Texte intégral
Si elle est discrète, la presse hebdomadaire régionale a cependant une grande force, celle d'être fermement ancrée sur le territoire français. Territoire qui est émaillé de ses 380 titres. Son rôle dans l'animation locale, l'information de proximité, et aussi dans le maintien d'un réel pluralisme de la presse écrite est, à mon sens irremplaçable.
L'hebdomadaire régional s'inscrit dans un territoire. Spécialiste de l'information micro-locale, il affirme et revendique son caractère de proximité. C'est cette caractéristique qui fait toute l'originalité de la presse que vous représentez ici et qui constitue son principal atout face aux autres publications.
De surcroît, comme vous l'indiquiez, monsieur le président, la périodicité est, pour vos journaux, un atout supplémentaire : la parution hebdomadaire offre le temps de la réflexion et de l'analyse face à la rapidité de l'information. Mieux adapté au rythme de la vie locale, l'hebdo pose sur la vie des communes un regard plus attentif et plus détaillé que le quotidien, qui couvre un champ d'informations plus vaste.
L'hebdomadaire régional, avec son lectorat et son espace de diffusion, possède donc son propre créneau et se démarque ainsi de la presse quotidienne régionale, dont il est un concurrent souvent envié…
Du fait des spécificités dont je viens de parler, la PHR, associée à l'idée de « presse de terroir », était susceptible de donner d'elle une image qui risquait de paraître, il faut bien le dire, un peu désuète.
Or, il est n'en est rien.
En effet, en mai 1994, ont été présentées les conclusions de la toute première étude d'ensemble consacrée à la presse hebdomadaire régionale, réalisée par la SOFRES.
Votre syndicat, monsieur le président, mesdames et messieurs les éditeurs, a collaboré étroitement, avec mes services, à la réalisation de ce travail, et il me semble, pour ma part, que l'image positive dont bénéficie la PHR aujourd'hui est due en grande partie à votre activité – je dirais même à votre activisme ! Mais cela est tout à votre honneur…
Avec 380 titres, 2,6 millions d'exemplaires diffusés et un lectorat dépassant 8 millions de personnes, ce qui représente 18 % des plus de 15 ans, la presse hebdomadaire régionale peut être considérée comme un média national.
Très proche de son lectorat, elle bénéficie de sa part d'une forte adhésion à son concept et à son contenu.
Cela tient aux fonctions identitaire, intégratrice et fédératrice de la PHR :
- identitaire, car vos journaux sont étroitement associés à la vie du « pays » qu'ils représentent. Par l'attention qu'ils portent à des faits qui peuvent sembler anecdotiques, ils contribuent à construire et à légitimer la vie locale. Ce rôle de la PHR prend toute son importance dans les communes menacées par le déclin du monde rural. En bref, « l'information micro-locale donne au lecteur la sensation d'exister » ;
- en second lieu, la lecture de l'hebdo permet de s'intégrer à la vie locale : les discussions autour des informations données par le journal construisent une sociabilité et renforcent le sentiment d'appartenance à une même communauté ; d'où la fonction intégratrice ;
- une fonction fédératrice, enfin, dans le sens où chaque catégorie de lecteur est susceptible de trouver, dans l'hebdo, les informations qui l'intéressent. 75 % des lecteurs le considèrent comme « le journal de tous ».
Mais je sais aussi que votre famille de presse recouvre des réalités très différentes : certains hebdos diffusent moins de 2 000 exemplaires, d'autres plus de 60 000.
La taille des entreprises est également assez variable. Mais ce secteur économique se compose surtout d'une multitude de petites structures, souvent familiales : ainsi, 41 % des entreprises éditrices réalisent un chiffre d'affaires inférieur à 5 millions de francs.
La très grande majorité de ces PME ont su préserver leur indépendance, mais il est vrai que leur taille réduite fragilise leur situation financière.
Pour cette raison, et pour toutes celles que j'ai évoquées plus haut, l'État a souhaité marquer à la PHR l'intérêt particulier qu'il lui porte.
En effet, comme vous le savez, un récent décret, daté du 10 mai 1996, vient d'être publié, qui ouvre aux hebdomadaires régionaux d'information politique et générale un fonds d'aide à la diffusion, doté de 5 millions de francs.
Je tiens à souligner à quel point, dans le contexte actuel de restrictions budgétaires, la création de ce fonds témoigne de la reconnaissance par l'État du rôle indispensable de votre presse.
En outre, il faut souligner que la PHR, comme toutes les formes de presse, aura accès au fonds d'aide de 20 millions de francs, destiné à soutenir les initiatives des éditeurs en matière de nouveaux services multimédias. Le dispositif envisagé, qui est en cours de mise en œuvre, combine subventions d'investissement (que le projet soit financé sur fonds propres ou par recours à l'emprunt) et avances remboursables. Cette aide couvrira un champ d'action relativement large allant de la numérisation des données au développement de produits multimédias. Elle vous permettra de préparer l'avenir.
Par ailleurs, vous avez insisté, monsieur le président, sur la nécessité, pour vos entreprises plus que pour d'autres, d'accroître leurs capacités d'investissement.
L'aménagement de l'article 39 bis du Code général des impôts est un dossier complexe, mais j'envisage de faire étudier votre proposition par mes services, car elle me semble intéressante.
S'agissant, enfin, des tarifs applicables au transport et à la distribution de la presse par La Poste – et je comprends votre préoccupation à ce sujet – une remise à niveau s'avérait inévitable. En effet, aux termes des accords Laurent conclus voici plus de quinze ans, le taux de couverture par la presse du coût du transport et de la distribution postale avait été fixé à un tiers, ce qui laisse aujourd'hui à l'opérateur postal, malgré une aide substantielle de l'État (1,9 milliard de francs en 1996), un déficit important, de l'ordre de 2,7 milliards de francs.
C'est pourquoi le contrat de plan signé en octobre 1994 pour la période 1995-1997, s'il réaffirme le caractère obligatoire du transport et de la distribution de la presse, a aussi prévu la mise en place d'un nouveau cadre relationnel entre la presse et La Poste, qui devra s'orienter vers un système de prix négociés associant l'État, la presse et La Poste.
Les négociations entre la presse et La Poste, qui ont débuté en janvier de cette année, se sont déroulées sous l'égide de l'État, en présence de parlementaires. Elles sont entrées dans leur phase finale et les conclusions de la table ronde devraient être remises fin juin.
Mais, concernant la question de l'aide postale, l'État a décidé d'aider prioritairement la presse d'information générale et politique. Votre famille de presse devrait donc continuer à bénéficier du traitement le plus privilégié en matière d'aide postale.
Il paraît, en effet, légitime de privilégier la forme de presse qui, par son contenu, contribue le plus au pluralisme d'expression et pour laquelle les aides à la presse apparaissent le plus justifiées, d'autant que – mais est-ce le fruit du hasard ? – c'est en son sein que l'équilibre économique des entreprises est le plus fragile.
Et la presse hebdomadaire régionale se trouve au cœur de nos préoccupations car elle présente ces deux caractéristiques : équilibre économique parfois, fragile et légitimité par sa contribution du pluralisme.