Articles de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, dans "Français d'abord" de la première et de la deuxième quinzaine d'avril, sur la situation politique et sur son action pour lever l'embargo contre l'Irak, intitulés "La folie des vaches sacrées" et "La honte de l'occident".

Prononcé le 1er avril 1996

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Média : Français d'abord

Texte intégral

Français d'Abord : 1er avril 1996

La folie des vaches sacrées

La maladie de la vache folle fait des ravages. Les autorités britanniques envisagent d'abattre plusieurs millions de ces malheureuses bêtes. Le coût de cette crise agricole ? « Vingt, trente milliards de francs, voire davantage » nous explique, incertain, le ministre français de l'Agriculture. Une fois de plus, le pouvoir politique semble totalement dépassé par la gravité de la situation. Il y a là matière à réflexion.

Comme le sida, nous avons été les premiers à dénoncer cette terrible maladie. Dès juin 1990, Jean-Claude Martinez expliquait clairement les conséquences que pouvait avoir sur la santé publique une expansion de ce fléau. Depuis, notre groupe au Parlement européen n'a cessé de multiplier les mises en garde. Les technocrates de Bruxelles et de Paris ont fait la sourde oreille. Il est vrai qu'ils préfèrent mettre en péril la vie de leurs compatriotes que rétablir les contrôles aux frontières… Choix étrange aux yeux de tout honnête homme, et qui ne s'explique que par un évident parti-pris idéologique.

Comme pour le sida, pensent-ils aussi, puisque Le Pen et ses amis ont les premiers abordé la question, elle devient ipso facto taboue. Dès lors, la seule politique à laquelle ils puissent se raccrocher, au nom de cette sacro-sainte règle du « politiquement correct » qui est la leur, devient la politique dite de l'autruche. Tout cela est la preuve éclatante de la soumission de la caste politico-médiatique aux injonctions des lobbies. Pour eux, gouverner ce n'est pas prévoir. Pour eux, gouverner, c'est se soumettre au Nouvel Ordre Moral. Autrement dit, faire passer les intérêts des européistes et des mondialistes avant ceux des peuples.

Aux antipodes de cet aveuglement idéologique, nous prônons une politique fondée sur le bon sens et le réalisme, une politique qui prenne en compte les intérêts de la France et des Français d'abord. La question de la vache folle est emblématique du désarroi profond dans lequel se trouve plongée notre société. Aux fléaux qui accablent notre présent ou menacent notre avenir, les politiciens répondent par des discours creux qui s'apparentent à des incantations. Les vaches folles ne se trouvent pas que dans les herbages d'outre-Manche. Les vaches folles sont déjà chez nous, et depuis belle lurette. Elles se nomment Maastricht et Schengen, Bruxelles et Strasbourg, Bercy et Matignon, Sondages et Médias, « Autorités morales » et « Associations antiracistes », elles paissent sans soucis dans des champs nommés chômage, insécurité, immigration, fiscalisme, laxisme, font leur lait de la misère et de la détresse de nos contemporains ... Mais ces vaches folles, nul ne parle de les abattre. En dépit du fait qu'elles ont depuis longtemps administré à tous la preuve de leur nuisance et de leur incompétence, elles se révèlent être intouchables. A l'instar de leurs lointaines cousines du sous-continent indien, elles sont sacrées. Non en vertu d'une noble vision religieuse, mais parce qu'elles sont les gardiennes du Veau d'or, de ses prébendes et de ses privilèges, autrement dit des lobbies qui dirigent notre pays et aspirent à l'État universel.

De « gauche » ou de « droite », ces vaches folles sèment le désordre et la désolation dans notre pays. Hier, c'étaient les socialistes et leurs amis communistes qui en étaient les complices. Aujourd'hui, c'est Jacques Chirac et Alain Juppé. Portés au pouvoir il y a bientôt un an par des Français lassés de quatorze années de mitterrandisme, au lieu de mener une politique de redressement national, ils ont chaussé les bottes de leurs prédécesseurs et continuent de gérer la décadence, se montrant en cela d'une malhonnêteté insigne, encore plus grave que celle montrée par les socialocommunistes, puisque, en agissant de la sorte, le RPR et l'UDF trompent éhontément leurs électeurs. C'est pour cela que nous avons décidé de les sanctionner lors de toutes les élections. Les vaches folles de la politique française n'ont pas à attendre de nous la commisération que nous réservons aux malheureux quadrupèdes d'autre-Manche ! Si l'on veut que le RPR et l'UDF retrouvent la raison, il convient de leur administrer un traitement de choc, un remède de cheval serais-je tenté de dire ! Puissent-ils retrouver leurs esprits et leur bon sens avant que 300 d'entre eux ne mordent la poussière lors des prochaines élections législatives ! Ils ont encore quelques belles nuits blanches en perspective ...


Les Français d'Abord : 15 avril 1996

La honte de l'Occident

Le terrorisme frappe les innocents, au hasard, de manière aveugle. Il s'attaque de préférence aux femmes, aux enfants, aux faibles. Longtemps les « intellectuels de gauche » en ont fait l'apologie. Ils ne s'étaient pas alors encore recyclés dans le « charity-business ».

Les actuels thuriféraires de l'humanitaire vantaient hier les mérites de Trotski, Lénine, Mao, des anarchistes et autres socialistes-révolutionnaires qui avaient fait du terrorisme la méthode privilégiées de prise du pouvoir et de contrôle des foules. Les voir aujourd'hui plaider les « droit de l'homme » serait cocasse si derrière leurs sophismes, il n'y avait la souffrance des peuples.

Déjà détestable de nature, le terrorisme se révèle encore plus ignoble quand il est le fait d'un État. Israël en administre la preuve au Liban en bombardant en toute impunité les populations civiles, y compris lorsqu'elles se réfugient dans des ambulances ou dans les camps des soldats des Nations-Unies. A Cana, plus de cent civils Libanais ont été déchiquetés par les obus israéliens, et Tel-Aviv parle d'une « erreur ». C'est le scénario irakien répété à échelle réduite. Au Liban, l'ONU est « simplement » complice. Sur les rives de l'Euphrate, l'ONU est le bourreau, le bras armé du Nouvel ordre Mondial.

L'Irak qui fut si cher naguère à l'actuel Président de la République qu'on orthographiait Ch'irak, est aujourd'hui victime d'un véritable génocide, froidement et uniquement organisé par les États-Unis et leurs alliés occidentaux, dont la France, sous le couvert hypocrite de l'ONU.

Prétendant une enquête jamais terminée sur les éventuelles potentialités militaires de l'Irak, l'ONU a décrété contre ce pays un blocus économique total depuis 6 ans lui interdisant de vendre son pétrole, de nourrir son peuple et d'importer vivres et médicaments.

Un journaliste du Figaro-Magazine a pu récemment titrer son article « J'ai vu la lente agonie d'un peuple ».

Tous ceux, qui ont pu se rendre en Irak (en voiture, car il ne s'y pose plus un avion de ligne depuis 1990), témoignent que le peuple est affamé et que les enfants meurent.

Il n'y a plus de médicaments. Les médecins désespérés opèrent sans anesthésie. Près de 600 000, je dis bien 600 000 enfants sont morts de faim et de misère, assassinés sur l'ordre des Tartuffe du Nouvel Ordre Mondial, des défenseurs professionnels des Droits de l'Homme, dans le silence complice des Églises, des autorités morales, syndicales des pays riches et nantis. Pour abattre le Président Saddam Hussein, on prend son peuple en otage et on l'affame.

Des gens aussi différents que le général Gallois, Cheysson, Chevènement, Jany Le Pen, ma femme, ont rapporté le même témoignage horrifié sur cet assassinat collectif. Jany est présidente d'honneur de l'association « SOS enfants d'Irak » qui collecte des fonds pour envoyer en Irak des ambulances et des médicaments pour les enfants.

Personne ne peut rester indifférent devant ce crime, ni insensible devant de telles détresses et de telles souffrances.

Rappelons que l'Irak est le berceau d'une civilisation prestigieuse. Celle de la Mésopotamie, d'Ur, la première ville du monde, de Ninive et de Babylone, de Sumer et de ses lois ; que l'Irak était un pays ami, fournisseur et client de la France, que son peuple, fier et courageux, a été poussé par nous à la guerre contre l'Iran, ce qu'il a payé par des centaines de milliers de morts.

Que c'est le seul pays arabe musulman où les chrétiens sont respectés. Il y a des dizaines d'églises à Bagdad et le ministre des Affaires étrangères est chrétien. C'est aussi le seul pays arabe où les femmes jouent un rôle important à tous les niveaux de la société, le seul aussi où les richesses ont été mises au service de son peuple.

Les vraies raisons de cette politique criminelle sont liées au soutien inconditionnel d'Israël et de sa politique au Moyen-Orient et à des considérations bassement mercantiles sur le prix du pétrole.

La France doit se désolidariser publiquement de ce génocide et si elle est toujours maîtresse de sa politique, prendre unilatéralement l'initiative de rétablir des relations normales avec l'Irak en brisant l'embargo.

Adressez d'urgence vos dons à « SOS enfants d'Irak » 15 rue Dantan, 92210 Saint-Cloud