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Le Monde Télévision : Quelle est la position du ministre de la jeunesse et des sports face à l’inflation des droits de télévision des prochaines coupes du monde, qui risquent de ne pas être retransmises sur les chaînes en clair ?
Marie-George Buffet : Ce risque est réel, et nous devons nous donner les moyens de l’éviter. L’idée de priver toute une partie du public d’un événement qui est constitutif d’une identité, d’une culture, d’un imaginaire, est profondément choquante. C’est révélateur des dérives auxquelles conduit une vision du sport exclusivement mercantile. On ne doit pas s’y résigner. Je crois qu’une double action est possible. D’une part, en mettant les instances sportives internationales face à leurs responsabilités et, d’autre part, en utilisant la directive européenne Télévision sans frontière qui nous permet de lister les événements sportifs ne pouvant pas faire l’objet d’une retransmission exclusive sur un chaîne à péage.
Le Monde Télévision : Le gouvernement doit-il donner les moyens financiers suffisants au service public pour faire face à cette inflation ?
Marie-George Buffet : Je ne crois pas que la solution soit de participer à la surenchère commerciale que nous dénonçons. Et encore moins d’en faire payer le prix fort aux contribuables. Au risque de me répéter, j’insiste sur la responsabilité du mouvement sportif international. Ses instances vont-elles se transformer en producteurs de spectacles vendus au mieux-offrant ? Ou seront-elles garantes d’une éthique de responsabilité ? Ceux qui voient dans la télévision une source intarissable de profits pour tous les sports se font des illusions. C’est un moyen parmi d’autres.
Le Monde Télévision : Le championnat de France n’est accessible qu’aux abonnés de Canal+, qui en a acheté les droits jusqu’à 2000. Ne pensez-vous pas que, dans l’avenir, il devrait être accessible à tous sur une chaîne en clair ?
Marie-George Buffet : Pourquoi devrait-on changer ce qui marche plutôt bien ? J’ai le sentiment, pour en avoir discuté avec les intéressés, que la répartition du sport entre les différentes chaînes est en train, dans l’ensemble, de trouver son équilibre. Je ne suis pas du tout certaine que sur une chaîne où prévaut le critère de l’audience, il y ait beaucoup de place, à 20 h 30, pour un match entre deux mal-classés de la première division. En revanche, j’ai la conviction que le service public a un rôle fort à jouer dans la promotion des valeurs sociales et citoyennes du sport. Ce qui a été fait récemment sur la lutte contre le dopage en est un bon exemple.
Le Monde Télévision : Qu’attendez-vous de la couverture télévisuelle de cette Coupe du monde ?
Marie-George Buffet : Qu’elle ne se limite pas à la retransmission des matches. Bien sûr, le cœur de la Coupe du monde, ce sont les matches. Mais je souhaite que dans les centaines d’heures qui vont être consacrées à l’événement, il y ait aussi de la place pour tout ce qui va se passer hors des stades, pour ces milliers d’associations et de bénévoles qui se sont investis dans la préparation et la réussite de ce Mondial, pour ces équipes de jeunes du monde entier que nous allons accueillir, pour ces quartiers qui ne veulent pas être exclus de la fête et ont su se mobiliser. J’aimerais également que la télévision contribue à faire passer un message de respect. Respect du jeu, des arbitres, de l’adversaire et du public.
Le Monde Télévision : Vous rendrez-vous sur les stades pour suivre les matches ou en regarderez-vous certains à la télévision ?
Marie-George Buffet : Dans les stades pour certains matches, notamment ceux de l’équipe de France, et en famille devant la télévision. C’est d’ailleurs un moment lié au Mondial devant la télévision que j’ai toujours en tête : le fameux France-Allemagne à Séville en 1982…
Le Monde Télévision : Entre TF1, France Télévision, Canal+, Eurosport ou Superfoot, laquelle choisirez-vous ?
Marie-George Buffet : Je ne suis pas seule à décider…