Déclaration de M. Yves Galland, ministre délégué aux finances et au commerce extérieur, sur les résultats du commerce extérieur pour le 1er trimestre 1997 et la reprise de l'économie française ainsi que l'amélioration de la compétitivité des entreprises, Paris le 30 mai 1997.

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  • Yves Galland - Ministre délégué aux finances et au commerce extérieur

Texte intégral

Je vais tout de suite vous annoncer le chiffre du commerce extérieur de la France au premier trimestre 1997. Ce chiffre est un motif de satisfaction car il s’inscrit dans la poursuite de la tendance amorcée en 1993 de forte amélioration de notre commerce extérieur. Il atteste aussi de la bonne insertion de la France dans l’économie mondiale : les effets bénéfiques du commerce extérieur sur l’emploi et le dynamisme de nos entreprises ; les avantages de l’intégration dans l’Union européenne, en particulier pour nos PME, et le formidable réservoir de croissance et d’emploi que représentent les marchés émergents.

Les chiffres du premier trimestre d’abord.

Notre excédent commercial a atteint 32,4 Mds de francs au premier trimestre 1997. C’est un chiffre qu’il faut comparer au premier trimestre 1996 (19,4 Mds) et qui traduit donc une augmentation de notre excédent de 67 %. Les chiffres des deux trimestres sont bien entendu comparables et excluent les DOM.

Les exportations atteignent 385,7 Mds de francs et les importations 353,3 Mds de francs. Les premières ont augmenté de 6,6 %, les secondes de 3,2 %, ce qui montre le dynamisme de nos échanges et témoigne du redémarrage de notre économie.

Au mois de mars, les exportations ont atteint 130,5 Mds de francs (+ 5,8 %), les importations 120,6 Mds de francs (+ 4,5 %) et le solde s’établit à + 9,8 Mds de francs, soit + 25 % par rapport au même mois de l’année précédente. Cet excédent est particulièrement sain car les importations progressent nettement, ce qui est le signe d’une reprise.

De manière préliminaire et pour clore définitivement toute polémique, permettez-moi d’abord de rappeler que depuis le 1er janvier 1997, nos chiffres excluent les échanges avec les DOM, ce qui s’est naturellement traduit par une diminution statistique de notre excédent. Pour prendre l’exemple du premier trimestre 1997, le solde des exportations moins les importations fait apparaître un excédent de 32,4 Mds de francs. Selon l’ancienne méthode de comptabilisation, qui incluait les DOM, notre excédent atteint le chiffre de 42,4 Mds de francs pour les trois premiers mois.

Pour le mois de mars, l’excédent atteint 12,8 Mds de francs selon l’ancienne comptabilisation et, comme je vous l’ai dit, 9,8 Mds de francs selon la nouvelle formule excluant les DOM.

Si on considère l’évolution sectorielle des exportations, on observe des progressions : particulièrement satisfaisantes dans le secteur industriel (+ 7,4 %) au premier trimestre : chimie (+ 7,9 %), biens d’équipement professionnel (+ 8,3 % et + 4,5 % hors Airbus), biens de consommation (+ 7,9 %), automobile (+ 15,5 %).

1. La forte progression de notre commerce extérieur au premier trimestre confirme la reprise de l’économie française et l’amélioration de la compétitivité de nos entreprises.

L’excédent traduit la solidité désormais structurelle de notre économie. J’avais annoncé pour 1997 un excédent supérieur à 100 Mds de francs en tenant compte de la nouvelle comptabilité (130 Mds de francs selon l’ancienne comptabilisation). Plusieurs facteurs me permettent aujourd’hui de vous annoncer que ce chiffre sera sans doute plus élevé. Abordons d’abord le débat sur le prétendu excédent de récession.

1.1. La bonne santé du commerce extérieur de la France n’est pas le résultat d’un décalage de conjoncture entre la France et ses principaux partenaires. Pour prendre notre premier partenaire, la croissance devrait, en 1997, être identique en France et en Allemagne. Au cours des trois derniers mois, elle a même été supérieure en France de 0,5 point. Plus généralement, les importations ont progressé de 3,2 % au premier trimestre, ce qui n’est pas le signe d’une économie en stagnation. L’excédent n’est pas dû non plus à la faiblesse de l’investissement des entreprises qui se répercuterait sur nos importations. Le poste d’importation des biens d’équipement professionnel, en dehors de la construction aéronautique et navale, a progressé de 4,1 % au premier trimestre.

1.2. Depuis 1992, l’amélioration régulière de notre commerce extérieur s’est faite en dépit des fluctuations monétaires qui ont affecté nos entreprises et qui, maintenant, jouent en notre faveur et devraient conduire à renforcer encore la compétitivité de nos entreprises dans les prochains mois. Depuis le 1er janvier 1996, la lire s’est appréciée de 8 %, la peseta de 2 %, la livre de 23 % et le dollar de 15 % par rapport au franc.

Cette évolution favorable commence à porter ses fruits. Vous savez en effet qu’on observe généralement un décalage de 12 à 18 mois entre les fluctuations monétaires et leurs effets sur les résultats du commerce extérieur.

L’environnement monétaire a donc rarement été aussi favorable à la France et les résultats obtenus montrent que la politique du franc menée depuis 1993, loin d’handicaper nos entreprises, a été un formidable atout dont nous commençons à récolter les fruits.

L’amélioration de la conjoncture, l’évolution favorable des parités monétaires, l’effort réalisé pour maîtriser les coûts, les grands contrats mettent nos entreprises en position favorable pour tirer profit de l’accélération des échanges internationaux.

2. La France est l’un des pays les plus intégrés dans les échanges de biens et de services internationaux (24 % du PIB, en Italie 23 % et en Allemagne 23 %) et en tire un bénéfice particulièrement net dans le cadre de l’Union européenne.

Prenons l’exemple de l’Espagne. Lorsque l’Espagne est entrée dans le marché commun en 1985, notre déficit avec ce pays était de 7,2 Mds de francs. Nous avons enregistré en 1996 un excédent de 17,4 Mds avec ce pays et de 6,8 Mds de francs au premier trimestre 1997.

Quand on se souvient des débats passionnés en 1985 sur l’entrée de l’Espagne dans la Communauté, on mesure la réussite par les entreprises françaises pour s’adapter et conquérir le marché espagnol, qui a été l’un des plus dynamiques d’Europe pendant ces dix dernières années.

Le cas de l’Italie est également exemplaire. Nous avons souffert, en particulier dans quelques secteurs très exposés – textile et maroquinerie par exemple – de la dépréciation excessive de la lire et de la forte agressivité commerciale italienne sur les marchés tiers. Nous observons maintenant le rétablissement de conditions économiques plus équilibrés entre les deux pays. Après un déficit bilatéral de 9,6 Mds de francs en 1996, nous enregistrons au premier trimestre 1997 un excédent de 600 millions pour la France. L’évolution à l’égard de l’Italie est donc particulièrement significative car elle traduit parfaitement l’effort de compétitivité de nos entreprises qui devrait permettre de tirer parti de l’accélération de la croissance européenne en 1997.

Cette amélioration ne se limite pas à ces deux pays. Dans l’Union européenne, notre part de marché est passée de 7,9 % à 9,1% en dix ans. Nous continuons à dégager un excédent avec le Royaume-Uni et même avec l’Allemagne. Nos échanges excédentaires avec l’Union européenne, en constante amélioration (18,6 Mds d’excédent au premier trimestre 1997 contre 5,1 Mds de francs au premier trimestre 1996, soit + 263 %), montrent bien que la France a été l’un des premiers bénéficiaires du processus d’intégration économique européenne. Nous avons un excédent avec 12 pays sur 14 dans l’Union européenne. La création d’une monnaie unique renforcera encore la position française en mettant fin aux fluctuations monétaires qui ont pénalisé nos entreprises, et tout particulièrement nos PME. À l’heure des bilans sur l’Europe, les résultats du commerce extérieur démontrent une nouvelle fois la contribution très positive de l’Union à l’économie française.

L’amélioration de notre pénétration dans l’Union européenne s’observe aussi chez nos deux autres grands partenaires de l’OCDE. Nos exportations ont progressé au premier trimestre 1997 de 11,9 % vers les États-Unis et 11,5 % vers le Japon. L’augmentation de nos exportations vers l’OCDE hors Union européenne au premier trimestre (+ 8,9 %) est encore plus forte que l’augmentation vers l’Union européenne (+ 5,2 %).

3. L’amélioration de notre commerce concerne également les pays émergents qui constituent un marché majeur pour les entreprises françaises dans les années à venir. Le poids de ces pays va doubler dans le PIB mondial dans les dix années à venir. Huit pays en développement (Hong Kong, Chine, Corée du Sud, Singapour, Taïwan, Malaisie, Russie, Mexique) figurent déjà parmi les vingt premiers importateurs au monde.

« L’esprit de conquête » qu’évoque le président de la République gagne nos entreprises qui considèrent aujourd’hui que ces pays représentent un pôle majeur de création de richesses et donc un nouveau marché. Les contrats d’assurance prospection (1 728 en 1996) ont porté sur 13 milliards de francs d’exportations nouvelles et concernent principalement les pays asiatiques. Au premier trimestre, le nombre de contrats souscrits a augmenté de 17 %. Dès que ces pays atteignent un seuil de développement significatif, ils représentent un marché considérable, ouvert à nos produits et à nos technologies, d’abord dans le secteur des biens d’équipement et des infrastructures, puis dans celui des produits de consommation, des produits de luxe, de l’agroalimentaire et des services. Cette croissance justifie aussi les efforts que nous avons menés dans le cadre de l’OMC, à la conférence de Singapour notamment, pour obtenir un meilleur accès à ces nouveaux marchés (en développant une approche sectorielle) et par la reconnaissance de normes sociales minimales, indispensables au bon fonctionnement du commerce international et au respect des droits du travail.

Au premier trimestre 1997, nous améliorons notre solde avec les pays de l’Est (1,1 Md de francs contre 100 millions de francs sur la même période en 1996). Avec les pays d’Asie en développement rapide, la progression est spectaculaire. Nos échanges étaient déficitaires de 3,8 Mds de francs avec cette zone en 1996, au premier trimestre 1997, nous enregistrons un excédent (2,4 Mds de francs).

Il est indispensable de suivre la voie tracée par le président de la République sur ces deux continents. Le cas de la Chine est exemplaire. Il montre à la fois le retard de notre pays qui y dispose d’une part de marché inférieure à 2 % et le potentiel de croissance de nos échanges : d’un côté, des grands contrats que le président de la République a soutenus lors de son récent voyage : énergie, aéronautique, transport, créant des milliers d’emplois en France et, de l’autre, la forte volonté gouvernementale d’élargir la base de notre commerce courant avec le plus grand pays du monde en impliquant davantage les petites et moyennes entreprises. Plus de 300 d’entre elles accompagnaient le Président en Chine. Ce deuxième pilier de la présence française en Asie est le gage d’une position économique solide et durable sur ces marchés.

4. Dans un environnement international en pleine mutation, la France possède encore un potentiel à l’international inexploité grâce à ses petites et moyennes entreprises et à la possibilité de développer notre commerce courant qui représente un gisement substantiel de croissance et d’emploi pour les années à venir. Ce sont ces entreprises qui doivent être la cible prioritaire des actions de soutien du commerce extérieur. Depuis novembre 1995, j’ai visité 37 pays accompagné par 1 700 entreprises essentiellement des PME, actives surtout dans le commerce courant.

Notre priorité est la prospection ciblée des 27 000 PME exportatrices, qui représentent entre 1 et 5 millions d’exportations avec de 20 à 499 salariés. Cette cible est le véritable gisement à court terme d’une nouvelle génération d’entreprises exportatrices, créatrices d’emplois.

Si les PME françaises réalisaient le même pourcentage d’exportation qu’en Allemagne ou en Italie, il en résulterait un accroissement de nos exportations de 150 milliards de francs, soit 10 % au total, c’est-à-dire l’équivalent de 2 points de croissance en plus et 400 000 emplois supplémentaires.

C’est en tenant compte de cette réalité que le gouvernement a défini et mené à bien les grandes priorités de notre commerce extérieur que je souhaite rappeler rapidement en conclusion :

4.1. L’amélioration du service aux entreprises, par la veille sur les marchés et la promotion. Cet objectif s’est traduit par la réforme des organismes d’appui au commerce extérieur : CFCE et CFME-ACTIM.

4.2. La concentration de nos efforts sur quelques pays d’action prioritaire (Afrique du Sud, Brésil, Chine, Corée, Inde, Indonésie, Mexique, Russie) et le redéploiement de nos moyens vers les zones émergentes. Ces huit pays représentent un PIB de 15 000 milliards de francs et un marché de 2,8 milliards de consommateurs.

4.3. Adaptation de notre action aux besoins spécifiques des PME :
    - sous-direction des PME à la DREE ;
    - 166 correspondants PME dans les PEE ;
    - création de partenariat France avec 56 grands groupes ;
    - adaptation de nos instruments financiers en faveur des PME (assurance foire, assurance prospection, codex, protocole) ;
    - parrainage bancaire pour faciliter le développement international des MPE ;
    - vers la création de guichets uniques dans les départements (chambre de commerce et d’industrie).

4.4. La création du volontariat pérennisera sous une nouvelle forme la procédure CSNE. Elle montera en puissance pour concerner 8 000 jeunes et a été adaptée aux PME.

Nos résultats montrent la compétitivité retrouvée de nos entreprises et la contribution très positive d’une ouverture maîtrisée du commerce. Je suis fier du bilan du gouvernement à cet égard, à la fois pour les réformes du commerce extérieur en faveur des PME et pour l’amélioration des conditions générales de la compétitivité des entreprises. Ces résultats sont l’aboutissement bien sûr des efforts des entreprises, mais aussi d’une politique gouvernementale qui a fait de la conquête des marchés extérieurs et de la création d’emplois son objectif principal.