Texte intégral
RMC le mardi 10 mars 1998
Q. : Les juges vont donc reprocher des faits dans l'affaire Elf, selon leur expression, à R. Dumas - qui est président du Conseil constitutionnel -, dans huit jours. Juridiquement, le président du Conseil constitutionnel peut rester à sa place, tant qu'il n'est pas condamné, mais est-ce qu'il doit le faire, est-ce qu'il peut le faire politiquement ?
R. : D'abord, il y a dans cette affaire des principes judiciaires qui me semblent bafoués : la présomption d'innocence, on condamne déjà par avance R. Dumas à travers les titres de presse ; le secret de l'instruction puisque tout est livré dans les journaux. Je crois que la justice doit s'exercer, dans toute sa rigueur, mais avec une sérénité et le respect des règles. Quant à R. Dumas, il est président du Conseil constitutionnel aujourd'hui, il ne souffre pas ni de mise en examen, ni a fortiori de mise en cause en ce qui concerne l'aspect judiciaire, donc je crois qu'il décidera évidemment en ce qui concerne l'avenir du Conseil constitutionnel. Mais aujourd'hui, il faut quand même rappeler que tout citoyen est dans une situation où la présomption d'innocence prévaut parce que sinon, on va par presse interposée désigner tel ou tel, établir la culpabilité de tel ou tel. Laissons à la justice le soin de faire son travail.
Q. : A votre avis, il y aura des conséquences politiques sur le score de la gauche dans les régionales ?
R. : Non, je ne crois pas. La différence se fait à l'évidence entre ce qui peut être une question agitée au niveau national et puis le véritable enjeu de ces élections régionales. Donc ici, on voit derrière cette affaire, que moi je ne connais pas autrement que par les informations de presse, des problèmes de contrats internationaux, de livraisons de matériel militaire et autre. On est très loin des élections régionales.
Q. : Lorsque M. Dumas dit qu'il pense être l'objet d'une explication de gravure politique, vous pensez qu'il a raison ?
R. : Je crains qu'il y ait dans cette affaire un certain acharnement contre R. Dumas qui me parait quand même aujourd'hui reposer sur des fondements qui sont assez faibles. En tout cas, nous n'avons pas aujourd'hui les éléments pour juger. Ne nous transformons pas en procureur, ni en juge.
Q. : Les élections régionales. Vous dirigez la liste de gauche pour la région Rhône-Alpes. Le Front national multiplie les déclarations d'ouverture envers la droite classique. Est-ce que vous craignez dans votre région, et dans le reste de la France d'ailleurs, qu'il y ait au deuxième tour, c'est-à-dire au moment où les élus éliront leur président, pensez-vous qu'il y ait un risque que les voix se mêlent entre celles de la droite classique et celles du Front national ?
R. : Je souhaite que la droite fasse la clarté sur ses positions. On a entendu des déclarations de M. Vasseur, de M. Mancel qui dit : moi je prendrais les voix d'où elles viennent, je ne veux pas savoir quelle est leur origine. Et puis il y a à droite des hommes qui font attitude de beaucoup plus de clarté, de vérité sur le plan politique. La droite n'a pas à chercher les roues de secours vis-à-vis du Front national. Là, elle risque évidemment une embardée fatale. Donc, la droite doit dire clairement devant l'opinion publique ce qu'elle compte faire fin mars.
Q. : Elle l'a fait.
R. : Elle l'a fait. Donc sur ce plan, prenons acte et soyons vigilants. En tout cas, en ce qui concerne la gauche et ma situation dans région Rhône-Alpes, je dis clairement : si nous sommes en tête, ce que je crois d'après le mouvement qui est en route dans la région Rhône-Alpes, comme dans beaucoup d'autres régions, je serais candidat à la présidence. Si nous ne sommes pas en tête, eh bien à ce moment-là, nous laisserons à la droite le soin d'avoir un candidat et de gouverner sans qu'elle soit dépendante du Front national. C'est cela, la clarté républicaine.
Q. : P. Séguin a dit avant hier qu'on pouvait, dans son parti, dire que l'on accepterait les voix du Front national, que c'était la liberté d'expression, mais que l'on ne pouvait le faire, parce que là, le candidat tombait sous la décision des états-majors parisiens. Est-ce que vous trouvez que c'est une formule intéressante ?
R. : D'abord, P. Séguin dit : on ne peut pas le faire. Donc, je prends acte. C'est un engagement du président du RPR, qui s'adresse à toutes ses troupes. Quant à le dire, je trouve que le débat politique permet, au sein d'une formation évidemment, d'exprimer toutes les idées ; mais attention, il faut qu'au sein du RPR, on dise aussi ce qu'est le Front national, et qu'on l'établisse clairement. Il y a des hommes dans le RPR qui montrent partout, à tout moment, qu'ils sont hostiles au Front national. Ils sont dans la tradition gaulliste, parce que les gaullistes ont vu, notamment à l'époque de la guerre d'Algérie, mais aussi à l'époque de la Seconde guerre mondiale, ceux qui sont aujourd'hui au Front national, représentaient et étaient anti-gaullistes. Dire qu'on est gaulliste et rechercher en même temps les voix du Front national, cela me parait vraiment contre nature. Et l'exprimer au sein d'une formation politique, même si le débat est libre, cela pose quand même quelques problèmes de conscience.
Q. : Pour les élections régionales, j'entendais hier J. Lang dire que ces élections serait le troisième tour des législatives. Est-ce que vous pensez que c'est ça les élections régionales, ou est-ce qu'il s'agit plus simplement d'élire ceux qui gouverneront la région ?
R. : Ce sont d'abord les élections régionales, et partout on se prononcera pour un exécutif régional, pour une majorité régionale, sur des choix politiques. Donc, ici, nous avons développé un programme, un contrat que nous présentons aux électeurs, et comme nous sommes des listes plurielles en Rhône-Alpes, quand les électeurs voteront, ils choisiront une majorité. Donc le choix se fera directement par les électeurs, il n'y aura pas - pour revenir à votre question précédente - de combinaisons de couloir, de tractations électorales de dernière minute. Les choses sont claires. Et je pense que la démocratie à tout à gagner. Maintenant, ces élections auront aussi une dimension nationale, parce qu'on regardera neuf mois après comment se comporte la majorité nationale. Et apparemment, si se confirme la tendance, la majorité nationale devrait bien se sortir des élections. Il y a aussi une volonté politique de rééquilibrage. On connait la situation, la répartition des forces : la droite dirige 20 régions sur 22. Elle dirige 75 départements sur 95. Si l'on veut que la politique nationale se mette en œuvre dans la décentralisation, il faut rééquilibrer politiquement ce rapport de force.
Q. : A ce propos, si vous êtes élu président de la région le 20, est-ce que dans votre esprit, votre rôle sera d'appuyer la politique du Gouvernement ou bien de faire que la région Rhône-Alpes fasse au mieux de ses possibilités et de ce qu'elle doit faire ?
R. : Je dirais les deux. D'abord parce qu'il y a des grandes actions qui sont menées sur les 35 heures. Il faut pousser dans le sens d'une politique nouvelle qui va vers la réduction du temps de travail, une nouvelle organisation du travail - en même temps, qui libère des loisirs pour les salariés. Donc voilà une orientation que j'approuve. De même que les emplois-jeunes, au Gouvernement comme dans la région. Et je pense aussi que la région Rhône-Alpes, qui est une grande région, la deuxième de France, qui a la population du Danemark, qui est aussi grande que la Suisse, elle aura des projets. Au fond, à travers cette élection, et les équipes qui se mettront en place dans beaucoup de régions, il y aura des initiatives qui vont surgir. Je pense que c'est une nouvelle étape de la régionalisation, de la décentralisation, et cela ira dans le sens - justement - d'un plus grand pouvoir aux régions.
Q. : Deux mots sur ces plus grands pouvoirs aux régions : est-ce que l'on peut imaginer que les régions aient un pouvoir accru avec ce mode de scrutin ?
R. : Je pense qu'il faudra faire évoluer plusieurs choses dans les années qui viennent : le mode de scrutin, parce qu'effectivement les électeurs ne comprennent pas très bien qu'on élise des conseillers régionaux, donc par là un exécutif régional à travers leur vote, et que cela se passe par département, que le vote soit fragmenté.
Q. : Il faudra un vote régional ?
R. : Bien sûr, et puis aussi donner plus de moyens aux régions.
France 2 le lundi 30 mars 1998
Q. : C. Millon a de nouveau dit qu'il ne démissionnerait pas, et il estime que la région est parfaitement gérable. Est-ce que c'est votre avis ?
R. : Ce n'est pas mon avis. C. Millon ne se rend pas compte de la situation. Il est en train de mener la région dans une issue qui n'a pas de sortie. C'est une véritable impasse. C. Millon s'entête, il est aveuglé par le pouvoir. Je crois que cette région est ingouvernable. C'est la quatrième réunion que nous tenons, il n'a pas pu faire élire ses vice-présidents. Donc, il ne peut pas dire : la région fonctionne, j'ai un exécutif, je prépare le budget. C'est faux, nous sommes dans une situation où la région Rhône-Alpes s'enfonce. Je le regrette personnellement, parce que je pense que notre région, qui est la seconde de France, qui est une belle et grande région, ne mérite pas cela.
Q. : Techniquement, ce matin, cela va se passer comment ?
R. : Plutôt cet après-midi. A 14 heures, M. Millon va tenter à nouveau de faire élire ses vice-présidents. Mais il se trouve dans la situation où le RPR-I'UDF ne veulent pas présenter de candidats pour ne pas bénéficier de voix du Front national. Il n'a pas de majorité. M. Millon déclarait encore hier au soir : j'étais majoritaire en voix, j'étais majoritaire en sièges. C'est faux. M. Millon n'est pas majoritaire en voix sur Rhône-Alpes. Les listes que je conduisais étaient en tête de 38 000 voix. Même si on ajoute les alliés qui lui ont permis de compléter et de passer de 56 à 60 sièges, il n'a toujours pas une majorité en voix et il n'a pas de majorité en sièges. Donc il n'a pas de légitimité à diriger Rhône-Alpes. Et à l'intérieur de son propre camp, il y a de plus en plus de conseillers qui disent : on ne peut pas continuer dans cette voie. On ne peut pas continuer ce qui a été l'acceptation de conditions du Front national parce que M. Millon vient nous dire : il n'y a pas eu d'accord avec le Front national, il n'y a pas eu de compromission. Mais il est entré au Conseil régional en acceptant les conditions du Front national. Il l'a fait d'ailleurs dès le deuxième tour comme s'il fallait faire vite, comme si c'était une mauvaise journée à passer. Non, c'est une triste journée et tout démontre depuis qu'on ne peut pas faire fonctionner la région dans ces conditions. C'est pour cela qu'il y a une exigence : que M. Millon démissionne.
Q. : Comment expliquez-vous cet entêtement, parce que, finalement, l'opposition pouvait parfaitement garder la région Rhône-Alpes en laissant simplement le doyen d'âge présider ?
R. : Oui, je suis légèrement plus âgé de 10 jours que C. Millon, mais il y avait d'autres candidats possibles. Sauf qu'il le déclarait : il n'y a que moi qui pouvais être candidat. A partir de là, évidemment, il fallait chercher des voix ailleurs. Et M. Gollnisch était tout prêt à fournir ces voix à travers une acceptation de conditions, à travers des contacts. Je n'ai pas à mesurer s'ils se sont rencontrés à tel ou tel endroit. Peu importe. Il y a aujourd'hui un acte qui a été posé. M. Millon dit : c'est un acte réfléchi, c'est un acte de conviction. Il a réalisé un accord avec le Front national. D'ailleurs, trois de ses colistiers n'ont pas accepté cette démarche et n'ont pas voté pour lui au deuxième tour. Donc il y avait probablement d'autres hypothèses. M. Millon se comporte un peu comme un grand féodal, comme si la région lui appartenait, comme s'il pouvait en disposer à sa guise. Je crois que ce n'est pas le cas. Et aujourd'hui, il a un comportement autiste. Il n'entend pas, il se ferme sur lui-même, il se ferme sur ce qu'il croit être sa propre réalité. Mais il n'entend pas ce qui se passe au-dehors, dans son propre camp, évidemment à gauche, mais dans son propre camp, il est désavoué par tous ses amis politiques. Il n'entend pas ici, ceux qui s'expriment en Rhône-Alpes, ceux qui s'expriment dans la rue. Mais évidemment, il n'y a pas uniquement les manifestations. Il y a les élus, il y a les milieux socioprofessionnels, les milieux culturels qui disent : ce n'est pas possible de continuer ainsi.
Q. : Aujourd'hui, vous pensez que la sortie de crise peut venir des consultations à l'Elysée, d'un changement du mode de scrutin, de la loi sur le cumul des mandats ? C'est quoi la solution ?
R. : Des consultations ont lieu au plus haut niveau de l'Etat. Mais M. Millon ne peut pas dire : j'attends ce qui va se passer. Il faut faire vivre une région qui a 7 milliards de francs, qui n'a pas de budget à l'heure d'aujourd'hui, donc qui ne fonctionne pas. Et on ne peut pas fonctionner dans ces conditions avec un tel déficit, une telle absence de légitimité. Votre émission s'appelle les Quatre Vérités, j'avais envie de parler des quatre mensonges de M. Million : il n'est pas majoritaire, il a accepté les voix du Front national, il a trompé ses électeurs puisqu'il a fait un accord avec le Front national et d'autre part, il a aussi mis en place une région ingouvernable. Ce sont les quatre vérités que j'opposerais à M. Millon.
Q. : Puisqu'on est à l'heure du mea culpa à peu près dans tous les camps politiques, qu'est-ce que vous, vous n'avez pas entendu de certains électeurs, de leurs angoisses, de leurs inquiétudes ?
R. : Bien sûr, les électeurs marquent leur défiance vis-à-vis de tel comportement politique. Je crois qu'il y a une attente de vérité et aussi une attente de projet de la part des politiques. Mais on ne peut pas fonder une politique au niveau régional qui a son importance dans la vie quotidienne des populations, sur l'économie, sur les lycées, sur les transports, sur la culture, sur un acte de cette nature. M. Millon ne peut pas dire : je continue, rien ne s'est passé et je continue à diriger Rhône-Alpes comme si nous étions dans un monde abstrait. Il a réalisé un accord avec le Front national. Qu'on le veuille ou non, c'est la réalité, et M. Millon ne peut pas s'en abstraire.
Q. : Vous êtes Secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, il y a des négociations à Paris à partir du 2 avril, vous pensez que vous êtes sur la voie d'un accord ?
R. : On est à nouveau en discussion. Nous avions débuté fin février avec le Premier ministre, L. Jospin, qui a ouvert les discussions. Elles se sont poursuivies à Nouméa la semaine dernière de façon positive. J'espère que nous arriverons à rapprocher rapidement les points de vue des deux principales formations politiques, le FLNKS et le RPCR. Nous avons un objectif de parvenir à cet accord pour l'inauguration du Centre Jean-Marie Djibaou, qui est prévue le 4 mai. Ce serait évidemment un événement d'envergure si nous pouvions à cette occasion marquer une nouvelle étape pour le vivre ensemble de toutes les communautés en Nouvelle Calédonie.
Le Progrès le mardi 31 mars 1998
Q. : Vous reprochez à Charles Millon d'avoir été élu avec les voix du Front national. Ne s'agit-il pas d'un procès d'intention dans la mesure où parmi les six engagements qu'il a pris dans sa déclaration de candidature vous en partagez plusieurs ?
R. : Ce n'est pas un procès d'intention. Les engagements pris par Charles Millon l'ont été à la demande explicite du Front national. Bruno Gollnisch a d'ailleurs déclaré s'y reconnaître et Charles Millon n'a jamais refusé les voix du Front national.
Q. : On sait néanmoins que vous êtes favorable à une stabilisation de la fiscalité. Trouvez-vous en revanche inacceptables certains de ces engagements ?
R. : Je ne partage pas les engagements concernant l'attribution de présidences de commission au Front national. Je ne suis naturellement pas d'accord sur la conception qu'a le F.N. de la culture et que l'on peut déjà observer en Languedoc Roussillon. De même, je suis contre l'installation de portiques de détection à l'entrée des lycées ; il s'agit d'une vision de la jeunesse totalement négative.
Q. : Charles Millon affirme cependant qu'il appliquera tout son programme, mais rien que son programme ?
R. : La vérité, c'est qu'il est sous dépendance politique du Front national qui le lui rappellera à tout moment. Il ne peut pas s'exonérer du vote qui est intervenu, d'autant que celui-ci était prémédité. C'est lui-même qui le dit lorsqu'il confirme qu'il s'agit d'un vote réfléchi. Il est évident que l'on ne peut pas fonder une majorité régionale sur un accord passé avec un parti d'extrême droite que le Président de la République qualifie de raciste et xénophobe. On voit d'ailleurs que Charles. Millon a contre lui tous les leaders de la droite. C'est aujourd'hui un homme seul.
Q. : Vous contestez l'alliance avec le F.N. mais vous n'avez pas hésité à vous allier avec un séparatiste savoyard pour tenter de décrocher le poste de président ?
R. : La réalité électorale donne un léger avantage en voix aux listes que je conduisais. Il y avait égalité en sièges. En ce qui concerne l'élu savoisien, j'ai effectivement pris deux engagements. L'ouverture d'un débat sur la création d'une région Savoie : je constate à ce sujet que le R.P.R. Michel Barnier a dit la même chose après son élection à la tête du conseil général de Savoie.
J'ai aussi accepté le retour en Rhône Alpes des sièges sociaux pour les sociétés publiques ou parapubliques qui travaillent dans la région mais sont actuellement installés à Paris.
Q. : A titre personnel, êtes-vous favorable à la création d'une région Savoie ?
R. : Je suis pour l'unité de Rhône-Alpes parce que je crois aux grandes régions. Pour le reste, j'ai effectivement accepté le principe d'un débat devant une assemblée démocratique, comme l'autorise la loi.
Q. : Ne prenez-vous pas de la sorte le risque d'ouvrir un débat sur l'indépendance de la Savoie telle que la souhaite M. Abeille ?
R. : Dans ce cas, l'élu de la Ligue savoisienne serait probablement le seul à défendre cette opinion.
Q. : Aujourd'hui, la région semble totalement bloquée. Quelles peuvent être les solutions pour sortir de cette crise ?
R. : Il faut que Charles Millon démissionne. C'est une exigence démocratique. Son entêtement conduit la région Rhône-Alpes dans un cul de sac. Une fois cette démission effective, l'assemblée régionale se réunira à nouveau. On peut se demander pourquoi la droite n'a pas fait appel, par exemple, au doyen d'âge.
Q. : Vous vous seriez incliné ?
R. : C'est le droit en cas d'égalité. Mais il y a d'autres solutions. La vérité, c'est que Charles Millon voulait posséder la région pour lui-même.
Q. : Seriez-vous d'accord avec Raymond Barre qui plaide pour une grande coalition droite-gauche pour diriger la région ?
R. : Raymond Barre a dit lui-même que cette position est aujourd'hui dépassée compte tenu du comportement de Charles Millon. Je crois en outre qu'une telle coalition n'aurait pas de sens car elle ne reposerait pas sur des orientations partagées et ferait, en définitive, la part belle au Front national.
« La démission de Charles Millon constitue une exigence de clarté politique »
Q. : Vous demandez la démission de Charles Millon. Mais cela réglerait-il pour autant le problème créé par l'absence de majorité relative au Conseil régional ?
R. : Cette démission constitue une exigence de clarté politique parce qu'elle signifie le rejet de toute alliance avec le Front national. Pour le reste, j'ai indiqué dans ma déclaration de candidature que la gestion de la région sera effectivement difficile ; elle n'est pas pour autant impossible, à condition toutefois de faire un gros travail de concertation, de conviction, dans l'intérêt général.
Q. : Ce qui signifie en clair que vous devriez obtenir la bienveillance d'une partie de la droite pour dégager une majorité ?
R. : Je pense que sur des dossiers concrets, il est effectivement possible de trouver des majorités. Personne n'imagine qu'on peut diriger Rhône-Alpes dans un esprit de fermeture ou avec une volonté partisane.
« Je respecte Raymond Barre même si je ne partage pas son positionnement politique »
Q. : Seriez-vous dans ce cas le mieux placé à gauche pour être ce président de consensus ?
R. : J'ai conduit les listes de la gauche plurielle et toute mon action politique montre, à la fois sur l'agglomération lyonnaise et au niveau national, que si j'ai des idées je sais aussi respecter celle des autres.
Q. : Face au blocage actuel de l'institution, la dissolution du conseil régional pourrait-elle constituer une bonne solution ?
R. : La dissolution de toute assemblée locale constitue un acte très grave. Je me demande si Charles Millon veut réellement en faire la démonstration jusqu'à l'absurde. Je le crois aujourd'hui plutôt attaché à un pouvoir personnel, enfermé dans ses certitudes et très éloigné maintenant des vrais intérêts de la région.
Q. : On a l'impression que vous êtes désormais plus barriste que Charles Million ?
R. : Je respecte Raymond Barre même si je ne partage pas son positionnement politique. Je constate simplement qu'il a marqué clairement la direction, notamment à l'occasion de l'élection cantonale de Saint-Priest en appelant à voter pour un maire socialiste plutôt que pour un candidat du Front national.