêt.

M. FIELD : Vous évoquiez ce qui se passe dans le Var, par exemple ?

M. HOLLANDE : Par exemple !

M. FIELD : On voit la suite de l’actualité avec L’ÉDITO, concocté par Sandra Le Texier.

(...)

M. FIELD : On reviendra sur le problème du cumul des mandats dans le débat qui va vous opposez tout à l’heure à Éric Raoult.
Sur les 35 heures, satisfaction du dirigeant socialiste que vous êtes ? C’est un des grands chantiers de la législature ?

M. HOLLANDE : Oui, je suis plutôt satisfait parce qu’il y a une loi ou il va y avoir une loi parce qu’il faut que le Sénat vote le texte, même si on sait qu’il ne le votera pas. Cela reviendra devant l’Assemblée nationale, mais qu’importe ! Il va y avoir la loi et la loi va ouvrir la négociation. Il n’y aurait pas pu y avoir la négociation s’il n’y avait pas eu la loi. Et en même temps, la seule loi ne suffit pas, il faut qu’il y ait la négociation. Et voilà pourquoi on n’a pas perdu de temps.

M. FIELD : Même si le CNPF continue à avoir une attitude très intransigeante, comme son porte-parole maintient, finalement, sa position ?

M. HOLLANDE : Le CNPF aura peut-être cette attitude, très politique en définitive ! Moi, je suis convaincu que beaucoup de chefs d’entreprise viendront négocier parce que, d’abord, il y a une loi, il y aura un cadre et, en plus, il y aura un certain nombre d’incitations et d’aides. Et je crois que ce sera l’intérêt de tout le monde de faire que ces aides, cette nouvelle loi, servent d’abord aux créations d’emplois. On ne fait pas les 35 heures par idéologie. On ne fait pas les 35 heures, même, comme conquête sociale parce que ce sera plus de temps, cela fera plus de temps. On fait les 35 heures pour que cela crée des emplois.

M. FIELD : N’est-ce pas un aveu quand même de difficulté de dire : « On fait cette loi, mais il y aura des aides, il y aura des incitations. » Une façon, finalement, d’entendre aussi ce qu’est l’inquiétude des patrons, notamment des petits patrons, par rapport à une mesure qu’ils jugent d’emblée extrêmement contraignante ?

M. HOLLANDE : On nous disait : « Vous allez faire une loi autoritaire. » On fait une loi qui permet la négociation. On nous disait : « Vous faites une loi qui va mettre tout le monde dans le même carcan. » On fait une loi qui va donner aux entreprises la capacité de négocier et qui permettra aux entreprises de toucher des aides qui leur offriront des garanties de compétitivité. Donc, en définitive, on arrive à mettre tout le monde autour d’une table, les salariés, les patrons, pour mieux travailler, pour mieux s’organiser, pour créer des emplois et, en plus, l’État favorise cette procédure.
Et, moi, ce que je trouve très important, c’est que, depuis des années, on verse des fonds considérables aux entreprises, des exonérations de charges parce qu’on pense - on n’a peut-être pas tort - qu’il y a trop de coûts du travail, que les charges sociales sont trop lourdes, sans résultats, sans contreparties. Et, là, pour la première fois, on va verser des aides, sans doute, des exonérations de charges sociales, mais il y aura moins de temps de travail pour ceux qui sont salariés aujourd’hui et plus d’emplois pour les autres. Je crois que c’est quand même un pari qui méritait d’être lancé.

M. FIELD : L’ÉDITO était extrêmement critique sur la visite des parlementaires européens en Algérie. Combien de temps vont continuer ces visites annoncées à sons de trompe et, finalement, pour rien puisque que c’est toujours le gouvernement algérien qui décide de qui on a le droit de voir, de qui on a le droit d’entendre ?

M. HOLLANDE : Ce qui est très important pour nous, pour les Algériens, c’est de savoir. On veut savoir ce qui se passe en Algérie. On a le droit, on a le devoir de savoir ce qui se passe en Algérie. Le fait que des parlementaires européennes aillent en Algérie, c’est plutôt un progrès. Et ils y sont allés. Qu’ont-ils vu ?
Ce qu’on peut leur reprocher - et, moi, je le fais -, c’est d’avoir été plutôt passifs considérant que le fait d’être là suffisait. Non, le fait d’être là devait leur permettre d’aller plus loin que ce qu’on voulait leur laisser voir.

M. FIELD : Mais le gouvernement français ne pourrait-il pas être une force beaucoup plus active de propositions pour cette commission internationale d’enquête, soit sous l’égide de l’ONU, soit sous l’égide de la Croix Rouge internationale ? Qu’on sache.

M. HOLLANDE : Je ne suis pas sûr qu’on doive passer nécessairement par une commission internationale. Ce qu’on doit faire en tout cas, c’est que le parlement européen ou des instances qui sont qualifiées pour avoir ce jugement-là puissent intervenir plus directement et qu’on puisse nous dire : « Oui, il se passe là, ici, des choses très graves. Oui, l’armée n’y est pas forcément complice », parce qu’on ne peut pas non plus laisser penser que, entre les terroristes et l’armée, c’est la même chose. Ce n’est pas vrai ! Les terroristes sont d’abord ceux qui font les crimes que l’on connaît. Et l’armée joue peut-être un rôle plus ambigu, mais qui n’est pas celui des terroristes.
On doit savoir.
Et même l’intérêt du gouvernement algérien - c’est en ce sens que je ne comprends même pas son attitude -, c’est d’ouvrir, c’est de montrer qu’il est justement victime d’un processus terroriste qui lui échappe.

M. FIELD : Vous comprenez aussi le soupçon de ceux qui pensent que s’il ne le fait pas, c’est qu’il y a des choses à cacher ?

M. HOLLANDE : Mais bien sûr ! Et c’est pour cela qu’il faut le lever. Et s’il ne le fait pas, je crois qu’il se met lui-même dans son tort.

M. FIELD : François Hollande, on se retrouve après une page de publicité, en compagnie d’Éric Raoult, l’ancien ministre RPR de la Ville et de l’Intégration. Nous parlerons notamment du Plan de Ville présenté par M. Sueur, le maire socialiste d’Orléans. Et c’est un petit peu le projet socialiste qui sera débattu tout de suite.
A dans un instant.

Publicité.

M. FIELD : Retour sur le plateau de PUBLIC en compagnie de François Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste, rejoint par Éric Raoult, l’ancien ministre de la Ville, ensuite de l’Intégration, député RPR de Seine-Saint-Denis.

M. RAOULT : Non, non, non…

M. FIELD : …qui était député R.P.R. de Seine-Saint-Denis.

M. RAOULT : J’ai été battu par un socialiste du fait du Front national.
Si, il faut le dire !

M. HOLLANDE : Battu par Alain Calmat, après une élection, je crois, loyale.

M. RAOULT : Une triangulaire, 70 Sièges qui ont donné la majorité à Lionel Jospin, Merci Le Pen.

M. HOLLANDE : Non, mais à ce moment-là il ne fallait pas choisir un suppléant proche du Front national. Cela vous aurait évité peut-être ce type de malentendu.

M. RAOULT : C’est important, François Hollande, c’est important de le savoir, parce que tous les électeurs de la 12ème circonscription écoutent, il n’est plus mon suppléant.

M. HOLLANDE : Non, mais il l’a été. Il a été même député grâce à vous.

M. RAOULT : François Hollande qui doit piger pour les Renseignements généraux, doit savoir que…

M. HOLLANDE : Non, non, c’est connu de tous.

M. RAOULT : …Pierre Bernard mènera une liste contre la mienne pour les élections régionales.

M. HOLLANDE : Il était temps de se séparer.

M. RAOULT : Un partout, la balle au centre.

M. FIELD : Je posais des questions tout à l’heure à François Hollande sur les cafouillages, ce qui me semblait être les cafouillages du Parti socialiste pour la constitution des listes, ça et là. Au RPR, cela n’a pas franchement été, non plus, extrêmement simple ?

M. RAOULT : Michel Field, le RPR a choisi, peut-être ce que le Parti socialiste avait fait dans les années passées, de féminiser, de rajeunir et de renouveler. Si l’on n’avait pas fait cela, il y aurait eu les jeunes qui auraient poussé…

M. FIELD : Féminiser, Élisabeth Hubert doit en avoir un petit peu…

M. RAOULT : Non, non, il y aura 30% de femmes, et je suis persuadé que Élisabeth Hubert, comme un certain nombre d’autres femmes, qu’Alain Juppé avait promues dans l’action gouvernementale, que Philippe Séguin souhaite maintenant voir élire dans les conseils régionaux, représenteront les femmes en politique.

M. FIELD : Mais si vous vouliez des emblèmes et des emblèmes féminins, pourquoi ne pas avoir retenu, par exemple, Claude-Annick Tissot qui est un peu la Madame mains propres du RPR en Île-de-France ?

M. RAOULT :  Elle est entrée dans l’équipe de Nicolas Sarkozy. Vous l’avez vue ? Eh bien, vous voyez ! Je crois que, en Île-de-France, maintenant, on peut en parler…- tout à l’heure même François Hollande a reconnu que Balladur, c’était un bon candidat -…

M. HOLLANDE : Je n’ai pas dit cela.

M. RAOULT : Balladur, c’est plus sûr.

M. HOLLANDE : Ne prenez pas vos désirs pour des réalités.

M. FIELD : C’est un bon slogan. Éric Raoult, merci.

M. HOLLANDE : Il l’a montré d’ailleurs à Matignon, et Jacques Chirac en pensait le plus grand bien…

M. RAOULT : C’est vrai, Michel Field, que les élections régionales vont permettre soit de donner un coup de chapeau, soit de donner un coup de semonce.
Coup de chapeau au Gouvernement, si tout se passe bien : si les gens sont contents des ponctions fiscales, si les gens sont contents des régularisations, si les gens sont contents de toutes les actions et mesures qui ne vont pas toujours dans le bon sens pour l’avenir, ils voteront pour le Parti socialiste dont le premier d’entre eux est présent.
S’ils veulent un coup de semonce, parce que tout ne va pas si bien que cela, que l’on n’en est pas encore au stade du rejet du Parti socialiste, c’est vrai ! Vous êtes sympathique, François Hollande !...

M. HOLLANDE : J’espère bien. Dites-le autour de vous.

M. RAOULT : Mais en l’occurrence il y a une certaine déception pour l’action. C’est ce que les électeurs de Tulle me disent…

M. HOLLANDE : Vous avez des contacts avec eux ?

M. RAOULT : Tout à fait.

M. HOLLANDE : Dites-moi les noms, j’essaierai d’aller les voir.

M. RAOULT : …François Hollande était meilleur quand il était dans l’opposition…

M. HOLLANDE : Non, non, ils ne vous disent pas cela…

M. RAOULT : Maintenant, il est au pouvoir. C’est un peu la déception.

M. HOLLANDE : Mais venez les voir. Cela fait plusieurs fois qu’il m’en parle, donc…

M. RAOULT : Les élections régionales, vous le voyez, on a des différences ! Et il est bon que pour cette élection intermédiaire les Français puissent dire : coup de chapeau ou coup de semonce. Je crois que ce sera plutôt un coup de semonce.

M. FIELD : On va y venir dans un instant. Mais, alors, s’il y a un domaine sur lequel, à mon sens, et en dehors de toute partialité politique, Édouard Balladur a un temps d’avance sur le Parti socialiste, c’est sur le site Internet des élections régionales. C’est le sujet Internet que nous a concocté Jérôme Paoli, avec la voix de Sandra Le Texier.

REPORTAGE.

M. FIELD : François Hollande, il faudrait peut-être actualiser le site Internet avant le résultat des élections ?

M. HOLLANDE : Oui, mais on restait sur un tellement bon souvenir avec le 1er juin, que l’on avait du mal à passer à l’autre étape. Mais je vous rassure, dès la semaine prochaine, dès le 23 février, on aura tout notre site Internet qui sera en ordre de marche.
C’est important le site internet, c’est tout à fait moderne, mais je ne pense pas que les élections se gagnent simplement sur des modes de communication - on le fera -, mais il se gagne d’abord sur le contenu.
Sur le contenu, je n’ai pas de doutes…

M. RAOULT : C’est Huchon ? C’est réglé ?

M. HOLLANDE : …par rapport au coup de semonce ou coup de chapeau de Monsieur Raoult…

M. RAOULT : C’est réglé, c’est Huchon.

M. HOLLANDE : Il faut suivre…

M. FIELD : Il l’a dit tout à l’heure.

M. HOLLANDE : C’était en première partie. Là, on est passé à la deuxième partie.

M. RAOULT : Oui, mais la semaine dernière, c’était Strauss-Kahn, maintenant c’est Huchon. C’est l’intérêt de l’émission. Alors, Huchon, c’est bon !

M. HOLLANDE : Monsieur Raoult fait tous les slogans. Lui, il est tout à fait dans la politique de communication.

M. FIELD : J’ai évoqué tout à l’heure le rapport Sueur sur la Ville, avec un certain nombre de mesures, notamment de vœux ou de vœux pieux, peut-être, diraient les gens sceptiques : généraliser les conseils de quartiers dans les grandes villes avant les discussions en conseil municipal ; des contrats d’agglomérations sur 10 ans. J’avais envie d’avoir la réaction d’Éric Raoult, en tant qu’ancien responsable de ce domaine si sensible qu’est la Ville ?

M. RAOULT : Je connais bien Jean-Pierre Sueur, c’est un élu de qualité. Je connais un peu moins bien Martine Aubry, parce que, quand elle vient dans mon département, elle ne m’invite pas. Mais, en l’occurrence, j’ai essayé de le lire, et je me suis dit que les 700 pages étaient un peu du temps passé. Eh oui, c’est du temps passé, mais pour du temps perdu, c’est-à-dire que pendant 8 mois la politique de la Ville a été un peu mise en jachère. C’est normal ! Martine Aubry ne peut pas s’occuper de l’emploi, de la Sécurité Sociale, des Affaires sociales, de la solidarité et de la Ville. Mais, pour autant, l’opposition ne veut pas rejeter carrément, totalement, ce qui est indiqué à l’intérieur du rapport de Jean-Pierre Sueur. Il y a des choses intéressantes. Il y a beaucoup de choses qui nous ont été un peu, pas pompés, mais… - non, il n’y aura pas de droits d’auteur - …c’était le Pacte de Relance pour la Ville que Jean-Claude Gaudin et Alain Juppé avaient souhaité, à la demande du Président de la République, mettre en œuvre.

M. FIELD : Et vous retrouvez un certain nombre de mesures…

M. RAOULT : Oui, mais ce que je regrette, c’est que Jean-Pierre Sueur n’ait pas dit, lui qui propose de la durée, Lui qui dit qu’il faut 10 ans pour mener une politique de la Ville efficace, que le Pacte de Relance pour la Ville de Gaudin, Raoult, cela ne fait qu’un an qu’il est mis en œuvre, il faut le continuer.
Sueur, il est honnête. Il reconnaît que les zones franches, ce n’est pas si mal, et il les continue. Et il reconnaît aussi que, sur beaucoup de sujets, le Pacte de Relance allait, je dirais, dans le bon sens.
Cela prouve une chose : quand Jospin est au Gouvernement, les banlieues brûlent, quand Juppé était là, concrètement, c’était plus calme.

M. HOLLANDE : Vous êtes sérieux, là, quand vous évoquez…

M. RAOULT : Je suis sérieux, François Hollande.

M. HOLLANDE : Cela me rappelle des phrases d’une autre époque, c’est-à-dire l’ombre et la lumière, la nuit, le jour…

M. RAOULT : L’ombre et la lumière, c’était Jack Lang.

M. HOLLANDE : Non, mais quand on était là, c’était merveilleux : il n’y avait aucune voiture qui brûlait, et puis maintenant, sous prétexte que le 1er juin cela aurait changé de gouvernement, la situation dans les banlieues aurait changé ? Je ne crois pas que l’on puisse faire de la politique comme cela !

M. RAOULT : François Hollande, je ne veux pas caricaturer.

M. HOLLANDE : Je ne le crois pas du tout !

M. RAOULT : Je dis simplement que le rapport de Jean-Pierre Sueur est intéressant : va-t-il obtenir les 350 MDF ? Est-ce que ce sera un plan supplémentaire pour votre bibliothèque ou est-ce que ce sera un plan supplémentaire en mesures ? Si c’est un plan supplémentaire financé, je dis : chapeau ! On suivra. Parce que, aujourd’hui, il y a beaucoup de maires qui attendent beaucoup de choses. Et le Président de la République l’a montré, parce que s’il n’avait pas été là pour recevoir les maires, Monsieur Jospin n’y avait pas pensé !

M. HOLLANDE : Non, là, juste sur ce point.

M. RAOULT : Eh ! C’est vrai quand même !

M. HOLLANDE : Vous pensez que la politique, c’est de recevoir quelques maires ? La politique, c’est de faire la politique que les maires attendent. Et justement, depuis 8 mois - je ne veux pas faire dans la polémique : c’est bien depuis le 1er juin, ce serait très mal avant ou ce serait très mal après, non, - on a fait, premièrement, les emplois Jeunes. On les a faits, parce que l’on considère que c’est très important dans tous ces quartiers-là. Ces emplois-jeunes, ce n’est pas seulement dans ces quartiers, mais que, dans tous ces quartiers-là, il puisse y avoir de l’emploi. Première mesure.

M. RAOULT : Vous allez les renforcer dans les quartiers.

M. HOLLANDE : Donc, on va les renforcer dans les quartiers

M. RAOULT : C’est une bonne chose.

M. HOLLANDE : Et s’il le faut, on essaiera de participer financièrement, même au-delà de 80 % dans ces quartiers-là, parce que les villes ne le peuvent même plus.

M. RAOULT : Pourquoi avez-vous supprimé les emplois de Ville ?

M. HOLLANDE : Deuxièmement, les emplois-Ville, ils continuent.

M. RAOULT : Non, non.

M. HOLLANDE : Les emplois-Ville continuent…

M. RAOULT : François Hollande, vous les avez supprimés dans la loi Aubry.

M. FIELD : Laissez parler François Hollande.

M. RAOULT : C’est vous qui êtes député, moi, j’ai été battu.

M. HOLLANDE : …et ils ont été d’autant plus renforcés que ces emplois-Jeunes sont là.
Troisièmement, qu’est-ce que c’est qu’une politique de la Ville ? C’est de faire confiance, d’abord, à ceux qui habitent dans ces quartiers, à tous ceux qui se battent qui se battent depuis de longues années, travaillent dans les associations, vivent dans ces quartiers, et des moyens leur ont été donnés, pas suffisamment. La preuve, c’est que l’on va doubler pratiquement les fonds que l’on met dans ces quartiers-là : 14 MDF aujourd’hui, 30 MDF par an, chaque année, pendant 10 ans.
Et puis c’est aussi une politique du logement : trop de contraintes avaient pesé sur le logement social. Aujourd’hui, on relance le logement social. On permet la mixité des logements dans beaucoup de ces quartiers-là.
Enfin, il y a le problème de l’inégalité fiscale : il n’est pas normal que dans les villes de la Seine-Saint-Denis, où l’on est privés pour beaucoup de taxe professionnelle, on ne puisse pas avoir un juste retour de la péréquation des richesses au sein du territoire ; que les villes des Hauts-de-Seine qui ont peut-être plus de moyens, ne participent pas aussi à cet effort-là.

M. RAOULT : Cela existe déjà. C’est la dotation de solidarité urbaine.

M. HOLLANDE : Mais, c’est très insuffisant.

M. RAOULT : Vous l’avez fait voter.

M. HOLLANDE : Oui. Mais c’est très insuffisant. Il faudra aller encore plus loin.
Emploi, logement, politique de redistribution fiscale, volonté de mettre des conseils de quartiers.
Il se trouve - Monsieur Raoult a eu la gentillesse de le dire - que je suis élu plutôt d’une zone rurale, même si ma ville de Tulle est une ville qui, elle, a 18 000 habitants. Ce n’est pas aussi important que d’autres villes de la Région parisienne et il n’y a pas ces problèmes-là. Mais, j’ai la chance d’avoir en face de moi, chaque fois que je fais une aide ou que je fais une intervention, des maires de communes de 100, 150 ou 200 habitants. Dans les quartiers, on n’a pas cette structure de représentation, donc il y a un vrai problème d’identité de ces quartiers-là par rapport à leurs interventions possibles sur les conseils d’agglomérations, s’ils existent, par rapport au Conseil général, par rapport au Conseil régional, par rapport même aux parlementaires. Il faut faire représenter ces quartiers-là, parce que c’est aussi l’une des façons de mettre de la démocratie et de la République.

M. FIELD : Éric Raoult, on a l’impression qu’il n’y a pas un vrai clivage d’opposition ? En tous cas, que vous seriez plutôt prêt à faire avancer les choses et qu’il y aurait, peut-être, là, un thème d’union nationale de plus ?

M. RAOULT : Écoutez, quand le Président de la République a reçu ces maires, il y avait des maires de gauche et il y avait des maires droite, et même François Hollande a reconnu que c’était une bonne idée.

M. HOLLANDE : Et tant mieux que l’on se rencontre !

M. FIELD : Il devait y avoir une deuxième réunion qui a été ajournée ?

M. RAOULT : Qui a été ajournée à la demande de Bruno Le Roux qui a souhaité qu’elle se fasse après les élections régionales.

M. HOLLANDE : Je crois que c’était plus raisonnable.

M. RAOULT : Elle aura lieu après les élections régionales.

M. HOLLANDE : Mais le Premier ministre a réuni aussi beaucoup de maires, et tant mieux ! Tant mieux que l’on reçoive des maires !

M. RAOULT : Tout à fait. Mais l’important aujourd’hui, c’est de bien voir que… D’abord, nous avons eu à gérer ce dossier urbain qui n’était pas simple, parce que beaucoup de politiques avaient été mises les unes sur les autres : il y avait M. Delbarre, puis M. Tapie. Après, il y avait eu, de nouveau, d’autres actions gouvernementales qui s’étaient accumulées.
Aujourd’hui, je crois que, avant d’ouvrir un chantier, il faut fermer celui qui est déjà ouvert. Pourquoi ne pas poursuivre le Pacte de Relance pour la Ville, il avait obtenu, je ne dis pas un consensus, mais, au Parlement, il n’y avait pas eu beaucoup de députés socialistes - c’est vrai qu’il n’y en avait plus beaucoup - qui souhaitaient s’opposer…

M. HOLLANDE : Mais ça change ?

M. RAOULT : Oui, c’est vrai que ça change !... qui souhaitaient s’opposer à cet effort social urbain. Cet effort urbain doit rassembler les Français. Il doit rassembler les politiques. Parce que le maire de Mantes-la-Jolie n’est plus P.S., il est RPR et parce que, aujourd’hui, c’est vrai que, quand on règle les problèmes d’un quartier, c’est une action à long terme et il est important que la fracture sociale soit de moins en moins une fracture urbaine.
Mais il faut aussi que l’on parle clair, François Hollande. Vous avez parlé de volonté, vous avez parlé de logement social. Moi, je parlerai de durée d’activité, mais je parlerai aussi d’identité.
A votre avis, les 153 000 régularisés où vont ils aller ? A Tulle, à Cintegabelle ou à l’Hôtel Matignon ? Il faut aussi que l’on soit clair, on ne peut pas tout à la fois…

M. HOLLANDE : Oui, soyons clairs, parce que là vous êtes plutôt dans le gris.

M. RAOULT : … parler de politique de la Ville et faire le contraire au niveau de la politique d’immigration. La politique d’immigration doit être cohérente avec la politique de Ville. Essayons déjà de régler les problèmes de quartiers aujourd’hui, mais n’ouvrons pas nos frontières, ne régularisons pas tous ceux qui veulent rester ici, pourquoi ? Parce que, où vont ils ? Ils vont dans les quartiers d’habitat social et ils vont renforcer les difficultés qui existent déjà. Je crois que là-dessus il faut être clair, vous ne l’avez pas été. On ne peut pas regarder les agences ASSEDIC être envahies, on ne peut pas regarder les voitures brûler, en s’étonnant, au bout de quelques mois, que l’on n’a rien fait pour lutter contre l’exclusion et pour mettre en place un véritable politique urbaine.

M. FIELD : François Hollande.

M. HOLLANDE : D’abord, là, on est passé sur un autre terrain qui est celui de l’immigration…

M. RAOULT : … vous savez que les choses ne sont pas cloisonnés non plus.

M. HOLLANDE : J’y suis prêt.

M. RAOULT : Il y a des points communs.

M. HOLLANDE : On va répondre. Ces personnes qui sont régularisables, qui ne seront pas tous régularisées, elles ne viennent pas de l’extérieur…- c’est plus simple si l’on s’exprime -, elles étaient déjà là, sinon ce ne serait pas une régularisation. Elles étaient déjà là. Elles étaient déjà dans ces quartiers, cachées plus ou moins, mais clandestines. Elles étaient dans ces quartiers. Souvent vivant avec des Français, souvent ayant des enfants en France, souvent ayant même un travail. Car, hélas, les filières clandestines, cela existe. Et l’on est amenés aujourd’hui à lutter encore plus durement contre ce mode d’exploitation de l’homme par l’homme, parce que, en l’occurrence, c’est cela.
Alors, nous, nous disons : plutôt que de laisser ici, on le sait cachés, occuper des églises, essayer de s’en sortir comme ils le peuvent dans des ateliers clandestins. Non. Ceux qui ont des droits doivent les faire valoir et on les régularisera. Pas tous. Et ceux qui ne seront pas régularisés, ils seront reconduits à la frontière. Mais on préfère cette position claire que cette position apparemment ferme et qui maintenait des situations clandestines tout à fait coupables.
Alors, je crois que la politique du Gouvernement est claire sur ce point-là : nous, nous n’ouvrons pas les frontières ; nous, nous ne faisons pas l’appel au travail clandestin ; nous, nous sommes fermes sur l’immigration clandestine, nous régularisons ceux qui ont des droits à faire valoir et nous intégrons tous les autres. Et si nous voulons intégrer, il faut avoir ce discours de l’intégration toujours en tête. Parce que c’est, je crois, notre intérêt commun. Si l’on veut que ces quartiers ne puissent pas connaître d’affrontements, je plaide vraiment pour qu’on ne donne pas d’images de quartiers où les voitures flambent. Il y a des voitures qui flambent. Elles ont, hélas, beaucoup flambées il y a des années. Elles reflambent aujourd’hui, elles reflamberont peut-être demain ! Il faut que l’on donne de ces quartiers une image aussi d’espoir, et cela suppose que l’on y mette les moyens. Si l’on véhicule simplement - c’est le cas de le dire - des schémas tout à fait apocalyptiques auprès de nos concitoyens, alors qu’est-ce que l’on donnera comme espoir ?

M. FIELD : Vous les trouvez où ces moyens ? Parce que le chiffrage du Plan Sueur, c’est énorme ?

M. HOLLANDE : 30 MDF par an. Si l’on ne met pas ces moyens-là…, alors, on aura toutes les difficultés. Il faut renforcer le Service public : il n’est pas normal que, dans tous ces quartiers, la Poste ne soit pas présente dans la moitié des cas ; il n’est pas normal que l’on ne trouve pas d’antennes A.N.P.E. ; il n’est pas normal que les ZEP ne couvrent pas tous ces territoires ; il n’est pas normal que l’État ne soit pas là où il devrait être, et notamment par rapport aux effectifs de Police.

M. RAOULT : Et il n’est pas normal que vous ne vous en apercevriez qu’aujourd’hui !

M. HOLLANDE : Cela fait 8 mois que nous sommes aux responsabilités. Vous l’avez été 4 ans.

M. RAOULT : Monsieur le chargé de mission à la Présidence de la République…

M. HOLLANDE : …cela fait quand même 4 ans, et, moi, je ne vous en fais pas le reproche. Vous avez été devant les élections, vous avez perdu. Vous l’avez voulu. C’est ainsi.

M. RAOULT : Monsieur François Hollande, vous avez eu deux septennats pour comprendre le dossier urbain…

M. HOLLANDE : On l’a fait.

M. RAOULT : Oui, vous l’avez fait. Vous y aviez été directement confrontés, vous l’avez rappelé, à Mantes-la-Jolie quand les voitures brûlaient. Nous ne sommes pas aujourd’hui, là, pour régler ce qui s’est passé dans les 10 dernières années ou ce qui s’est passé…

M. HOLLANDE : …travaillons pour maintenant.

M. RAOULT : …durant les 2 dernières années. Je dis simplement que, malheureusement, le Gouvernement a pris beaucoup de retard et que le rapport Sueur, vous auriez pu y réfléchir durant les 2 années où vous étiez dans l’opposition. Le rapport Sueur intervient aujourd’hui après 8 mois de perdus…

M. HOLLANDE : Que s’est-il passé pendant 8 mois, si je peux me permettre de vous couper ? Qu’avons-nous fait pendant 8 mois ?

M. RAOULT : Vous avez supprimé le code de la nationalité. Vous avez supprimé l’AGED.

M. HOLLANDE : Nous avons fait les emplois-Jeunes. Nous avons fait la réduction du temps de travail. L’AGED, on peut en parler ? Cela aide les banlieues, l’AGED ? Vous pensez que l’allocation de garde d’enfants à domicile pour les personnes qui gagnent plus de 30 000 francs par mois, cela aide les banlieues ? Vous pensez que la déduction fiscale qu’avait créée M. Balladur, cela aide les banlieues ?

M. RAOULT : François Hollande, vous regardez, pardonnez-moi…

M. HOLLANDE : …les avantages fiscaux des plus riches n’aident pas les banlieues.

M. RAOULT : …cela n’a aucun caractère politique, mais ne regardez pas la France que d’un seul œil. Les jeunes femmes qui travaillent grâce à l’AGED, d’où viennent-elles ? Des beaux quartiers ? Ne regardez pas simplement les gens qui paient. Regardez les jeunes femmes qui travaillent pour ces enfants. Pardonnez-moi, vous avez peut-être bénéficié de l’AGED ? Vous avez eu peut-être l’occasion, à d’autres moments, de considérer ce dossier-là. Ce sont plutôt des jeunes femmes qui viennent des quartiers périphériques et qui ne viennent pas des beaux quartiers du centre des métropoles.

M. HOLLANDE : C’est un sujet très important.

M. RAOULT : Je dis que l’AGED a deux volets.

M. HOLLANDE : Vous pensez que le coût d’un emploi tel qu’il était facturé, parce que, en fait, il y avait l’allocation de garde d’enfants à domicile, plus une déduction fiscale, qui aboutissaient à ce que le coût de l’emploi soit de l’ordre de 40 à 50 000F. Attendez, je termine pour le règlement…

M. RAOULT : Je vous ai écouté avec Nicolas Sarkozy, vous avez parlé de Neuilly, mais la jeune femme qui travaille à Neuilly, elle vient de Nanterre et elle vient de Suresnes. Ne voyez pas la France simplement par moitié.

M. HOLLANDE : Mais je la vois complètement, n’ayez aucune crainte. Mais lorsque le coût d’un emploi est de 50 000F, quelquefois d’avantage, près de 100 000F, je me dis - mais on peut raisonner - qu’un emploi-jeune, c’est quand même beaucoup moins cher et beaucoup plus efficace. Et que cela permet à un jeune de ces quartiers de travailler dans le quartier pour animer, pour encadrer, pour quelquefois éviter, par une prévention, que des délits soient commis. Bref, je me dis que c’est quand même mieux de faire travailler les jeunes dans ces quartiers-là pour des tâches utiles et pas simplement pour les beaux quartiers.

M. FIELD : Le dernier mot à Éric Raoult ?

M. RAOULT : François Hollande, pourquoi avez-vous supprimé les emplois de ville ?

M. HOLLANDE : Les beaux quartiers ne feront pas le bonheur des quartiers difficiles.

M. RAOULT : Pourquoi avez-vous supprimé les emplois de ville…

M. HOLLANDE : Parce qu’on fait les emplois-Jeunes…

M. RAOULT : Et pourquoi avoir perdu 8 mois ?

M. HOLLANDE : …parce que, vous, vous avez perdu 4 ans.

M. RAOULT : En écoutant trop Aubry, on oublie Mantes-la-Jolie.

M. HOLLANDE : Écoutez plus Aubry, elle est à Mantes-la-Jolie.

M. FIELD : François Hollande, merci. Éric Raoult, merci de votre venue.
Vous retrouverez un autre débat qui sera un petit peu le point de départ des élections régionales, demain, sur cette chaîne, animé par Patrick Poivre d’Arvor, à 22h40. Vous en serez, d’ailleurs, avec d’autres leaders publics.
Quant à nous, nous nous retrouvons dimanche, à 19h, Philippe Séguin, le Président du R.P.R., sera mon invité.
D’ici là, vous avez l’énorme avantage de retrouver Claire Chazal pour le 20 heures.
Bonne fin de week-end. A dimanche prochain.