Texte intégral
Je vous souhaite à tous une bonne rentrée, spécialement aux journalistes spécialisés dans le secteur de l’éducation et à ceux qui en ont la charge dans cette maison et naturellement c’est aussi une bonne rentrée que je souhaite aux millions d’élèves qui vont demain et mardi prochain reprendre le chemin de la classe. C’est une rentrée sous le signe du mouvement. Du mouvement programmé, maîtrisé, et exact au rendez-vous. Les changements annoncés se réalisent, comme nous allons le voir en en faisant la liste et vous comprendrez bien entendu que c’est un des avantages de la durée pour un ministre de l’éducation nationale que de voir ainsi se réaliser les changements qu’il a programmés, conçus et qu’il voit peu à peu se mettre en place.
C’est une rentrée autour de trois idées, si vous le voulez bien.
La première de ces idées, c’est l’école qui remplit sa mission de construction de la culture générale, en commençant par la lecture, et de formation du citoyen. C’est sa mission et cette mission est désormais au premier plan de ses préoccupations.
Deuxième idée, c’est une école qui choisit l’avenir à la fois parce qu’elle ouvre l’enfant, l’adolescent et le jeune aux réalités de cet avenir. Je pense par exemple, nous y reviendrons dans un instant, aux langues vivantes à l’école primaire. Je pense à la formation professionnelle et à l’orientation. Je pense aussi aux rythmes scolaires, qui sont une dimension de cet avenir pour l’ensemble de la société française et pour les élèves, bien entendu, pour leurs familles et pour l’école en général.
La troisième idée, je souhaite que ce soit la rentrée de l’école soutenue par la société française. À la fois les problèmes de réussite de l’école et de climat de l’école. Je pense en particulier aux phénomènes de violence que nous constatons et nous en avons eu cet été encore dans un cadre extra-scolaire, mais un dramatique exemple. Ces réalités-là dépendent presque entièrement de l’image qui est celle de l’école et de ceux qui la font, dans l’esprit des élèves et de leurs familles. Toutes les études que nous avons conduites montrent que c’est probablement là un élément majeur de la réussite de l’école, lorsqu’elle est soutenue par la famille. Et il me semble qu’il est donc normal de faire en cette rentrée un appel pour que les Français soutiennent davantage les enseignants, qu’ils les respectent et qu’ils transmettent ce respect à leurs enfants. C’est important pour l’école, mais c’est très important pour eux. Et donc c’est cet appel à soutenir les enseignants et l’ensemble de l’éducation qui me paraît devoir être le troisième élément marquant de cette rentrée.
Donc premier élément marquant : l’école remplit sa mission fondamentale. Deuxième élément : elle s’ouvre vers l’avenir. Et troisième élément : elle accomplit ces deux missions dans un climat de confiance, de respect et de soutien.
Voilà la courte déclaration liminaire que je voutais faire. Je voudrais maintenant reprendre, pour les énumérer, mais vous êtes des spécialistes pour la plupart d’entre vous. Je vais tout de même le faire à destination de vos lecteurs. Les principaux changements de cette année, en commençant par l’école primaire, pré-élémentaire et élémentaire. Je voudrais vous rappeler que cette année nous atteindrons l’objectif que je m’étais fixé de l’abaissement des effectifs en école maternelle, en ZEP jusqu’à vingt-cinq élèves. Ce qui est un pas très important. On a diminué de presque 20 % le nombre des élèves en maternelle dans les zones d’éducation prioritaire et il me semble que cela traduit deux convictions pour nous. La première c’est que cette école est une véritable école, c’est une originalité française qui joue un rôle très important dans la réussite scolaire, notamment des enfants des milieux sociaux ou culturels les plus fragiles, et deuxièmement la volonté de poursuivre cette politique positive à l’égard des zones d’éducation prioritaire, c’est-à-dire d’y concentrer les moyens qui doivent naturellement être ciblés sur des buts sociaux et culturels précis. Ce qu’on a appelé en d’autres lieux une politique de discrimination positive, ce que j’appelle simplement une politique positive à l’égard des plus fragiles. Donc voilà pour l’école élémentaire. Je voudrais cette année que nous réfléchissions tous ensemble à ce qu’on appelle le cycle 2, c’est-à-dire pour les non spécialistes, au cours préparatoire. Il y a un phénomène qui marque toutes les sociétés développées dont je me suis beaucoup occupé, vous le savez, qui est l’illettrisme. Pas besoin de rappeler que c’est le défaut de maîtrise de la lecture et de l’écriture ou son insuffisante maîtrise qui fait la plupart des exclusions scolaires et sociales. Le problème que nous rencontrons est que 10 à 15 % des élèves sortent de ce cycle du cours préparatoire en situation d’échec face à la lecture. Jusqu’à maintenant, on les laisse progresser de classe en classe, comme si ce problème n’existait pas. Je voudrais que cette année nous mettions tous nos efforts à inventer pour ces élèves la réponse la plus précoce possible. C’est-à-dire une réponse en temps réel, au moment même où les difficultés apparaissent, lorsqu’on constate, à la fin de l'année de CP ou à la fin du cycle que décidément on est en situation d’échec. Alors bien entendu, je ne suis pas en train de construire des structures qui seraient de relégation précoce des élèves. Mais il me semble qu’il faut que nous trouvions une réponse adaptée avec une pédagogie adaptée pour les élèves qui sont en situation d’échec devant la lecture, dès l’instant même où l’on constate cet échec. Alors je vais m’adresser à tous les instituteurs et professeur d’écoles du cours préparatoire, du cycle 2, pour en parler avec eux, pour essayer d’inventer avec eux ce que pourrait être une réponse précoce aux problèmes de lecture. Comme vous le savez aussi, c’est l’année suivante qu’ils rencontreront de manière générale l’initiation quotidienne aux langues vivantes, puisque nous estimons à 500 000 cette année le nombre des élèves du cours élémentaire qui doivent recevoir cette initiation quotidienne aux langues vivantes, les documents d’évaluation que vous avez vus permettent, me semble-t-il, de montrer le réel intérêt pour cette méthode que nous avons mise en place, j’ai répété devant vous que c’est la première fois dans un pays développé qu’un effort de cette ampleur est envisagé, il faut sans doute aller plus loin, on a suggéré que la civilisation des pays concernés ait plus de place dans les programmes audiovisuels que nous réalisons, mais je considère que c’est un premier pas très encourageant, 500 000 enfants vont cette année découvrir cette initiation. Pas besoin de dire aussi que l’aide aux devoirs a déjà été généralisée l’année précédente, que ce sera une réalité j’espère pour chacun des élèves cette année à l’école primaire. Je veux aussi vous rappeler, vous les avez tous dans vos dossiers, j’imagine, que c’est la rentrée des nouveaux programmes de l’école primaire, programmes qui ont été très simplifiés, mis à la portée. Je pense de l’ensemble des enfants de cet âge. J’aurai l’occasion si vous le souhaitez de répondre tout à l’heure à des questions précises sur ce point. Je veux aller plus loin, encore plus simple si j’ose dire, je souhaite que nous écrivions cette année les objectifs que chacun des élèves doit atteindre en termes de savoir-faire et de bagage culturel élémentaire à la fin de l’école primaire, comme à la fin du collège, que nous écrivions cela ensemble, de manière qu’il y ait ce contrat dont j’ai souvent parlé devant vous entre l’école et la nation, en termes de compétence que les élèves doivent remplir. Voilà pour l’école primaire.
Au collège, c’est la deuxième année de la généralisation de la réforme des collèges, après la nouvelle sixième l’an dernier c’est la nouvelle cinquième cette année et j’ai eu la joie de voir que plus de 30 % des élèves choisissaient cette découverte précoce du latin qui constitue une des nouveautés de la nouvelle cinquième. Je veux rappeler qu’il y a près de cinquante ans qu’on n’avait plus enseigné le latin en cinquième. Je suis très heureux de ce choix et de l’espèce de plébiscite qu’il décrit, parce qu’il me semble que cela signifie qu’on a compris qu’elle était notre intention… cinquante ans c’est trop ? … Ça fait trente ans. Je reconnais que de ce point de vue-là mon appréciation historique a été un peu hasardeuse, alors disons plus de trente ans. J’aurais dû le savoir parce que c’est à cette époque-là que j’ai commencé à apprendre le latin, c’était l’époque où la prononciation restituait et constituait la grande nouveauté du latin. Avant on enseignait le latin comme dans les églises –. Donc ce que nous avons voulu taire, c’est pas du tout un signe de retour en arrière, c’est au contraire le choix de l’avenir. Dans un pays de diversité sociale et culturelle, où nous savons que la maitrise de la langue constitue un des éléments majeurs du succès, c’est un des outils privilégiés de découverte de la langue que de découvrir ses racines, son histoire. Et c’est ce que nous avons voulu mettre à la disposition de tous. Cela nous permettra, je vous le rappelle, dans deux ans, à la rentrée 1998, j’espère que je serai encore là… – je croyais que cela susciterait des rires, mais non ! – à la rentrée 98 nous mettrons en place les nouvelles options des troisièmes, qui seront différenciées. Elles seront pour les unes de sciences expérimentales, pour les autres de langues vivantes, et pour la troisième de grec. Ce qui permettra donc de nouveau d’offrir aux élèves la possibilité de faire du latin et du grec, ce qui n’existe pour ainsi dire plus dans l’enseignement français. Cette année, les baccalauréats latin/grec ont été en France, sur 560 000 candidats, au nombre de 85. Moins de 100 sur 560 000. C’est dire dans quelle déserrance sont tombées des disciplines qui constituaient une dimension majeure de l’humanisme français. Donc c’est sur cela que nous ouvrons la porte avec le latin en cinquième. Pas besoin de vous rappeler les études qui au collège marquent cet effort pour donner aux élèves, au moment où ils entrent au collège, les méthodes de travail qui s’imposent et je n’ai pas besoin non plus de vous rappeler, j’en parlerai dans une minute plus abondamment, que nous avons décidé de commencer l’initiation à l’orientation dès le collège. Donc nouvelle organisation en cycles, c’est la première année du nouveau deuxième cycle que nous mettons cette année en place, c’est la réforme du collège qui est en marche. Troisième étape, le lycée. Le grand effort de cette année sera pour l’orientation. Nous avons commencé un peu cette année, nous sommes décidés à aller beaucoup plus loin et à conduire plus profondément le travail avec les élèves et ceux qui en ont la responsabilité. Dès la classe de seconde, nous allons proposer aux élèves une réflexion sur leur orientation, que nous allons essayer de conduire de la manière la plus informée possible pour eux, en leur donnant le plus grand nombre d’informations et de rencontres vivantes avec les choix universitaires ou de formation professionnelle qu’ils pourraient faire. C’est toute une politique à inventer et qui conduira à des changements majeurs que je n’exposerai pas aujourd’hui dans les relations entre l’université et le lycée. Je souhaite qu’on sorte de la logique de l’ignorance réciproque, pour aller vers une logique du travail en commun, de la définition en commun des objectifs à atteindre, de manière qu’il n’y ait plus cette rupture entre lycée et université, rupture qui n’est plus justifiée, il suffit de mesurer le nombre d’élèves qui poursuivent leurs études à la sortie du lycée. On a besoin de construire la continuité entre lycée et université. C’est un très gros effort qu’il y a à faire, parce que c’est un changement culturel pour les élèves et quelquefois pour les enseignants. Le lycée s’achève avec le bac. Le seul horizon c’est le bac. Si j’ose dire leur seule orientation c’est de réussir le bac. Et il faut désormais qu’ils arrivent à construire un véritable parcours et naturellement cela va demander un très grand effort à tous. Donc au lycée ce sera l’année de l’orientation. Pour un des versants de cette orientation, je veux dire la formation professionnelle, je souhaite que cette année soit celle d’une grande campagne pour défendre la formation professionnelle de l’éducation nationale. Bien entendu, il est tout à fait légitime que l’apprentissage ait sa place, mais il faut aussi que les Français et les jeunes, et leurs familles sachent quelle réussite en formation professionnelle on trouve à l’éducation nationale. Alors sans doute un grand effort de simplification sera nécessaire, un grand effort de communication aussi. Je souhaite que nous le conduisions ensemble. Peut-être des changements dans l’architecture, on en parlera, je ne suis fermé à rien mais en tout cas je veux faire cet effort de défense et d’illustration comme aurait dit le grand humaniste, de défense et d’illustration de notre formation professionnelle. Et naturellement, le meilleur pour la bonne bouche, si j’ose dire, un des thèmes majeurs de cette année sera la mise en place de la réforme de l’université qui, comme vous vous en souvenez, a été annoncée dans ses principes au moment des états généraux de l’université au mois de juin, et qui va donner lieu à un effort de très grande ampleur pour que après avoir fait les architectes, nous fassions les maçons, c’est-à-dire que nous réussissions à faire entrer dans la réalité chacune des orientations, je crois qu’elles ont été assez généralement bien accueillies, chacune des orientations qui, de l’architecture des études à l’organisation du temps universitaire, à l’organisation des carrières, à l’organisation de la gestion des universités, à la mise en place d’une filière technologique, à l’adoption par la France des semestres, et notamment du semestre initial qui permettra l’orientation, que tout cela puisse être mis en place à la rentrée prochaine. Bien entendu, tout ce qui touche à l’aide aux étudiants, aux allocations d’études, au statut de l’étudiant, tout cela va être sur notre table de travail pendant l’année. Voyez que nous avons beaucoup à faire. Un grand journal du matin a écrit samedi que c’était une révolution silencieuse, ce que nous conduisions. C’est en effet je crois dans ce sens que nous avons en tout cas une réforme en profondeur et qui touche tous les aspects du système éducatif français, avec cette idée que j’ai déjà exprimée et que j’exprime à nouveau volontiers devant vous : nous avons les moyens de faire de l’école française la meilleure école du monde. Vous aurez été sans doute frappé comme moi par la place que l’éducation a tenue dans le discours d’investiture du président Clinton. Je suis absolument persuadé qu’aucun des pays qui visent à être un des grands pays du monde ne pourra se soustraire à cet effort. Cet effort comporte, j’y répondrai dans les questions, naturellement des éléments de moyens. Il est indiscutable que ce sont des questions qui se posent. Je veux simplement rappeler, non pas comme une défense mais je le fais devant vous, que nous créons à cette rentrée plusieurs milliers de postes et que nous en créons en particulier 4 000 dans l’enseignement supérieur et que je propose d’en créer 3 000 encore à la rentrée prochaine pour un nombre d’étudiants qui restera le même. 7 000 postes de plus en deux ans pour l’enseignement supérieur français. C’est dire que lorsqu’on identifie des besoins qui ont été jusqu’à maintenant sous-évalués, nous sommes prêts à faire les efforts. Donc efforts en termes de moyens, mais il n’y a pas de réussite de la réforme dans l’éducation nationale sans un changement aussi dans les esprits, sans mise en valeur de cette réforme au quotidien que l’éducation nationale accomplit, qui est souvent sous-estimée, comme sont sous-estimés je le crois les efforts des enseignants. Mais je crois qu’il est bon, en tout cas c’est une partie de ma mission, qu’on se fasse l’avocat de ces efforts de l’éducation nationale pour répondre aux attentes toujours plus nombreuses, quelquefois trop exigeantes qui sont celles de notre temps. Voilà l’introduction que je voulais faire à cette conférence de presse et je suis maintenant naturellement prêt à répondre aux questions que vous poserez.
Question : ... Parmi les faits que vous aviez annoncés, il y avait la mise en place auprès de vous d’un conseil de pédagogues sur la différenciation de la pédagogie. Où en êtes-vous ?
François Bayrou : Avant la fin du mois de septembre. Aujourd’hui faisons la rentrée, et avant la fin du mois de septembre ce conseil sera mis en place. Je n’ai pas parlé non plus des moyens, je vous rappelle qu’il y a 5 000 appelés qui vont faire leur rentrée, je me suis adressé aux IUFM pour qu’ils mettent en place des modules de formation pour la violence. Je veux vous rappeler aussi, et c’est très important, que demain dans chacun des collèges français, et mardi prochain dans chacun des lycées, la rentrée sera nouvelle en ce sens qu’on commencera par la réflexion sur les règles de vie en commun, sur le règlement intérieur, sur la loi de l’école, sur la manière de se comporter à l’intérieur d’une classe et à l’intérieur de l’établissement. Et qu’on aura ainsi, grandeur nature, un véritable exercice d’éducation civique sur l’école, non pas seulement à l’école mais sur l’école. Et puis qu’un certain nombre de dispositions ont été prises pour que les équipes pédagogiques puissent faire face autant que possible à des situations de tension.
Question : Vous nous avez peu parlé des moyens, la rentrée est annoncée assez agitée, non seulement par les syndicats d’enseignants mais d’autres, le budget 97 de l’école risque d’être assez serré, est-ce que tout cela ne risque pas de remettre un peu en cause le bon déroulement des réformes que vous nous annoncez depuis trois ans comme se mettant en place sans heurts ni problèmes ?
François Bayrou : Comme vous pouvez le vérifier aussi. Pour qu’on parle des moyens, il faut en effet mesurer ce que va être l’évolution des budgets en général. Vous verrez, lorsqu’on annoncera le budget dans les semaines qui viennent, que le budget de la Nation qui progresse le plus, de très loin, est un des budgets de l’éducation nationale, ce sera le budget de l’enseignement supérieur. Il progressera de plus de 5 %, 5,5 %. Et même, le budget de l’éducation nationale au sens large sera un des budgets dont l’évolution sera positive dans un ensemble budgétaire qui connaîtra des évolutions négatives très nombreuses. Tous les engagements que j’ai pris, je les tiendrai. Je prends un exemple, le premier degré. À chaque rentrée depuis que je suis là, le nombre moyen d’élèves par classe du premier degré baisse en France. Il continuera à baisser l’année prochaine. Les moyens que l’éducation nationale consacre au service public, au service d’enseignement, au contact avec les enfants, seront maintenus et même, je l’espère, augmentés. À la rentrée prochaine comme à celle-ci. Il n’est pas question de renoncer aux objectifs que nous avons ensemble choisis. Donc je tiendrai mes engagements. Vous le savez, la dimension qui permet de réaliser cette ambition malgré l’adaptation ou la baisse du nombre des postes, c’est la baisse démographique. Cette année encore nous allons avoir 60 000 élèves de moins dans l’enseignement primaire, c’est la cinquième année consécutive, je crois, la quatrième peut-être, que cette baisse est vérifiée. Elle commence à s’étendre au collège. Elle n’a pas encore atteint le lycée, mais à l’université c’est une stabilisation du nombre des étudiants à laquelle nous assistons. Donc les moyens d’enseignement seront maintenus. Je crois simplement qu’il existe des modes d’organisation nouveaux qui nous permettent de consacrer davantage d’enseignants à l’enseignement devant les élèves. Et c’est à quoi je m’appliquerai pendant cette année, en concertation, je ne ferai rien sens les intéressés, comme c’est ma méthode, et comme entre nous je crois que c’est la seule. Je ne ferai rien sans eux mais nous allons rechercher de nouveaux modes d’organisation pour que l’effort de la nation soit utilisé au maximum des possibilités qui sont les siennes.
Question : Il y a donc la semaine de quatre jours, la semaine à la Guy Drut, etc., on a beaucoup parlé des rythmes scolaires encore une fois à cette rentrée. Alors qui pilote vraiment cette affaire des rythmes scolaires, première question. Où va-t-on dans cette affaire-là, et puis que pensez-vous du fait que les activités « sans cartable » comme on les appelle maintenant soient parfois confiées à du personnel non enseignant ?
François Bayrou : Je ne connaissais pas l’expression. Alors qui pilote ? Les deux ministères y sont associés et ce n’est pas de trop. Qui pilote, du point de vue de la coordination des écoles, l’éducation nationale. C’est sa mission, c’est son devoir et elle l’assume. Où allons-nous ? Vers l’invention d’un nouveau rythme scolaire en France. C’est le pays du monde qui concentre le plus d’heures de cours sur le moins de journées d’école. Et c’est pourquoi je souhaite lancer cette année, avec les organisations des parents d’élèves en particulier, une réflexion sur la charge de travail que l’on impose aux élèves, notamment au lycée. Et j’écouterai les lycéens, bien entendu, aussi au collège et au lycée, une réflexion sur la charge de travail. Quelle est la meilleure organisation possible de l’année ? Parce que je ne souhaite pas que tes nouveaux rythmes scolaires ne concernent que l’école primaire. Je pense qu’on doit élargir la réflexion au collège et au lycée. Vers où allons-nous ? Vers ce nouveau rythme. Nous ne savons pas ce qu’il sera exactement, j’ai toujours dit que le temps était fini où le ministre de l’éducation nationale pouvait, en regardant sa montre, savoir ce que faisait tous les lycéens français, heureusement c’est fini, mais il y a un certain nombre de directions fortes qui, me semble-t-il, caractérisent le projet. Un, une nouvelle organisation de la journée, qui permet de faire une place aux activités physiques et aux disciplines de la sensibilité. Une place plus importante qu’elle ne l’est aujourd’hui. Deux, une nouvelle organisation de l’année, la nouvelle organisation de la journée ne se fera pas s’il n’y a pas une nouvelle organisation de l’année. Donc une réflexion sur les vacances. Il n’y aura pas de nouveau rythme scolaire sans une réflexion sur les vacances. Et forcément cette réflexion sur la journée devra prendre en compte les travaux controversés, j’ai moi-même quelquefois participé à cette controverse, de ce qu’on appelle les chrono-biologistes. (?) Donc je ne veux pas mettre en cause cet effort. Je souhaite que cela soit fait cette année. Mais vous le savez, comme travaux pratiques, je désignerai en octobre les deux départements français sur lesquels nous nous appliquerons à une généralisation de la question des nouveaux rythmes scolaires. Naturellement j’aurai l’occasion de vous retrouver souvent pour que nous en parlions ensemble. Ce sera une des priorités de cette année que de faire avancer la réflexion et l’expérience sur ce sujet.
Question : … tend à baisser et que les élèves soient moins attirés aujourd’hui par des études longues et classiques. Est-ce vrai et comment analysez-vous ce phénomène ?
François Bayrou : Je n’ai pas les chiffres exactement, on me dit léger fléchissement. Tant mieux, ça prouve que l’orientation professionnelle est choisie par un plus grand nombre d’élèves et je trouve que c’est très bien. C’est un début que nous nous fixons que des élèves qui ont la vocation d’une pratique technologique affirmée et d’une insertion professionnelle plus rapide puissent le faire, ce serait, si nous y arrivons, à mon avis un très grand succès. Encore une fois, il faut en même temps que l’on dit cela, dire que pour ces élèves-là aussi, le chemin de la culture générale est ouvert. Simplement dans l’équilibre des activités, ce qui est technologique et professionnel n’efface pas ce qui est culture générale et ce serait injuste de ne pas le dire, en particulier à l’intention des enseignants de formation professionnelle qui font un très grand effort sur ce sujet.
Question : Je voudrais revenir sur les rythmes scolaires. Vous n’avez pas répondu à la question sur le personnel. Est-ce que vous êtes d’accord sur l’intervention de plus en plus importante de personnel extérieur à l’éducation nationale pour les activités.
François Bayrou : Quand vous dites intervention de plus en plus importante, on est sur 177 expériences, alors nous attendrons que les expériences se déroulent, en tout cas je dis de manière claire que naturellement l’éducation nationale conserve sa responsabilité et qu’il n’est pas question qu’elle y manque. Il y a dans l’école classique aussi des intervenants extérieurs. Les intervenants de langues, pour un certain nombre d’entre eux, dans un certain nombre de communes, ou bien des intervenants en monitorat d’éducation physique, d’ores et déjà étaient des enseignants qui n’étaient pas directement de l’éducation nationale. Nous en reparlerons, encore une fois la découverte de ces nouveaux rythmes ne sera un succès que si tout le monde s’y trouve impliqué, donc que si l’expérience nous conduit.
Question : Le problème de la violence. Est-ce que vous pensez que les 19 mesures que vous avez proposées vont être réellement appliquées, est-ce que ce sera suffisant pour endiguer ces problèmes ?
François Bayrou : Alors seront-elles réellement appliquées ? Oui. Sera-ce suffisant ? Point d’interrogation. Je n’ai pas la naïveté de croire que nous ayons entre les mains toutes les armes. Le problème de la violence, ce n’est pas le problème de l’école. C’est la société française, toutes les sociétés développées sans doute, mais c’est la société française qui fait naître des tensions si importantes que l’un de leurs symptômes est bien entendu cette violence à l’école. Nous construisons un plan je crois cohérent pour essayer de répondre autant que nous le pouvons à l’ensemble de ces problèmes. Sera-ce suffisant, nous le verrons ensemble. En tout cas, je crois que nous avons fait des pas et on est bien obligé de considérer qu’on ne peut pas répondre à tous. Je ne crois pas que l’école soit à elle seule le lieu où vont se régler comme par enchantement tous les problèmes de la société française, je ne le crois pas. Mais je crois même qu’il est important de dire à l’éducation nationale que telle n’est pas sa mission. Il est important de la rassurer sur les missions qu’elle a à remplir. La mission de transmission culturelle, de construction d’une culture, d’acquisition des outils fondamentaux de la liberté, la lecture par exemple, c’est sa mission première, la mission de formation du citoyen et de l’esprit critique. Elle a aussi à répondre aux demandes que la société lui fait, mais pas au détriment de ses missions premières. Je ne crois pas que l’on puisse trouver dans les écoles la réponse à tous les drames, toutes les difficultés économiques, sociales, culturelles qui sont celles de la société française. Et je ne crois pas qu’il soit juste de charger les enseignants de tout cela sans les aider et les soutenir. Ceci nous renvoie au premier appel que j’ai lancé ce matin.
Question : … en termes de bagage élémentaire à la fin du primaire…
François Bayrou : Je n’ai pas dit bagage élémentaire… J’ai bien l’intention d’appliquer ce que j’ai dit qui doit être appliqué, ce que nous avons ensemble dit que devait être appliqué du rapport Fauroux et c’est une part très importante. Je citais il n’y a pas très longtemps le chiffre de 80 ou 85 % du rapport Fauroux que j’ai l’intention d’appliquer, nous en parlerons ensemble. Cela est dans le rapport Fauroux, la fixation des objectifs mais je n’ai jamais employé le mot de bagage élémentaire, parce que ça évoque l’idée d’un Smic culturel et je ne suis pas pour cette idée. Je suis pour que les missions de l’école, en termes de compétence, soient très clairement exprimées. Lecture, écriture, orthographe, calcul, etc. Il doit être possible d’écrire cela, de décrire ce que devrait être les compétences élémentaires, comme l’école du même nom, qu’un élève doit avoir acquises au terme de l’école primaire. Il me semble que c’est tout à fait possible de le faire et que ça clarifierait beaucoup les efforts que nous avons à conduire. Les enseignants du premier degré en particulier se plaignent de ce qu’on multiplie les objectifs devant eux et qu’ils n’aient pas la clarification qui s’impose dans ces objectifs. Je souhaite que nous conduisions cela. Et en effet c’est une des conclusions du rapport Fauroux. Et j’aurai même l’occasion, s’il l’accepte, de confier dans quelques jours une mission à monsieur Fauroux.
Question : (Inaudible)
François Bayrou : Eh bien vous le verrez, nous en avons parlé ensemble et je vais simplement échelonner un peu les plaisirs.
Question : Monsieur le ministre, tout à l’heure vous avez parlé des parents d’élèves, ils sont bien entendu partie prenante du système éducatif, ils ont un rôle important à jouer, je voudrais savoir ce que vous comptez faire pour rappeler aux familles toute l’importance des élections scolaires et pour les promouvoir.
François Bayrou : … en garantir l’organisation. Tout le monde sait qu’il n’y aura pas l’équilibre que nous recherchons au sein des écoles sans une participation engagée et sereine des parents à l’intérieur du système éducatif. Et il n’y aura pas de participation des parents s’il n’y a pas une vie démocratique plus importante. Encore plus importante. Encore que ce soit une des élections qui donne lieu au plus de participation dans notre système éducatif. Donc je suis bien entendu prêt à améliorer le système là où il doit l’être et si vous avez des suggestions à me faire et que nous puissions mettre tout le monde d’accord autour de ces suggestions, elles seront les bienvenues.
Question : Monsieur le ministre, qu’attendez-vous particulièrement des collectivités territoriales par rapport à l’ensemble des projets que vous exposez ? On sait qu’elles sont parties prenantes de l’aménagement des rythmes scolaires, est-ce que vous attendez d’elles un effort financier ou autre chose ?
François Bayrou : J’attends des collectivités locales la poursuite de l’effort qu’elles font déjà, non pas seulement en termes d’équipement, mais en termes de compréhension des problèmes que l’école rencontre. Et j’attends de sa part des initiatives en termes de propositions. C’est vrai pour le temps scolaire, c’est vrai pour les transports scolaires, c’est vrai pour l’organisation des vacances aussi. Je souhaiterais que les collectivités locales ne soient pas seulement, elles s’en plaignent souvent, fournisseurs d’équipements. Je souhaite qu’elles puissent aller plus loin et parler avec nous des idées qui sont les leurs en matière de travail, d’éducation. Mais je ne laisserai amoindrir en rien le caractère national de l’éducation en France. Je considère que c’est une dimension majeure de sa raison d’être et de son avenir.
Question : Monsieur le ministre, j’aimerais que vous nous donniez des précisions sur deux chiffres avancés par les syndicats d’enseignement du second degré. On parle d’un millier de suppressions de postes dans le second degré, et d’autre part de 27 000 postes de maitres auxiliaires qui seraient supprimés. Alors 27 000 maîtres auxiliaires ne retrouveront pas leur emploi cette année, semble-t-il, et par qui vont-ils être remplacés ?
François Bayrou : Alors, Mademoiselle, mille suppressions de postes, non, évidemment non. On crée des postes cette année.
Je parle du budget 97, pardon.
On parlera du budget 97 au moment de le concevoir, on n’y est pas. Je parle de la rentrée où nous sommes, et deuxièmement, je peux pas supprimer 27 000 maîtres auxiliaires parce que nous avons 27 000 maîtres auxiliaires à quelque chose près, ça voudrait dire qu’on n’aurait plus du tout de maitres auxiliaires, je ne crois pas que ce soit une perspective réaliste, j’ai lu ici ou là à juste titre quelles sont les réflexions sur l’auxiliariat, cas réflexions sont fondées puisque nous passons progressivement, sur plusieurs années, et ce mouvement a commencé avant moi, d’une éducation nationale avec beaucoup d’auxiliaires à une éducation nationale où nous souhaitons ne plus avoir d’auxiliaires. D’une éducation nationale avec peu de titulaires et une éducation nationale où le plus grand nombre possible serait titulaire. C’est-à-dire aurait satisfait aux concours et montré leur capacité d’expérience à enseigner. Donc c’est vrai qu’il y a ce changement. Je ne prévois pas, moi, je peux me tromper parce que les chiffres méritent d’être vérifiés, une situation 1996 plus mauvaise que la situation 1995. Moi je considère que le rythme est le même. Et comme un certain nombre de maîtres auxiliaires, au nombre de 4 300 ont été reçus au concours et sont titularisés, il me semble que des perspectives sont ouvertes. Il y a deux concours, les deux dépendent de décisions que nous avons prises depuis que je suis ministre de l’éducation nationale, la première la première année et la deuxième cette année-ci, ce sont des procédures de titularisation, de concours spécifiques et de titularisation des maîtres auxiliaires. Ces dispositions seront appliquées.
Question : Pouvez-vous nous dire si l’on s’achemine vers une seconde année de grèves administratives des directeurs d’écoles ?
François Bayrou : C’est un sujet qui est naturellement important pour moi, comme l’est la fonction de directeur d’école. Il me semble que dans les nouveaux rapports entre les écoles et les familles, les directeurs d’écoles jouent un rôle très important, et que ce rôle n’est plus désormais discuté par personne. Notons au passage que c’est assez nouveau, si mes souvenirs sont bons. Nous avons beaucoup travaillé à proposer des solutions. Mon sentiment est que nous avons progressé. Et j’attendrai que les progrès se concrétisent pour que nous en parlions plus précisément ensemble.
Question : Je voudrais vous demander comment envisagez-vous la rentrée de l’université amiantée de Jussieu ?
François Bayrou : Trois éléments : premièrement nous sommes en train de réaliser à Jussieu les travaux d’urgence, c’est-à-dire qu’à la Noël, plus ou moins, il n’y aura plus d’exposition à l’amiante instantanée à Jussieu puisque nous aurons isolé l’ensemble des plafonds, du moins si le plan que nous avons se réalise sans accrocs. Donc à la Noël les conditions de sécurité seront rétablies. Première étape. Deuxième étape, il faut défloquer totalement Jussieu. Ce sera fait. Dans les délais les plus brefs que nous pourrons remplir. Troisièmement, ça ne pourra pas être fait sans le participation active de tous ceux qui vivent, travaillent à Jussieu et j’ai eu des contacts avec eux, vous savez qu’il y a eu ce que je considère comme un quiproquo sur la mission Jussieu, j’avais dit à cette époque que je ne désespérais pas de les convaincre de se retrouver autour de la table avec nous pour que nous fassions le travail sur le désamiantage qui doit être fait, je vais leur écrire aujourd’hui ou demain et là aussi j’ai bon espoir. Parce que nous sommes de bonne foi. Ils veulent désamianter Jussieu, je veux désamianter Jussieu. Ils veulent la sécurité à Jussieu, je veux la sécurité à Jussieu. Ils veulent les meilleures procédures pour désamianter Jussieu, définissons-les ensemble. Voilà en substance ce que je leur dis. Et je n’ai aucune autre arrière-pensée.
Question : (Inaudible)
François Bayrou : Il n’y a pas de débutants dans les établissements sensibles, sauf volontaires. Ou alors les instructions que j’ai données ne sont pas remplies. Discutons-en ensemble. En tout cas, si tout le monde veut que cet objectif soit rempli, je m’adresse en particulier aux organisations syndicales, il peut l’être. Je m’adresse aux organisations syndicales et je répète ce message qui est sibyllin, mais pas pour elles : si on veut que cet objectif soit rempli, il peut l’être.
(Inaudible)
Vous parlez des zones, je parle des établissements sensibles. Bret, discutons-en. Je n’ai pas dit qu’il n’y avait pas de débutants dans les zones d’éducation prioritaires, bien entendu.
(Question inaudible)
Il y a deux des aspects dans une fusion, le premier c’est une affaire administrative, le deuxième c’est le but d’une chaîne. Les buts pédagogiques de la 5e me sont précieux.
Voilà, je vous remercie.