Texte intégral
Allocution à l'occasion de l'inauguration de l'école d'architecture de Nancy, Vendredi 27 septembre 1996
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Député-Maire,
Monsieur le Président du Conseil régional,
Monsieur le Président du Conseil général,
Monsieur le Président de la Communauté urbaine,
Monsieur le Président du Conseil d'Administration de l'École d'architecture,
Monsieur le Directeur,
Mesdames et Messieurs les professeurs, les étudiants et les personnels de l'administration,
C'est ma première visite dans une école d'architecture. Le choix de Nancy n'est pas indifférent. Il exprime l'importance que j'accorde à l'histoire de cette ville, à sa dimension européenne, à sa tradition culturelle, constructive et architecturale.
La décision du gouvernement de transférer l'architecture au ministère de la Culture est maintenant prise depuis un an. C'est avec beaucoup de plaisir que j'inaugure cette école d'architecture et que je salue son président, Guy Vattier, maire de Briey, ville placée sous le signe de l'architecture moderne et qui organise, dans quelques jours, le troisième salon du livre de l'architecture.
L'ancienne école d'architecture de Nancy datait de 1970. Elle avait été conçue pour accueillir deux-cent-cinquante étudiants. La qualité des modules Prouvé, mis en oeuvre par Monsieur Folliasson, a permis à ce bâtiment provisoire de durer jusqu'à la construction de la nouvelle école.
Le jury d'un concours international a désigné en 1993 comme lauréat le grand architecte tessinois, Monsieur Livio Vacchini.
Dès mars 1996, les cinq-cents étudiants, les soixante-dix professeurs et les vingt-cinq agents administratifs ont pu s'installer, sans encombre, dans les nouveaux locaux. Grâce aux rôles actifs de Monsieur Christian François, architecte d'opération, de Madame Émilie Bonne, secrétaire général et de Monsieur Lentz, responsable technique.
La direction départementale de l'équipement, conducteur de l'opération, a su mener à bien dans les délais et en respectant les coûts initialement prévus cette construction, aidée en cela par un groupement d'entreprises compétentes réunies autour de l'entreprise Pertuy. C'est ainsi que 5 400 m2 de surface utile et 1 000 m2 de parking souterrain ont pu être réalisés en dix-huit mois.
Ces surfaces permettent à l'ensemble de l'école de s'installer dans les mêmes locaux : les laboratoires – et notamment le Centre de recherche en architecture et en ingénierie – ont pu s'intégrer totalement à l'école et participer, ainsi, à la mise en oeuvre de la réforme.
La ville de Nancy fut, au début de ce siècle, une ville phare en matière d'architecture contemporaine. Aujourd'hui, l'édifice de Monsieur Vacchini inscrit à nouveau le projet architectural au coeur du débat.
Cette architecture forte participe d'un projet urbain, qui marque la volonté de la ville de maîtriser son développement et de créer de nouveaux quartiers.
Au sein d'une nouvelle ZAC, dont elle est le premier équipement public, l'école d'architecture rentre en ville, dans un quartier en plein renouveau. Elle est à proximité du secteur sauvegardé, à trois cent mètres de la place Stanislas.
Au bord du canal, le jardin de l'école, financé par la ville de Nancy, sera le lieu de passage pour le public, qui se rendra vers le jardin d'eau, réalisé par Alexandre Chemetoff.
L'école se trouve ainsi au centre des problématiques de la ville pour étudier sa métamorphose complète. Les visites se succèdent et le directeur m'a rapporté le succès considérable des journées « portes ouvertes ».
Dans le cadre de la mise en oeuvre de la réforme de l'enseignement de l'architecture, cette nouvelle école doit participer à la politique ambitieuse que je souhaite mener. Elle a un rôle spécifique à jouer dans le cadre de la promotion et la diffusion de la qualité de nos espaces de vie.
Les professionnels qui sont formés dans votre école doivent être aptes à répondre à la demande sociale et à l'évolution des conditions du cadre bâti. L'enseignement que vous dispensez doit prendre en compte les mutations de la société, permette la diversification des débouchés offerts aux architectes et renforcer les liens de la recherche avec la communauté scientifique. C'est un objectif à la fois culturel, scientifique et professionnel.
Pour cela, la pédagogie du projet architectural est replacée au coeur de la formation des étudiants. Les cursus d'enseignement sont organisés en trois cycles ; un stage de formation pratique, d'une durée de six mois, est inclus dans le troisième cycle ; la recherche et ses moyens financiers et humains sont développés.
Je sais les liens qui vous unissent à l'Institut national polytechnique de Lorraine. Ce lien et votre rayonnement dans la région font de vous une grande école. Votre présence au niveau inter-régional et au niveau local explique l'investissement consenti par les collectivités territoriales pour la construction de ce nouveau bâtiment.
Votre engagement ne s'arrête pas aux liens avec l'Institut national polytechnique de Lorraine. Vous organisez, avec l'école des beaux-arts de Nancy, des séminaires sur le paysage ; vous recherchez, avec le directeur, Monsieur Talbot, comment l'enseignement du design pourrait se faire en commun ; les bibliothèques des deux écoles sont ouvertes à l'ensemble des étudiants.
Les différents laboratoires de recherche ont, depuis longtemps, des relations avec la DRAC et notamment l'inventaire et les monuments historiques. Le conseiller aux arts plastiques a largement contribué à la commande de l'anamorphose de Felice Varini.
Je voudrais souligner les excellentes relations qui se sont nouées entre l'établissement public et la direction de l'architecture, tout au long de l'élaboration de ce projet qui vient d'aboutir.
Je remercie particulièrement Monsieur Claude Gaillard, un élu qui a accepté, en tant que personnalité extérieure, de présider le Conseil d'administration de l'école d'architecture et qui a su défendre ce projet et garantir sa bonne fin dans les passages difficiles.
Je tiens aussi à remercier Monsieur André Rossinot pour son intérêt constant pour l'école d'architecture de Nancy ; Monsieur André Moneret, l'ancien directeur qui s'est fortement impliqué dans le démarrage de l'opération et l'ensemble des élus des assemblées qui l'ont cofinancées ; Monsieur Grandjean, qui a su assurer la transition entre Villers-lès-Nancy et Nancy, et dont le passé ancien et actif à la culture témoigne d'un intérêt jamais démenti pour les choses de la ville, de la culture et de l'architecture : c'est le même intérêt qui nous rassemble, aujourd'hui.
Allocution prononcée à l'occasion de la manifestation le Livre sur la place, le vendredi 27 septembre 1996
Monsieur le Député-maire,
Monsieur le Président du Livre sur la place,
Cher Michel Deon,
Monsieur le Président directeur général de l'Est Républicain,
Mesdames et Messieurs les libraires,
Chers amis,
Nous étions à l'instant dans le superbe et audacieux bâtiment de l'école d'architecture de Nancy ; nous découvrirons tout à l'heure le chantier de l'extension du prestigieux musée des Beaux-arts et la villa Majorelle qui abritera bientôt la mission pour la commémoration du centenaire de l'école de Nancy.
Nous inaugurons maintenant la 18ème édition du Livre sur la place. Comment ne pas exprimer d'emblée, monsieur le ministre, cher André Rossinot, la satisfaction qu'éprouve, devant un tel dynamisme, le ministre de la Culture ?
Avec le Livre sur la place, Nancy s'est doté, bien avant que de telles manifestations ne deviennent à la mode, bien avant d'autres villes, bien avant le salon du livre du Grand Palais, d'un grand rendez-vous qui met le livre au coeur de la cité.
Quel symbole, que de voir ce haut lieu de l'architecture et de l'urbanisme mondialement et admiré devenir, pour quatre jours, celui de la rencontre entre les livres et tous leurs publics potentiels !
Je tiens ici à rendre hommage à tous ceux qui rendent possible cet évènement, aux libraires d'abord, bien sûr à qui nous en devons l'existence, à toutes les institutions qui se mobilisent à cette occasion : médiatique, centre dramatique, universités et enfin à ceux en particulier qui oeuvrent pour que le livre puisse aller partout où l'on ne connaît pas encore les plaisirs et les richesses de ce « vice impuni qu'est la lecture » selon la belle expression de Valery Larbaud.
Je pense tout particulièrement ici à Nancy, à ATD-Quart Monde, aux bibliothèques de malades, à ceux qui apportent le livre dans les maisons d'arrêt.
Je sais qu'au-delà de cette fête qu'est et que doit être Le Livre sur la place, tout ce réseau travaille de même que je sais, monsieur le Maire, que vous avez magnifiquement installé il y a quelques années votre toute nouvelle médiathèque dans une ancienne manufacture des tabacs reconvertie en maison de la culture au vrai sens qu'André Malraux voulait donner à ce nom.
Le Livre sur la place, cette année nous donne l'occasion de parcourir le siècle qui va de la disparition d'Edmond de Goncourt, né à Nancy et décédé en 1896 dans la villégiature d'Alphonse Daudet, à celle que nous déplorions tout récemment d'Hervé Bazin.
Ce n'est pas la moindre gloire de cette manifestation que son compagnonnage depuis 1988 avec l'académie Goncourt et la fidélité que cette haute institution témoigne à la ville de Nancy.
Du Journal d'Edmond et Jules de Goncourt, Gaëtan Picon écrivait qu'il est – je le cite : « en dépit de sa malveillance, notre document le plus vivant sur la vie littéraire française entre 1851 et 1896 ». Peut-être pourra-t-on en dire autant, pour le XXème siècle, des archives que l'académie Goncourt vous a confiées, preuve de l'estime dans laquelle elle tient votre ville et son très fort engagement culturel.
Je tiens à rappeler ici, monsieur le ministre, que votre ville est parmi celles en France qui consacrent le plus au secteur culturel en proportion du nombre d'habitants.
Je salue cet effort et le pari que vous effectuez sur l'avenir, pari sur son attractivité, pari aussi sur la formation et l'éducation de la jeunesse par la culture, paris enfin de la capacité de celle-ci à rassembler les citoyens.
Ce dynamisme culturel présent s'inscrit ici à Nancy dans une très large tradition qui de Jacques Callot, en passant par Claude Gellée et Georges de La Tour nous mène jusqu'aux fastes de l'éclosion dans cette ville des prémices de l'art nouveau qui triomphera, ensuite, dans nombres de capitales européennes.
Les chefs d'oeuvre de Galle, de Majorelle, de Daum portent haut le nom de cette ville. Ce n'est que justice que de vouloir, comme vous entendez le faire, rendre hommage à ces découvreurs et tenter de retrouver avec eux les secrets de l'alchimie entre l'art et l'industrie, entre l'art et la démocratie.
Je souhaite donc une pleine réussite à cette entreprise qui mobilisera votre ville jusqu'à la fin du siècle et je puis vous assurer de mon soutien pour la mener à bien.
J'ai parlé de l'école d'architecture et du musée des beaux-arts, il faudrait aussi évoquer la création récente d'un zénith, l'organisation le mois prochain d'un important festival de jazz et la volonté que vous avez avec mon ministère de répondre utilement à la très forte demande en formation, en encadrement et en locaux en provenance des jeunes qui se consacrent aux musiques amplifiées.
L'école des musiques actuelles de Nancy est, en France, une référence et je suis heureux que nous ayons pu grâce à vous et cette école lancer dans deux quartiers de Nancy un projet pilote de lutte contre l'exclusion.
A l'image du Livre sur la place, la culture telle que je la conçois doit être ouverte sur la ville, avec votre aide, avec celle des autres collectivités : conseil régional, conseils généraux, mettons la culture au grand air, sur la place et comme vous le faites ici à Nancy, mettons-là au centre de la ville, au centre de nos sociétés qui doutent et essayons d'être à la hauteur de cette belle parole d'un des plus grands écrivains français du XXème siècle, René Char – je le cite : « A chaque effondrement des preuves, le poète répond par une salve d'avenir ».
Allocution en réponse au mot d'accueil de Mme Françoise Nicolas, maire de Vandoeuvre-lès-Nancy
Madame le Maire,
Je suis très heureux de vous rencontrer et de découvrir ce très ancien village – naguère animé par les vignerons – qui s'est considérablement agrandi lors du passage à la « ville nouvelle » dans les années 1960.
Il m'est particulièrement agréable de me rendre dans une commune qui avec Nancy, figure parmi les vingt-neuf sites d'accueil des projets culturels de quartiers dont j'ai fait une priorité de mon action ministérielle et auxquels j'ai accordé en 1996 plus de quarante millions de francs.
Je sais qu'une longue tradition culturelle et associative caractérise Vandoeuvre, qui dispose d'équipements culturels de haut niveau.
A cette occasion, je tiens à souligner le rôle fondamental dans et au-delà de l'agglomération nancéienne du centre culturel André Malraux.
Doit-on rappeler la notoriété qui s'attache à des manifestations désormais régulières et attendues comme Musique Action, rendez-vous prestigieux de tous ceux en Europe que passionnent l'invention sonore et une création musicale ouverte à tous les vents, le festival de danses Attitudes ou encore Prix de court pour le cinéma, toutes initiées par l'équipe de ce lieu de diffusion et de production des différentes formes d'expression artistique ?
On pourrait aussi évoquer les liens étroits qui unissent ce centre à l'Allemagne, notamment à travers le travail accompli avec l'institut Goethe de Nancy.
Quant au partenariat mis en place ente le centre culturel André Malraux – en liaison avec votre service culturel et la MJC Étoile – et l'école des musiques actuelles de Nancy, il témoigne d'une belle collaboration culturelle entre les deux premières villes de Meurthe-et-Moselle !
Je vous remercie, madame le Maire, du soutien considérable que vous accordez à cet établissement. Je sais combien vous défendez les capacités de rayonnement de cet équipement.
Je rappelle qu'une étude évoquant les perspectives de développement du centre culturel André Malraux, lancée par la direction régionale des affaires culturelles et le conseil régional, devrait permettre de doter ce lieu d'un statut qui en souligne la fonction toute particulière en France ou en Lorraine - pourquoi pas une scène nationale ?
L'évocation des arts du spectacle ne doit pas faire oublier la promotion du livre et de l'écrit, accomplie au quotidien par les personnels de bibliothèques. Le livre est un des premiers outils de diffusion culturelle. Il est le terreau, à partir duquel toutes les actions artistiques se développent et nous savons aujourd'hui que les nouvelles technologies le compléteront et ne le remplaceront pas.
Mise en place en 1984, votre bibliothèque connaît une activité croissante, puisqu'elle a quadruplé ses collections, bénéficié de l'arrivée d'agents supplémentaires, attiré un nombre croissant de lecteurs – onze mille lecteurs sont déjà inscrits -. Je ne peux qu'encourager en conséquence le projet qui est le vôtre de construction d'une médiathèque qui est actuellement à l'étude et qui vous dotera d'un équipement adapté à cette forte demande.
Je souhaite que l'activité artistique et culturelle foisonnante que vous connaissez se perpétue, que Vandoeuvre trouve ainsi toute sa place culturelle dans cette grande agglomération de la communauté urbaine de Nancy et qu'elle contribue à rapprocher de la culture, tous ceux qui aujourd'hui, jeunes en particulier, s'en sentent un peu éloignés.