Interview de M. François Hollande, premier secrétaire du PS, dans "La Tribune" du 2 novembre 1999, sur la social démocratie à la française, notamment le rôle de l'Etat, la politique fiscale, le libéralisme et la coordination des politiques économiques dans le cadre du retour de la croissance.

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« La Tribune ». – Lionel Jospin veut se démarquer de la « troisième voie » prônée par Tony  Blair et Gerhard Schröder en défendant un modèle de social-démocratie à la française. A y regarder de près, on a du mal à avoir les différences. Concrètement, comment les définiriez-vous ?

François Hollande. – Les socialistes et les sociaux-démocrates européens poursuivent les mêmes objectifs : l'emploi, la réduction des inégalités et la justice sociale. C'est sur les moyens d'y parvenir que le débat peut avoir lieu. Les socialistes français se distinguent par un fort volontarisme et le rôle majeur dévolu à l'Etat. Nous portons également une attention particulière au soutien de la demande qui n'exclut pas une action sur l'offre.

De même, notre méthode sur la réduction du temps de travail tient beaucoup à notre système de relations sociales. Enfin, les Français ont – par tradition et par conviction – un attachement aux services publics qui n'est pas nécessairement partagé par les Anglais qui ont, néanmoins, redécouvert à l'occasion d'événements dramatiques la nécessité d'une régulation publique.

« La Tribune ». – L'Europe sociale est en panne, les inégalités se creusent… N'êtes-vous pas déçu alors que les socialistes gouvernent la majorité des pays européens ?

François Hollande. – Nous ne sommes pas déçus, parce que de gros progrès ont été réalisés depuis juin 1997 : inclusion d'un chapitre emploi et d'un chapitre social dans le traité, convocation d'un sommet extraordinaire sur l'emploi à Luxembourg, adoption de 21 lignes directives pour l'emploi, élaboration par les Etats membres de plans d'action nationaux.