Interview de M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales, dans "Le Parisien" le 7 décembre 1996, sur les conditions de la flexibilité et l'allègement des réglementations.

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Média : Le Parisien

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Q - Que pensez-vous de la tournure très politique prise par le débat sur la flexibilité ?

Jacques Barrot, ministre du Travail. - Pour l'heure, le débat n'apporte pas des réponses de fond. Il est superficiel et à mon sens mal posé. La preuve ? Certains parlent d'allonger le contrat à durée déterminée, ce qui ne serait en fait qu'une contrainte supplémentaire pour les chefs d'entreprise car la moyenne des CDD se situe entre un et deux mois. Ce que je souhaite précisément, c'est de sortir de ce débat mal ficelé.

Q - Que proposez-vous concrètement ?

Jacques Barrot, ministre du Travail. - La flexibilité passe par quatre ou cinq types d'allégements. En premier lieu, pour que les patrons aient moins peur d'embaucher, il faut alléger les charges, tous le demandent. La réforme est engagée mais il faudra sans doute aller plus loin, comme l'ont fait les Hollandais. Il faut, deuxièmement, alléger la bureaucratie administrative.

Q - La simplification, on en parle beaucoup mais les résultats se font attendre.

Jacques Barrot, ministre du Travail. - Certes, c'est pourquoi nous allons accélérer la mise en place de la déclaration unique d'embauche et la fameuse déclaration sociale unique. Elles devront être obligatoirement appliquées avant le 1er juillet 1997.

Q - Quelles sont vos autres pistes ?

Jacques Barrot, ministre du Travail. - Un troisième assouplissement passe par l'allégement des règlements. Il vaut mieux que les partenaires de l'entreprise aient des règles du jeu plutôt que de subir des règlements uniformes. Quatrièmement, on peut imaginer assouplir certains contrats à durée déterminée, notamment au moment du renouvellement. Nous travaillons actuellement sur plusieurs pistes, mais il faut avancer avec pragmatisme. Enfin, si on veut une société plus mobile, il ne faut pas que les gens aient peur. Pour cela la protection sociale, et en particulier les retraites, doit suivre.