Interview de Mme Marylise Lebranchu, secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à l'artisanat, dans "Le Parisien" du 26 novembre 1999, sur les raisons ayant conduit à repousser les soldes au 15 janvier 2000.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Marylise Lebranchu - secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à l'artisanat

Média : Le Parisien

Texte intégral

Le Parisien : Pourquoi avoir repousser les soldes au 15 janvier ?

Marylise Lebranchu : Les consommateurs avaient trop pris l'habitude de différer une partie de leurs achats en fin d'année au moment des soldes. L'année dernière, on a même assisté à la ruée des gens de province pour profiter des soldes parisiens et à des migrations d'un département à l'autre en fonction des dates de soldes. Le système actuel n'est pas sain.

Le Parisien : Y a-t-il d'autres perversions au système ?

Marylise Lebranchu : De plus en plus de boutiques intègrent les soldes dans leurs commandes. Dans certains cas, elles achètent jusqu'à 60 % de marchandises exclusivement pour satisfaire le client pendant les six semaines de soldes contre à peine 40 % pour le reste de l'année. Toute la chaîne de production souffre. On ne fait que sacrifier la qualité et favoriser les importations en provenance des pays en voie de développement. Cela est contraire à l'idée d'excellence de la production de l'industrie française du textile et de l'habillement.

Le Parisien : Le choix de cette nouvelle date est-il définitif ?

Marylise Lebranchu : Pour l'instant, il s'agit d'une expérimentation. J'ai envoyé une lettre à chaque préfet en leur demandant d'être ferme et de respecter la date unique du 15 janvier. Ce à l'exception des stations de sports d'hiver. Ces dernières pourront démarrer leurs soldes en fin de saison. Si cette tentative est probante, on l'actera définitivement dans une nouvelle réglementation qui modifiera la loi du 5 juillet 1996 sur les soldes.

Le Parisien : Quels enseignements espérez-vous tirer de ce changement de date ?

Marylise Lebranchu : Nous allons mesurer l'impact du décalage de la période de solde sur le chiffre d'affaires des commerces en décembre qui, jusqu'alors, était un mauvais mois pour le secteur de l'habillement. Nous allons aussi regarder si un système des promotions de fin d'année se développe et qui, des fournisseurs ou des commerçants, fera le plus d'efforts sur ses marges. Enfin, nous attendons de voir si les consommateurs patienteront jusqu'au 15 janvier pour dépenser leurs étrennes.