Texte intégral
Je vois quatre dimensions importantes dans une politique de développement durable.
Le développement économique est nécessaire même s'il est insuffisant.
On le sait, la mesure du bien-être ne peut se limiter à la progression du PNB par habitant.
La faible croissance, en particulier en Europe, a fait des dégâts (chômage, pauvreté, montée de l'extrémisme de droite, crise démocratique…) sans qu'il y ait recul de la pollution.
On constate que plus les pays sont pauvres et donc incapables de maîtriser leur démographie, plus la détérioration de l'environnement est forte.
À l'inverse, les pays riches – s'ils le veulent – peuvent investir dans l'environnement.
Aujourd'hui, le désir de croissance qu'entraîne la stagnation économique ne doit pas nous conduire à un retour à la conception ancienne de la croissance.
Le social est indissociable de l'économie
On ne peut faire une bonne économie sans :
– une répartition plus égalitaire des revenus : comment équilibrer l'économie en faisant la part des salaires dans des pays où 85 % de la population active est salariée ?
– une politique de lutte contre l'exclusion ;
– une action résolue dans les quartiers dégradés ;
– des politiques de santé maîtrisées mais générales et efficaces ;
– des politiques audacieuses d'éducation et de formation, pour investir dans l'avenir ;
– la conquête du temps libre, à condition que ce ne soit pas un temps « vide ».
La dimension écologique doit être intégrée
Respect des ressources, en particulier non renouvelables.
Politiques d'économies d'énergies. Après avoir été en avance après le premier choc pétrolier, nous sommes en train de prendre du retard, même en face des États-Unis.
Recyclage des déchets, des emballages, problèmes des déchets radioactifs.
Respect du patrimoine de la planète (atmosphère, eaux, forêts) et action contre l'effet de serre.
Respect de la santé et des vies humaines : Bhopal en Inde, Tchernobyl, accidents de la route, problème des nappes phréatiques, « vache folle ».
Je constate que la France suspend brutalement l'application de Natura 2000.
Respect de la biodiversité : cela suppose une révision des concepts de la comptabilité nationale et de la fiscalité, pour prendre en compte des coups indirects et des valeurs qualitatives.
L'éthique, le civisme et la culture imposent un certain type de développement
Pas de développement durable avec la corruption, qui fausse les règles du jeu. La transparence doit être établie à l'échelle nationale comme internationale (les narcodollars).
La démocratie, une société civile active grâce aux associations, à la liberté de l'information, à l'indépendance des expertises, garantissent mieux des choix de développement adéquats que l'autoritarisme. Une des leçons du mouvement de novembre/décembre est l'affirmation, par des centaines de milliers, des millions d'hommes et de femmes, de leur volonté d'être entendus, de s'exprimer, de se rassembler.
Le développement durable ne peut faire son chemin que dans le cadre d'une politique de progrès.
Il est incompatible avec le libéralisme dur.
Il faut donc des correctifs.
Fiscalité : impôt sur le CO2, et sur les emballages : « les pollueurs sont les payeurs ».
Réglementations : en pensant au contre-exemple anglais sur les aliments du bétail.
Si le développement soutenable est centré sur l'homme et intègre la question sociale, il rejoint les objectifs des socialistes ».