Editorial de M. Marc Vilbenoît, président de la CFE-CGC, dans "La Lettre confédérale CGC" du 19 janvier 1998, sur la réduction du temps de travail, intitulé "Du temps de travail pour tous".

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Du temps de travail pour tous

À ma droite, les cinq organisations patronales qui, ayant fait le choix de la confrontation, fustigent comme un seul homme et condamnent solennellement le projet de loi Aubry. Sans oublier de pilonner l’opinion publique, et en particulier les salariés, à coups de menaces de délocalisation.

À ma gauche, un gouvernement qui reste campé plus sur des symboles et un slogan politique, qu’attentif aux réalités de la production.

Faut-il rappeler que la CFE-CGC n’est pas favorable « aux 35 heures » ? Je vous surprends ! Vous aviez cru comprendre le contraire ? Expliquons-nous.

Oui, notre organisation est favorable à la réduction du temps de travail, mais négociée, décentralisée, adaptée à l’organisation du travail, et surtout avec garantie contractuelle de création d’emplois. C’est bien la raison pour laquelle nous avons signé, en octobre 1995, un accord avec le CNPF, accord resté quasiment lettre morte par la volonté du patronat des branches professionnelles.

Quant à nous, nous n’avons pas changé. La voie de la réduction du temps de travail a été, en définitive, ouverte et testée dans le cadre de la loi Robien.

Un certain nombre d’accords importants et significatifs viennent d’être signés par la CFE-CGC qui montrent encore, si besoin en était, sa réalité.

Il s’agit aujourd’hui de l’élargir, de la rendre viable au plus grand nombre pour accélérer l’évolution. Tel doit être l’objet de la loi qui va venir en discussion au Parlement et qui, n’en doutons pas, donnera lieu à tous les emballements médiatiques et à tous les excès de la logomachie politique.

Nous garderons notre cap car nous ne perdons pas de vue l’objectif. Au-delà de la compassion et de l’émotion légitimes qu’engendrent les détresses du chômage de longue durée et de l’exclusion, qu’il convient d’aider en prenant en compte l’urgence et en mettant en œuvre la solidarité, seules des solutions de fond permettront de progresser vers ce qui reste le premier objectif : offrir à chacun un emploi.

Chacun aussi est concerné, et de façon très proche, par la menace du chômage. Nous la vivons tous. Le rapport Guaino l’a quantifiée. Elle est destructrice.

Tout faire pour que le chômeur recouvre l’espoir et la possibilité de redevenir salarié, tout faire pour que l’état de chômage ne soit pas un état permanent doté d’un statut, tels sont les choix qui guident nos actions car nous n’oublions pas, quant à nous, que la dignité de l’Homme demeure la justification de toute organisation sociale et économique.