Texte intégral
La Lettre de la Nation Magazine – N° 353 - 6 septembre 1996
C’est le déclin quand l’homme dit : « Que va-t-il se passer ? » au lieu de dire : « Que vais-je faire ? »
Ainsi commence « Une Nouvelle France », écrit par Jacques Chirac quelques mois avant d'accéder à la présidence de la République. Cet ouvrage était dédié aux jeunes nés après 1968.
Personne mieux que Jacques Chirac n’a dressé le constat des faillites de ce pays, mais aussi des voies de son redressement.
Un an après l'épreuve du pouvoir, les jeunes ont-ils eu raison de choisir de faire partie de cette « génération Chirac » ? Ce gouvernement est-il capable de construire pour la jeunesse une France pour tous, une France créatrice d'activités, une France moteur d'une Europe sociale et solidaire ?
Ma réponse est oui ! Parce que nous sommes les héritiers du gaullisme, nous avons cette ambition qui nécessite du courage pour admettre l'ampleur des problèmes des jeunes, et de l'audace pour redresser la situation.
Pour ma part, la tâche que je me suis assignée est de permettre aux générations nouvelles de pouvoir réussir leur entrée dans le monde des adultes, de gagner leur autonomie.
Faire confiance aux jeunes
Cette nouvelle politique en direction des jeunes consiste donc à les aider à accéder à leur premier stage de formation, à leur premier logement, à leur premier emploi, à créer leur première entreprise... Un autre changement me semblait également essentiel : faire enfin confiance aux jeunes. À Atlanta, nous n'avons rien fait d'autre que placer nos jeunes sportifs face à leurs responsabilités, leur apporter tout le soutien dont ils avaient besoin et leur faire confiance. Ils ont su s'en montrer dignes et ils ont fait honneur à leur pays. Plus largement. Je souhaite mettre l'accent sur le soutien des projets des jeunes en créant pour eux une Fondation des initiatives, de façon à permettre à chacun d'eux de pouvoir développer un projet utile, c'est-à-dire tourné vers les autres ou créateur d'emplois.
De jeunes citoyens responsables
Au total, cette nouvelle approche vise un objectif unique : rompre avec les politiques d'assistanat et donner aux jeunes tous les moyens pour devenir des citoyens responsables et actifs. Chaque jeune, quels que soient son origine sociale, géographique, son niveau d'études, doit trouver sa place au sein de la communauté nationale.
C'est cette même démarche que nous appliquons désormais en direction des jeunes des banlieues, mais aussi en direction de ceux qui sont les éternels oubliés des politiques publiques, les jeunes ruraux, avec les contrats d'animation rurale.
C'est ce même but que je souhaite atteindre en développant l'aménagement des rythmes scolaires partout en France, en donnant aux élèves, dès leur plus jeune âge, une plus grande ouverture grâce à des activités culturelles et sportives, et un rythme de vie plus équilibré.
En définitive, mon ambition au service de la jeunesse peut paraître paradoxale mais elle est à mon sens la seule qui vaille : permettre aux jeunes générations de réussir leur entrée dans le monde des adultes.
Le Journal du Dimanche - 8 septembre 1996
Le Journal du Dimanche : Vous êtes dans la ligne des déclarations de Jacques Chirac fustigeant « ceux qui sapent le moral des Français » …
Guy Drut : Effectivement. Et dans la droite ligne des propos que le président de la République a tenu en recevant vendredi matin à l'Élysée les 37 médaillés d'Atlanta pour les décorer. Jacques Chirac a parlé de la France qu'ils incarnaient, celle qui a confiance et qui sait gagner.
Le Journal du Dimanche : Vous trouvez vous aussi, que les Français sont trop pessimistes ?
Guy Drut : Je dis simplement que depuis quelques années, à travers des réussites comme le TGV, le Concorde ou Ariane, nous avons des vrais succès et des raisons d'être fiers de notre pays. Or, les Français passent leur temps à se regarder le nombril et à se demander si ça va marcher. Une chose m'a frappé, notamment lorsque je me suis rendu aux États-Unis pour les JO : les étrangers ont une meilleure opinion de la France que les Français eux-mêmes ! Manifestement, nous nous posons trop de questions. Alors qu'il faut faire comme nos sportifs : foncer, se lancer sans trop d’états-d’âme et, en même temps, se donner les moyens de gagner.