Déclaration de M. Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, sur sa visite annulée au technocentre de Guyancourt du groupe Renault et ses motifs, Montreuil le 7 décembre 1999.

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Le 8 décembre, avec l’accord du groupe Renault, je devais effectuer une visite du Technocentre de Guyancourt. Cette visite devait être conclue par la tenue d’une conférence de presse dont, curieusement, la direction de l’entreprise a tenté ce week-end de me dissuader.

Dans la matinée, j’apprends avec stupéfaction que la direction du groupe a assigné en correctionnelle 46 salariés de l’usine du Mans. Je « comprends » mieux maintenant les motifs de cette attitude…

Comme j’en ai saisi depuis longtemps le Premier ministre, la criminalisation de l’action syndicale est devenue une arme banalisée pour réprimer des salariés et des syndicalistes participant à des conflits du travail.

Cette fois, c’est la « séquestration » qui aura été retenue. Nous avertissons solennellement les employeurs et les pouvoirs publics : nous ne laisserons pas s’accélérer cette dérive indigne d’un état démocratique.

Dans un article saisissant paru dans le dernier numéro de Liaisons sociales, le président Louis Schweitzer déclarait : « je constate une évolution très positive de la qualité du dialogue social chez Renault » et son directeur des ressources humaines, Michel de Virville renchérissait : « En matière de dialogue social, l’arbre se juge à ses fruits et, à mon avis, les fruits sont au rendez-vous ».

Le premier fruit était sans doute une grenade et Renault n’a pas hésité à la dégoupiller.

Dans ces conditions, il est évident que je n’irai pas demain à Guyancourt. Je le regrette car, comme je devais l’indiquer devant la presse, cette visite concrétisait « notre volonté d’une compréhension la plus fine possible des combinaisons productives à l’œuvre au sein de l’industrie automobile », et je remerciais la direction du groupe Renault et de l’établissement de Guyancourt « d’avoir compris ce souhait et d’avoir créé les conditions de sa réalisation ».

La direction de Renault m’a fait une réponse claire, d’une brutalité et d’une grossièreté inouïe. Il est vrai que Liaisons sociales titrait : « Avec Louis Schweitzer, Renault ne cherche plus à être une vitrine sociale ».

Visiblement, un gros pavé est arrivé dedans. C’est regrettable, c’est lamentable, c’est inacceptable.