Article de M. Jean-Claude Barbarant, secrétaire national de la FEN et secrétaire général du Syndicat des enseignants, et communiqué de presse de la FEN-UNSA, dans "Fen hebdo" du 13 septembre 1996, sur la fusion entre Arte et La Cinquième, intitulé "Ne cassez pas La Cinquième".

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Jean-Claude Barbarant - secrétaire national de la FEN et secrétaire général du Syndicat des enseignants

Média : FEN Hebdo

Texte intégral

Fusion Arte - La Cinquième - Jean-Claude Barbarant

Informés, début juillet, que le gouvernement envisageait de fusionner Arte et La Cinquième nous avons, comme d'autres, immédiatement réagi par un communiqué « Ne cassez pas La Cinquième » (ci-dessous). Nous sommes intervenus auprès du ministre de l'Éducation et du Premier ministre qui répond que la fusion des sociétés ne serait pas celle des lignes éditoriales. Cela ne nous rassure pas sur l'avenir de la chaîne éducative, surtout que l'un des objectifs est de faire des économies. À en croire la presse, les menaces se précisent, dans le cadre d'un projet de loi globale sur l'audiovisuel prévu pour la session d'automne. Nous aurons à y revenir, surtout que le ministre de l'Éducation, interrogé sur ce sujet lors de sa conférence de presse de rentrée s'est borné à répondre « les buts pédagogiques de La Cinquième me sont précieux ».


Communiqué de presse - Paris, le 5 juillet 1996

Ne cassez pas La Cinquième

Depuis dix-huit mois, le paysage audiovisuel français s'est enrichi d'une chaîne publique de télévision. La Cinquième, qui assume, avec succès, des missions de service public qu'on aurait aimé voir assumées plus tôt par la télévision : émissions éducatives, de découverte, émissions sur les métiers, sur l'orientation, sans oublier des émissions sur les problèmes les plus graves de notre société : le chômage, l'exclusion sociale, les handicaps.

Pour cela, La Cinquième dispose d'une petite équipe (120 personnes), d'un budget qui représente 10 % du budget de France Télévisions et de quelques dizaines de producteurs enthousiastes.

Une télévision de contenu, une télévision qui donne du sens à l'image, une télévision outil au service de l'éducateur et du travailleur social, une télévision d'éducation populaire, telle est La Cinquième, dix-huit mois après sa naissance.

Or, plutôt que de conforter les missions de La Cinquième, on envisage de la détruire au motif stupéfiant que des économies doivent être faites sur le 5e réseau.

Comment accepter cela ?

La Cinquième est-elle vraiment la chaîne où des économies doivent être réalisées ? Alors que son budget de programmes représente la rémunération de 2 animateurs-producteurs de France Télévisions, n'est-ce pas plutôt ailleurs qu'il faudrait envisager de faire des économies, si économies il doit y avoir.

Est-il raisonnable de casser un outil dont les missions sont fondamentales pour le service de notre pays et qui, en dix-huit mois, a prouvé son utilité. Tous les professionnels de l'audiovisuel savent bien qu'il faut plus de dix-huit mois pour asseoir une ligne de programmes et développer des services complémentaires à l’antenne.

Le monde de l'éducation, les enseignants ne peuvent accepter d'être privés de La Cinquième alors qu'ils sont de plus en plus nombreux à l'utiliser dans le cadre de leur classe.

Il est donc nécessaire que celle-ci puisse continuer à travailler en toute indépendance.

La FEN a soutenu La Cinquième dès avant sa naissance. Elle suit avec attention son développement. Elle en appelle au gouvernement : ne cassez pas cet outil de culture et d'éducation enfin créé, si tardivement.