Interview de M. Jacques Godfrain, ministre délégué à la coopération et maire RPR de Millau, dans "Le Figaro" du 9 septembre 1996, sur l'arrêté municipal anti-mendicité pris à Millau.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission Forum RMC Le Figaro - Le Figaro

Texte intégral

Le Figaro  Pourquoi avez-vous été conduit à prendre un arrêté anti-mendicité ?

Jacques Godfrain : Il s’agit d’une mesure destinée à permettre aux habitants de Millau et aux touristes de vaquer à leurs occupations sans être importunés et agressés. La mendicité n’est pas interdite. Mais j’ai constaté que certains exagèrent, barrant les rues à plusieurs avec des chiens et exigeant l’aumône comme un dû. Il fallait imposer une sérénité. Cet arrêté, pris pour la première fois cette année, couvre la période du 1er juillet au 15 septembre.

Le Figaro : Les manifestants présentent comme une victoire le fait que cette mesure soit suspendue le 15 septembre. Qu’en pensez-vous ?

Jacques Godfrain : Qu’il s’agit de désinformation. J’ai reçu une délégation de manifestants conduite par le professeur Léon Schwartzenberg, et je lui ai fait part de mes projets. J’ai d’ores et déjà écrit aux autres maires des communes qui ont été conduits à prendre ce type d’arrêtés pour leur proposer une réflexion. Mais je n’ai pas concédé cette suspension au 15 septembre. Elle était prévue.

Le Figaro : Comment la ville de Millau s’occupe-t-elle des sans-domiciles fixe, toute l’année durant ?

Jacques Godfrain : J’ai ouvert un centre social. Je regrette, d’ailleurs, que le professeur Léon Schwartzenberg ait refusé de le visiter. Nous accueillons quinze personnes environ chaque nuit. Elles disposent de confort, de sécurité, d’hygiène et peuvent même y faire la cuisine. Pour une ville de vingt-deux mille habitants, cela représente un bel effort, mais il nous semble à tous nécessaire

Le Figaro : Sur quoi va porter la réflexion que vous engagez sur les problèmes posés aux villes par les SDF et les mendiants ?

Jacques Godfrain : De nombreuses municipalités sont concernées, et elles représentent tout l’éventail politique. Pour le moment, seul le maire de Bagnères-de-Bigorre m’a répondu, mais je compte bien sur tous les autres élus. Cette réflexion va être menée en collaboration avec la ligne des Droits de l’homme, et nous devrions dégager un certain nombre de règles qui facilitent le respect de la loi et la tranquillité des rapports humains.